Texte grec :
[1,10] χρόνου δὲ οὐ πολλοῦ διαγενομένου ἑτέρα τις ἐπιβουλὴ
τοιαύτη κατ´ αὐτοῦ συνεσκευάσθη. Μάτερνος ἦν τις
στρατιώτης μὲν πρότερον, πολλὰ δὲ καὶ δεινὰ τολμήσας,
τήν τε τάξιν λιπὼν καὶ πείσας ἑτέρους ἀπὸ τῶν αὐτῶν
ἔργων συναποδρᾶναι, χεῖρα πολλὴν κακούργων ἐν ὀλίγῳ
ἀθροίσας χρόνῳ, τὰ μὲν πρῶτα κώμαις τε καὶ ἀγροῖς
ἐπιτρέχων ἐλῄστευεν, ἐπεὶ δὲ πολλῶν χρημάτων ἐγκρατὴς ἐγένετο, μεῖζόν τι
πλῆθος ἤθροισε κακούργων μεγάλαις τε δωρεῶν ὑποσχέσεσι καὶ τῶν
ἁλισκομένων κοινωνίᾳ, ὡς μηκέτι λῃστῶν ἀλλὰ πολεμίων ἔχειν ἀξίωμα.
πόλεσι γὰρ ἤδη μεγίσταις ἐπετίθεντο, καὶ τὰ ἐν αὐταῖς
δεσμωτήρια βίᾳ ῥηγνύντες, τοὺς ἐφ´ οἱαισδὴ καθειρχθέντας αἰτίαις δεσμῶν
ἐλευθέρους ἀφιέντες ἄδειάν τε
ὑπισχνούμενοι, εὐεργεσίαις ἐς τὴν συμμαχίαν προσήγοντο· πᾶσάν τε
κατατρέχοντες τὴν Κελτῶν καὶ Ἰβήρων χώραν,
πόλεσί τε ταῖς μεγίσταις ἐπιόντες, καὶ μέρη μὲν ἐμπιπράντες, τὰ δὲ λοιπὰ δι´
ἁρπαγῆς ποιούμενοι ἀνεχώρουν.
ὡς δὲ ταῦτα ἐδηλώθη τῷ Κομόδῳ, μετὰ πάσης ὀργῆς τε
καὶ ἀπειλῆς ἐπιστέλλει τοῖς τῶν ἐθνῶν ἡγουμένοις ῥᾳθυμίαν ἐγκαλῶν καὶ
κελεύει στρατὸν ἐπ´ αὐτοὺς ἀθροισθῆναι. μαθόντες δὲ ἐκεῖνοι δύναμιν
ἀγειρομένην ἐπ´ αὐτούς, τῶν μὲν χωρίων ἃ ἐπόρθουν ἀπέστησαν, λαθόντες δὲ
διὰ ταχείας καὶ ἀβάτου ὁδοιπορίας κατ´ ὀλίγους ἐς τὴν Ἰταλίαν παρεδύοντο,
καὶ περὶ βασιλείας ἤδη καὶ μειζόνων πραγμάτων ὁ Μάτερνος ἐβουλεύετο.
ἐπεὶ γὰρ αὐτῷ τὰ προπεπραγμένα πάσης ἐλπίδος μειζόνως ἦν προχωρήσαντα,
ᾠήθη δεῖν μέγα τι δράσας κατορθῶσαι, ἢ ἐπείπερ ἅπαξ ἐν κινδύνῳ καθειστήκει,
μὴ ἀσήμως μηδ´ ἀδόξως τελευτῆσαι. ἐπεὶ δὲ αὑτῷ μὴ τοσαύτην
ὑπάρχειν δύναμιν ἡγεῖτο ὡς ἐξ ἀντιστάσεως ἰσορρόπου
καὶ φανερᾶς ἐφόδου συστῆναι πρὸς τὸν Κόμοδον (τό τε
γὰρ πλῆθος τοῦ Ῥωμαίων δήμου ἐλογίζετο εὔνουν ἔτι
τῷ Κομόδῳ ὑπάρχον, τήν τε περὶ αὐτὸν τῶν δορυφόρων
εὔνοιαν), τέχνῃ καὶ σοφίᾳ ἤλπισε περιέσεσθαι. καὶ μηχανᾶται τοιόνδε τι·
ἦρος ἀρχῇ ἑκάστου ἔτους ὡρισμένης ἡμέρας μητρὶ
θεῶν πομπὴν τελοῦσι Ῥωμαῖοι· καὶ πάντα ὅσα παρ´
ἑκάστοις πλούτου σύμβολα κειμήλιά τε βασιλέων ὕλης
τε ἢ τέχνης θαύματα, τῆς θεοῦ προπομπεύει. ἀνετός
τε πᾶσι δέδοται ἐξουσία παντοδαπῆς παιδιᾶς, ἕκαστός
τε ὃ βούλεται σχῆμα ὑποκρίνεται· οὐδ´ ἔστιν οὕτως μέγα ἢ
ἐξαίρετον ἀξίωμα, ὃ μὴ παντὶ τῷ βουλομένῳ ἀμφιεσθέντι
ὑπάρχει παῖξαί τε καὶ κρύψαι τὴν ἀλήθειαν, ὡς μὴ ῥᾳδίως
διαγνῶναι τόν τε ὄντα καὶ τὸν μιμούμενον. ἔδοξε δὴ τῷ
Ματέρνῳ καιρὸς ἐπιτήδειος εἶναι ἐς τὸ τὴν ἐπιβουλὴν λαθεῖν.
ἤλπισε γὰρ αὐτός τε ἀναλαβὼν τὸ τῶν δορυφόρων
σχῆμα καὶ τοὺς σὺν αὑτῷ ὁπλίσας ὁμοίως ἀναμίξας τε τῷ
πλήθει τῶν αἰχμοφόρων καὶ τῆς πομπῆς νομισθεὶς μέρος,
μηδενὸς {τε} προφυλαττομένου αἰφνιδίως ἐπιπεσὼν
τὸν Κόμοδον διαχρήσεσθαι. ἀλλὰ προδοσίας γενομένης
{καὶ} τινῶν τῶν σὺν αὐτῷ προκατελθόντων ἐς τὴν πόλιν
καὶ τὴν ἐπιβουλὴν κατειπόντων (φθόνος γὰρ αὐτοὺς
ἐς τοῦτο παρώξυνεν, εἰ δὴ ἔμελλον ἀντὶ ἀρχιλῃστοῦ
δεσπότην ἕξειν βασιλέα), πρὶν ἐλθεῖν τὴν ἑορτὴν αὐτός
τε ὁ Μάτερνος συλληφθεὶς τὴν κεφαλὴν ἀπετμήθη, καὶ
οἱ συνωμόται ἀξίας ὑπέσχον δίκας. ὁ δὲ Κόμοδος θύσας
τε τῇ θεῷ καὶ χαριστήρια ὁμολογήσας τὴν ἑορτὴν ἐπετέλει,
παρέπεμπέ τε τὴν θεὸν χαίρων. καὶ σωτήρια τοῦ
βασιλέως ὁ δῆμος μετὰ τῆς ἑορτῆς ἐπανηγύριζεν.
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Traduction française :
[1,10] XXX. Mais peu de temps après, il eut de nouveaux dangers à craindre.
Un soldat nommé Maternus, connu pour sa perversité et son audace, entraîna
dans sa fuite et dans ses projets plusieurs de ses compagnons, et eut
bientôt réuni une troupe nombreuse d'hommes capables de tous les crimes.
D'abord il ravagea par ses excursions les villages et les champs. Mais
quand sa force se fut accrue avec le fruit de ses rapines, il rassembla un
bien plus grand nombre de malfaiteurs, qu'il sut attirer par la promesse
de fortes récompenses et d'une part dans le butin. Aussi bientôt cette
troupe ne fut-elle plus considérée comme une réunion de brigands, mais
comme une armée ennemie. Ils s'emparaient des grandes villes, brisaient
les portes des cachots, délivraient tous les prisonniers, quelle que fût
la cause de leur captivité, et en leur promettant l'impunité se les
attachaient par la reconnaissance. Ils ravagèrent ainsi toute la Gaule et
toute l'Espagne, pénétrant de force dans toutes les grandes villes, les
incendiant, les dévastant, et se retirant avec une proie immense.
XXXI. Dès que cette nouvelle parvint à Commode, il écrivit aux gouverneurs
de ces provinces des lettres pleines de menaces et de colère; il leur
reprochait leur lâcheté, et leur ordonnait de marcher contre ces brigands.
Quand ceux-ci apprirent qu'on se préparait à leur opposer des forces, ils
abandonnèrent le pays qu'ils ravageaient, et par des chemins courts et
détournés, gagnèrent secrètement l'Italie après s'être divisés en petites
troupes. Là, Maternus médita des projets plus élevés et n'ambitionna rien
moins que l'empire. Il voyait que tout lui avait réussi jusqu'à ce jour au
delà de ses espérances; il se crut appelé à tenter un coup d'éclat, et
puisqu'il ne pouvait échapper au danger, il voulut du moins s'illustrer
par une mort glorieuse.
XXXII. Ses forces étaient trop peu considérables pour qu'il pût songer à
combattre Commode ouvertement et en pleine campagne. Il n'ignorait pas
d'ailleurs l'attachement que lui portaient la plus grande partie du peuple
et les gardes prétoriennes. Ce fut donc par la ruse et la prudence qu'il
espéra réussir; voici le projet qu'il imagina. Au commencement du
printemps les Romains célèbrent avec solennité la mère des dieux. Dans
cette fête, les citoyens et l'empereur lui-même font porter devant l'image
de la déesse ce qu'ils possèdent de plus brillant et de plus précieux,
soit pour la matière, soit pour la délicatesse du travail. Chacun jouit
alors de la liberté de se livrer aux divertissements les plus bizarres; on
peut choisir tous les déguisements; il n'est point de dignité si élevée,
de personnage si auguste qu'on ne puisse alors représenter avec une
fidélité de costume, capable de produire la plus complète illusion.
Maternus choisit ce jour comme le plus favorable à ses desseins; il crut
qu'en prenant, lui et ses compagnons, l'uniforme et les armes des gardes
de l'empereur, et en se mêlant à la foule des soldats, comme s'ils eussent
fait partie du cortége, ils pourraient mettre en défaut toute prévoyance,
tomber tout à coup sur Commode et l'égorger.
XXXIII. Mais il fut trahi par quelques-uns de ceux qui étaient entrés dans
Rome avec lui. L'envie les porta à dénoncer les projets de leur chef. Ils
ne pouvaient se résoudre à respecter comme un maître, comme un empereur,
celui en qui ils n'avaient vu jusqu'alors qu'un compagnon, un brigand
comme eux. Maternus fut arrêté avant le jour de la fête ; on lui trancha
la tête, et tous ceux qui avaient pris part au complot subirent un juste supplice.
XXXIV. Commode fit un sacrifice à Cybèle, lui rendit publiquement des
actions de grâces, assista d'un front riant à la fête, et accompagna
l'image de la déesse. Le peuple entier redoubla d'allégresse pour célébrer
à la fois et la déesse et la conservation des jours de l'empereur.
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