Texte grec :
[1,9] ὁ δὲ Περέννιος ἀποσκευασάμενος πάντας, οὓς καὶ ὁ
Κόμοδος ᾐδεῖτο καὶ ὅσοι πατρῴαν αὐτῷ εὔνοιαν ἐπεδείκνυντο
τῆς τε ἐκείνου σωτηρίας προμήθειαν εἶχον,
ποιησάμενός τε αὑτὸν ἐπ´ ἐξουσίας, ἐπεβούλευε τῇ ἀρχῇ,
καὶ τοῖς τε υἱοῖς αὑτοῦ νεανίαις οὖσιν ἐγχειρίσαι πείθει
τὸν Κόμοδον τὴν πρόνοιαν τῶν Ἰλλυρικῶν στρατευμάτων, αὐτός τε πλεῖστα
χρήματα ἤθροιζεν ἐς τὸ ἐπιδόσεσι λαμπραῖς ἀποστῆσαι τὸ στρατιωτικόν. οἱ δὲ
παῖδες αὐτοῦ λανθάνοντες συνεκρότουν δύναμιν, ὡς ἂν
τοῦ Περεννίου κατεργασαμένου τὸν Κόμοδον ἐπιθοῖντο τῇ ἀρχῇ.
ἐγνώσθη δ´ ἡ ἐπιβουλὴ παραδόξῳ τρόπῳ. ἱερὸν ἀγῶνα
τελοῦσι Ῥωμαῖοι Διὶ Καπετωλίῳ, θεάματά τε θυμέλης
καὶ ἰσχύος πάντα ἀθροίζεται ὡς ἐς βασιλίδα πόλιν πανηγυρίζουσαν. θεατὴς δὲ
καὶ ἀθλοθέτης σὺν τοῖς λοιποῖς ἱερεῦσιν, οὓς ἐκ περιόδων χρόνον ἡ τάξις καλεῖ, ὁ
βασιλεὺς γίγνεται. κατελθόντος δὴ τοῦ Κομόδου ἐπὶ
τὴν ἀκρόασιν τῶν ἐνδόξων ἀγωνιστῶν, καὶ αὐτοῦ μὲν
προκαθίσαντος ἐν τῇ βασιλείῳ ἕδρᾳ, πληρωθέντος δὲ
τοῦ θεάτρου μετὰ πάσης εὐκοσμίας, τῶν τε ἐν ἀξιώσεσιν
ἐν ἐξαιρέτοις ἕδραις καὶ ὡς ἑκάστοις διετέτακτο ἱδρυμένων,
πρίν τι λέγεσθαι ἢ πράττεσθαι ἐπὶ τῆς σκηνῆς
ἀνὴρ φιλοσόφου φέρων σχῆμα (βάκτρον γὰρ ἦν αὐτοῦ
μετὰ χεῖρας, ἡμιγύμνῳ τε αὐτῷ ἐκκρεμὴς πήρα) εἰσδραμὼν καὶ στὰς ἐν μέσῃ τῇ
σκηνῇ τῷ τε χειρὸς νεύματι τὸν δῆμον κατασιγάσας „οὐ πανηγυρίζειν σοι
καιρός“ ἔφη „Κόμοδε, νῦν, οὐδὲ θέαις καὶ ἑορταῖς σχολάζειν.
ἐπίκειται γάρ σου τοῖς αὐχέσι τὸ τοῦ Περεννίου
ξίφος, καὶ εἰ μὴ φυλάξῃ κίνδυνον οὐκ ἐπαιωρούμενον
ἀλλ´ ἤδη παρόντα, λήσεις ἀπολόμενος. αὐτός τε γὰρ ἐνταῦθα δύναμιν
ἐπὶ σοὶ καὶ χρήματα ἀθροίζει, οἵ τε παῖδες αὐτῷ τὴν Ἰλλυρικὴν στρατιὰν
ἀναπείθουσιν. εἰ δὲ μὴ φθάσεις, διαφθείρῃ.“ ταῦτα εἰπόντος αὐτοῦ, εἴτε
ὑπό τινος δαιμονίου τύχης ἐπειχθέντος, εἴτε καὶ τολμήσαντος ἵνα δόξαν ἄρηται
πρότερον ἄγνωστος καὶ ἄσημος ὤν, εἴτε ἐλπίσαντος ἀμοιβῆς
μεγαλοδώρου τεύξεσθαι
παρὰ τοῦ βασιλέως, ἀφασία τὸν Κόμοδον καταλαμβάνει.
καὶ πάντες ὑπώπτευον μὲν τὰ λεχθέντα, πιστεύειν δὲ οὐ
προσεποιοῦντο. κελεύει δὲ αὐτὸν συλληφθῆναι ὁ Περέννιος, οἷά τε μεμηνότα
καὶ ψευδῆ λέγοντα πυρὶ παραδοθῆναι. ὃ μὲν δὴ ἀκαίρου παρρησίας τοιαύτην
ὑπέσχε δίκην· οἱ μέντοι περὶ τὸν Κόμοδον, ὅσοι τε εὐνοεῖν
προσεποιοῦντο, καὶ πάλαι μὲν ἀπεχθῶς πρὸς τὸν Περέννιον διακείμενοι (βαρὺς
γὰρ καὶ ἀφόρητος ἦν ὑπεροψίᾳ
καὶ ὕβρει), τότε δὲ καιρὸν εὔκαιρον ἔχοντες, διαβάλλειν
ἐπειρῶντο, ἐχρῆν τε ἄρα τὸν Κόμοδον τὴν ἐπιβουλὴν
ἐκφυγεῖν καὶ τὸν Περέννιον σὺν τοῖς παισὶ διολέσθαι
κακῶς. ἦλθον γὰρ μετ´ οὐ πολὺ στρατιῶταί τινες λαθόντες τὸν τοῦ Περεννίου
παῖδα, καὶ νομίσματα ἐκόμισαν ἐκτετυπωμένα τὴν ἐκείνου εἰκόνα.
λαθόντες δὲ καίτοι ἔπαρχον ὄντα τὸν Περέννιον καὶ δείξαντες τῷ Κομόδῳ τὰ
νομίσματα διδάξαντές τε τῆς ἐπιβουλῆς τὰ λανθάνοντα
αὐτοὶ μὲν ἔτυχον μεγάλων δωρεῶν· ἀγνοοῦντος δὲ ταῦτα
τοῦ Περεννίου μηδέν τέ τι τοιοῦτον προσδεχομένου νύκτωρ ὁ Κόμοδος
πέμψας ἀποτέμνει τὴν κεφαλήν· καὶ τὴν
ταχίστην, ὅπως τὴν τῶν πραττομένων γνῶσιν φθάσωσιν,
ἐκπέμπει τοὺς πορευσομένους φήμης ὀξυτέρῳ δρόμῳ
ἐπιστῆναί τε δυνησομένους τῷ παιδὶ τοῦ Περεννίου τὰ
ἐπὶ τῆς Ῥώμης ἀγνοοῦντι, γράμματά τε φιλικὰ ποιήσας
καὶ ἐπὶ μείζοσι φήσας καλεῖν ἐλπίσιν αὐτὸν ἥκειν κελεύει. ὃ δὲ μήτε τι τῆς
παρασκευῆς πω καὶ τῶν βεβουλευμένων μήτε τι τῶν κατὰ τὸν πατέρα εἰδώς, τῶν
ἀγγέλων εἰπόντων ταῦτα καὶ τὸν πατέρα ἐντετάλθαι ῥήμασι, μηδὲν δὲ
ἐπεσταλκέναι τοῖς βασιλείοις ἀρκούμενον γράμμασι, πιστεύσας ὁ νεανίας,
ἀσχάλλων μὲν καὶ δυσφορῶν ὅτι δὴ ἀτελῆ κατέλιπε τὰ βεβουλευμένα, ὅμως
δὲ θαρρῶν τῇ τοῦ πατρὸς ὡς ἔτι συνεστώσῃ δυνάμει,
ποιεῖται τὴν ἔξοδον. γενόμενον δὲ αὐτὸν κατὰ τὴν Ἰταλίαν,
οἷς τοῦτο ἐντέταλτο, διεχρήσαντο. τοιοῦτο μὲν δὴ
τέλος ἐκείνους κατέλαβεν· ὁ δὲ Κόμοδος δύο τοὺς ἐπάρχους καταστήσας
ἀσφαλέστερον ᾠήθη μὴ ἑνὶ πιστεύειν
τοσαύτην ἐξουσίαν, μερισθεῖσαν δὲ αὐτὴν ἀσθενεστέραν
ἔσεσθαι ἤλπισε πρὸς τὴν βασιλείας ἐπιθυμίαν.
|
|
Traduction française :
[1,9] XXIV. Pérennius ayant fait périr les hommes vertueux qui inspiraient à
Commode un respect involontaire, et qui le chérissaient comme un fils,
devenu le seul gardien des jours du prince, qu'il avait rendu pour ainsi
dire son esclave, songea à s'emparer du trône : il obtint de Commode que
ses propres fils, très jeunes encore, fussent mis à la tête des troupes
d'Illyrie. Pour lui il entassait des sommes immenses, afin d'aliéner du
monarque, à force de largesses, les soldats du prétoire. Ses fils, de leur
côté, rassemblaient en secret des forces pour s'emparer de l'empire, dès
que leur père aurait immolé Commode.
XXV. Ce complot se découvrit d'une manière étrange. Les Romains
célébraient en l'honneur de Jupiter Capitolin des jeux sacrés et des
exercices d'adresse et de force qui attirent une affluence digne de la
ville reine du monde. L'empereur assiste à ces jeux comme spectateur et
comme juge, avec les prêtres, désignés alternativement chaque année.
Commode s'était donc rendu à cette fête, pour entendre de célèbres acteurs;
il s'était assis sur le siége impérial ; l'amphithéâtre était rempli de
spectateurs, rangés avec ordre, et placés chacun selon sa dignité, au rang
qui lui était assigné. Avant qu'aucun exercice eût commencé, un homme
portant l'habit de philosophe (il avait un bâton à la main, était demi-nu,
et une besace pendait à son épaule) s'élance tout à coup, s'arrête au
milieu de la scène, et par un geste, commandant le silence au peuple :
« Ce n'est point le temps, Commode, dit-il, de t'occuper de jeux, de
spectacles et de fêtes. Le glaive de Pérennius est suspendu sur ta tête :
si tu ne te garantis point d'un danger qui n'est pas prochain, mais déjà
présent, ton imprudence va te coûter la vie. Pérennius rassemble lui-même
contre toi des soldats et de l'or, tandis que ses fils séduisent pour sa
cause l'armée d'Illyrie. Si tu ne te hâtes de prévenir le coup, Commode,
c'en est fait de toi. »
XXVI. A ce discours, qui fut suggéré à cet inconnu ou par une inspiration
secrète et divine, ou par le désir de s'illustrer et de se tirer de
l'obscurité en commettant une action aussi hardie, ou enfin par l'espoir
d'obtenir de l'empereur une récompense brillante, Commode resta muet
d'étonnement. Tous les spectateurs croyaient bien aux paroles de
l'inconnu, mais ils n'osaient le faire paraître. Cependant Pérennius le
fait arrêter et brûler vif comme un insensé et un imposteur. Le malheureux
expia ainsi son imprudente audace.
XXVII. Toutefois les courtisans, qui voulaient faire parade auprès de
Commode d'un sincère attachement, et qui depuis longtemps détestaient
Pérennius, dont la fierté et la hauteur les avaient souvent blessés,
saisirent avec empressement cette occasion de le perdre dans l'esprit du
prince. Le sort avait décidé que Commode échapperait au complot tramé
contre ses jours, et que Pérennius subirait avec un de ses fils la peine
de son crime. En effet, peu de temps s'était écoulé, lorsque des soldats,
partis de l'Illyrie à l'insu du fils de Pérennius, apportèrent à Rome des
pièces de monnaie que ce jeune homme avait osé faire frapper à son image.
Ils parvinrent à les mettre sous les yeux de Comnnode, malgré la
surveillance de Pérennius, qui commandait les gardes; et ils découvrirent
les détails les plus secrets de la conspiration à l'empereur, qui les
combla de ses largesses.
XXVIII. Profitant de la sécurité de Pérennius, qui ne s'attendait à rien,
Commode envoie la nuit suivante des émissaires lui couper la tête dans son
palais. Il leur ordonna de se rendre aussitôt auprès de son fils, et de
mettre la plus grande célérité dans leur voyage, pour que le jeune
Pérennius ignorât encore, à leur arrivée, les événements de la capitale.
Commode lui adressa une lettre pleine de bienveillance, dans laquelle il
le rappelait à Rome, où, dit-il, de plus hautes destinées l'attendaient.
Le jeune homme ne soupçonne rien du dessein caché de l'empereur ni de
l'infortune de son père; les messagers de Commode l'assurent que Pérennius
lui-même souhaita ardemment son retour, et qu'il lui aurait manifesté ce
désir par une lettre, s'il n'eût pensé que celle de l'empereur suffirait
pour le déterminer ; il tombe dans le piége, et s'arrachant, quoiqu'à
regret, à ses projets interrompus, plein de confiance d'ailleurs dans le
pouvoir de son père, qu'il ne croyait pas encore ébranlé, il prépare son
retour. A peine eut-il touché les frontières de l'Italie, qu'il fut
assassiné par ceux qui en avaient reçu l'ordre de l'empereur. Telle fut la
fin de ces deux conspirateurs.
XXIX. Commode, après cet événement, créa deux préfets des gardes
prétoriennes. La prudence lui conseillait de ne pas confier à un seul
homme une puissance aussi étendue : en la partageant, il espérait la
rendre moins redoutable à la sienne.
|
|