HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

HÉLIODORE, Théagène et Chariclée, livre V

γε



Texte grec :

[5,2] Ὁ μὲν ταῦτα εἰπὼν ἀπέτρεχεν ὡς εἰρήκει ποιήσων, ὁ δὲ Κνήμων αὖος ἐγεγόνει πρὸς τὴν ἀκοὴν τῆς Θίσβης ὑπό τε ἀμηχανίας πᾶσαν ἔννοιαν διαπορῶν ἀνέστρεφε βαρύ τε καὶ συνεχὲς ἐπιστένων τὸ λειπόμενον ἐταλαιπώρει τῆς νυκτός, ὥστε οὐδὲ τὸν Καλάσιριν ἐλάνθανε τελευτῶν, ὕπνῳ καὶ ταῦτα βαθεῖ κατεσχημένον. Ἀλλὰ ἀνασχὼν ἑαυτὸν ὁ πρεσβύτης κἀπὶ τοῦ ἀγκῶνος ἐρείσας ὅ τι πεπόνθοι διηρώτα καὶ δι´ ἣν αἰτίαν οὕτως ἐκτόπως ἀλύοι σχεδόν τι τῶν μεμηνότων οὐκ ἀποδέων· εἶτα «Οὐ μὴ μανῶ» πρὸς αὐτὸν ὁ Κνήμων «Θίσβην ὅτι περίεστιν ἀκηκοώς;» «Καὶ τίς ἡ Θίσβη» ἔφη ὁ Καλάσιρις «ἢ πόθεν γνωρίζεις τε ἀκούσας καὶ ζῶσαν ἀγγελλομένην φροντίζεις;» Καὶ ὃς «Τῶν μὲν ἄλλων ἀκούσῃ μετὰ ταῦτα ὅταν ποτὲ καὶ τὰ ἐμαυτοῦ σοι διηγῶμαι· ἐκείνην δὲ ἀνῃρημένην τούτοις ἐγὼ τοῖς ὀφθαλμοῖς ἐγνώρισα καὶ παρὰ τοῖς βουκόλοις χερσὶ ταυταισὶ ταῖς ἐμαῖς κατέθαψα.» «Κάθευδε» εἶπεν ὁ Καλάσιρις· «ταῦτα δὲ ὅπη ποτὲ ἔσχεν οὐκ εἰς μακρὰν εἰσόμεθα.» «Οὐκ ἂν δυναίμην» ἔφη, «ἀλλὰ σὺ μὲν ἀτρέμας ἔχε σαυτόν, ἐγὼ δὲ οὐκ ἔστιν ὅπως ἂν βιῴην εἰ μὴ θᾶττον ὑπεξελθὼν τρόπον ὅντινα δὴ πολυπραγμονήσαιμι τίς ποτε πλάνη τὸν Ναυσικλέα κατείληφεν ἢ ὅπως παρὰ μόνοις Αἰγυπτίοις οἱ τεθνεῶτες ἀναβιοῦσιν.» Ἐμειδίασε πρὸς ταῦτα μικρὸν ὁ Καλάσιρις καὶ αὖθις ὑπηνέχθη τῷ ὕπνῳ, ὁ δὲ Κνήμων τοῦ δωματίου προήκων ἔπασχε μὲν οἷα εἰκὸς ἦν τὸν νύκτωρ καὶ σκότους καὶ κατ´ οἰκίαν ἄγνωστον ἀλύοντα, πλὴν ἀλλὰ πάντα γε ὑπέμενε τὸ δεῖμα τὸ ἐκ τῆς Θίσβης καὶ τὴν ὑπόνοιαν ἀποδύσασθαι σπεύδων· ἕως ὀψέ ποτε καὶ πολλάκις τοὺς αὐτοὺς ὡς ἄλλοτε ἄλλον ἀνελίττων τόπους ᾔσθετο γυναικὸς λαθραῖόν τι καὶ γοερὸν οἷον ἠρινῆς ἀηδόνος αἴλινον ᾠδὴν ἐν νυκτὶ μυρομένης, ἐπί τε τὸ δωμάτιον ὑπὸ τοῦ θρήνου χειραγωγούμενος ὥρμησε καὶ ταῖς θύραις καθ´ ὃ συνέπιπτον ἀλλήλαις τὸ οὖς παραθέμενος ἐπηκροᾶτο καὶ τοιάδε κατελάμβανεν ἔτι θρηνοῦσαν. «Ἐγὼ δὲ ἡ παναθλία χεῖρα λῃστρικὴν ἐκπεφευγέναι καὶ μιαιφόνον ᾤμην θάνατον ἐλπισθέντα διαδεδρακέναι βιώσεσθαί τε τὸ λειπόμενον ἅμα τῷ φιλτάτῳ, ξένον μὲν καὶ ἀλήτην βίον ἀλλὰ μετ´ ἐκείνου γινόμενον ἥδιστον, οὐδὲν γὰρ οὕτως ἐμοὶ χαλεπὸν ὃ μὴ μετ´ ἐκείνου φορητόν· νυνὶ δὲ ὁ μηδεπώποτε κεκορεσμένος ἐμὲ δὲ ἐξ ἀρχῆς εἰληχὼς δαίμων μικρὸν τῶν ἡδονῶν ὑποθέμενος εἶτα ἠπάτησε. Δουλείαν ᾤμην ἐκπεφευγέναι, δουλεύω πάλιν· δεσμωτήριον, καὶ φρουροῦμαι· νῆσος εἶχέ με καὶ σκότος· ὅμοια τὰ νῦν ἐκείνοις, ἀληθέστερον δὲ εἰπεῖν καὶ πικρότερα, τοῦ καὶ βουλομένου καὶ δυναμένου παραμυθεῖσθαι ταῦτα κεχωρισμένου· σπήλαιον ἦν μοι λῃστρικὸν εἰς τὴν παρελθοῦσαν τὸ καταγώγιον, ἄδυτον καὶ βάραθρον καὶ τί γὰρ ἄλλ´ ἢ τάφος ἡ οἴκησις; Ἐπεκούφιζε καὶ ταῦτα παρὼν ὁ πάντων ἐμοὶ φίλτατος· ἐκεῖ με καὶ ζῶσαν ἐθρήνησε καὶ τεθνεῶσαν, ὡς ᾤετο, ἐδάκρυσεν, ὡς ἀνῃρημένην ἐπένθησεν· ἀπεστέρημαι νυνὶ καὶ τούτων, οἴχεται ὁ κοινωνὸς τῶν δυστυχημάτων καὶ ὡς ἄχθη τὰ πάθη πρός με νεμόμενος· ἐγὼ δὲ μόνη καὶ ἔρημος, αἰχμάλωτος καὶ πολύθρηνος, τύχης βουλήμασι πικρᾶς ἐκκειμένη, καὶ ζῆν τέως ἀνεχομένη διότι μοι περιεῖναι τὸν γλυκύτατον ἐλπίζω. Ἀλλ´ ὦ ψυχὴ ἐμή, ποῦ ποτε ἄρα τυγχάνεις; τίς δέ σε διεδέξατο τύχη; ἆρα μὴ καὶ αὐτός, οἴμοι, δουλεύεις τὸ μόνον ἐλεύθερον καὶ ἀδούλωτον πλὴν ἔρωτος φρόνημα; ἀλλὰ σῴζοιό γε μόνον καὶ θεάσαιό ποτε Θίσβην τὴν σήν· τοῦτο γάρ με καλέσεις καὶ μὴ βουλόμενος.»

Traduction française :

[5,2] Après quoi, il s'en alla immédiatement faire ce qu'il avait dit. Cnémon était resté sans voix en entendant le nom de Thisbé. Dans sa perplexité, il roulait mille pensées, ne sachant que faire, et poussait sans arrêt de profonds soupirs, pendant tout le reste d'une nuit pénible pour lui, si bien que, à la longue, Calasiris lui-même s'en aperçut, malgré le profond sommeil qui s'était emparé de lui. Le vieil homme se souleva, prit appui sur son coude et lui demanda de quoi il souffrait, et pour quelle raison il s'agitait ainsi presque comme s'il avait perdu le sens; puis : « Comment ne serais-je pas fou, répondit Cnémon, lorsque j'entends dire que Thisbé est vivante? — Et quelle est cette Thisbé, dit Calasiris, comment la connais-tu, et pourquoi es-tu aussi ennuyé en entendant dire qu'elle est vivante? » Alors Cnémon : « Tu sauras tout plus tard, lorsque je te raconterai moi-même mes aventures; sache seulement que je l'ai vue morte, de mes propres yeux, et que, chez les Pasteurs, je l'ai ensevelie de mes propres mains. — Dors, lui dit Calasiris; nous ne tarderons pas à être fixés sur ce qu'il en est. — Cela me serait impossible, dit Cnémon, mais, toi, ne bouge pas; quant à moi, je ne saurais vivre si je ne sors d'ici au plus vite et si je ne me renseigne, d'une façon ou d'une autre, sur l'erreur qu'a bien pu commettre Nausicles ou comment il se fait que chez les Egyptiens, sinon ailleurs, les morts ressuscitent. » Calasiris, à ces mots, eut un léger sourire et, aussitôt, se replongea dans le sommeil; Cnémon, lui, sortit de la chambre et eut toutes les mésaventures inévitables lorsque l'on erre, en pleine nuit, sans lumière, à travers une maison inconnue, mais il endura tout, dans sa hâte de se délivrer de la crainte qu'il éprouvait au sujet de Thisbé et du soupçon qu'il avait conçu. Après avoir longtemps tourné en rond, toujours dans les mêmes lieux, en s'imaginant changer d'endroit, finalement, il entendit une femme qui, en secret, se lamentait, pareille au rossignol qui, au printemps, chante sa plainte dans la nuit. Guidé par cette lamentation, il se dirigea vers la chambre où se trouvait la femme et, appliquant l'oreille à l'endroit où se rejoignaient les battants de la porte, il écouta. Et voici la plainte qu'il entendit : « Ah! certes j'ai eu tous les malheurs ! Je pensais avoir échappé à la main des brigands et évité la mort terrible qui m'attendait pour vivre désormais avec mon bien-aimé une vie errante, en un pays étranger, mais, qui, avec lui, eût été délicieuse. Car il n'est rien de pénible qui, avec lui, ne me soit tolérable; mais maintenant, la divinité qui est mon lot depuis ma naissance n'est pas encore rassasiée; après m'avoir, un instant, fait entrevoir le bonheur, elle m'a ensuite déçue. Je pensais avoir échappé à l'esclavage et, de nouveau, je suis esclave; échappé à la prison, et de nouveau je suis enfermée; j'étais prisonnière dans une île et dans les ténèbres; la situation où je suis maintenant est toute pareille, et, à vrai dire, elle est même plus pénible, car je suis séparée de celui qui avait le désir et le pouvoir de me consoler; jusqu'à hier, ma demeure était une caverne de brigand, ma maison un gouffre insondable, et un véritable tombeau. Et pourtant, la présence de celui que j'aime entre tous me rendait tout cela léger. Là-bas, il me pleurait, bien que je fusse vivante, il versait des larmes, me croyant morte, et se désolait, à la pensée que je n'étais plus; mais maintenant je n'ai plus même cela; il est parti, celui qui partageait mes malheurs et qui se chargeait, comme d'un fardeau, de mes souffrances; je suis seule, abandonnée, captive pitoyable, exposée à tous les caprices d'un amer destin, et je ne tolère la vie que dans la mesure où j'espère que mon doux ami est encore vivant. Mais, ô mon âme, où donc es-tu? Quel est le sort qui t'a été réservé? N'es-tu pas, toi aussi, hélas, devenu esclave? ô toi, coeur libre, et qui ne connais aucune loi, que celles de l'amour? Ah! puisses-tu seulement être vivant, et voir un jour ta Thisbé : car c'est le nom que tu me donneras, que tu le veuilles ou non. »





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Dernière mise à jour : 28/02/2007