Texte grec :
[2,26] «Παραλείπω τὴν ἐν μέσῳ πλάνην ὦ νεανία,
συντελεῖ γὰρ οὐδὲν εἰς τὴν παρὰ σοῦ ζήτησιν. Πυνθανόμενος
δὲ εἶναί τινα Δελφοὺς Ἑλληνίδα πόλιν ἱερὰν μὲν Ἀπόλλωνος
θεῶν δὲ τῶν ἄλλων τέμενος ἀνδρῶν τε σοφῶν ἐργαστήριον
θορύβου τε δημώδους ἐκτὸς ἀνῳκισμένην ἔστελλον εἰς ταύτην
ἐμαυτόν, ἁρμόδιον τῷ προφητικῷ καταγώγιον τὴν ἱεροῖς
καὶ τελεταῖς ἀνακειμένην ὁριζόμενος, διά τε τοῦ Κρισαίου
κόλπου τῇ Κιρραίᾳ προσορμισθεὶς ἐκ νεὼς ἐπὶ τὴν πόλιν
ἀνέθεον. Ἐπεὶ δὲ ἐπέστην ὀμφή με ὡς ἀληθῶς θεία
προσέβαλεν αὐτόθεν καὶ τά τε ἄλλα ἡ πόλις διαίτημα
κρειττόνων ἔδοξε καὶ οὐχ ἥκιστα τῇ φύσει τῆς περιοχῆς· οἷον γὰρ
φρούριον ἀτεχνῶς καὶ αὐτοσχέδιος ἀκρόπολις ὁ Παρνασὸς
ἀπαιωρεῖται προπόδων λαγόσι τὴν πόλιν
ἐγκολπισάμενος.» «Ἄριστα» ἔφη «λέγεις» ὁ Κνήμων
«καὶ ὡς ἄν τις ἐπιπνοίας ὡς ἀληθῶς Πυθικῆς ἐπῃσθημένος· τῇδε
γάρ πῃ καὶ ὁ πατήρ μοι θέσεως ἔχειν τοὺς
Δελφοὺς ἔφραζεν ὅτε αὐτὸν ἱερομνήμονα ἡ πόλις ἡ Ἀθηναίων
ἔστειλεν.» «Ἀθηναῖος ἄρα ἦσθα ὦ παῖ;» «Ναίχι»
ἔφη. «Ὄνομα δὲ τίς;» «Κνήμων» ἀπεκρίνατο· «τὰ δ´
ἄλλα εἰσαῦθις» ἔφη «ἀκούσῃ, νῦν δὲ ἔχου τῶν ἑξῆς.»
«Ἕξομαι» ἔφη καὶ ἐπανῄει πρὸς τὴν πόλιν. «Ἐπαινέσας οὖν τῶν
τε δρόμων καὶ ἀγορῶν καὶ κρηνῶν τὸ ἄστυ καὶ
Κασταλίαν αὐτήν, ἣν δὴ καὶ περιρραντήριον ἐποιησάμην,
ἐπὶ τὸν νεὼν ἔσπευδον, καὶ γάρ με καὶ θροῦς τῶν πολλῶν
ἀνεπτέρωσεν ὥραν εἶναι κινεῖσθαι τὴν θεοπρόπον λέγοντες.
Ἐπεὶ δὲ εἰσελθὼν προσεκύνουν καί τι καὶ κατ´ ἐμαυτὸν
ηὐχόμην, ἀνεφθέγξατο ἡ Πυθία τοιάδε·
Ἴχνος ἀειράμενος ἀπ´ ἐυστάχυος παρὰ Νείλου
φεύγεις μοιράων νήματ´ ἐρισθενέων.
Τέτλαθι, σοὶ γὰρ ἐγὼ κυαναύλακος Αἰγύπτοιο
αἶψα πέδον δώσω· νῦν δ´ ἐμὸς ἔσσο φίλος.
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Traduction française :
[2,26] « Je ne te dirai pas, jeune homme, tous les voyages
que je fis entre temps, car ils sont sans rapport avec ce
que tu me demandes. J'avais appris qu'il existe, en Grèce,
une ville sainte d'Apollon, appelée Delphes, et qu'elle
était en même temps le sanctuaire des autres dieux, et
un lieu où se rencontraient les sages, loin du tumulte
du monde, dans l'intérieur des terres. Je décidai de
m'y rendre, dans la pensée qu'une ville consacrée à la
religion et aux initiations sacrées serait un séjour convenable
pour un prêtre; je traversai donc le golfe de Crisa,
et dès que je débarquai à Cirrha, je montai sans délai
vers la ville. Lorsque je fus arrivé tout près, une voix
véritablement divine en sortit et vint jusqu'à moi. La
ville me sembla en effet digne d'héberger les immortels,
surtout à cause du cadre où elle se trouve ; pareil à une
forteresse et à une citadelle naturelle, le Parnasse se dresse
au-dessus d'elle qui, à son pied, se blottit dans ses flancs. —
Tu as raison, dit Cnémon, et tu parles comme quelqu'un
qui a été véritablement touché par l'inspiration pythique.
c'est bien la situation de Delphes, telle que me l'a décrite
mon père, lorsqu'il fut envoyé par la ville d'Athènes
comme Hiéromnémon. — Alors, tu es athénien, mon
enfant ? — Certes oui, répondit-il. — Et quel est ton nom
Cnémon; le reste, tu l'apprendras une autre fois, maintenant,
raconte-moi la suite. — Je continue. Donc, après
avoir admiré les esplanades, les places, les fontaines de la
ville, et notamment Castalie, à laquelle je fis mes ablutions,
je me hâtai d'aller au temple, où me fit voler
la rumeur colportée dans la foule que c'était l'heure où
la prophétesse entrait en transe. J'entrai, me prosternai
et prononçai une prière intérieure. Alors, la Pythie prononça :
Toi qui, parti des rivages fertiles arrosés par le Nil,
fuis l'arrêt des Moires toutes puissantes,
Courage ! bientôt de l'Egypte aux noirs sillons
je te rendrai la terre. Et maintenant, sois mon ami. »
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