Texte grec :
[2,23] Καὶ ταῦτα εἰπὼν ἀπέχει τῆς φιάλης ἄκρατον
τὸ ὕδωρ, τοῦτο γὰρ ἔπινε, καὶ «σπένδωμεν» ἔλεγε «θεοῖς
ἐγχωρίοις τε καὶ Ἑλληνίοις καὶ αὐτῷ γε Ἀπόλλωνι Πυθίῳ,
προσέτι Θεαγένει καὶ Χαρικλείᾳ τοῖς καλοῖς τε καὶ ἀγαθοῖς,
ἐπειδὴ καὶ τούτους εἰς θεοὺς ἀναγράφω.» Καὶ ἅμα
ἐδάκρυεν ὥσπερ ἑτέραν αὐτοῖς σπονδὴν ἐπιφέρων τοὺς
θρήνους. Ἐπάγη πρὸς τὴν ἀκοὴν τῶν ὀνομάτων ὁ
Κνήμων, ἄνω τε καὶ κάτω τὸν πρεσβύτην ἐπιθεωρήσας «τί
λέγεις;» ἔφη «Παῖδές εἰσί σοι τῷ ὄντι Θεαγένης καὶ
Χαρίκλεια;» «Παῖδες» εἶπεν «ὦ ξένε, ἀμήτορες ἐμοὶ
γεγονότες· τύχῃ γάρ μου θεοὶ τούτους ἀνέδειξαν καὶ ἀπέτεκον αἱ
ψυχῆς ὠδῖνες καὶ φύσις ἡ διάθεσις ἐπ´ αὐτοῖς
ἐνομίσθη, καὶ πατέρα με ἀπὸ ταύτης ἐκεῖνοι καὶ ἐνόμισαν
καὶ ὠνόμασαν. Ἀλλὰ σὺ δὴ πόθεν, εἰπέ μοι, τούτους ἐγνώρισας;»
«Οὐκ ἐγνώρισα» ἔφη «μόνον» ὁ Κνήμων
«ἀλλὰ καὶ σῴζεσθαί σοι αὐτοὺς εὐαγγελίζομαι.»
«Ἄπολλον» ἔφη ἀναβοήσας «καὶ θεοί, καὶ ποῦ γῆς οὗτοι
δείκνυε· σωτῆρά σε καὶ θεοῖς ἰσοστάσιον ἡγήσομαι.» «Μισθὸς δέ
μοι τίς ἔσται;» ἔφη. «Τὸ μὲν παρὸν» ἦ δ´ ὃς
«εὐχαριστία, ξενίων δὲ οἶμαι τὸ κάλλιστον ἀνδρὶ νοῦν
ἔχοντι καὶ οἶδα πολλοὺς ὡς θησαυρὸν τῇ ψυχῇ παραθεμένους
τὸ δῶρον· εἰ δὲ καὶ τῆς ἐνεγκούσης ἐπιβαίημεν,
ἔσεσθαι δέ μοι τοῦτο οὐκ εἰς μακρὰν οἱ θεοὶ προσημαίνουσιν,
ἀρύσῃ πλοῦτον ὅσον ἂν δύναιο πλεῖστον.»
«Μέλλοντα» εἶπε «καὶ ἄδηλα κατεγγυᾷς, ἐξὸν ἐκ τῶν παρόντων
ἀμείβεσθαι.» «Ἐπάγγελλε εἴ τι παρὸν ὁρᾷς, ὡς ἑτοῖμος ἐγὼ καὶ
μέρος τι προέσθαι τοῦ σώματος.» «Οὐδὲν
δεῖ μέλος ἀκρωτηριάζειν, ἀλλ´ ἅπαν ἔχειν ἡγήσομαι εἰ
τούτους ὁπόθεν εἰσὶν ἢ ἐκ τίνων φύντες ἢ πῶς δεῦρο ἀφιγμένοι
καὶ ποίαις κεχρημένοι τύχαις βουληθείης ἐξαγορεύειν.» «Ἕξεις»
ἀπεκρίνατο «τὸν μισθὸν μέγαν τινὰ
καὶ οὐχ οἷον ἄλλον οὐδ´ εἰ τὰ ἐξ ἀνθρώπων χρήματα αἰτῶν
ἐτύγχανες· Ἀλλὰ τὸ παρὸν τροφῆς ὀλίγον ἀπογευώμεθα,
μακροτέρας γὰρ δεήσει σοί τε τῆς ἀκροάσεως ἐμοί τε τῆς
ἀφηγήσεως.» Ἐντραγόντες οὖν τῶν τε καρύων καὶ
σύκων ἀρτιδρεπῶν τε φοινίκων καὶ ἄλλων δὴ τοιούτων ἀφ´
ὧν ἐξ ἔθους ὁ πρεσβύτης ἐσιτεῖτο, ψυχῆς γὰρ διὰ βρῶσιν
οὐδὲ ἓν ἀφῃρεῖτο, ἐπερρόφουν ὁ μὲν τοῦ ὕδατος ὁ δὲ καὶ
οἴνου ὁ Κνήμων, ὅς γε καὶ μικρὸν διαλιπὼν «ὁ Διόνυσος» εἶπεν
«οἶσθα, ὦ πάτερ, ὡς χαίρει μύθοις καὶ κωμῳδίας φιλεῖ· κἀμὲ δὴ
οὖν τὰ νῦν εἰσῳκισμένος ἀνίησι
πρὸς τὴν ἀκρόασιν τόν τε ἐπηγγελμένον πρὸς σοῦ μισθὸν
ἀπαιτεῖν ἐπείγει, καὶ ὥρα σοι τὸ δρᾶμα καθάπερ ἐπὶ σκηνῆς τῷ
λόγῳ διασκευάζειν.» «Ἀκούοις ἄν» ἔφη
«ἀλλ´ εἴθε γε καὶ τὸν χρηστὸν Ναυσικλέα παρεῖναι ἡμῖν
συνέβαινεν, ὃν πολλάκις γε δι´ ὄχλου γινόμενον μυηθῆναι
τὴν ἀφήγησιν ἄλλως ἄλλοτε διεκρουσάμην.»
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Traduction française :
[2,23] Ce disant, il versa de sa coupe un peu d'eau
pure — c'était là sa boisson — puis : « Offrons cette
libation aux dieux de ce pays, et aux dieux de la Grèce,
plus particulièrement à Apollon Pythien, et aussi à
Théagène et Chariclée, ces êtres beaux et bons que je
mets, eux aussi, parmi les dieux. » Et en même temps il
pleurait, comme si ses larmes étaient une seconde libation
qu'il leur offrait. Stupéfait en entendant ces noms,
Cnémon se prit à considérer le vieillard des pieds à la
tête : « Que dis-tu, s'écria-t-il, Théagène et Chariclée
sont vraiment tes enfants? — Des enfants, répondit
l'autre, étranger, que j'ai eus sans qu'ils aient de mère;
par fortune, les dieux me les ont donnés, je les ai enfantés
dans les douleurs de mon âme, mon affection a tenu
lieu de liens naturels, aussi me considèrent-ils comme
leur père et m'en donnent-ils le nom. Mais toi, dis-moi
comment tu les connais ? — Non seulement je les connais
dit Cnémon, mais je puis t'annoncer qu'ils sont sains et
saufs. — Apollon! cria le vieillard, dieux! En quel
endroit sont-ils? Révèle-le moi! Je te regarderai comme
mon sauveur, et l'égal des dieux. Et quelle sera ma
récompense? dit-il. Pour l'instant, répondit l'autre, la
reconnaissance, et c'est, je crois, le plus beau des présents
pour un homme sensé, et j'en sais beaucoup qui
ont précieusement enfermé ce trésor dans leur âme.
Mais si nous foulons le sol de notre patrie, et les dieux
me font pressentir que ce sera bientôt, tu puiseras autant
de richesses que tu pourras. — C'est du futur, de l'incertain,
que tu me promets là, alors que tu peux, dès
maintenant, me récompenser. — Dis-moi donc ce
que tu vois de possible maintenant car je suis prêt même
à t'abandonner une partie de mon corps. — Pas besoin
de te couper un membre; je m'estimerai satisfait si tu
veux bien me raconter d'où ils viennent, quels sont leurs
parents, comment ils sont arrivés ici et quelles ont été
leurs aventures. — Eh bien, tu auras, répondit-il, une
belle récompense et plus grande que si tu réclamais
toutes les richesses des hommes. Mais, pour l'instant,
prenons un peu de nourriture, car nous allons être
longtemps, toi à écouter, et moi à raconter. » Ils mangèrent
donc des noix, des figues, des dattes fraîches, et
d'autres fruits, dont le vieillard faisait son régime
ordinaire, car il n'avait jamais supprimé une vie pour
se nourrir, et ils buvaient, lui de l'eau, Cnémon du vin.
Cnémon, au bout d'un moment, s'écria : « Dionysos,
tu le sais, Père, aime les histoires et adore les comédies;
il vient maintenant de s'installer en moi et me donne
envie d'entendre des histoires; il me presse de te réclamer
la récompense que tu m'as promise; le moment
est venu de faire revivre par tes paroles, comme sur une
scène, ce qui t'est arrivé. — Tu vas l'entendre, répondit-il,
mais je voudrais bien que l'excellent Nausiclès
se trouvât avec nous, lui qui, si souvent, m'a importuné
pour que je lui fasse ce récit et dont j'ai toujours éludé
les demandes, sous un prétexte ou un autre.
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