Texte grec :
[2,21] Ἀποτεμὼν οὖν ὁ Κνήμων ὅσον εἰκὸς ἦν ἔλαττον
κομᾶν τοῦ λῃστρικοῦ τὸν ἁβρότερον ἐπὶ τὴν Χέμμιν τὴν
κώμην οὗ τῷ Θεαγένει συνετέτακτο ἔσπευδεν. Ἤδη
δὲ αὐτῷ πλησιάζοντι τῷ Νείλῳ καὶ πρὸς τὴν Χέμμιν περαιοῦσθαι
μέλλοντι πρεσβύτης τις ἀνὴρ ἐναλύων ταῖς ὄχθαις
ἐφάνη καὶ δόλιχόν τινα τῷ ῥείθρῳ πολλάκις ἄνω καὶ κάτω
παραθέων καὶ ὥσπερ τῷ ποταμῷ φροντίδων τινῶν κοινούμενος·
ἡ κόμη πρὸς τὸ ἱερώτερον καθεῖτο καὶ ἀκριβῶς ἦν
λευκή, τὸ γένειον λάσιον καὶ σεμνότερον βαθυνόμενον, στολὴ
καὶ ἐσθὴς ἡ ἄλλη πρὸς τὸ ἑλληνικώτερον βλέπουσα.
Μικρὸν οὖν ἐπιστήσας ἑαυτὸν ὁ Κνήμων, ὡς ἀντιπαρέθει
πολλάκις ὁ πρεσβύτης οὐδὲ εἴ τις αὐτῷ πάρεστιν αἰσθάνεσθαι
δοκῶν, οὕτως ἄρα ὅλος τῶν φροντισμάτων ἦν καὶ
πρὸς μόνην τὴν σκέψιν ὁ νοῦς ἐσχόλαζε, κατὰ πρόσωπον
ὑπαντιάσας πρῶτα μὲν χαίρειν ἐκέλευε. Τοῦ δὲ οὐ
δύνασθαι φήσαντος, ἐπειδὴ μὴ οὕτω συμβαίνειν αὐτῷ παρὰ
τῆς τύχης, θαυμάσας ὁ Κνήμων «Ἕλλην δὲ» εἶπεν «ὁ
ξένος;» «Οὐχ Ἕλλην» εἶπεν «ἀλλ´ ἐντεῦθεν Αἰγύπτιος.»
«Πόθεν οὖν ἑλληνίζεις τὴν στολήν;» «Δυστυχήματα»
ἔφη «τὸ λαμπρόν με τοῦτο σχῆμα μετημφίασε.» Τοῦ
δὲ Κνήμωνος εἰ φαιδρύνεταί τις ἐπὶ συμφοραῖς θαυμάζοντος καὶ
ταύτας μαθεῖν ἀξιοῦντος «Ἰλιόθεν με φέρεις»
ἀπεκρίνατο ὁ πρεσβύτης «καὶ σμῆνος κακῶν καὶ τὸν ἐκ
τούτων βόμβον ἄπειρον ἐπὶ σεαυτὸν κινεῖς. Ἀλλὰ ποῖ δὴ
πορεύῃ καὶ πόθεν, ὦ νεανία; πῶς δὲ τὴν φωνὴν Ἕλλην ἐν
Αἰγύπτῳ;» «Γελοῖον» ἔφη ὁ Κνήμων· «τῶν γὰρ κατὰ
σεαυτὸν οὐδὲν ἐκδιδάξας, πρότερος καὶ ταῦτα ἐρωτηθείς,
τῶν ἐμῶν γνῶσιν ἐπιζητεῖς.» «Οὐκοῦν» ἦ δ´ ὃς
«ἐπειδὴ Ἕλληνι ἔοικας ἀνδρὶ καί σέ τις ὡς ἔοικε μετασχηματίζει
τύχη καὶ πάντως τὰ ἡμέτερα ποθεῖς ἀκούειν,
ὠδίνω δὲ καὶ αὐτὸς πρός τινα ἐξειπεῖν (εἶπον ἂν τάχα
καὶ τοῖσδε τοῖς καλάμοις κατὰ τὸν μῦθον εἰ μὴ σοὶ προσέτυχον),
ὄχθας μὲν Νείλου τάσδε καὶ Νεῖλον ἀπολίπωμεν,
οὐ γὰρ ἡδὺ μακροτέρων διηγημάτων ἀκροατήριον τόπος
ἡλίου μεσημβρίᾳ φλεγόμενος, πρὸς δὲ τὴν κώμην ἣν ὁρᾷς
ἀντικρὺ κειμένην ἴωμεν, εἰ μή σέ τι προὐργιαίτερον ἀπασχολεῖ.
Ξενιῶ δέ σε οὐκ ἐν ἐμαυτοῦ ἀλλ´ ἐν ἀνδρὸς
ἀγαθοῦ κἀμὲ ὡς ἱκέτην ὑποδεξαμένου, παρ´ ᾧ γνώσῃ τε
τἀμὰ βουλόμενος ἀναθήσῃ δ´ ἐν μέρει τὰ κατὰ σεαυτόν.»
«Ἴωμεν» ἔφη ὁ Κνήμων «καὶ γάρ μοι καὶ ἄλλως ἡ πρὸς
τὴν κώμην ὁδὸς σπουδάζεται ἀναμεῖναί τινας ἐν ταύτῃ
τῶν ἐπιτηδείων συντεταγμένῳ.»
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Traduction française :
[2,21] Cnémon coupa donc de sa chevelure juste la
quantité qui faisait la différence entre un brigand et
un homme soigné, puis il se hâta vers le village de
Chemmis, où il avait donné rendez-vous à Théagène.
Déjà il approchait du Nil et s'apprêtait à le traverser
pour arriver à Chemmis lorsqu'il vit, sur la rive, un
vieillard qui errait; il parcourait à grands pas, le long
du fleuve, une bonne longueur, allant et venant, avec
l'air de confier ses soucis à la rivière. Sa chevelure était
disposée comme le sont celles des prêtres ; elle était entièrement
blanche. Son menton était recouvert d'une barbe
épaisse et vénérable. Sa robe et le reste de son vêtement
avaient l'air grecs. Cnémon s'arrêta un instant, mais,
comme le vieillard était passé et repassé à côté de lui
sans avoir eu l'air de remarquer qu'il y avait quelqu'un
près de lui, tant il était plongé dans ses méditations, et
tant son esprit était entièrement occupé par ses réflexions,
finalement, Cnémon se posa en face de lui et commença
par lui dire bonjour. Mais l'autre lui répondit que c'était
impossible, car la Fortune ne pouvait lui donner rien
de tel. Cnémon s'étonna : « Es-tu grec, étranger? lui
dit-il. — Je ne suis pas grec, répondit l'autre, mais
d'ici; je suis égyptien. — Comment se fait-il que tu
sois habillé comme un Grec? — Ce sont mes malheurs,
dit l'autre, qui m'ont fait prendre ce vêtement magnifique. »
Cnémon, étonné de voir quelqu'un se mettre
en habits de fête à cause de ses malheurs, demanda
à en savoir la raison : « Tu me fais remonter à Troie,
répondit le vieillard, tu remues l'essaim de mes maux
et vas déchaîner contre toi leur bourdonnement infini!
Toi-même, où vas-tu, d'où viens-tu jeune homme?
Comment se fait-il que tu parles grec en Egypte? — Il
serait étrange, répondit Cnémon, que tu ne me dises
rien de toi-même et cela alors que je t'ai interrogé le
premier, et que tu cherches à te renseigner sur moi!
Eh bien, dit l'autre, puisque tu m'as l'air d'un Grec
et que la Fortune t'a obligé toi aussi à te déguiser,
comme tu désires absolument apprendre ce qui m'est
arrivé, et que je suis moi-même tourmenté par l'envie
d'en parler à quelqu'un (je l'aurais peut-être même
confié à ces roseaux, comme dans la fable, si je ne t'avais
rencontré), quittons les bords du Nil et le Nil lui-même,
car ce n'est pas un endroit bien plaisant pour écouter
un long récit qu'un lieu brûlé par le soleil de midi;
allons dans ce village, que tu vois de l'autre côté du
fleuve, à moins qu'une affaire urgente ne t'en laisse pas
le temps. Je te recevrai en hôte, non pas chez moi,
mais chez un excellent homme qui m'a lui-même recueilli,
sur mes prières; une fois chez lui, tu sauras de moi ce
que tu veux savoir et, à ton tour, tu me raconteras ton
histoire. — Allons, dit Cnémon, d'autant plus que mon
chemin passe par ce village, où je dois attendre des amis. »
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