Texte grec :
[2,18] Ἐπῃνέθη ταῦτα καὶ ἐδόκει γίνεσθαι καὶ
ὁρμήσαντες ἐπὶ τὸ στόμιον τοῦ σπηλαίου (καὶ γάρ τι καὶ
ἡμέρας ἤδη ξυνίεσαν) διανέστησάν τε τὸν Θέρμουθιν
ὁλοσχερῶς τῷ ὕπνῳ κατεσχημένον καὶ ὅσα εἰκὸς ἦν τῶν
βουλευθέντων φράσαντες καὶ ῥᾳδίως ὑπόκουφον ἄνδρα
πείσαντες, τό τε σῶμα τῆς Θίσβης εἴς τι κοῖλον
ἐνθέντες καὶ τὴν τέφραν τὴν ἐκ τῶν σκηνῶν ὅσα γῆν
ἐπιφορήσαντες καὶ τὰ εἰωθότα διὰ τὴν ὁσίαν ἐξ ὧν ὁ καιρὸς
ἐδίδου πληρώσαντες καὶ δάκρυα καὶ θρήνους ἀντὶ
πάντων τῶν νομιζομένων ἐναγίσαντες, ἐξέπεμπον μὲν ἐφ´
ἣν ἔδοξε βουλὴν τὸν Θέρμουθιν. Ὁ δὲ βραχὺ προελθὼν
ἀνέστρεφέ τε καὶ οὐκ ἂν ἔφη μόνος πορεύεσθαι οὐδὲ
ἀναρρίψειν τοσοῦτον κίνδυνον κατασκοπῆς, εἰ μὴ καὶ Κνήμων
ἐθέλοι κοινωνεῖν τῆς πράξεως. Ἀποδειλιῶντα δὴ πρὸς
ταῦτα τὸν Κνήμωνα θεασάμενος ὁ Θεαγένης, καὶ γὰρ
φράζων τὰ λεχθέντα πρὸς τοῦ Αἰγυπτίου δῆλος ἦν ὑπεραγωνιῶν,
«σὺ δὲ» ἔφη «τὴν μὲν γνώμην ἐρρωμένος
τις ἄρα ἦσθα, τὸ λῆμα δὲ ἀσθενέστερος· γνωρίζω δέ σε
ἄλλοις τε καὶ οὐχ ἥκιστα τοῖς νῦν. Ἀλλὰ θῆγε τὸ
φρόνημα καὶ πρὸς τὸ ἀνδρειότερον ὄρθου τὴν γνώμην· τὸ
μὲν γὰρ παρὸν ἀναγκαῖον δοκεῖ οὕτω συντίθεσθαι τοῦ μή
τινα τοῦ δρασμοῦ λαβεῖν αὐτὸν ὑπόνοιαν, καὶ συμπορεύεσθαι
τὴν πρώτην, δέος δὲ δήπουθεν οὐδὲν ἀνόπλῳ τὴν χεῖρα
ξυνιέναι ξιφήρη καὶ πεφραγμένον αὐτόν, καιροῦ δὲ λαβόμενον
ἐγκαταλεῖψαι διαλαθόντα καὶ ἥκειν παρ´ ἡμᾶς οὗπερ
ἂν συνθώμεθα· συνθώμεθα δέ, εἰ δοκεῖ, κώμην τινὰ πλησίον, εἴ
πῃ γινώσκεις ἥμερον.» Εὖ λέγειν ἔδοξε τῷ
Κνήμωνι καὶ Χέμμιν τινὰ κώμην οὕτω καλουμένην ἔφραζεν,
εὐδαίμονά τε καὶ πολυάνθρωπον καὶ ταῖς ὄχθαις τοῦ Νείλου
πρὸς ἐπιτειχισμὸν τῶν βουκόλων ἐπὶ λόφου παρῳκημένην·
ἀπέχειν δὲ περαιωθεῖσι τὴν λίμνην στάδια οὐ
πολλῷ λειπόμενα τῶν ἑκατόν· δεῖν δὲ εὐθὺς πρὸς μεσημβρίαν
ὁρῶντας ἰέναι.
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Traduction française :
[2,18] Ils approuvèrent ce projet et décidèrent de le
suivre; puis, se dirigeant vers l'entrée de la caverne (car
ils s'étaient aperçu qu'il faisait déjà un peu jour), ils
réveillent Thermouthis encore plongé dans un profond
sommeil, lui exposent tout ce qu'il avait à connaître de
leur projet et n'ont aucune peine à persuader cet homme
léger. Quant au corps de Thisbé, ils le déposent dans un
creux, le recouvrent avec la cendre provenant des
cabanes, comme avec de la terre, accomplissent, autant
que le permettaient les circonstances, les devoirs habituels
de piété et offrent, au lieu des offrandes rituelles,
leurs larmes et leurs gémissements. Ensuite, ils chargent
T'hermouthis de la mission convenue et le font partir.
Mais, au bout de quelques pas, il revient et déclare qu'il
ne partira pas seul et n'affrontera pas, seul, les dangers
considérables d'une telle reconnaissance, à moins que
Cnémon ne consente à participer à l'entreprise. Théagène,
voyant que Cnémon, à cette idée, était saisi de crainte
— et d'ailleurs, pendant qu'il traduisait les paroles de
l'Egyptien, son inquiétude était évidente — « Toi,
lui dit-il, pour avoir des idées, tu es évidemment très
fort, mais pour le courage, tu n'es pas aussi brillant;
je l'ai bien vu déjà, et maintenant, je le vois mieux
encore. Allons, aiguise ton courage, et que ta volonté
devienne plus virile; pour le moment, il me paraît
nécessaire de lui céder, pour qu'il ne soupçonne pas
que nous voulons nous évader, et de partir avec lui,
au moins d'abord; et, évidemment, tu n'as rien à craindre
à sa compagnie, car il n'est pas armé et ta main a une
épée, ton corps une armure; puis, à la première occasion,
tu le quitteras à son insu et tu reviendras nous rejoindre
à un endroit convenu; entendons-nous donc, si tu le
veux bien, sur un village voisin, si tu en connais un
qui soit civilisé. » Cnémon jugea qu'il avait raison et
lui parla d'un certain village appelé Chemmis, prospère
et très peuplé, et bâti sur une hauteur, le long des collines
qui longent le Nil, pour le mettre à l'abri des pasteurs.
Une fois le marais traversé, il était à un peu moins
de cent stades; il suffisait de se diriger tout droit vers le Sud.
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