HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

HÉLIODORE, Théagène et Chariclée, livre II

ψευδόμαντις



Texte grec :

[2,16] Ἐπεὶ δὲ μικρὸν ἐσπάσαντο ὕπνου καὶ τοσοῦτον ὅσον τὰ ἄκρα τῶν βλεφάρων ἐπιλεᾶναι, τῇ Χαρικλείᾳ τῇδε ξυγκείμενον ὄναρ ἐφοίτησεν· ἀνὴρ τὴν κόμην αὐχμηρὸς καὶ τὸ βλέμμα ὑποκαθήμενος καὶ τὴν χεῖρα ἔναιμος ἐμβαλὼν τὸ ξίφος τὸν ὀφθαλμὸν αὐτῇ τὸν δεξιὸν ἐξῄρητο. Ἡ δὲ ἀνέκραγέ τε αὐτίκα καί οἱ τὸν ὀφθαλμὸν ἀνηρπάσθαι λέγουσα τὸν Θεαγένην ἐκάλει. Καὶ ὁ μὲν παρῆν αὐτίκα πρὸς τὴν κλῆσιν καὶ τὸ πάθος ὑπερήλγει καθάπερ καὶ τῶν ἐνυπνίων συναισθανόμενος, ἡ δὲ τῷ τε προσώπῳ τὴν χεῖρα ἐπέβαλλε καὶ τὸ μέρος ὃ κατὰ τὸ ὄναρ ἀπώλεσεν ἐπαφωμένη πάντοθεν ἐπεζήτει. Ὡς δὲ ἦν ὄναρ «ὄναρ ἦν» ἔλεγεν, «ἔχω τὸν ὀφθαλμόν· θάρσει Θεάγενες.» Ἀνέπνευσε πρὸς τὴν ἀκοὴν ὁ Θεαγένης καὶ «εὖ μὲν ποιοῦσα» ἔφη «τὰς ἡλιακὰς ἀκτῖνας ἀποσῴζεις. Τί δὲ ἦν ὅ μοι πέπονθας; ἢ τίς ἡ περί σε πτοία γέγονεν;» «Ἀνὴρ ὑβριστὴς» ἔφη «καὶ ἀτάσθαλος καὶ οὐδὲ τὴν σὴν ἄμαχον καταδείσας ῥώμην κειμένῃ μοι πρὸς τοῖς σοῖς γόνασιν ἐπεκώμαζε ξιφήρης καὶ τὸν ὀφθαλμὸν ᾤμην ὡς ἐξεῖλε τὸν δεξιόν· καὶ εἴθε γε ὕπαρ ἦν καὶ μὴ ὄναρ, ὦ Θεάγενες, τὸ φανέν.» Τοῦ δὲ «εὐφήμησον» εἰπόντος καὶ διότι τοῦτο λέγοι πυνθανομένου, «διότι βέλτιον ἦν» ἔφη «θατέρῳ με τῶν ὀφθαλμῶν ἐλαττωθῆναι ἤπερ ἐπὶ σοὶ φροντίζειν· ὡς σφόδρα δέδοικα μὴ εἰς σὲ τείνει τὸ ἐνύπνιον, ὃν ὀφθαλμὸν ἐγὼ καὶ ψυχὴν καὶ πάντα ἐμαυτῆς πεποίημαι.» «Παῦσαι» ἔλεγεν ὁ Κνήμων, ἐπηκροᾶτο γὰρ ἁπάντων πρὸς τὴν ἐξ ἀρχῆς βοὴν τῆς Χαρικλείας ἀφυπνισμένος, «ἐμοὶ γὰρ ἄλλῃ πῃ φράζεσθαι τὸ ὄναρ καταφαίνεται· καὶ εἴγε σοι πατέρες εἰσὶν ἀπόκριναι.» Τῆς δὲ ὁμολογούσης καὶ «εἴποτε ἦσαν» εἰπούσης, «οὐκοῦν τὸν πατέρα σοι τεθνηκέναι νόμιζε» ἔλεγε. «Τοῦτο δὲ ὧδε συμβάλλω· τοῦ προελθεῖν εἰς τὸν τῇδε βίον καὶ τοῦδε τοῦ φωτὸς μεταλαβεῖν τοὺς φύντας ἴσμεν αἰτίους, ὥστε εἰκότως ἐπὶ πατέρα καὶ μητέρα τὴν ὀμμάτων συζυγίαν ὡς ἂν φωτεινὴν αἴσθησιν καὶ ὁρατῶν ὑπουργὸν οἱ ὄνειροι σοφίζονται.» «Βαρὺ μὲν» ἔφη «καὶ τοῦτο» ἡ Χαρίκλεια «πλὴν ἀλλ´ ἔστω γε ἀληθὲς μᾶλλον ἢ τὸ ἕτερον, καὶ νικήσειεν ὁ παρὰ σοὶ τρίπους ἐγὼ δὲ ψευδόμαντις ἀποφανθείην.» «Ταῦτα μὲν οὕτως ἔσται καὶ χρὴ πιστεύειν» ἔλεγεν ὁ Κνήμων, «ἡμεῖς δὲ ὀνειρώττειν ὡς ἀληθῶς ἐοίκαμεν, ἐνύπνια μὲν καὶ φαντασίας ἐξετάζοντες, τῶν δὲ καθ´ ἑαυτοὺς περίσκεψιν οὐδ´ ἡντιναοῦν προτιθέντες· καὶ ταῦτα ἕως ἔξεστι, τοῦ Αἰγυπτίου τούτου (ἔλεγε δὲ τὸν Θέρμουθιν) ἀπολειπομένου καὶ νεκροὺς ἔρωτας ἀναπλάττοντος καὶ θρηνοῦντος.»

Traduction française :

[2,16] Ils n'avaient encore puisé qu'un peu de sommeil, juste ce qu'il fallait pour lisser le bord de leurs paupières lorsque Chariclée fut visitée par le songe que voici : un homme à la chevelure inculte, au regard de bête prête à bondir, les mains sanglantes, enfonça son épée dans son oeil droit et le lui arracha. Elle poussa aussitôt un cri et appela Théagène en disant qu'on venait de lui arracher l'oeil. Théagène reprit aussitôt conscience à son appel, et éprouva une vive douleur de ce qui lui arrivait, comme s'il avait partagé sa vision. Elle, cependant, portait la main à son visage et cherchait partout à tâtons la partie d'elle-même qu'elle avait perdue en rêve. Lorsqu'elle fut convaincue que c'était un rêve : « C'était un rêve, dit-elle, j'ai bien mon oeil; courage, Théagène! » Théagène, en l'entendant, respira et « Tant mieux, dit-il, que tu aies conservé ces deux rayons de soleil. Mais que t'était-il donc arrivé? Quelle terreur s'était emparée de toi? Un homme violent, répondit-elle, d'un orgueil insensé, sans craindre même ta force invincible, m'attaqua avec son épée, alors que j'étais étendue sur tes genoux et je crus qu'il m'arrachait l'oeil droit. Ah! si seulement, Théagène, c'était la réalité, et non un songe ! » Et comme Théagène répondait : « Tais-toi! » et lui demandait pourquoi elle parlait ainsi : « C'est parce que, dit-elle, mieux vaudrait pour moi perdre les deux yeux que de me faire du souci pour toi; car je crains fort que mon rêve ne s'applique à toi, car tu es pour moi et mon oeil et ma vie et tout mon bien. — Arrête », dit Cnémon, car il avait tout entendu, depuis que le cri de Chariclée, au début, l'avait tiré du sommeil, « je vois avec évidence que ton rêve doit s'interpréter autrement; dis-moi d'abord si tu as ton père et ta mère. » Comme elle disait que oui, ajoutant : « En admettant que je les ai encore. — Alors, reprit-il, sache que ton père vient de mourir. Voici comment je le comprends : si nous entrons dans cette vie et si nous prenons notre part de la lumière d'ici-bas, nous savons bien que nous le devons à nos parents, aussi en-il tout naturel que les rêves symbolisent le père et la mère par le couple des deux yeux, en tant qu'organes de la sensation lumineuse et l'instrument de la vue. Cela est pénible aussi pour moi, dit Chariclée, mais pourtant je préférerais que cette interprétation fût vraie plutôt que l'autre, et que ton trépied à toi remportât la victoire, même si je dois, moi, me révéler mauvaise prophétesse. C'est bien ce qui arrivera, il faut en être sûr, répondit Cnémon, mais ne rêvons pas nous-mêmes, véritablement, d'examiner ainsi nos rêves et nos visions, tandis que nous ne donnons aucune pensée à l'examen de notre propre situation; et cela, tandis que nous en avons la possibilité, en l'absence de cet Égyptien (il parlait de Thermouthis) occupé à s'imaginer des amours avec une morte et à se lamenter. »





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Dernière mise à jour : 17/01/2007