Texte grec :
[2,15] Τῷ δὲ Θεαγένει καὶ τῇ Χαρικλείᾳ συνάμα τῷ
Κνήμωνι πάντων ἔννοια τῶν καθ´ ἑαυτοὺς ἀθρόον ἐπεισῄει,
καὶ σκοπεῖν μέν τι βουλομένοις ἐῴκεσαν τῶν δὲ
παρελθόντων ἀλγεινῶν τὸ πλῆθος καὶ τῶν παρουσῶν
συμφορῶν τὸ ἄπορον καὶ τῶν προσδοκωμένων τὸ ἄδηλον
ἐζόφου τῆς ψυχῆς τὸ λογιζόμενον. Εἰς ἀλλήλους τε ἐπὶ
πλεῖστον ἑώρων καὶ ἕκαστος τὸν ἕτερον εἰπεῖν τι προσδοκῶν εἶτα
ἀποτυγχάνων εἰς γῆν τὸ βλέμμα ἐπέστρεφε
καὶ ἀνανεύσας αὖθις ἀνέπνευσε στεναγμῷ τὸ πάθος
ἐπικουφίσας. Καὶ τέλος κλίνει μὲν ἑαυτὸν εἰς γῆν ὁ
Κνήμων, ὀκλάζει δὲ ἐπὶ πέτραν ὁ Θεαγένης, ῥίπτει δὲ ἐπὶ
τοῦτον ἑαυτὴν ἡ Χαρίκλεια, καὶ τὸν ὕπνον ἐπὶ πολὺ μὲν
ἐπιφερόμενον διωθοῦντο βουλήν τινα στήσασθαι τῶν παρόντων
ἐπιθυμοῦντες, λειποθυμίᾳ δὲ καὶ πόνοις ἐνδόντες
φύσεως νόμῳ καὶ ἄκοντες ἐπείθοντο καὶ πρὸς ἡδὺ κῶμα
διὰ τὸ ὑπερβάλλον τῆς λύπης ὠλίσθησαν. Οὕτως ἄρα ποτὲ
σώματος πάθει καὶ τὸ νοερὸν τῆς ψυχῆς συνομολογεῖν ἠνέσχετο.
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Traduction française :
[2,15] Théagène, Chariclée et Cnémon, eux, se mirent
alors tout de suite à réfléchir à l'ensemble de leur situation
et ils avaient l'air décidés à prendre une décision.
Mais le grand nombre des malheurs qui leur était advenus,
le caractère inextricable de leur malheureuse condition
présente, l'incertitude où ils étaient de ce qui les
attendait, tout cela obscurcissait en eux la faculté de raisonner.
Ils passaient le plus clair de leur temps à se regarder
réciproquement, chacun attendant que l'autre parle, puis,
déçu, baissant les yeux vers le sol, les relevant à nouveau,
poussant un soupir et adoucissant sa peine par un gémissement.
Finalement, Cnémon s'étend sur le sol, Théagène
se laisse tomber sur un rocher et Chariclée s'abandonne
sur lui; longtemps ils luttèrent contre le sommeil
qui les assaillait, dans leur désir de former un projet
qui répondît à leur situation présente, mais le découragement,
le chagrin eurent raison d'eux, ils obéirent,
malgré eux, à la loi de nature et l'excès même de leur
douleur les fit glisser dans un doux anéantissement.
C'est ainsi, parfois, que même la partie pensante de
l'âme est contrainte de se soumettre aux épreuves du corps.
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