Texte grec :
[2,14] Ἐπεκλᾶτο πρὸς ταῦτα ὁ Κνήμων καὶ προσελθὼν
ἀνέστησέ τε τῶν γονάτων ἐχόμενον τοῦ Θεαγένους καὶ
ποῦ Θύαμις ἐπυνθάνετο συνεχῶς. Ὁ δὲ πάντα ἔλεγεν,
ὡς συνέρραξε τοῖς πολεμίοις, ὡς ἐμβαλὼν εἰς μέσους
ἐμάχετο οὔτε ἐκείνων οὔτε ἑαυτοῦ φειδόμενος, ὡς ἀνῄρει
μὲν ἀεὶ τὸν ὑπὸ χεῖρας γινόμενον ἐδορυφορεῖτο δὲ αὐτὸς
ἀπὸ κηρύγματος πάντα τινὰ Θυάμιδος φείδεσθαι παρεγγυῶντος,
καὶ τέλος ὡς ἐκεῖνος μὲν ὅ τι καὶ γέγονεν οὐκ
ἔχοι λέγειν αὐτὸς δὲ τραυματίας ἀπενήξατο πρὸς τὴν γῆν
καὶ τὸ παρὸν κατὰ ζήτησιν ἥκοι τῆς Θίσβης ἐπὶ τὸ σπήλαιον.
Οἱ δὲ τί διαφέρουσαν αὐτῷ ἢ πόθεν γενομένην
ἐπιζητοίη Θίσβην ἠρώτων. Ἔλεγε καὶ ταῦτα ὁ Θέρμουθις
καὶ διηγεῖτο ὡς ἐμπόρων ἀφείλετο, ὡς ἠράσθη μανικῶς,
καὶ τὸν μὲν ἄλλον ἔκρυπτεν ἔχων χρόνον παρὰ δὲ τὴν ἔφοδον
τῶν πολεμίων καθῆκεν εἰς τὸ σπήλαιον, καὶ νῦν
εὑρίσκοι πρός τινων ἀνῃρημένην οὓς οὐκ ἔχοι μὲν γινώσκειν
μαθεῖν δ´ ἂν ἡδέως ὑπὲρ τοῦ γνῶναι καὶ τὴν αἰτίαν.
Καὶ ὁ Κνήμων ἄγαν ἐσπουδασμένως «Θύαμίς ἐστιν
ὁ σφαγεύς» ἔλεγεν, ἀπολύσασθαι τῆς ὑποψίας ἑαυτὸν
ἐπειγόμενος, καὶ μαρτύριον ἐπεδείκνυ τὸ ξίφος ὃ παρὰ
τὴν σφαγὴν εὑρήκεσαν. Ὡς δὲ εἶδεν ὁ Θέρμουθις ἔτι
τοῦ αἵματος ἀποστάζον καὶ τὸν πρὸ ὀλίγου φόνον θερμὸν
ἔτι τὸν σίδηρον ἀποπτύοντα ἐγνώρισέ τε εἶναι Θυάμιδος,
βαθύ τι καὶ βύθιον στενάξας καὶ τὸ γεγονὸς ὅπως εἶχεν
ἀμηχανῶν, ἀχλύι καὶ σιγῇ κάτοχος ἐπὶ τὸ στόμιον ἀνεδύετο τοῦ
σπηλαίου καὶ παρὰ τὸ σῶμα τῆς κειμένης
ἥκων ἐπιθείς τε τοῖς στέρνοις τὴν κεφαλὴν «ὦ Θίσβη»
ἔλεγε καὶ τοῦτο πολλάκις καὶ πλέον οὐδέν, ἕως τὸ ὄνομα
κατὰ μέρος ἀποτέμνων καὶ κατὰ μικρὸν ἐκλείπων ἔλαθεν
εἰς ὕπνον ἐμπεσών.
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Traduction française :
[2,14] Ces discours fléchirent Cnémon qui s'approcha,
le releva des genoux de Théagène et s'enquit immédiatement
de l'endroit où se trouvait Thyamis. Thermouthis
leur raconta tout : comment il avait fait front aux ennemis,
comment il s'était jeté dans la mêlée et avait combattu
sans rien épargner, ni eux ni lui-même, comment il
avait massacré tous ceux qui lui tombaient sous la
main mais avait été protégé lui-même par l'ordre transmis
de bouche en bouche prescrivant à chacun d'épargner
Thyamis. Finalement, il ajouta qu'il ne pouvait
dire ce qu'il était devenu, car, blessé, lui-même avait
gagné la terre à la nage; pour l'instant, il était venu dans
la caverne chercher Thisbé. Et eux lui demandèrent en
quoi Thisbé lui importait, où il l'avait trouvée, qu'il la
cherchât ainsi. Thermouthis le leur apprit, leur raconta
comment il l'avait enlevée à des marchands, en était
devenu follement amoureux et l'avait tenue constamment
cachée, puis, pour la protéger contre l'agression ennemie,
comment il l'avait fait descendre dans la caverne et
maintenant, la trouvait assassinée par des gens qu'il
n'avait pas le moyen d'identifier, mais qu'il voudrait
bien connaître pour savoir en même temps la raison qui
les avait poussés à le faire. Cnémon, tout aussitôt :
« c'est Thyamis le meurtrier », dit-il, dans sa hâte de se
laver lui-même de tout soupçon, et il montra à l'appui
l'épée qu'ils avaient trouvée près du cadavre. Lorsque
Thermoutis vit le fer tout dégouttant de sang et, chaud
encore, recrachant le meurtre qu'il venait de commettre,
il reconnut l'arme de Thyamis; alors, poussant un long
gémissement sourd, incapable de s'expliquer ce qui
s'était passé, dans un brouillard, sans voix, il remonta
vers l'entrée de la caverne et, arrivé près du cadavre,
appuya sa tête contre la poitrine de la morte, en disant :
« Thisbé », et cela à plusieurs reprises, mais rien de
plus jusqu'au moment où il ne prononça plus qu'une
syllabe du nom à la fois, et, s'abandonnant peu à peu,
tomba, sans s'en apercevoir, dans le sommeil.
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