Texte grec :
[2,11] Τοιαῦτα μὲν ἡ Θίσβη καὶ ἡ δέλτος ἔφραζεν, ὁ δὲ
Κνήμων «ὦ Θίσβη» ἔφη «σὺ μὲν καλῶς ποιοῦσα τέθνηκας καὶ
γέγονας ἡμῖν αὐτάγγελος τῶν ἑαυτῆς συμφορῶν
ἐξ αὐτῶν ἐγχειρίσασα τῶν σῶν σφαγῶν τὴν διήγησιν.
Οὕτως ἄρα τιμωρὸς Ἐρινὺς γῆν ἐπὶ πᾶσαν, ὡς ἔοικεν,
ἐλαύνουσά σε οὐ πρότερον ἔστησε τὴν ἔνδικον μάστιγα
πρὶν καὶ ἐν Αἰγύπτῳ με τυγχάνοντα τὸν ἠδικημένον θεατὴν
ἐπιστῆσαι τῆς κατὰ σοῦ ποινῆς. Ἀλλὰ τί ἦν ἄρα,
ὃ καὶ πάλιν σε κατ´ ἐμοῦ τεχναζομένην καὶ σοφιστεύουσαν διὰ
τοῦ γράμματος ἡ δίκη προαφείλετο τῶν ἐγχειρημάτων; Ὡς κἀγώ
σε καὶ κειμένην ἔχω δι´ ὑποψίας καὶ
σφόδρα δέδοικα μὴ καὶ πλάσμα ἐστὶν ἡ Δημαινέτης τελευτὴ
κἀμὲ μὲν ἠπάτησαν οἱ ἐξαγγείλαντες σὺ δὲ καὶ διαπόντιος
ἥκεις ἑτέραν καθ´ ἡμῶν σκηνὴν Ἀττικὴν καὶ ἐν Αἰγύπτῳ
τραγῳδήσουσα.» «Οὐ παύσῃ» ἔφη ὁ Θεαγένης
«ἄγαν ἀνδριζόμενος εἴδωλά τε καὶ σκιὰς εὐλαβούμενος;
οὐ γὰρ δὴ κἀμέ τε καὶ τὴν ἐμὴν ὄψιν εἴποις ἂν ὡς ἐγοήτευσεν,
οὐδὲν κοινωνοῦντα τοῦ δράματος. Ἀλλ´ ἡ μὲν
κεῖται σῶμα νεκρὸν ὡς ἀληθῶς καὶ τούτου γε ἕνεκα θάρσει
παντοίως, ὦ Κνήμων· τίς δὲ ἄρα ποτέ ἐστιν ὁ σὸς εὐεργέτης ὁ
ταύτην ἀνῃρηκὼς ἢ πῶς δεῦρο καθειμένην ἢ πότε,
σφόδρα διαπορῶν ἐκπέπληγμαι.» «Τὰ μὲν ἄλλα οὐκ
ἔχω λέγειν» ἔφη ὁ Κνήμων, «ὁ δὲ ἀνῃρηκὼς ὡς ἐπίπαν
ἐστὶ Θύαμις, εἰ δεῖ τῷ ξίφει τεκμαίρεσθαι ὃ παρὰ τὴν
σφαγὴν εὑρήκαμεν· ἐκείνου γὰρ εἶναι γνωρίζω καὶ τὸ ἐπίσημον
τουτὶ τῆς λαβῆς ἐλέφας εἰς ἀετὸν ἐκτετόρευται.»
«Ἆρ´ οὖν εἴποις ἂν» φησὶν ὁ Θεαγένης «καὶ ὅπως
ποτὲ καὶ δι´ ἣν αἰτίαν ἔδρα τὸν φόνον;» «Καὶ πῶς ταῦτα
ἂν εἰδείην;» ἀπεκρίνατο «οὐ γὰρ δὴ μαντικόν με τόδε τὸ
σπήλαιον ἀνέδειξε καθάπερ τὸ ἄδυτον τῆς Πυθοῦς {καὶ
ἐν Τροφωνίου λόγος θεοφρονεῖν τοὺς ὑπελθόντας}.»
Ἀνῴμωξαν ἀθρόον ὁ Θεαγένης καὶ ἡ Χαρίκλεια καὶ «ὦ Πυθοῖ
καὶ Δελφοί» θρηνοῦντες ἐβόων, ὁ δὲ Κνήμων ἐκπέπληκτο
καὶ ὅ τι πεπόνθοιεν πρὸς τὸ ὄνομα τῆς Πυθοῦς
οὐκ εἶχε συμβάλλειν.
|
|
Traduction française :
[2,11] Voilà ce que disaient Thisbé et sa lettre. Alors
Cnémon : « Thisbé, dit-il, tu as bien fait de mourir et
de devenir toi-même la messagère de tes propres malheurs,
dont ton cadavre même nous a remis le récit.
Ainsi, apparemment, une Erinye vengeresse t'a poursuivie
à travers la terre entière et n'a pas déposé son fouet justicier
avant que je ne me trouve moi-même en Egypte
et que ta victime soit le témoin de ton châtiment. Mais
quel était donc ce nouveau complot que tu machinais
contre moi avec cette lettre, lorsque la Justice divine a
devancé tes entreprises? Car, même après ta mort, je
te soupçonne et je crains fort que la fin de Démaenété
ne soit une fiction et que ceux qui me l'ont annoncée ne
m'aient trompé, je crains aussi que tu n'aies traversé
la mer que pour jouer, contre moi, jusqu'en Egypte,
une autre tragédie dans le goût athénien! — Ne cesseras-tu
pas, dit Théagène, de te montrer ainsi timoré
à l'excès et de chercher à te garder des fantômes et des
ombres! En tout cas, tu ne peux pas dire que mes yeux
et moi nous ayons été ensorcelés, car je n'ai joué aucun
rôle dans ton drame. Oui, elle gît véritablement, ce
n'est plus qu'un cadavre, et cela doit te rassurer complètement,
Cnémon; mais quel peut bien être ton bienfaiteur,
qui l'a ainsi supprimée; comment est-elle descendue
jusqu'ici, quand? Tout cela me stupéfie et me plonge
dans un embarras total. — Tout ce que je puis te dire,
reprit Cnémon, c'est que son meurtrier est, selon toute
probabilité, Thyamis, s'il faut en juger d'après l'épée que
nous avons trouvée auprès du cadavre; je la reconnais
comme sienne : la poignée d'ivoire ciselée que voici
représente un aigle. — Pourrais-tu alors me dire, reprit
Théagène, comment et pour quelle raison il a commis
ce meurtre? — Et comment le saurais-je? répondit
l'autre; cette caverne ne m'a pas transformé en devin,
comme on assure que les gens qui pénètrent dans le
sanctuaire de Pytho et celui de Trophonios reçoivent
l'inspiration des dieux. » Aussitôt Théagène et Chariclée
poussèrent un gémissement : « O Pytho, ô Delphes ! »
criaient-ils d'un ton lamentable. Cnémon était stupéfait
et ne pouvait imaginer la raison de l'effet que leur avait
produit le nom de Pytho.
|
|