Texte grec :
[2,10] Ἀλλ´ εἰ δοκεῖ, τὴν δέλτον ἣν πρὸς τοῖς στέρνοις
αὐτῆς εὑρήκαμεν ἐπισκοπῶμεν· εἰκός τι πλέον ἐντεῦθεν
ἡμᾶς ἐκμαθεῖν.» Ἐδόκει ταῦτα καὶ διανοίξας ἐπήρχετο,
καὶ ἦν τὰ ἐγγεγραμμένα τοιάδε· «Κνήμωνι τῷ δεσπότῃ ἡ
πολεμία καὶ ἐπαμύνασα Θίσβη. Πρῶτα μὲν εὐαγγελίζομαί
σοι τὴν Δημαινέτης τελευτὴν δι´ ἐμοῦ μὲν ὑπὲρ σοῦ γενομένην,
τὸ δὲ ὅπως, εἴ με προσδέξαιο, παροῦσα διηγήσομαι.
Ἔπειτα φράζω κατὰ τήνδε με νυνὶ εἶναι τὴν
νῆσον δεκάτην ἤδη ταύτην ἡμέραν πρός τινος τῶν τῇδε
λῃστῶν ἁλοῦσαν, ὃς καὶ ὑπασπιστὴς εἶναι τοῦ λῃστάρχου
θρύπτεται κἀμὲ κατακλείσας ἔχει μηδὲ ὅσον προκύψαι
τῶν θυρῶν ἐπιτρέπων, ὡς μὲν αὐτός φησι, διὰ φιλίαν τὴν
περὶ ἐμὲ ταύτην ἐπιθεὶς τὴν τιμωρίαν, ὡς δὲ ἔχω συμβάλλειν,
ἀφαιρεθῆναί με πρός τινος δεδιώς. Ἀλλ´ ἐγώ
σε θεῶν τινος ἐνδόντος καὶ εἶδον, ὦ δέσποτα, παριόντα καὶ
ἐγνώρισα καὶ τήνδε σοι τὴν δέλτον διὰ τῆς συνοίκου πρεσβύτιδος
λάθρα διεπεμψάμην, τῷ καλῷ καὶ Ἕλληνι καὶ φίλῳ
τοῦ ἄρχοντος ἐγχειρίζειν φράσασα. Ἐξελοῦ δή με χειρῶν
λῃστρικῶν καὶ ὑπόδεξαι τὴν σαυτοῦ θεραπαινίδα· καὶ εἰ
μὲν βούλει, σῷζε μαθὼν ὡς ἃ μὲν ἀδικεῖν ἔδοξα βιασθεῖσα,
ἃ δὲ τετιμώρημαι τὴν σοὶ πολεμίαν ἑκοῦσα διεπραξάμην.
Εἰ δὲ ἔχει σέ τις ἀμετάβλητος ὀργή, κέχρησο ταύτῃ
κατ´ ἐμοῦ πρὸς ὃ βούλει· μόνον ὑπὸ σὲ γενοίμην εἰ καὶ
τεθνάναι δέοι· βέλτιον γὰρ ὑπὸ χειρῶν ἀνῃρῆσθαι τῶν σῶν
καὶ κηδείας μεταλαβεῖν Ἑλληνικῆς ἢ θανάτου βαρυτέραν
ζωὴν καὶ φίλτρον βαρβαρικὸν ἔχθρας ἀνιαρότερον τὴν
Ἀττικὴν ἀνέχεσθαι.»
|
|
Traduction française :
[2,10] Mais, avec votre permission, examinons les tablettes
que nous avons trouvées sur sa poitrine; vraisemblablement,
nous en tirerons quelque renseignement nouveau. »
La permission accordée, il les ouvrit, les parcourut,
et voici ce qui y était écrit : « A mon maître
Cnémon, Thisbé, son ennemie et sa vengeresse! D'abord,
je t'annonce une bonne nouvelle : la fin de Démaenété,
que j'ai provoquée, par amour pour toi. Comment, je
te le raconterai de vive voix, si tu veux bien me recevoir.
Ensuite, je te fais savoir que voici déjà dix jours que je
suis dans cette île, prisonnière de l'un des brigands d'ici,
qui se vante d'être l'écuyer du chef des brigands et me
tient enfermée, sans me permettre même de passer la
tête à la porte. Il prend, à ce qu'il dit, ces précautions
par affection pour moi, mais, à ce que je puis deviner,
parce qu'il a peur que je ne lui sois enlevée par quelqu'un.
Mais, avec la permission d'un dieu, j'ai pu, maître, te
voir passer, je t'ai reconnu, et je t'envoie ces tablettes
en secret, par l'intermédiaire d'une vieille qui vit avec
moi, en lui disant bien de les remettre dans les mains
du beau jeune homme grec, l'ami du chef. Arrache-moi
aux mains des brigands et accueille favorablement ta
petite servante; s'il te plaît, sauve-moi, en sachant bien
que les crimes que j'ai eu l'air de commettre contre toi,
je les ai commis sous la contrainte, mais que la vengeance
que j'ai exercée contre ton ennemie, je l'ai accomplie
volontairement. S'il y a en toi une colère inflexible,
abandonne-toi à elle contre moi de la façon que tu
voudras : que je puisse seulement être tienne, même s'il
me fallait mourir ensuite. Car j'aimerais mieux périr
de tes mains à toi, et recevoir les honneurs funèbres
selon la coutume grecque plutôt que de subir une vie
plus pénible que la mort et l'amour d'un barbare,
plus abominable pour moi une Athénienne que ne
le serait sa haine. »
|
|