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Du texte à l'hypertexte

HÉLIODORE, Théagène et Chariclée, livre II

Chapitre 4

  Chapitre 4

[2,4] Κἀν τούτῳ τραγικόν τι καὶ γοερὸν Θεαγένης βρυχώμενος « πάθους ἀτλήτου» φησὶν « συμφορᾶς θεηλάτου. Τίς οὕτως ἀκόρεστος Ἐρινὺς τοῖς ἡμετέροις κακοῖς ἐνεβάκχευσε φυγὴν τῆς ἐνεγκούσης ἐπιβαλοῦσα, κινδύνοις θαλασσῶν κινδύνοις πειρατηρίων ὑποβαλοῦσα, λῃσταῖς παραδοῦσα, πολλάκις τῶν ὄντων ἀλλοτριώσασα; Ἓν μόνον ἀντὶ πάντων ὑπελείπετο καὶ τοῦτο ἀνήρπασται· κεῖται Χαρίκλεια καὶ πολεμίας χειρὸς ἔργον φιλτάτη γεγένηται, δῆλον μὲν ὡς σωφροσύνης ἀντεχομένη καὶ ἐμοὶ δῆθεν ἑαυτὴν φυλάττουσα· κεῖται δ´ οὖν ὅμως δυστυχής, οὐδὲν μὲν αὐτὴ τῆς ὥρας ἀποναμένη, εἰς οὐδὲν δὲ ὄφελος ἐμοὶ γενομένη. Ἀλλ´ γλυκεῖα, πρόσφθεγξαι τὰ τελευταῖα καὶ εἰωθότα· ἐπίσκηψον εἴ τι καὶ κατὰ μικρὸν ἐμπνεῖς. Οἴμοι, σιωπᾷς καὶ τὸ μαντικὸν ἐκεῖνο καὶ θεηγόρον στόμα σιγὴ κατέχει καὶ ζόφος τὴν πυρφόρον καὶ χάος τὴν ἐκ τῶν ἀνακτόρων κατείληφεν· ὀφθαλμοὶ δὲ ἀφεγγεῖς οἱ πάντας τῷ κάλλει καταστράψαντες, οὓς οὐκ εἶδεν φονεύσας, οἶδα ἀκριβῶς, Ἀλλ´ τί ἄν σέ τις ὀνομάσειε; νύμφην; ἀλλ´ ἀνύμφευτος· γαμετήν; ἀλλ´ ἀπείρατος. Τίνα οὖν ἀνακαλέσω; τίνα προσφθέγξομαι λοιπόν; ἄρα τὸ πάντων ὀνομάτων ἥδιστον Χαρίκλειαν; Χαρίκλεια, θάρσει· πιστὸν ἔχεις τὸν ἐρώμενον· ἀπολήψῃ με μικρὸν ὕστερον· ἰδοὺ γάρ σοι χοὰς ἐπάξω τὰς ἐμαυτοῦ σφαγὰς καὶ σπείσομαι τὸ σοὶ φίλον αἷμα τοὐμόν· ἕξει δὲ ἡμᾶς αὐτοσχέδιον μνῆμα τόδε τὸ σπήλαιον. Ἔξεσται πάντως ἀλλήλοις συνεῖναι μετὰ γοῦν θάνατον εἰ καὶ ζῶσιν δαίμων οὐκ ἐπέτρεψε[2,4] Cependant, Théagène poussait, dans sa douleur, des rugissements tragiques « O souffrance intolérable! disait-il, ô malheur envoyé par les dieux! Quelle est cette Erinye insatiable qui, dans son délire, s'attache à nous nuire? Qui nous a exilés loin de notre patrie, exposés aux dangers de la mer et aux dangers de la piraterie, livrés aux brigands, et privés, à plusieurs reprises, de nos biens? De tous ceux-ci, un seul me restait, et voici qu'on me l'a arraché; Chariclée est morte; ma bien-aimée est devenue la proie d'une main ennemie; certainement, elle défendait sa vertu et c'était pour moi, certainement, qu'elle voulait se garder; elle est morte, pourtant, la malheureuse, et n'a pas joui de sa jeunesse et de sa beauté, pas plus que je n'en ai moi-même profité. Mais, ma douce aimée, fais-moi entendre tes dernières paroles, celles que l'on dit toujours; exprime tes derniers voeux, si tu as encore le moindre souffle. Hélas, tu restes silencieuse, et cette bouche prophétique, en qui parlaient les dieux, est maintenant muette, les ténèbres ont saisi celle qui portait la flamme, le Néant celle qui descendait des rois. Ces yeux se sont éteints, qui soumettaient chacun par leur beauté; ah! celui qui l'a tuée ne les a pas vus, je le sais bien. Mais quel nom te donner? Fiancée? Mais fiancée sans fiancé. Epouse? Oui, mais épouse vierge. Comment t'invoquerai-je? Comment t'appelerai-je désormais ? Du nom le plus doux de tous, Chariclée! Chariclée, courage! Tu as un amant fidèle; tu le retrouveras bientôt; car voici que je vais en offrande, sur ta tombe, m'égorger moi-même et répandre ce sang que tu aimes; et nous reposerons dans cette caverne, qui nous servira de tombeau. Nous pourrons, au moins, être l'un à l'autre après la mort, puisque, de notre vivant, la divinité ne l'a point permis. »


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Dernière mise à jour : 17/01/2007