[2,17] Ὑπολαβὼν οὖν ὁ Θεαγένης «ἀλλ´ ὦ Κνήμων»
ἔφη «ἐπειδή σε θεῶν τις ἡμῖν συνῆψε καὶ συνέμπορον
τῶν δυστυχημάτων πεποίηκεν, ἄρχε βουλῆς· τόπων τε
γὰρ τῶν τῇδε καὶ φωνῶν ἔμπειρος καὶ ἄλλως ἡμεῖς νωθέστεροι
συνεῖναι τὸ δέον, πλείονι κλύδωνι κακῶν βεβυθισμένοι.»
Μικρὸν οὖν ἐπιστήσας ὁ Κνήμων τοιάδε ἔφη·
«Κακῶν μέν, ὦ Θεάγενες, ἄδηλον ὅστις πλεονεκτεῖ·
ἀφθόνως γὰρ κἀμοὶ τῶν συμφορῶν ὁ δαίμων ἐπήντλησεν.
Ἐπειδὴ δὲ τὰ παριστάμενα ὡς προγενεστέρῳ κελεύετε
λέγειν, ἡ μὲν νῆσος ἥδε, ὡς ὁρᾶτε, ἔρημος καὶ πλέον ἡμῶν
οὐδέν. Καὶ χρυσοῦ μὲν καὶ ἀργύρου καὶ ἐσθῆτος ἀφθονία,
πολλὰ γὰρ τάδε ἃ κατὰ τὸ σπήλαιον ὑμῶν τε ἀφελόμενοι
ἄλλων τε ἀποσυλήσαντες ὁ Θύαμις καὶ οἱ σὺν αὐτῷ κατέθεντο·
σίτου δὲ καὶ ἐπιτηδείων ἄλλων οὐδὲ ὄνομα περιλέλειπται.
Δέος δὲ διαφθαρῆναι μὲν καταμείναντας
λιμῷ διαφθαρῆναι δὲ ἐφόδῳ τινῶν ἤτοι τῶν ἐναντίων
πάλιν ἐλθόντων, ἢ καὶ διὰ τῶν σὺν ἡμῖν γεγονότων, εἰ
καθ´ ἕν ποτε συλλεγέντες καὶ τὸν ἐνθάδε θησαυρὸν οὐκ
ἀγνοοῦντες ἐπέλθοιεν διὰ τὰ χρήματα· τότε οὐκ ἂν φθάνοιμεν
παραπολλύμενοι ἢ ταῖς ὕβρεσι ταῖς ἐκείνων τὸ
φιλανθρωπότερον ἐκκείμενοι. Ἄλλως τε γὰρ ἄπιστον
τὸ βουκόλων γένος καὶ νῦν πλέον ὅτε τοῦ καταστέλλοντος
τὴν γνώμην πρὸς τὸ σωφρονέστερον ἄρχοντος ἀμοιροῦσιν·
Ἀπολειπτέον οὖν ἡμῖν καὶ φευκτέον ὡς ἄρκυς τινὰς καὶ
δεσμωτήριον τὴν νῆσον, ἀποπέμψαντας πρότερον τὸν Θέρμουθιν
πρόφασιν ὡς πευσόμενον καὶ πολυπραγμονήσοντα
εἴ τι περὶ τοῦ Θυάμιδος ἔχοι μανθάνειν. Ῥᾷόν τε γὰρ
ἐφ´ ἑαυτῶν ἂν σκοποῖμεν καὶ ἐγχειροῖμεν τὰ πρακτέα καὶ
ἄλλως ἄνδρα ἐκποδὼν ποιήσασθαι καλόν, φύσει τε ἀβέβαιον καὶ
λῃστρικὸν καὶ δύσεριν τὸ ἦθος, πρὸς δὲ καὶ
ὑποψίας τι φέροντα εἰς ἡμᾶς τῆς Θίσβης ἕνεκα καὶ οὐκ
ἂν παυσόμενον εἰ μὴ ἐπιβουλεύσειεν, εἰ καιροῦ λάβοιτο.»
| [2,17] Théagène reprit alors : « Eh bien, Cnémon,
puisqu'un dieu t'a lié à nous et a fait de toi le compagnon
de nos infortunes, donne ton avis d'abord, car tu connais
et les lieux où nous sommes et la langue des habitants;
d'ailleurs, nous sommes plus lents à concevoir ce qu'il
faut faire, submergés plus que toi que nous sommes par
le flot du malheur. » Au bout d'un instant, Cnémon dit
ceci : « En fait de maux, Théagène, je ne sais lequel
en a la plus lourde part, car la divinité m'a, moi aussi,
largement servi en malheurs. Mais, puisque vous m'invitez,
comme étant le plus âgé, à vous exposer mon
sentiment, voici. L'île où nous sommes, comme vous le
voyez, est déserte et, à part nous, il n'y a rien. Elle est,
d'autre part, pleine d'or, d'argent et d'étoffes, de tout
ce dont Thyamis et les siens vous ont dépouillés, et
aussi le butin fait sur d'autres, et qu'ils ont déposé dans
la caverne. Mais, en fait de blé et d'autres choses indispensables,
il n'en reste pas l'ombre. Nous risquons donc
de périr de faim si nous restons, et aussi de périr au cours
d'une attaque, soit que les ennemis reviennent, soit que
les gens qui étaient de notre côté, parviennent à se
regrouper et, comme ils n'ignorent pas l'existence de
la cachette, fassent une descente ici pour enlever le
trésor. Alors nous n'échapperions pas à la mort ou nous
serions tout au moins exposés à leurs actes de violence,
s'ils montraient une humanité exceptionnelle. Car, de
façon générale, la race des pasteurs est perfide, et maintenant
plus que jamais, alors qu'ils n'ont pas de chef pour
modérer leurs esprits. Il nous faut donc abandonner
cette île et la fuir, comme un filet ou une prison, en
commençant par éloigner Thermouthis, sous prétexte
de l'envoyer s'informer, par tous les moyens possibles, et de
voir s'il peut apprendre quelque chose au sujet de Thyamis.
Il nous sera plus facile, livrés à nous-mêmes, de réfléchir
et d'exécuter ce qu'il faudra et d'ailleurs, il est bien
de nous débarrasser d'un homme dont le naturel est
peu sûr, un brigand d'humeur volontiers querelleuse
et qui, en outre, nourrit contre nous des soupçons
au sujet de Thisbé et qui n'aura de cesse qu'il ne nous ait
attaqués, s'il en trouve l'occasion. »
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