HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

HÉLIODORE, Théagène et Chariclée, livre I



Texte grec :

[1,13] Ἅμα δὲ τῇ ἕῳ λαβὼν οὕτως ὡς εἶχον δεσμῶν ἐπὶ τὸν δῆμον ἦγε, καὶ τῆς κεφαλῆς κόνιν καταχεάμενος «οὐκ ἐπὶ τοιαύταις μὲν ἐλπίσιν ὦ Ἀθηναῖοι τόνδε ἀνέτρεφον» ἔλεγεν, «ἀλλὰ τοῦ γήρως τοὐμοῦ βακτηρίαν ἔσεσθαι προσδοκῶν ἐπειδὴ τάχιστά μοι ἐγένετο, ἐλευθερίου τε τροφῆς μεταδοὺς καὶ τὰ πρῶτα τῶν γραμμάτων διδαξάμενος, εἰς τοὺς φράτορας καὶ γεννήτας εἰσαγαγών, εἰς ἐφήβους ἐγγράψας, πολίτην ὑμέτερον κατὰ τοὺς νόμους ἀποφήνας, πάντα τὸν βίον ἐπὶ τούτῳ τὸν ἐμὸν ἐσάλευον. Ἐπεὶ δὲ τούτων ἁπάντων λήθην λαβὼν ἐμὲ μὲν ὕβρεσι τὰ πρῶτα καὶ πληγαῖς ταυτηνὶ τὴν κατὰ νόμους συνοικοῦσάν μοι ᾐκίσατο, τέλος δὲ καὶ ξιφήρης νύκτωρ ἐπῆλθε καὶ παρὰ τοσοῦτον γέγονε πατραλοίας παρ´ ὅσον ἀντέσχεν ἡ τύχη ἀπροσδοκήτῳ φόβῳ τὸ ξίφος τῶν τούτου χειρῶν ἐκπεσεῖν παρασκευάσασα, καταπέφευγα πρὸς ὑμᾶς καὶ προσαγγέλλω τοῦτον, αὐτόχειρ μὲν αὐτοῦ γενέσθαι, κατὰ τοὺς νόμους ἐξόν, οὐ βουληθείς, ὑμῖν δὲ τὸ πᾶν καταλιπών, νόμῳ βέλτιον ἡγούμενος φόνῳ παιδὸς τὴν δίκην λαμβάνειν.» Καὶ ἅμα ἐπεδάκρυεν· ἐπεκώκυε δὲ καὶ ἡ Δημαινέτη καὶ περιαλγεῖν ἐπ´ ἐμοὶ δῆθεν ἐπεδείκνυτο, τὸν ἄθλιον ἀποκαλοῦσα, τὸν ἐν δίκῃ μὲν ἀλλὰ πρὸ ὥρας τεθνηξόμενον, τὸν ὑπὸ δαιμόνων ἀλαστόρων ἐπὶ τοὺς γεννήσαντας ἐλαθέντα, οὐ θρηνοῦσα μᾶλλον καταμαρτυροῦσα τοῖς θρήνοις καὶ ὡς ἀληθῆ τὴν κατηγορίαν βεβαιοῦσα τοῖς γόοις. Ἐπεὶ δὲ μεταδοῦναι κἀμοὶ λόγων ἠξίουν, ὁ γραμματεὺς προσελθὼν ἠρώτα στενὸν ἐρώτημα, εἰ τῷ πατρὶ ξιφήρης ἐπῆλθον. Ἐμοῦ δὲ «ἐπῆλθον μὲν» εἰπόντος, «ἀλλ´ ὅπως, ἀκούσατε» ἀνεβόησαν ἅπαντες καὶ οὐδὲ ἀπολογίας μοι μετεῖναι κρίναντες οἱ μὲν λίθοις βάλλειν οἱ δὲ τῷ δημίῳ παραδιδόναι καὶ ὠθεῖσθαι εἰς τὸ βάραθρον ἐδοκίμαζον. Ἐμοῦ δὲ παρὰ πάντα τὸν θόρυβον καὶ τὸν χρόνον ὃν περὶ τῆς τιμωρίας διεχειροτόνουν «ὦ μητρυιά» βοῶντος, «διὰ μητρυιὰν ἀναιροῦμαι, μητρυιά με ἄκριτον ἀπόλλυσι» προσέστη τοῖς πολλοῖς τὸ λεγόμενον καὶ εἰσῄει τῶν ὄντων ὑποψία. Καὶ ἠκούσθην μὲν οὐδὲ τότε, προκατείληπτο γὰρ ὁ δῆμος ἀκαταπαύστῳ θορύβῳ.

Traduction française :

[1,13] Et tout aussitôt comme le soleil fut levé, il me mena comme j'étais enferré en l'assemblée du peuple, et se sema toute la tête de poussière et de cendre, puis commença sa harangue en telle sorte : "je ne l'avais point élevé ni nourri en cette espérance, seigneurs Athéniens, mais me promettant que ce serait le bâton de ma vieillesse, depuis le jour de sa naissance, je l'avais toujours nourri et entretenu libéralement. Et après lui avoir fait apprendre les premières lettres, je le fis enrôler aux registres de notre lignée, et encore depuis quand il fut venu en son adolescence, je le fis immatriculer et avouer au nombre de vos citoyens pour user de vos privilèges et vivre sous vos lois ; bref je l'ai tant aimé que ma vie ne dépendait que de la sienne ; mais puisqu'il a été si méchant, que mettant toutes ces choses en oubli, il m'a premièrement injurié par plusieurs contumélies, et a davantage vilainement outragé celle-ci que j'ai légitimement épousée ; et à la fin m'est venu surprendre et assaillir jusque dedans ma chambre, en mon lit, la nuit, l'épée toute nue au poing, pour m'occire, et ne s'en a fallu qu'il n'ait perpétré ce parricide, sinon d'autant que fortune l'en a gardé par une terreur inespérée qui lui a fait tomber la dague des mains, j'ai eu recours à vous et le vous suis venu déférer, n'ayant voulu user de la permission que me donnaient les lois, lesquelles me permettaient de l'occire moi-même ; mais plutôt remettant le à votre bonne discrétion, j'ai estimé qu'il était trop meilleur poursuivre la vengeance de l'injure qu'il m'a faite en laissant faire les lois qu'en baignant moi-même ma main au sang de mon fils". En disant ces paroles les larmes lui tombaient des yeux ; et Démaenété d'autre côté soupirait, faisant semblant qu'elle était bien déplaisante de ma fortune, disant : "Ô pauvre malheureux ! bien seras-tu à cette heure condamné et livré à mort justement, mais ce sera avant ton heure naturelle. Les furies t'ont bien possédé, quand tu as été incité de mettre la main sur celui qui t'a engendré" ! Ce qu'elle faisait, non pas tant pour pitié qu'elle eut de mon malheur, comme pour porter témoignage par ses lamentations à l'encontre de moi et confirmer par ses soupirs et regrets l'accusation du crime qui m'était faussement imposé. Et comme je requis qu'il me fit permis de parler pour moi, le greffier criminel s'en vint à moi et me fit un interrogatoire fort pressé et contraint, à savoir si j'étais entré la dague au poing dedans la chambre de mon père. Je répondis que oui : mais oyez, dis-je, comment. Et adonques toute la tourbe du peuple commença incontinent à crier, sans me vouloir ouïr, disant qu'il ne me devait point être permis d'alléguer aucune défense, et voulaient les uns que l'on me lapidât, les autres que l'on me livrât entre les mains de l'exécuteur de haute justice, pour me lancer dedans l'abîme où l'on précipite les criminels de mort, que l'on appelle le Baratre. Quant à moi, durant un si grand tumulte et crierie, je ne pouvais faire autre chose, ce pendant qu'ils ballottaient pour déterminer de quelle mort je serais exécuté, si non que crier : "Ô mauvaise marâtre ! marâtre! tu me fais mourir, marâtre, tu me fais condamner à mort sans m'ouïr". Ces miennes paroles touchèrent plusieurs des assistants, qui commencèrent un petit à se douter de la vérité ; et néanmoins encore ne fus-je point ouï, pour chose que susse faire ni dire. Car le peuple était si fort ému qu'il n'était pas possible d'apaiser le tumulte.





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Dernière mise à jour : 9/01/2007