Texte grec :
[1,16] Ἐπῄνει ταῦτα ἡ Δημαινέτη καὶ προστιθέναι
τοῖς δεδογμένοις τάχος ἱκέτευεν. Ἡ δὲ μίαν ἡμέραν ἐνδοθῆναι
αὐτῇ πρὸς τὸ διανύσαι ταῦτα παρὰ τῆς δεσποίνης
αἰτήσασα, παρὰ μὲν τὴν Ἀρσινόην ἐλθοῦσα »Τελέδημον
οἶσθα;« ἔλεγε· τῆς δὲ ὁμολογούσης »ὑπόδεξαι ἡμᾶς«
ἔφη »τὸ τήμερον· ὑπεσχόμην γὰρ αὐτῷ συγκαθευδήσειν·
ἥξει δὲ πρότερος, ἐγὼ δέ, ὅταν κατακλίνω τὴν δέσποιναν.«
Πρὸς δὲ τὸν Ἀρίστιππον εἰς ἀγρὸν διαδραμοῦσα
»ὦ δέσποτα« ἔλεγεν »ἥκω σοι κατήγορος ἐμαυτῆς
καὶ κέχρησο ὅ τι βούλει. Τὸν παῖδα δι´ ἐμὲ τὸ μέρος
ἀπολώλεκας οὐχ ἑκοῦσαν μὲν ἀλλ´ ὅμως συναιτίαν γενομένην·
αἰσθομένη γὰρ τὴν δέσποιναν οὐκ ὀρθῶς βιοῦσαν
ἀλλ´ εὐνὴν τὴν σὴν ἐνυβρίζουσαν, αὐτή τε περὶ ἐμαυτῆς
δείσασα μή ποτε κακὸν λάβοιμι, τὸ πρᾶγμα εἰ δι´ ἄλλου
φωραθείη, καὶ ἐπὶ σοὶ περιαλγήσασα εἰ οὕτω περιέπων
τὴν συνοικοῦσαν τοιαῦτα ἀντιπάσχεις, αὐτὴ μέν σοι προσαγγεῖλαι
κατώκνησα, φράζω δὲ τῷ νέῳ δεσπότῃ νύκτωρ
παρ´ αὐτὸν ἐλθοῦσα, ὡς ἂν γνοίη μηδείς, καὶ ἔλεγον ὡς
μοιχὸς ἅμα τῇ δεσποίνῃ συγκαθεύδοι. Ὁ δέ (προὐλελύπητο
γάρ, ὡς οἶσθα, πρὸς αὐτῆς) ἔνδον εἶναι τότε με
λέγειν τὸν μοιχὸν νομίσας, ὀργῆς ἀκατασχέτου πληρωθείς,
ἀνελόμενος τὸ ἐγχειρίδιον, ἐμοῦ πολλὰ κατέχειν πειρωμένης
καὶ ὡς οὐδὲν εἴη τοιοῦτον ἐπὶ τοῦ παρόντος λεγούσης
μικρὰ φροντίσας, ἢ καὶ μεταβαλέσθαι προσδοκήσας,
ἐπὶ τὸν θάλαμον ἐμμανὴς ἵεται· καὶ τὰ λοιπὰ γινώσκεις.
Τὸ δὲ παρὸν ἔνεστί σοι βουλομένῳ πρὸς τὸν παῖδα
καὶ εἰ φεύγει τὰ νῦν ἀπολογήσασθαι καὶ παρὰ τῆς ἀμφοτέρους
ὑμᾶς ἀδικούσης τιμωρίαν λαβεῖν· ἐπιδείξω γάρ
σοι τήμερον ἅμα τῷ μοιχῷ τὴν Δημαινέτην ἐν οἰκίᾳ καὶ
ταῦτα ἀλλοτρίᾳ ἐκτὸς τοῦ ἄστεος κατακεκλιμένην.«
»Εἰ γὰρ ταῦτα οὕτως ἐπιδείξειας« φησὶν ὁ Ἀρίστιππος·
»σοὶ μὲν ἐλευθερίας μισθὸς ἀποκείσεται· ἐγὼ δὲ τάχ´ ἂν
ἐπιβιῴην τὴν πολεμίαν ἀμυνάμενος· ὡς πάλαι γε σμύχομαι
ἐν ἐμαυτῷ καὶ τὸ πρᾶγμα δι´ ὑποψίας ἔχων ἀπορίᾳ
τῶν ἐλέγχων ἡσύχαζον. Ἀλλὰ τί δεῖ ποιεῖν;« Ἡ δὲ »τὸν
κῆπον οἶσθα« ἔλεγεν »ἔνθα τὸ μνῆμα τῶν Ἐπικουρείων;
Ἐνταῦθα εἰς ἑσπέραν ἐλθὼν περίμενε.«
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Traduction française :
[1,16] Démaenété trouva ce conseil fort bon, et pria Thisbé de se hâter.
Elle demanda à sa maîtresse un seul jour de délai
pour faire ce qu'elle lui promettait, et puis s'en va vers Arsinoé, et lui dit :
Connaissez-vous point un jeune fils qui s'appelle Télédemos? Arsinoé
répondit que oui. Je vous prie, dit Thisbé, que vous nous receviez en votre
logis ; car je lui ai promis de coucher aujourd'hui avec lui. Il doit venir le
premier, et moi après lui, quand j'aurai couché ma maîtresse. Cela arrêté,
elle s'en court vitement aux champs, là où était son maître Aristippe, et lui
dit : Mon maître, je viens vers vous pour m'accuser moi-même; faites de
moi ce qu'il vous plaira. Vous avez perdu votre fils par mon moyen, non
que je l'aie fait volontairement, mais si en suis-je néanmoins aucunement
coupable ; car m'apercevant que ma maîtresse se gouvernait mal et qu'elle
vous faisait tort, craignant qu'il n'en méchût à moi-même, et que je n'en
eusse affaire si la chose était découverte par un autre que par moi, et aussi
étant marrie que vous, qui la traitiez si doucement et si honnêtement,
reçussiez d'elle une telle injure pour récompense de votre bon traitement, je
ne le vous osai pas dire quant à vous, mais m'en allai secrètement une nuit,
afin que personne n'en vit rien, en la chambre de mon jeune maître votre
fils, et lui racontai tour au long comment il en allait, et lui dis qu'il y avait
un galant qui entretenait ma maîtresse et couchait avec elle. Lui qui, comme
vous savez, était dès auparavant fort indigné contre elle, pensa que je disse
que l'adultère était à l'heure même couché en votre lit. Si s'enflamma
tellement de courroux, que je ne le pus onc retenir, et prit en sa main une
dague, combien que je m'efforçasse de toute ma puissance de l'engarder
(empêcher, préserver), et que je lui disse par plusieurs fois que pour lors
l'adultère n'y était pas : mais il n'écoutait point ce que je lui disais, ou bien il
pensait que je me repentisse de lui en avoir tant dit, combien qu'il fût vrai.
Si s'en alla tout épris de fureur en votre chambre; vous savez ce qu'il en
advint puis après. Mais maintenant, vous avez moyen, si vous voulez, de
vous décharger envers votre fils, combien que pour cette heure il soit
absent, et de vous venger de celle qui vous a fait un si grand tort à tous
deux. Je vous montrerai, si vous voulez, aujourd'hui, Démaenété couchée
avec son adultère, en maison étrange, et encore hors de la ville. Si tu le fais,
dit alors Aristippe, je te promets que pour loyer je te donnerai liberté. Et
quant à moi, je reprendrai peut-être volonté de vivre, quand je me serai
vengé de celle mienne ennemie : car il y a longtemps que j'en ai le coeur fort
pressé de douleur et de regret. Et combien que je me doutasse bien de ceci,
si n'en osais-je rien dire, pour ce que je ne l'eusse su vérifier. Mais que faut-il
que je fasse ? Vous savez, dit Thisbé, le verger où est le monument des
Épicuriens : venez-vous y en et m'y attendez jusqu'au soir.
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