HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

HÉLIODORE, Théagène et Chariclée, livre I

εἰρήνῃ



Texte grec :

[1,2] Ἤδη δὲ αὐτοῖς κεκινηκόσιν ἄποθεν μικρὸν τῆς τε νεὼς καὶ τῶν κειμένων θέαμα προσπίπτει τῶν προτέρων ἀπορώτερον· κόρη καθῆστο ἐπὶ πέτρας, ἀμήχανόν τι κάλλος καὶ θεὸς εἶναι ἀναπείθουσα, τοῖς μὲν παροῦσι περιαλγοῦσα φρονήματος δὲ εὐγενοῦς ἔτι πνέουσα. Δάφνῃ τὴν κεφαλὴν ἔστεπτο καὶ φαρέτραν τῶν ὤμων ἐξῆπτο καὶ τῷ λαιῷ βραχίονι τὸ τόξον ὑπεστήρικτο· ἡ λοιπὴ δὲ χεὶρ ἀφροντίστως ἀπῃώρητο. Μηρῷ δὲ τῷ δεξιῷ τὸν ἀγκῶνα θατέρας χειρὸς ἐφεδράζουσα καὶ τοῖς δακτύλοις τὴν παρειὰν ἐπιτρέψασα, κάτω νεύουσα καί τινα προκείμενον ἔφηβον περισκοποῦσα τὴν κεφαλὴν ἀνεῖχεν. Ὁ δὲ τραύμασι μὲν κατῄκιστο καὶ μικρὸν ἀναφέρειν ὥσπερ ἐκ βαθέος ὕπνου τοῦ παρ´ ὀλίγον θανάτου κατεφαίνετο, ἤνθει δὲ καὶ ἐν τούτοις ἀνδρείῳ τῷ κάλλει καὶ ἡ παρειὰ καταρρέοντι τῷ αἵματι φοινιττομένη λευκότητι πλέον ἀντέλαμπεν. Ὀφθαλμοὺς δὲ ἐκείνου οἱ μὲν πόνοι κατέσπων, ἡ δὲ ὄψις τῆς κόρης ἐφ´ ἑαυτὴν ἀνεῖλκε καὶ τοῦτο ὁρᾶν αὐτοὺς ἠνάγκαζεν, ὅτι ἐκείνην ἑώρων. Ὡς δὲ πνεῦμα συλλεξάμενος καὶ βύθιόν τι ἀσθμήνας λεπτὸν ὑπεφθέγξατο καὶ «ὦ γλυκεῖα,» ἔφη «σῴζῃ μοι ὡς ἀληθῶς, ἢ γέγονας καὶ αὐτὴ τοῦ πολέμου πάρεργον, οὐκ ἀνέχῃ δὲ ἄλλως οὐδὲ μετὰ θάνατον ἀποστατεῖν ἡμῶν, ἀλλὰ φάσμα τὸ σὸν καὶ ψυχὴ τὰς ἐμὰς περιέπει τύχας;», «ἐν σοὶ» ἔφη «τὰ ἐμὰ» ἡ κόρη «σῴζεσθαί τε καὶ μή· τοῦτο γοῦν ὁρᾷς;» δείξασα ἐπὶ τῶν γονάτων ξίφος, «εἰς δεῦρο ἤργησεν ὑπὸ τῆς σῆς ἀναπνοῆς ἐπεχόμενον.» Καὶ ἅμα λέγουσα ἡ μὲν τῆς πέτρας ἀνέθορεν, οἱ δὲ ἐπὶ τοῦ ὄρους ὑπὸ θαύματος ἅμα καὶ ἐκπλήξεως ὥσπερ ὑπὸ πρηστῆρος τῆς ὄψεως βληθέντες ἄλλος ἄλλον ὑπεδύετο θάμνον· μεῖζον γάρ τι καὶ θειότερον αὐτοῖς ὀρθωθεῖσα ἔδοξε, τῶν μὲν βελῶν τῇ ἀθρόᾳ κινήσει κλαγξάντων, χρυσοϋφοῦς δὲ τῆς ἐσθῆτος πρὸς τὸν ἥλιον ἀνταυγαζούσης, καὶ τῆς κόμης ὑπὸ τῷ στεφάνῳ βακχεῖον σοβουμένης καὶ τοῖς νώτοις πλεῖστον ὅσον ἐπιτρεχούσης. Τοὺς μὲν ταῦτα ἐξεδειμάτου καὶ πλέον τῶν ὁρωμένων ἡ τῶν γινομένων ἄγνοια· οἱ μὲν γὰρ θεόν τινα ἔλεγον, καὶ θεὸν Ἄρτεμιν ἢ τὴν ἐγχώριον Ἶσιν, οἱ δὲ ἱέρειαν ὑπό του θεῶν ἐκμεμηνυῖαν καὶ τὸν ὁρώμενον πολὺν φόνον ἐργασαμένην. Καὶ οἱ μὲν ταῦτα ἐγίνωσκον, τὰ ὄντα δὲ οὔπω ἐγίνωσκον· ἡ δὲ ἀθρόον κατενεχθεῖσα ἐπὶ τὸν νεανίαν καὶ πανταχόθεν αὐτῷ περιχυθεῖσα ἐδάκρυεν, ἐφίλει, κατέματτεν, ἀνῴμωζεν, ἠπίστει κατέχουσα. Ταῦτα ὁρῶντες οἱ Αἰγύπτιοι πρὸς ἑτέρας ἐννοίας τὴν γνώμην μετέβαλλον, καὶ «ποῦ ταῦτ´ ἂν εἴη θεοῦ τὰ ἔργα,» λέγοντες «ποῦ δ´ ἂν νεκρὸν σῶμα φιλοίη δαίμων οὕτω περιπαθῶς;» τολμᾶν ἑαυτοῖς παρεκελεύοντο καὶ πορευθέντες ἐγγύθεν λαμβάνειν τὴν τῶν ἀληθῶν γνῶσιν. Ἀναλαβόντες οὖν ἑαυτοὺς καταθέουσι καὶ τὴν κόρην ἔτι πρὸς τοῖς τραύμασιν οὖσαν τοῦ νεανίου καταλαμβάνουσι· καὶ ἐπιστάντες ὄπισθεν εἶχον ἑαυτοὺς οὔτε τι λέγειν οὔτε τι πράττειν ἀποθαρροῦντες. Κτύπου δὲ περιηχήσαντος καὶ τῆς ἐξ αὐτῶν σκιᾶς τοῖς ὀφθαλμοῖς παρεμπεσούσης ἀνένευσεν ἡ κόρη καὶ ἰδοῦσα αὖθις ἐπένευσε, πρὸς μὲν τὸ ἄηθες τῆς χροιᾶς καὶ τὸ λῃστρικὸν τῆς ὄψεως ἐν ὅπλοις δεικνυμένης οὐδὲ κατὰ μικρὸν ἐκπλαγεῖσα, πρὸς δὲ τὴν θεραπείαν τοῦ κειμένου πᾶσαν ἑαυτὴν τρέψασα. Οὕτως ἄρα πόθος ἀκριβὴς καὶ ἔρως ἀκραιφνὴς τῶν μὲν ἔξωθεν προσπιπτόντων ἀλγεινῶν τε καὶ ἡδέων πάντων ὑπερφρονεῖ, πρὸς ἓν δὲ τὸ φιλούμενον καὶ ὁρᾶν καὶ συννεύειν τὸ φρόνημα καταναγκάζει.

Traduction française :

[1,2] Et comme ils étaient déjà ébranlés, et en voie pour aller au pillage, ils aperçurent assez près de la nef, et de ces gens morts étendus, un autre spectacle qui les étonna encore plus que le précédent : c'était une jeune pucelle assise dessus un rocher, de beauté si rare et si émerveillable, qu'à la voir seulement on l'eût prise pour une déesse. Vrai est qu'elle était triste à cause du piteux état auquel elle se voyait pour lors réduite ; mais toutefois encore montrait-elle à son maintien la grandeur de son courage. Elle avait le chef couronné d'un chapeau de laurier, et des épaules lui pendait par derrière un carquois qu'elle portait en écharpe : son bras gauche était appuyé sur son arc tout debout, et laissait pendre négligemment contre le bas le reste de sa main ; sur sa cuisse droite reposait le coude de son autre bras, et avait la joue dedans la paume de sa main, dont elle soutenait sa tête, tenant les yeux fichés en terre à regarder devant elle un jeune damoiseau étendu tout de son long, lequel était tout blessé, endolori et qui semblait se relever, comme s'il se réveillait d'un profond sommeil, et même de la mort elle-même : mais malgré cela il était d'une beauté singulière, et bien que ses joues fussent remplies de sang, sa blancheur en paraissait encore plus grande. La douleur lui faisait fermer les yeux, mais la vue de la jeune fille les fit tourner vers elle, et il était forcé de la voir, parce qu'elle le regardait. Dès qu'il revint à lui il poussa un profond soupir et prononça faiblement ces paroles : "Es-tu bien sûre d'être saine et sauve, ma chérie ? ou fais-tu partie des personnes massacrées ? Tu n'as pas pu même après ta mort te séparer de moi et maintenant c'est une vision de l'esprit qui hante cet endroit ?" Non, répondit la jeune fille, tout dépend de toi pour le meilleur et pour le pire, et c'est pourquoi tu vois - elle montra le couteau qu'elle tenait à la main - que j'ai attendu jusque maintenant pour voir si tu te rétablissait. Dès qu'elle dit cela, elle sauta du rocher, et ceux qui étaient sur la colline, d'émerveillement aussi bien que de la crainte qu'ils avaient, comme s'ils étaient frappés par la foudre, coururent chacun se cacher dans les buissons. Elle leur parut encore plus merveilleuse, quand elle se redressa, et que ses flèches qui se déplaçaient soudain en même temps que son corps s'entrechoquaient sur ses épaules, ses vêtements resplendissaient aux rayons du soleil, et ses cheveux, par dessus le chapeau de laurier, épars à la guise des bacchantes, lui descendaient bien fort bas par derrière ; de sorte que ces brigands étaient encore plus effrayés et étonnés de ne connaître point qui était cette pucelle, qu'ils n'étaient pas de ne savoir qui avait fait la déconfiture qu'ils voyaient. Les uns disaient que c'était une déesse, et notamment la déesse Diane ; les autres pensaient que ce fût Isis, la déesse du pays : aucuns croyaient que ce fût la prophétesse et religieuse vouée au service de quelque dieu, laquelle, éprise de sa fureur, eût fait une si grande déconfiture. Voilà ce qu'ils en pensaient et connaissaient quant à eux ; car de la vérité ne savaient-ils encore rien. Mais elle (sitôt qu'elle fut à bas) se prit à embrasser affectueusement le damoiseau, et commença à pleurer, à le baiser, à essuyer ses plaies et à soupirer, à peine s'assurant qu'elle le tînt entre ses bras. Ce que voyant, ces voleurs égyptiens changèrent tantôt bien de pensée et d'opinions, disant entre eux : Comment serait-il possible que ce fût une déesse, à voir ce qu'elle fait, et comment une divine essence baiserait-elle ainsi affectueusement un corps mort? Et ainsi s'encouragèrent l'un l'autre d'en approcher de plus près, pour savoir à la vérité ce que c'était. Et après qu'ils furent un peu revenus de la frayeur qu'ils avaient eue, ils tirèrent tous ensemble vers la pucelle, laquelle ils trouvèrent attentive à nettoyer les blessures du damoiseau. Si s'arrêtèrent tout court derrière elle, sans lui oser rien faire ni dire; mais le bruit qu'ils firent à l'entour d'elle, et aussi leur ombre qui tomba droit devant ses yeux, lui firent tourner la tête pour voir ce que c'était. Puis, quand elle les eut vus, elle les rebaisa comme devant, sans que la couleur étrange de ces gens noirs et brûlés, ni la vue de ces brigands armés lui donnât aucun effroi : par où l'on peut connaître qu'une affection véhémente et un amour entier et parfait ne tient compte d'aucunes choses extérieures qui lui puissent advenir, soit douloureuses ou plaisantes ; mais qu'elle force le coeur d'avoir toujours l'oeil fiché à regarder et l'entendement tendu à considérer la chose aimée.





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Dernière mise à jour : 9/01/2007