Texte grec :
[1,10] Τέλος δὲ γίνεταί τι τοιοῦτον. Παναθηναίων τῶν
μεγάλων ἀγομένων, ὅτε τὴν ναῦν Ἀθηναῖοι διὰ γῆς τῇ
Ἀθηνᾷ πέμπουσιν, ἐτύγχανον μὲν ἐφηβεύων, ᾄσας δὲ τὸν
εἰωθότα παιᾶνα τῇ θεῷ καὶ τὰ νενομισμένα προπομπεύσας,
ὡς εἶχον στολῆς αὐτῇ χλαμύδι καὶ αὐτοῖς στεφάνοις ἔρχομαι
οἴκαδε ὡς ἐμαυτόν. Ἡ δὲ ἐπειδὴ τὸ πρῶτον εἶδεν
ἐκτὸς ἑαυτῆς γίνεται καὶ οὐδὲ ἐσοφίστευεν ἔτι τὸν ἔρωτα,
ἀλλ´ ἀπὸ γυμνῆς τῆς ἐπιθυμίας προσέτρεχε καὶ περιβαλοῦσα
»ὁ νέος Ἱππόλυτος, ὁ Θησεὺς ὁ ἐμός « ἔλεγε.
Τίνα με οἴεσθε γεγενῆσθαι ὃς καὶ νῦν ἐρυθριῶ διηγούμενος;
Ἀλλ´ ἑσπέρας γενομένης, ὁ μὲν πατὴρ εἰς τὸ πρυτανεῖον
ἐσιτεῖτο καὶ ὡς ἂν ἐν τοιαύτῃ πανηγύρει καὶ πότῳ
πανδήμῳ καὶ διανυκτερεύειν ἔμελλεν, ἡ δὲ ἐπιγίνεταί μοι
νυκτὸς καὶ ἐπειρᾶτό τινος τῶν ἀθεμίτων τυγχάνειν.
Ὡς δὲ παντοίως ἀντεῖχον καὶ πρὸς πᾶσαν θεραπείαν καὶ
ὑπόσχεσιν καὶ ἀπειλὴν ἀπεμαχόμην, βαρύ τι καὶ βύθιον
στενάξασα ἀπιοῦσα ᾤχετο· καὶ μόνην ἡ παλαμναία τὴν
νύκτα ὑπερθεμένη τῶν ἐπιβουλῶν τῶν εἰς ἐμὲ κατήρχετο·
καὶ πρῶτον μὲν οὐδὲ διανέστη τότε τῆς εὐνῆς, ἀλλ´ ἥκοντι
τῷ πατρὶ καὶ τί τοῦτο πυνθανομένῳ μαλακῶς τε ἔχειν
ἐσκήπτετο καὶ οὐδὲ ἀπεκρίνατο τὴν πρώτην. Ὡς δὲ
ἐνέκειτο καὶ τί πεπόνθοι πολλάκις ἀνηρώτα, »ὁ θαυμαστός«
φησι »καὶ εἰς ἐμὲ νεανίας, ὁ κοινὸς ἡμῶν παῖς ὃν
ἐγὼ πλέον καὶ σοῦ πολλάκις ἠγάπησα (καὶ μάρτυρες οἱ
θεοί), κύειν με πρός τινων αἰσθόμενος, ὃ δὴ σὲ τέως ἔκρυπτον,
ἕως ἂν τὸ ἀσφαλὲς γνοίην, τὴν σὴν ἀπουσίαν ἐπιτηρήσας
ταῦτα δὴ τὰ εἰωθότα παραινοῦσαν καὶ σωφρονεῖν
παρακελευομένην μηδὲ πρὸς ἑταίραις ἔχειν τὸν νοῦν καὶ
μέθαις (οὐ γάρ με ἐλάνθανεν οὕτως ἔχων, σοὶ δὲ οὐκ ἔφραζον
μή τινα λάβοιμι μητρυιᾶς ὑπόνοιαν), ταῦτα λέγουσαν μόνην
πρὸς μόνον τοῦ μὴ ἐρυθριᾶν αὐτὸν ἕνεκεν, τὰ μὲν οὖν
ἄλλα ὅσα περὶ σέ τε κἀμὲ περιύβρισεν αἰσχύνομαι λέγειν,
λὰξ δὲ κατὰ τῆς γαστρὸς ἐναλάμενος οὕτως ἔχειν ὡς ὁρᾷς διέθηκε.«
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Traduction française :
[1,10] Pour le faire court, il advint une telle chose. Un certain jour de la grande
solennité que l'on appelle Panathénée, auquel les Athéniens font traîner par
terre en procession un navire en l'honneur de Minerve, j'étais sur le
commencement de mon adolescence et avais chanté l'hymne qu'on a
accoutumé de chanter ce jour-là en l'honneur de la déesse, marchant le
premier à la procession, ainsi que la coutume le porte ; puis m'en retournai
chez nous tout ainsi comme j'avais été accoutré pour la solennité, avec la
même robe et les mêmes chapeaux de fleurs. Aussitôt qu'elle me vit en cet
accoutrement, elle sortit hors de son bon sens et ne déguisa plus son amour;
mais, découvrant sa méchante concupiscence, accourut à moi et m'embrassa
étroitement, disant: "Ô nouveau Hippolyte ! O mon Thésée" ! Que pensez-vous
que je devins alors, vu qu'à cette heure je rougis encore de honte en
vous le racontant seulement ? Or quand le soir fut venu mon père alla
souper à l'hôtel de ville, et comme en une générale assemblée et festin
public, il y devait passer toute la nuit. Parquoi elle s'en vint la nuit et se mit
en effort d'obtenir de moi une chose détestable. Mais quand elle vit que je
lui résistais en toute sorte et que je rejetais toutes les caresses, prières,
menaces, et promesses qu'elle me pouvait faire, elle se départit de moi
soupirant amèrement et du plus profond de son coeur. Si ne demeura que
cette nuit seule, la méchante, à me dresser embûches: car premièrement elle
ne se leva point du lit le lendemain ; mais quand mon père retourna le
matin en la maison et qu'il lui demanda que c'était à dire cela qu'elle était
encore au lit, elle fit semblant qu'elle se trouvait mal et ne lui répondit autre
chose la première fois. Et comme mon père insista à lui demander par
plusieurs fois qui lui faisait mal : "Ce bon enfant, dit-elle, mêmement envers
moi, votre fils et le mien, celui que souventes fois j'ai plus aimé que vous,
les dieux m'en soient témoins, ayant entendu ne sais par qui ni comment,
que j'étais enceinte (ce que je n'avais point voulu vous découvrir jusqu'à ce
que j'en fusse du tout assurée), a épié l'occasion que vous fussiez hors de la
maison, et comme je l'admonestais ainsi comme l'on remontre
coutumièrement aux jeunes gens, et l'exhortais de vivre chastement, et se
gouverner bien, et non pas adonner son coeur ni à hanter folles femmes, ni
à aimer le vin ; car je savais bien qu'il suivait ce train-là, mais je ne vous en
avais jamais voulu rien dire de peur que l'on ne soupçonnât que je le fisse
par une haine et malveillance de marâtre, ainsi que je lui faisais ces
remontrances, seule à seul, à celle fin que je ne le fisse rougir de honte si je
lui eusse dit devant d'autres gens ; j'aurai vergogne de vous réciter les
autres vilenies et insolences qu'il a faites tant à vous comme à moi ; mais
bien vous veux-je dire, qu'il m'a sauté à deux pieds sur le ventre et m'a ainsi
accoutrée comme vous voyez".
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