[1,22] ἐπειδὴ δὲ κἀμοὶ λόγου μεταδεδώκατε καὶ
τοῦτο πρῶτον ἔνδειγμα φιλανθρωπίας παρέχεσθε, τὸ
πειθοῖ μᾶλλον ἢ βίᾳ τῶν δικαίων πειρᾶσθαι τυγχάνειν,
ἄλλως τε καὶ διότι τὸ πᾶν εἰς ἐμὲ τείνει τῶν εἰρημένων,
ἐκβαίνειν ἀναγκάζομαι τοὺς ἐμαυτῆς τε καὶ παρθένων
νόμους καὶ πρὸς τὴν πεῦσιν τοῦ κρατοῦντος ἀποκρίνασθαι,
περὶ γάμου καὶ ταῦτα καὶ ἐν ὁμίλῳ τοσούτων ἀνδρῶν.
Ἔστι δὴ τὰ περὶ ἡμῶν τοιάδε· γένος μέν ἐσμεν Ἴωνες,
Ἐφεσίων δὲ τὰ πρῶτα γεγονότες καὶ ἀμφιθαλεῖς ὄντες,
νόμου τοὺς τοιούτους καλοῦντος ἱερατεύειν, ἐγὼ μὲν Ἀρτέμιδος
Ἀπόλλωνος δὲ οὑμὸς ἀδελφὸς οὗτος ἐλαγχάνομεν.
Ἐπετείου δὲ τῆς τιμῆς οὔσης καὶ τοῦ χρόνου πληρουμένου
θεωρίαν εἰς Δῆλον ἤγομεν ἔνθα μουσικούς τε καὶ γυμνικοὺς
ἀγῶνας διαθήσεσθαι καὶ τὴν ἱερωσύνην ἀποθήσεσθαι
κατά τι πάτριον ἐμέλλομεν. Ὁλκὰς οὖν ἐπληροῦτο
χρυσοῦ τε καὶ ἀργύρου καὶ ἐσθήτων καὶ τῶν ἄλλων ὅσα
πρός τε τοὺς ἀγῶνας καὶ τὴν πάνδημον εὐωχίαν ἐπαρκέσειν
ἔμελλε· καὶ ἀνηγόμεθα, τῶν μὲν πατέρων γήρᾳ τε
προηκόντων καὶ δέει τοῦ πλοῦ καὶ τῆς θαλάττης οἴκαδε
καταμεινάντων, ἄλλων δὲ πολιτῶν εἰς πλῆθος τῶν μὲν κατὰ
τὴν αὐτὴν ὁλκάδα συνεισβάντων τῶν δὲ σκάφεσιν ἰδίοις χρωμένων.
Ἐπεὶ δὲ τὸ πολὺ τοῦ πλοῦ διήνυστο, κλυδώνιον
ἀθρόον ἐμπεσὸν καὶ ἄνεμος ἐξώστης καὶ λαίλαπες συμμιγεῖς
καὶ πρηστῆρες τὴν θάλατταν καταιγίζοντες τὴν ναῦν
τοῦ εὐθέος παραφέρουσι, τοῦ κυβερνήτου πρὸς τὸ ὑπερβάλλον
κακὸν ἐνδόντος καὶ τῷ βιαίῳ τῆς ὁλκάδος ἐκστάντος
καὶ τῇ τύχῃ κυβερνᾶν ἐπιτρέψαντος. Ἠγόμεθα οὖν
ὑπὸ τοῦ ἀήτου, πνέοντος ἡμέρας μὲν ἑπτὰ νύκτας δὲ ἴσας,
καὶ τέλος εἰς τὴν ἀκτὴν ἐξωκείλαμεν ἔνθα πρὸς ὑμῶν
ἑάλωμεν· οὗ καὶ τὸν πολὺν ἑωράκατε φόνον, τῶν ναυτῶν
ἡμῖν παρὰ τὴν εὐωχίαν ἣν ἐπὶ σωτηρίοις ἤγομεν ἐπιθεμένων
ἀνελεῖν τε διὰ τὰ χρήματα βουλευσαμένων, ἕως
σὺν πολλῷ τῷ κακῷ καὶ ὀλέθρῳ τῶν οἰκείων ὁμοῦ πάντων
αὐτῶν τε ἐκείνων ὀλλύντων καὶ ὀλλυμένων ἐπεκρατήσαμεν,
ἐξ ἁπάντων (ὡς μή ποτε ὤφελον) οἰκτρὸν περισωθέντες
λείψανον, ἓν μόνον ἐν δυστυχήμασιν εὐπραγοῦντες ὅτι θεῶν
τις εἰς χεῖρας τὰς ὑμετέρας ἤγαγε καὶ οἱ περὶ θανάτου
δεδιότες περὶ γάμου σκοπεῖν ἐπετράπημεν, ὃν οὐ βούλομαι
κατ´ οὐδένα τρόπον ἀρνήσασθαι. Τό τε γὰρ αἰχμάλωτον
οὖσαν τῆς τοῦ κρατοῦντος εὐνῆς ἀξιοῦσθαι πᾶσαν εὐδαίμονα
τύχην ὑπερβέβληκε, τό τε θεοῖς ἀνακειμένην προφήτου
παιδίῳ, μετ´ ὀλίγον θεοῦ νεύοντος καὶ προφήτῃ, συνοικεῖν
οὐ παντάπασιν ἔοικεν εἶναι τῆς ἐκ τοῦ θείου κηδεμονίας
ἄμοιρον. Ἓν μόνον αἰτῶ καὶ δὸς ὦ Θύαμι· συγχώρησον
εἰς ἄστυ με πρότερον ἐλθοῦσαν, ἢ ἔνθα βωμὸς ἢ
ναὸς Ἀπόλλωνι νενόμισται, τὴν ἱερωσύνην καὶ τὰ ταύτης
ἀποθέσθαι σύμβολα. Βέλτιον μὲν γὰρ εἰς Μέμφιν, ὅταν
καὶ τὴν τιμὴν ἀνακτήσῃ τῆς προφητείας· οὕτως ἂν ὁ
γάμος εὐθυμότερον ἄγοιτο νίκῃ συναπτόμενος καὶ ἐπὶ κατορθουμένοις
τελούμενος· εἰ δὲ καὶ πρότερον, ἐν σοὶ καταλείπω
τὴν σκέψιν· μόνον τελεσθείη μοι τὰ πάτρια πρότερον.
Καὶ οἶδα ὡς ἐπινεύσεις ἱεροῖς τε ἐκ παίδων, ὡς φῄς,
ἀνακείμενος καὶ τὸ περὶ τοὺς θεοὺς ὅσιον ἀποσεμνύνων.»
| [1,22] Mais puisque vous me donnez congé de parler, et me montrez
ce premier signe d'humanité d'essayer à avoir les choses honnêtes
et raisonnables par amitié, plutôt que par force ; attendu mêmement que le
tout gît en moi, je suis contrainte de transgresser les bornes et les lois de
moi et des autres vierges aussi, faisant réponse moi-même à la demande de
monseigneur, qui me parle de mariage, et ce en une si grande assemblée de
tant d'hommes. Quant est donc à notre état, nous sommes du pays d'Ionie,
de l'une des plus nobles familles de la ville d'Éphèse, ayant père et mère. Et
pourtant que la coutume du pays porte que tels nobles enfants fassent le
service divin, il m'est échu de servir à la déesse Diane, et à ce mien frère à
Apollon. Cet honneur doit durer un an, et quand notre temps a été complet
et révolu, on nous a envoyés conduire en l'île de Délos l'appareil d'un
solennel sacrifice, là où nous devions faire célébrer des jeux de prix, tant de
lettres et de musique, que d'exercices du corps, et nous déposer de cette
dignité et charge des sacrifices, selon la coutume usitée en notre pays.
Pourquoi faire on nous avait chargé un navire d'or, d'argent, de riches
draps, et de toutes autres choses convenables à faire tournois, jeux, festins
solennels et publics. Et ainsi nous montâmes sur mer, et nous mimes à la
voile sans nos père et mère, lesquels, tant pour leur grand âge que pour le
danger de la mer et du long voyage, ne s'osèrent embarquer avec nous, et
sont demeurés en leurs maisons. Mais aucuns des bourgeois de la cité, en
grand nombre s'étaient en partie embarqués avec nous dedans le même
navire, et en partie dedans d'autres vaisseaux qu'ils avaient fait équiper
pour eux. Quand nous avons été bien avant en mer, et que nous avons eu
avancé la plus grande partie de notre voyage, il s'est levé soudain un orage
impétueux, avec tourbillons de foudre et de tempête qui ont troublé
tellement la mer que notre navire en a été dévoyé de son droit cours; en
sorte que le pilote fut contraint lui-même de céder à la violence de la
tourmente et à la force du navire, en laissant le gouvernement à la fortune.
Ainsi avons été l'espace de sept jours et autant de nuits à la merci des vents,
qui ont toujours soufflé fort impétueusement, tant qu'à la fin ils nous ont
jetés en la côte où vous nous avez pris, et là où vous avez pu voir un grand
meurtre, parce qu'une troupe de gens de marine nous est venue assaillir et
surprendre, ainsi que nous faisions le festin de joie pour notre délivrance et
salut, et se sont mis en effort de nous défaire tous pour avoir notre tien,
jusqu'à ce qu'avec la perte universelle d'eux, et de nos gens aussi, qui se
sont tous entre-tués, nous sommes demeurés nous deux tous seuls. Que
plût aux dieux que nous ne fussions point échappés, pour être si pitoyables
reliques ! Un seul bien avons nous rencontré entre tant de misères : c'est que
quelque dieu a voulu que nous fussions tombés entre vos mains : car au
lieu que nous étions en crainte de mort, vous nous faites offre et donnez
option de mariage, lequel je ne voudrais quant à moi aucunement refuser.
Car quand il n'y aurait autre chose, sinon que le Seigneur fit tant d'honneur
à son esclave et captive, que de la vouloir choisir pour son épouse, si serait-ce
un bonheur qui surmonterait toute autre prospérité de fortune ; mais qu'il
soit échu qu'un fils de Prophète, et qui est Prophète lui-même, épouse une
pucelle dévouée aux dieux, il semble que cela ne se soit point fait sans
quelque prévoyance divine. Par quoi, seigneur Thyamis, je vous requiers
un seul point : c'est que vous me permettiez que je puisse (avant que vous
épouser) aller en la prochaine ville, ou autre lieu plus voisin, où il y ait
temple et autel consacrés à Apollon, là où je puisse me déposer de la charge
des sacrifices et en quitter les marques et enseignes. Ce qui, à mon avis, sera
meilleur en la ville de Memphis, mêmement après que vous aurez recouvré
votre dignité de Pontife. Car les noces en seront plus plaisantes et plus
joyeuses, quand elles seront conjointes avec la victoire et quasi comme le
couronnement de vos glorieuses actions ; ou bien, s'il vous plaît que ce soit
devant, je laisse à votre bonne discrétion, moyennant qu'il vous plaise
seulement que j'accomplisse les saintes cérémonies usitées en notre pays.
Ce que je sais bien que vous m'octroierez, attendu (comme vous dites) que
dès votre enfance vous avez été voué au service divin, et que vous avez en
grande révérence la religion et dévotion envers les dieux.
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