Texte grec :
[11,2] Δοκεῖ δέ μοι χαλεπὸν εἶναι τῶν πλείστων τῇ τοιαύτῃ
παχύτητι τῆς διανοίας συζώντων τὸ διατεμόντας τῷ
λόγῳ καὶ χωρίσαντας τὴν ὕλην ἀπὸ τοῦ ἐπιθεωρουμένου
κάλλους αὐτὴν ἐφ´ ἑαυτῆς τοῦ καλοῦ τὴν φύσιν κατανοῆσαι.
Καὶ εἴ τις ἀκριβῶς ἐθέλοι τὴν αἰτίαν σκοπεῖν τῶν πεπλανημένων
καὶ μοχθηρῶν ὑπολήψεων, οὐκ ἄν μοι δοκεῖ ἄλλην
εὑρεῖν ἢ τὸ μὴ ἀκριβῶς ἡμῶν «γεγυμνάσθαι τὰ αἰσθητήρια
πρὸς τὴν τοῦ καλοῦ καὶ μὴ τοιούτου διάκρισιν». Διὰ
τοῦτο ἀποστάντες οἱ ἄνθρωποι τῆς περὶ τὸ ὄντως ἀγαθὸν
σπουδῆς, οἱ μὲν εἰς ἔρωτα σαρκῶν κατωλίσθησαν, οἱ δὲ
ἐπὶ τὴν ἄψυχον τῶν χρημάτων ὕλην ταῖς ἐπιθυμίαις
ἔρρεψαν· ἄλλοι ἐν τιμαῖς καὶ δόξαις καὶ δυναστείαις τὸ
καλὸν ὡρίσαντο· εἰσὶ δέ τινες οἳ περὶ τέχνας καὶ ἐπιστήμας
τινὰς ἐπτοήθησαν· οἱ δὲ ἀνδραποδωδέστεροι τούτων
λαιμὸν καὶ γαστέρα τοῦ ἀγαθοῦ ποιοῦνται κριτήρια. Εἰ
δὲ ἀποστάντες τῶν ὑλικῶν νοημάτων καὶ τῶν περὶ τὰ
φαινόμενα προσπαθειῶν ἀνεζήτουν τὴν ἁπλῆν τε καὶ ἄϋλον
καὶ ἀσχημάτιστον τοῦ καλοῦ φύσιν, οὐκ ἂν περὶ τὴν αἵρεσιν
τῶν ἐπιθυμιῶν ἐπλανήθησαν οὐδ´ ἂν τοσοῦτον ὑπὸ ταῖς
τοιαύταις ἀπάταις παρελογίσθησαν, ὡς μηδὲ τὸ πρόσκαιρον
τῆς ἐν τούτοις ἡδονῆς βλέποντας πρὸς τὴν ὑπεροψίαν
τούτων ὁδηγηθῆναι.
|
|
Traduction française :
[11,2] Il me semble difficile, tant la plupart des hommes vivent dans une telle épaisseur d'esprit, qu'ils
puissent, en retranchant par leur raison la matière et en la séparant de la beauté contemplée,
comprendre la nature même du beau en elle-même. Et si l'on veut examiner exactement la cause
des opinions erronées et fallacieuses, on n'en trouverait pas d'autre, me semble-t-il, que celle-ci:
nos sens n'ont pas été exercés à discerner exactement le beau de ce qui ne l'est pas. C'est
pourquoi les hommes se sont éloignés du souci du vrai bien: ceux-ci ont glissé dans un amour la
chair, ceux-là sous l'influence de leurs désirs ont incliné vers la matière inanimée des richesses;
d'autres ont situé le Beau dans les honneurs, la gloire, la puissance; il en est qui se passionnèrent
pour des techniques et des sciences; des gens plus serviles encore érigent leur gosier et leur
ventre en critères du Bien. Si, en s'éloignant des pensées matérielles et de leur attachement
passionné à ce qui paraît, ils avaient recherché la nature simple, immatérielle et sans figure du
Beau, ils n'auraient pas erré dans le choix de leurs désirs et ne se seraient pas laissés égarer à ce
point par de telles tromperies que, même à la vue de ce qu'a d'éphémère le plaisir offert par ces
biens, ils ne peuvent être conduits à les mépriser.
|
|