Texte grec :
[3,10] Ἀλλὰ καιρὸς ἂν εἴη, ἐπειδὴ τὰ τῶν εὐθυμούντων ἐκ
μέρους ἐξήτασται, καὶ τοὺς ἑτέρους ἐποπτεῦσαι βίους τῷ
λόγῳ, οἷς καὶ πενίαι καὶ δυσκληρίαι καὶ αἱ λοιπαὶ τῶν
ἀνθρωπίνων παθῶν συμφοραὶ παραπεπήγασιν, οἷον πηρώσεις
τε καὶ νόσοι καὶ ὅσα τοιαῦτα τῇ ἀνθρωπίνῃ ζωῇ
συγκεκλήρωται. Ἐν οἷς ἅπασιν ὁ μὲν καθ´ ἑαυτὸν ζῶν ἢ
διαφεύγει τὴν πεῖραν ἢ ῥᾷον διαφέρει τὴν συμφοράν,
συγκεκροτημένην ἔχων περὶ ἑαυτὸν τὴν διάνοιαν καὶ πρὸς
οὐδὲν ἄλλο ταῖς φροντίσι περιελκόμενος· ὁ δὲ πρὸς γυναῖκα
καὶ τέκνα μεμερισμένος οὐδὲ σχολὴν ἄγει πολλάκις τοῖς
ἰδίοις ἐπιστενάξαι κακοῖς, τῆς τῶν φιλτάτων φροντίδος
τὴν καρδίαν περιηχούσης. Ἢ τάχα περιττόν ἐστι τοῖς
ὁμολογουμένοις ἐνδιατρίβειν τῷ λόγῳ; Εἰ γὰρ τοῖς δοκοῦσιν
εἶναι καλοῖς τοσοῦτος πόνος καὶ ταλαιπωρία συνέζευκται,
τί ἄν τις περὶ τῶν ἐναντίων στοχάσαιτο; Ἦ που πᾶσα
λόγου ὑπογραφὴ τῆς ἀληθείας ἐλάττων ἐστὶ τὸν βίον
αὐτῶν ὑπ´ ὄψιν ἀγαγεῖν ἐπιχειροῦσα, ἀλλ´ ἔστιν ἴσως δι´
ὀλίγου τὸ πολὺ τῆς κατὰ τὴν ζωὴν ἀηδίας ἐνδείξασθαι,
ὅτι ἐναντίως πρὸς τοὺς εὐημερεῖν δοκοῦντας συγκεκληρωμένοι
τῷ βίῳ καὶ τὰς λύπας ἀπὸ τῶν ἐναντίων ἔχουσι.
Τοῖς μὲν γὰρ εὐθυμοῦσι ταράσσει τὸν βίον ὁ προσδοκώμενος
ἢ καὶ παραγινόμενος θάνατος, τούτοις δὲ συμφορά
ἐστιν ἡ ἀναβολὴ τοῦ θανάτου· καὶ ὁ μὲν βίος αὐτοῖς ἐκ
διαμέτρου πρὸς τὸ ἐναντίον διέστηκεν, ἡ δὲ ἀθυμία πρὸς
τὸ αὐτὸ πέρας ἀμφοτέροις συμφέρεται.
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Traduction française :
[3,10] Mais ce serait le moment, puisqu'on a passé sommairement en revue la condition des gens qui
goûtent la joie de vivre, d'observer aussi dans ce traité les autres existences auxquelles toutes
sortes de pauvretés, de malchances, et le reste des malheurs des souffrances humaines sont
attachés: atrophies d'un membre, maladies et toutes choses du même genre, lot de la vie
humaine. Le célibataire, vivant en lui-même, ou échappe à ces expériences ou triomphe plus
aisément du malheur, car il tient sa pensée recueillie sur lui-même et n'a pas de soucis pour le
distraire vers autre chose. Celui au contraire qui est partagé pour une femme et des enfants
souvent n'a pas même le loisir de gémir sur ses propres maux, car le souci des êtres très chers
retentit autour de son coeur. Peut-être est-il superflu de s'attarder dans ce traité à des faits sur
lesquels tous tombent d'accord. Car si tant de peine et de misère se marie à des choses qui
semblent belles, que ne peut-on conjecturer de leurs contraires! Certes toute ébauche de discours
reste en dessous de la vérité, qui tente de mettre sous les yeux le genre de vie de ces êtres
défavorisés, mais peut-être est-il possible de montrer brièvement les principaux désagréments qui
accablent leur vie, puisque, s'ils ont reçu en partage un genre de vie contraire à ceux qui semblent
jouir de la prospérité, leurs tristesses aussi leur viennent d'objets contraires. En effet chez les gens
qui goûtent la joie de vivre, c'est la perspective de la mort ou son imminence qui jette le trouble
dans la vie, mais chez les autres, le malheur vient de ce que la mort se fait attendre: leurs vies
s'opposent diamétralement, mais l'inquiétude des uns et des autres se porte sur le même terme.
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