Texte grec :
[3,8] Καίτοι πολλὰ τῶν σκυθρωποτέρων ὁ λόγος ἐπιτρέχων
παρέλιπε. Πολλάκις γὰρ κἀκείνη ἔτι νέα τῷ σώματι, ἔτι
τῇ νυμφικῇ ἀγλαΐᾳ στίλβουσα, ἔτι τυχὸν ἐρυθριῶσα τοῦ
νυμφίου τὴν εἴσοδον καὶ μετὰ αἰδοῦς ὑποβλέπουσα, ὅτε
καὶ θερμοτέρους εἶναι συμβαίνει τοὺς πόθους ὑπ´ αἰσχύνης
πρὸς τὸ ἐκφανῆναι κωλυομένους, ἐξαίφνης χήρα καὶ ἀθλία
καὶ ἔρημος καὶ πάντα τὰ φευκτὰ μεταλαμβάνει ὀνόματα
καὶ τὴν τέως λαμπρὰν καὶ λευχείμονα καὶ περίβλεπτον
ἀθρόως καταμελαίνει προσπεσοῦσα ἡ συμφορά, καὶ περιβάλλει
τῷ πένθει τὸν νυμφικὸν κόσμον ἀποσυλήσασα. Εἶτα
ζόφος ἀντὶ τῆς ἐν παστάδι λαμπρότητος καὶ θρηνῳδοὶ τὰς
οἰμωγὰς ἐπιτείνουσαι καὶ μῖσος κατὰ τῶν ἐπιχειρούντων
πραΰνειν τὰ πάθη, ἀπέχθεια σιτίων, τηκεδὼν σώματος,
κατήφεια ψυχῆς, ἐπιθυμία θανάτου καὶ μέχρις αὐτοῦ τοῦ
θανάτου πολλάκις ἰσχύσασα. Ἐὰν δὲ καὶ πεφθῇ πως τῷ
χρόνῳ ἡ συμφορά, πάλιν ἄλλη συμφορά, εἴτε ὑπάρχει
τέκνα εἴτε καὶ μή. Ὄντα μὲν γὰρ ὀρφανὰ πάντως ἐστί,
καὶ διὰ τοῦτο ἐλεεινὰ καὶ δι´ ἑαυτῶν τὸ πάθος ἀνακαινίζοντα·
εἰ δὲ μὴ εἴη, πρόρριζον οἴχεται τὸ τοῦ κατοιχομένου
μνημόσυνον καὶ τὸ κακὸν ὑπὲρ παραμυθίαν ἐστίν.
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Traduction française :
[3,8] Et encore notre discours a-t-il omis au passage des choses plus tristes. Car souvent l'épouse,
encore adolescente, encore resplendissante de la beauté nuptiale, encore rougissante peut-être à
l'approche de son époux et baissant les yeux avec pudeur quand se font parfois sentir plus brûlants
ces désirs qu'une honte empêche de manifester, souvent l'épouse devenue subitement veuve,
malheureuse, isolée, reçoit en échange tous ces noms abhorrés, et cette jeune femme jusque-là
brillante, vêtue de blancheur, entourée d'admirateurs, voici que le malheur qui a fondu sur elle la
plonge d'un coup dans les ténèbres et la revêt de deuil, après l'avoir dépouillée de la parure
nuptiale. Dès lors voici l'obscurité au lieu de l'éclat de la chambre nuptiale, les pleureuses traînant
en longueur leurs gémissements, l'aversion pour ceux qui essaient de calmer ses souffrances, le
dégoût de la nourriture, le dépérissement du corps, l'abattement de l'âme, le désir de mourir
entraînant même souvent jusqu'à la mort elle-même. Et si, à force de temps, elle a réussi pour
ainsi dire à digérer son malheur, de nouveau un autre malheur se présente, qu'il existe des enfants
ou non. Car s'il y en a, ils sont du moins orphelins, et donc dignes de pitié, et par eux la douleur se
renouvelle; s'il n'y en a pas, le souvenir du défunt disparaît, arraché jusqu'à la racine, et le mal
défie toute consolation.
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