Texte grec :
[3,5] Ἐῶ σημεῖα καὶ ὀνείρους καὶ κληδόνας καὶ τοὺς
τοιούτους λήρους, πάντα ὑπὸ ματαίας συνηθείας παρατηρούμενα
καὶ πρὸς τὸ χεῖρον ὑποπτευόμενα. Ἀλλὰ
καιρὸς ὠδίνων τὴν παῖδα καταλαμβάνει καὶ οὐχὶ παιδὸς
γένεσις, ἀλλὰ θανάτου παρουσία τὸ πρᾶγμα νομίζεται καὶ
θάνατος τῆς κυοφορούσης διὰ τοῦ τόκου ἐλπίζεται. Πολλάκις δὲ
καὶ τῆς πονηρᾶς ταύτης μαντείας οὐ διεψεύσθησαν,
ἀλλὰ πρὶν ἑορτάσαι τὴν γενέθλιον ἑορτήν, πρίν τινος τῶν
κατ´ ἐλπίδας ἀγαθῶν ἀπογεύσασθαι, εὐθὺς εἰς θρῆνον τὴν
χαρὰν μεθηρμόσαντο. Ἔτι τῷ φίλτρῳ ζέοντες, ἄρτι τοῖς
πόθοις ἀκμάζοντες, οὔπω τῶν κατὰ τὸν βίον ἡδίστων
λαβόντες τὴν αἴσθησιν, ὥσπερ τινὸς ἐνυπνίου φαντασίᾳ,
πάντων ἀθρόως τῶν ἐν χερσὶν ἐχωρίσθησαν. Τὰ δὲ ἐπὶ τούτοις οἷα;
Πορθεῖται μὲν ὑπὸ τῶν οἰκείων ὡς ὑπὸ πολεμίων ὁ θάλαμος,
καλλωπίζεται δὲ ἀντὶ τοῦ θαλάμου διὰ
τοῦ τάφου ὁ θάνατος. Ἀνακλήσεις ἐπὶ τούτων ἀνόνητοι
καὶ μάταιοι χειρῶν κρότοι, ἀναμνήσεις τοῦ προτέρου
βίου, κατάραι κατὰ τῶν συμβουλευσάντων τὸν γάμον,
μέμψεις κατὰ τῶν μὴ κωλυσάντων φίλων, ἐν αἰτίᾳ πολλῇ
οἱ γονεῖς ἄν τε περιόντες τύχωσιν ἄν τε καὶ μή, ἀγανάκτησις
κατὰ τῆς ἀνθρωπίνης ζωῆς, κατηγορία πάσης
τῆς φύσεως, κατ´ αὐτῆς τῆς θείας οἰκονομίας μέμψεις
πολλαὶ καὶ ἐγκλήματα, μάχη πρὸς ἑαυτόν, πόλεμος κατὰ
τῶν νουθετούντων, οὐδεὶς τῶν ἀτοπωτάτων ὄκνος οὔτε
ῥημάτων οὔτε πραγμάτων. Πολλάκις δέ, οἷς ἂν ὑπερανίσχῃ
τὸ πάθος καὶ περισσοτέρως καταποθῇ ὁ λογισμὸς ὑπὸ
τῆς λύπης, εἰς πικρότερον πέρας ἡ τραγῳδία κατέληξεν,
οὐδὲ τοῦ περιλειφθέντος ἐπιβιῶναι τῇ συμφορᾷ δυνηθέντος.
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Traduction française :
[3,5] Je laisse les signes, les songes, les présages et autres radotages de l'accouchement du
même genre, toutes choses que la pression d'un vain usage fait observer avec superstition et
appréhender dans le sens le plus défavorable. Mais voici qu'arrive pour la jeune femme l'heure
critique de l'enfantement: on entrevoit dans cet événement non la naissance d'un enfant mais
l'arrivée de la mort, et l'on redoute que la parturiente ne meure dans l'accouchement ; ils trouvent
même que cette divination du malheur ne les a pas trompés, et avant de fêter la naissance, avant de
goûter à aucun des biens espérés, tout de suite, ils ont changé leur joie en lamentation funèbre.
Encore dans l'effervescence de l'amour, dans le paroxysme même des désirs, avant d'avoir
éprouvé les suprêmes douceurs de ce genre de vie, comme dans les imaginations d'un rêve, ils ont
été séparés d'un coup de tout ce qu'ils tenaient en mains. Et après cela, que se passera-t-il? La
chambre nuptiale est saccagée par les familiers comme par des ennemis, et ce qui est paré, au lieu
de la chambre nuptiale, c'est la mort, et par un tombeau! Là-dessus, appels inutiles et vains
battements de mains, évocations de la vie passée, imprécations contre ceux qui ont conseillé le
mariage; reproches aux amis qui ne l'ont pas empêché, graves imputations chargeant les parents
encore vivants ou non, emportement contre la vie humaine, accusation contre la nature entière,
nombreux reproches et griefs contre la Prvidence divine elle-même, lutte avec lui-même, guerre
contre ceux qui le réprimandent, aucune hésitation devant les pires extravagances soit en paroles,
soit en actes. Souvent chez ceux qui se sont laissés dominer par l'affliction et dont la tristesse a
monstrueusement englouti la raison, la tragédie en est arrivée à une extrémité plus cruelle: le
conjoint qui reste n'a même pas pu survivre au malheur.
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