Texte grec :
[23,6] Εἰ δὲ ζητεῖς τὰ γνωρίσματα, δι´ ὧν οὐκ ἔστιν ἁμαρτεῖν
τοῦ ἀγαθοῦ ὑποδείγματος, εὔκολος ἡ ὑπογραφή.
Ἐὰν ἴδῃς βίον ἀνδρὸς ἐν μέσῳ θανάτου καὶ ζωῆς
ἐνδεικνύμενον, μήτε παντελῶς πρὸς τὸν θάνατον τετραμμένον,
μήτε ὅλῳ τῷ ποδὶ ἐπὶ τῆς ζωῆς βεβηκότα, ἀλλ´ ἐν οἷς
μὲν σαρκὸς ζωὴ δοκιμάζεται τοῖς νεκροῖς ἐναρίθμιον, πρὸς
δὲ τὰ τῆς ἀρετῆς ἔργα, δι´ ὧν οἱ «τῷ πνεύματι ζῶντες»
ἐπιγινώσκονται, ἀληθῶς ἔμψυχον καὶ ἐνεργὸν καὶ ἰσχύοντα,
πρὸς τοῦτον βλέπε τὸν κανόνα τοῦ βίου· τοῦτον τέθεικε
σκοπὸν ὁ θεὸς τῇ ἡμετέρᾳ ζωῇ. Ὄψει δὲ οὐχ ἕνα μόνον,
ἀλλὰ χορὸν ἁγίων ὑπὸ καθηγεμόνι τῷ κορυφαίῳ ταττόμενον,
τοὺς μίμησιν τοῦ κατωρθωκότος ποιουμένους.
Ἐν οἷς πολλοὶ ταῖς ἡλικίαις νεάζοντες ἐν τῷ καθαρῷ τῆς
σωφροσύνης ἐπολιώθησαν, φθάσαντες τῷ λογισμῷ τὸ
γῆρας καὶ τρόπῳ τὸν χρόνον ὑπερβαλλόμενοι, οἳ τὸν τῆς
σοφίας ἔρωτα σφοδρότερον καὶ βιαιότερον τῶν σωματικῶν
ἡδονῶν ἐπεδείξαντο, οὐχ ὅτι φύσεως ἑτέρως εἶχον—ἐν
ἅπασι γὰρ «ἡ σὰρξ ἐπιθυμεῖ κατὰ τοῦ πνεύματος»—,
ἀλλ´ ἐπειδὴ καλῶς ἤκουσαν τοῦ εἰπόντος, ὅτι ἡ σωφροσύνη
«ξύλον ἐστὶ ζωῆς πᾶσι τοῖς ἀντεχομένοις αὐτῆς». Ἐπὶ
τούτου τοῦ ξύλου τὸν τῆς νεότητος κλύδωνα ὥσπερ ἐπὶ
σχεδίας τινὸς διαπλεύσαντες εἰς τὸν λιμένα τοῦ θελήματος
τοῦ θεοῦ καθωρμίσθησαν, καὶ νῦν ἐν εὐδίᾳ καὶ γαλήνῃ
τὴν ψυχὴν ἀκύμαντον ἔχουσι, μακαριστοὶ τῆς εὐπλοΐας,
οἳ τὸ καθ´ ἑαυτοὺς ἐπὶ τῆς ἀγαθῆς ἐλπίδος ὥσπερ ἐπί τινος
ἀσφαλοῦς ἐβεβαίωσαν ἀγκύρας, οἳ πόρρω τῆς τῶν κυμάτων
ταραχῆς ἀτρεμοῦσι, καθάπερ πυρσούς τινας ἀπὸ ὑψηλῆς
φρυκτωρίας τὴν τῶν ἰδίων βίων λαμπρότητα τοῖς ἑπομένοις
προέθηκαν. Οὐκοῦν ἔχομεν πρὸς ὃν ἀποβλέψαντες ἀσφαλῶς
τὸν κλύδωνα τῶν πειρασμῶν διαπλεύσωμεν.
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Traduction française :
[23,6] Si tu cherches les signes distinctifs qui permettent de ne pas se méprendre sur le bon modèle,
facile est la description.
Si tu vois un homme qui, par sa conduite, se montre au milieu de la mort et de la vie, qui ne soit ni
totalement tourné vers la mort, ni non plus engagé à fond dans la vie, mais qui, dans les oeuvres
où la vie de la chair fait ses preuves, compte au nombre des morts, tandis que, dans les oeuvres
de la vertu où se font connaître ceux qui vivent par l'esprit, tu le vois véritablement vivant, actif et
vigoureux, regarde vers cette règle de conduite: Dieu a proposé cet homme comme modèle a notre
vie. Et tu verras non pas une personne unique, mais un choeurs de saints, rangés sous la direction
de ce coryphée, appliqués à imiter celui qui a pratiqué avec succès la vertu.
Si tu vois un homme, qui, par sa conduite, se tient au milieu de la mort et de la vie, si tu le vois
choisir de part et d'autre ce qui est utile pour philosopher, sans accueillir dans son ardeur pour les
commandements l'inertie de la mort, ni s'engager à fond dans la vie parce qu'il est étranger aux
convoitises mondaines; mais si, dans les oeuvres où la vie de la chair fait ses preuves, tu le vois
demeurer plus inerte que les morts, et si, dans les oeuvres de la vertu où se font connaître ceux
qui vivent par l'esprit, tu le vois véritablement vivant, actif et vigoureux, regarde vers cette règle
de conduite. Qu'il soit pour toi un modèle de la vie divine, comme pour les pilotes celles des étoiles
qui demeurent toujours visibles. Imite de celui-ci et la vieillesse chenue et la jeunesse; imite plutôt
ce qu'il montre de la vieillesse en l'adolescence et de la jeunesse en la vieillesse. Le temps en effet
n'a point affaibli la robustesse de son âme ni son efficacité, quand son âge inclinait déjà vers la
vieillesse; sa jeunesse ne se montrait point non plus active dans les choses où la jeunesse se
signale par son activité; mais il y avait un mélange merveilleux de ce que l'un et l'autre âge offrent
d'éléments contraires, ou plutôt un échange de leurs propriétés: dans la vieillesse, la force se
montrant jeune pour le bien, dans l'adolescence, la jeunesse devenant inerte pour le mal. Et si tu
recherches aussi les amours de cet âge, imite la violence et la flamme du divin amour de la
sagesse, avec lequel il a grandi depuis l'enfance et tenu bon jusqu'à la vieillesse. Si tu ne peux
regarder vers lui, comme ne peuvent regarder vers le soleil ceux qui souffrent des yeux, fixe tes
regards sur le choeur des saints rangés sous son autorité, eux dont la vie brille pour être imitée de
chaque âge. Dieu a proposé cet homme comme modèle à notre vie.
Il s'en trouve beaucoup parmi eux qui, malgré la jeunesse de leur âge, sont devenus tout chenus
par la pureté de leur chasteté, devançant la vieillesse par leur raison et en quelque manière
transcendant le temps : ils ont fait preuve d'un amour plus violent et plus véhément pour la
sagesse que pour les plaisirs corporels, non qu'ils fussent d'une autre nature - en tous "la chair a
des désirs contraires à ceux de l'esprit" (Ga 5,17) - mais parce qu'ils ont parfaitement écouté celui
qui a dit: la chasteté est "un arbre de vie pour tous ceux qui s'y attachent". (Pr 3,18). Sur cet
arbre, traversant comme sur un radeau la houle de jeunesse, ils ont abordé au port de la volonté
divine; ils tiennent maintenant leur âme tranquille dans calme et la sérénité, bienheureux de leur
excellente navigation: eux qui ont affermi leurs intérêts sur la bonne espérance comme sur une
ancre solide et qui se retiennent impavides loin du trouble des flots, ils ont proposés à ceux qui les
suivent l'éclat de leur propre vie, comme des signaux de feu lancés par un fanal situé sur une
hauteur. Ainsi donc nous avons un point de mire sur lequel fixer nos yeux pour traverser avec
sécurité la houle des tentations.
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