Texte grec :
[3] καὶ εἴθε δυνατὸν ἦν τοιούτους ἐξευρεῖν τινας
λόγους, οἵους ὁ μέγας Ἰερεμίας τῇ συμφορᾷ ποτε τῶν
Ἰσραηλιτῶν ἐπεθρήνησεν. ἐκείνων γὰρ ἄξια τὰ παρόντα
μᾶλλον ἢ εἴ τι τῶν ἀρχαίων ἐν σκυθρωποῖς μνημονεύεται.
χαλεπὰ τὰ τοῦ Ἰὼβ διηγήματα· ἀλλὰ τί χρὴ πρὸς τοσοῦτον
κακὸν ἀντεξαγαγεῖν μιᾶς οἰκίας εὐαρίθμητα πάθη; κἂν τὰ
μεγάλα καὶ κοινότερα τῶν κακῶν διεξέλθῃς, σεισμοὺς καὶ
πολέμους καὶ ἐπικλύσεις καὶ χάσματα, μικρὰ καὶ ταῦτα εἰ
πρὸς τὰ παρόντα κρίνοιτο. διὰ τί; ὅτι οὐ πάσης ἀθρόως τῆς
οἰκουμένης ἡ κατὰ πόλεμον ἅπτεται συμφορά, ἀλλὰ τὸ
μέν τι πολεμεῖται αὐτῆς, τὸ δὲ εἰρηνεύεται. μέρος τι πάλιν ἢ
σκηπτὸς ἐπέφλεξεν ἢ τὸ ὕδωρ ἐπέκλυσεν ἢ κατεπόθη τῷ
χάσματι. τὸ δὲ παρὸν κακὸν πάσης ἀθρόως τῆς οἰκουμένης
ἐστὶ πληγή· οὐκ ἔστιν ἔθνος ἓν ἢ πόλιν μίαν ἀπολοφύρασθαι,
ἀλλ´ ἁρμόζει τάχα τὴν τοῦ Ναβουχοδονοσὸρ προέσθαι
φωνήν, ἣν πρὸς τοὺς ὑποχειρίους πεποίηται· Ὑμῖν λέγω,
λαοί, φυλαί, γλῶσσαι. μᾶλλον δὲ συγχωρήσατέ μοι προσθεῖναί
τι τῷ Ἀσσυρίῳ κηρύγματι καὶ μεγαλοφωνότερον
(p. 478) ἀνακηρῦξαι τὴν συμφορὰν καὶ εἰπεῖν, ὡς ἄν τις ἐπὶ
σκηνῆς ἀναβοήσας εἴποι· ὦ πόλεις καὶ δῆμοι καὶ ἔθνη
καὶ σύμπασα γῆ καὶ τῆς θαλάσσης ὅσον τε πλόϊμον
καὶ ὅσον οἰκούμενον, ὦ πάσης τῆς καθ´ ἡμᾶς οἰκουμένης
ὅσον τῷ σκήπτρῳ τῆς βασιλείας εὐθύνεται, ὦ πάντες οἱ
πανταχόθεν ἄνθρωποι, κοινῇ τῷ πάθει ἐπιστενάξατε, κοινῇ
τοῦ θρήνου τὴν συνῳδίαν στήσασθε, κοινῇ τὴν πάντων
ζημίαν ἀπολοφύρασθε.
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Traduction française :
[3] Ah ! mes frères, si je pouvais trouver quelques-unes de ces paroles dont se servait le grand
Jérémie pour déplorer les malheurs dIsraël, elles seraient plus justes dans cette circonstance
que dans tous les malheurs dont lantiquité nous a laissé le souvenir. Elles sont bien tristes et
bien affligeantes, les calamités qui, daprès lEcriture, fondirent sur le malheureux Job. Mais
faut-il comparer ces quelques revers dune famille avec la perte immense que nous venons de
faire ? Opposez même des désastres plus terribles et plus nombreux : des tremblements de
terre, des guerres, des inondations, des précipices entrouverts, et tous ces fléaux seront peu de
choses si nous les comparons aux malheurs présents. Pourquoi, mes frères ? Cest quune
guerre nest pas un fléau qui mette en danger tout lunivers, car, tandis quun peuple en subit
toutes les horreurs, lautre jouit des douceurs de la paix. Allons plus loin : supposez que la
foudre est tombée, quelle a occasionné un violent incendie ; que les eaux se sont débordées et
ont ravagé nos campagnes ; quun abîme sest entrouvert et a englouti une portion du globe ;
pensez-vous que ces catastrophes seraient plus terribles que le malheur qui vient de nous
atteindre ; malheur qui afflige tout lunivers ? Ce nest plus une cité, ce nest plus une nation
qui fait entendre ses gémissements, cest lunivers entier ; aussi, pour lexprimer, permettez-moi de faire entendre ces paroles que Nabuchodonosor emploie quand il appelle ses sujets : Je
vous le dis donc, peuples, de quelque tribu et de quelque langue que vous soyez, et si josais
ajouter quelque chose au langage du héraut assyrien pour donner plus de forme à ma voix,
pour raconter plus haut la nouvelle de notre malheur, je mécrierais comme sur un théâtre :
cités, peuples, nations, océans parcourus par les vaisseaux, terres habitées par les hommes, et
vous contrées soumises au sceptre de lempire, et vous, peuples accourus de toutes les parties
du monde, gémissez et pleurez de ce malheur, mêlez vos lamentations comme les voies dun
concert, et déplorez tous ensemble la perte que nous faisons.
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