HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Grégoire de Nysse, Éloge funèbre de Pulchérie

εἰκὸς



Texte grec :

[10] ταῦτα πάντως ἂν καὶ τὰ τοιαῦτα διεξῄει ἡ Σάρρα, εἰ μὴ ἐκεῖνα τοῖς ὀφθαλμοῖς ἔβλεπεν, ἅπερ ἡμῖν ἐστιν ἀθέατα. ᾔδει γὰρ ὅτι τὸ τέλος τῆς ἐν σαρκὶ ζωῆς ἀρχὴ τοῦ θειοτέρου βίου τοῖς μεταστᾶσι γίνεται· καταλείπει σκιάς, καταλαμβάνει ἀλήθειαν, ἀφίησιν ἀπάτας καὶ πλάνας καὶ θορύβους, καὶ εὑρίσκει ἐκεῖνα τὰ ἀγαθά, ἃ ὑπὲρ ὀφθαλμόν τε καὶ ἀκοὴν καὶ καρδίαν ἐστίν· οὔτε ἔρως αὐτὸν ἀνιάσει οὔτε ἐπιθυμία ῥυπαρὰ διαστρέψει, οὐχ ὑπερηφανία χαυνώσει, οὐκ ἄλλο τι πάθος τῶν λυπούντων τὴν ψυχὴν ἐνοχλήσει, ἀλλὰ πάντα γίνεται αὐτῷ ὁ θεός. διὰ τοῦτο προθύμως δίδωσι τῷ θεῷ τὸν παῖδα. τί δὲ ὁ μέγας Ἰώβ; ὅτε αὐτῷ γυμνωθέντι πάντων τῶν περιόντων ἀθρόως, πρὶν ἐπὶ ταῖς προλαβούσαις πληγαῖς τὴν ψυχὴν ἀναλέξασθαι, ἡ τελευταία κατεμηνύθη πληγή, πῶς ἐδέξατο τὴν ἐπὶ τοῖς παισὶ συμφοράν; τρεῖς αὐτῷ θυγατέρες ἦσαν, καὶ παῖδες ἑπτά. μακαριστὸς ἦν τῆς εὐπαιδίας· τοσοῦτοι γὰρ ὄντες εἷς ἦσαν οἱ πάντες τῇ μετ´ ἀλλήλων στοργῇ οὐ διῃρημένως καθ´ (p. 470) ἑαυτὸν ἕκαστος βιοτεύοντες, ἀλλὰ πάντες παρ´ ἀλλήλους φοιτῶντες διὰ τῆς ἐγκυκλίου φιλοφροσύνης διετέλουν εὐφραίνοντες ἀλλήλους ἐν τῷ μέρει καὶ εὐφραινόμενοι. καὶ δῆτα καὶ τότε κατὰ περίοδον παρὰ τῷ πρεσβυτέρῳ τῶν ἀδελφῶν ἦν τὸ συμπόσιον· πλήρεις οἱ κρατῆρες, πλήρης τῶν ἐδωδίμων ἡ τράπεζα, ἐν χερσὶν αἱ κύλικες, θεάματα ὡς εἰκὸς ἐπὶ τούτοις καὶ ἀκροάματα καὶ πᾶσαι θυμηδίαι συμποτικαί· προπόσεις, φιλοφροσύναι, παίγνια, μειδιάματα· πάντα ὅσα εἰκὸς ἐν συνόδῳ νέων ἐφ´ ἑστίας ἁβρύνεσθαι. τί οὖν ἐπὶ τούτοις; ἐν ἀκμῇ τῆς ἀπολαύσεως τῶν ἡδίστων ἐπισεισθέντος αὐτοῖς τοῦ ὀρόφου τάφος τῶν δέκα παίδων τὸ συμπόσιον γίνεται, καὶ τοῖς αἵμασι τῶν νέων ὁ κρατὴρ καταμίγνυται, καὶ τὰ ἐδώδιμα τῷ ἐκ τῶν σωμάτων λύθρῳ κατεμολύνετο. τοιαύτης συμφορᾶς τῷ Ἰὼβ ἀγγελθείσης (θέασαί μοι τῷ λόγῳ τὸν ἀθλητήν, οὐχ ἵνα θαυμάσῃς μόνον τὸν νικητήν, μικρὸν γὰρ τὸ ἐκ τοῦ θαύματος κέρδος, ἀλλ´ ἵνα ζηλώσῃς ἐν τοῖς ὁμοίοις τὸν ἄνδρα καί σοι γένηται παιδοτρίβης ὁ ἀθλητής, τῷ καθ´ ἑαυτὸν ὑποδείγματι πρὸς ὑπομονὴν καὶ ἀνδρείαν τὴν ψυχὴν ἀλείφων ἐν καιρῷ τῆς τῶν πειρασμῶν συμπλοκῆς), τί οὖν ἐποίησεν ὁ ἀνήρ; ἆρά τι δυσγενὲς καὶ μικρόψυχον ἢ εἶπε τῷ ῥήματι ἢ διὰ σχήματος ἐνεδείξατο ἢ παρειὰν ἀμύξας τοῖς ὄνυξιν ἢ τρίχας τῆς κεφαλῆς ἀποτίλας ἢ κόνιν καταπασάμενος ἢ τὰ στήθη ταῖς χερσὶ μαστιγώσας ἢ ἐπὶ γῆν ἑαυτὸν ῥίψας ἢ θρηνῳδοὺς ἑαυτῷ περιστήσας ἢ ἀνακαλῶν τὰ τῶν κατοιχομένων ὀνόματα καὶ ἐποιμώζων τῇ μνήμῃ; οὐκ ἔστι τούτων οὐδέν. ἀλλ´ ὁ μὲν τῶν κακῶν μηνυτὴς τὴν κατὰ τοὺς παῖδας συμφορὰν διηγήσατο, ὁ δὲ ὁμοῦ τε ἤκουσε καὶ εὐθὺς περὶ τῆς τῶν ὄντων ἐφιλοσόφει φύσεως, πόθεν τὰ ὄντα λέγων καὶ παρὰ τίνος εἰς γένεσιν ἄγεται καὶ τίνα εἰκὸς τῶν ὄντων ἐπιστατεῖν· Ὁ κύριος ἔδωκεν, ὁ κύριος ἀφείλετο. ἐκ θεοῦ, φησί, τοῖς ἀνθρώποις (p. 471) ἡ γένεσις, καὶ πρὸς αὐτὸν ἡ ἀνάλυσις· ὅθεν παρῆκται, πρὸς ἐκεῖνο καὶ ἀναλύεται. θεὸς οὖν ὁ τοῦ διδόναι τὴν ἐξουσίαν ἔχων, ὁ αὐτὸς ἔχει καὶ τοῦ ἀφαιρεῖσθαι τὴν ἐξουσίαν· ἀγαθὸς ὢν ἀγαθὰ βουλεύεται, σοφὸς ὢν τὸ συμφέρον ἐπίσταται. Ὡς τῷ κυρίῳ ἔδοξεν (ἔδοξε δὲ πάντως καλῶς), οὕτως καὶ ἐποίησεν· Εἴη τὸ ὄνομα κυρίου εὐλογημένον. Ὁρᾷς πόσον τὸ ὕψος τῆς τοῦ ἀθλητοῦ μεγαλοφυΐας· τὸν τῆς θλίψεως καιρὸν εἰς ἐπίσκεψιν τῆς περὶ τῶν ὄντων φιλοσοφίας μετέστησεν. ᾔδει γὰρ ἀκριβῶς, ὅτι ἡ ὄντως ζωὴ δι´ ἐλπίδος ἀπόκειται, ἡ δὲ παροῦσα ζωὴ οἱονεὶ σπέρμα τῆς μελλούσης ἐστίν. πολὺ δὲ διενήνοχε τῶν παρόντων τὰ προσδοκώμενα, ὅσον διαφέρει ὁ στάχυς τοῦ κόκκου ὅθεν ἐκφύεται. ὁ νῦν βίος ἀναλογεῖ πρὸς τὸν κόκκον, ὁ δὲ προσδοκώμενος βίος ἐν τῷ κάλλει τοῦ στάχυος δείκνυται· Δεῖ γὰρ τὸ φθαρτὸν τοῦτο ἐνδύσασθαι ἀφθαρσίαν, καὶ τὸ θνητὸν τοῦτο ἐνδύσασθαι ἀθανασίαν.

Traduction française :

[10] Oui, mes frères, voilà quel eût été le langage de Sara si elle n’avait contemplé les biens qui se dérobent à nos regards. Mais elle savait qu’à la fin de cette vie commencent les jours de la félicité bienheureuse pour ceux qui s’en sont occupés sur la terre : qu’on abandonne dans ce grand jour le règne des ténèbres pour jouir de la lumière, et qu’alors les erreurs, les tentations et les orages de ce monde sont dissipés. Elle savait qu’à la mort l’âme entre en possession de cette récompense que l’oeil n’a pas vue, que l’oreille n’a pas entendue, que le coeur de l’homme n’a pas pu concevoir, de cette demeure où l’amour ne causera plus ses tourments, où les passions honteuses cesseront de nous combattre, et où l’orgueil n’aura plus de puissance ; elle était fortement pénétrée que là nous n’avons plus à redouter ces maux et ces inquiétudes qui s’abattent sur le coeur de l’homme, mais que tout s’unit à Dieu. Et voilà pourquoi elle fait à Dieu, sans se plaindre le sacrifice de son fils. Que vous dirai-je de Job ? On lui annonce coup sur coup la perte de ses possessions et de ses immenses richesses ; et à peine a-t-il pu recueillir toutes ses forces pour supporter tant de revers qu’un dernier message lui apporte la terrible nouvelle de la mort de ses enfants. Eh bien ! mes frères, comment la reçoit-il ? On vantait son sort de père, et certes, il était digne d’envie, quand on voyait les belles qualités de sa famille et l’espoir qu’elle donnait d’une longue postérité. Il avait trois filles et sept fils, et tous, étroitement unis par l’amitié, n’avaient qu’un seul et même coeur ; jamais séparés, mais toujours ensemble, ils vivaient les uns chez les autres, se recevant chacun à son tour ; en sorte que leur vie s’écoulait dans cet échange continuel de devoirs, et au milieu de ce plaisir réciproque que l’on éprouve à visiter et à recevoir. C’est de cette manière qu’ils étaient un jour réunis à la table chez le frère aîné. Les jeux, les plaisanteries et la gaieté présidaient au festin, puisqu’ils n’avaient qu’un même goût, une même volonté, et que les habitudes de l’un étaient celles de l’autre ; déjà sans doute ils se livraient à la joie, aux rires et à cette aimable liberté qui règne dans un festin de jeunes gens disposés aux plaisirs d’une fête. Mais au moment où les coeurs étaient le plus satisfaits et où rien, ce semble, ne manquait à la joie, la maison s’écroule et devient le tombeau de toute la famille ; le vin se mêle au sang de ces malheureux et les restes du festin sont confondus avec les membres déchirés et meurtris. Voilà, mes frères, la nouvelle désastreuse qu’on annonce à ce père infortuné. Remarquez, je vous prie, la force d’âme de cet athlète et ne vous contentez pas d’admirer sa victoire, quel fruit pourriez-vous retirer d’une admiration stérile ? Mais voyez en lui un modèle à suivre dans de semblables circonstances, un héros à imiter dans les combats de cette vie, un exemple de patience et de vertu, lorsque, frappés par les revers, vous avez besoin de fortifier et de rassurer votre coeur. Que fait donc le malheureux Job ? Pas un mot, pas un geste, pas un signe qui annonce chez lui la faiblesse et la lâcheté d’un coeur pusillanime. Le voit-on déchirer son visage, s’arracher les cheveux, se couvrir la tête de cendres, frapper et meurtrir sa poitrine, se rouler par terre, ou s’entourer de ces hommes qui chantaient en l’honneur des morts des paroles de deuil et de tristesse ? Non, mes frères, rien de tout cela. Job reçoit la nouvelle des malheurs qui viennent de lui arriver, il apprend la fin déplorable de ses enfants ; et aussitôt, raisonnant en philosophe sur la nature des biens de ce monde, il comprend leur origine, adore la main qui les crée ; et, pénétré de ces grandes vérités, il rend hommage à la providence qui préside à leur ruine ou à leur conservation. “Le Seigneur me l’a donné, le Seigneur me l’a ôté, dit-il, les hommes viennent de Dieu, ils doivent, par conséquent, revenir à lui. Ainsi Dieu qui a le pouvoir de donner, a aussi le droit d’enlever ; ce qu’il fait est bon, puisqu’il est la bonté même ; ce qu’il fait est bien, puisqu’il est toute sagesse. Que la volonté de Dieu soit faite, que ses jugements soient exécutés, car il est juste et équitable dans tout ce qu’il ordonne ; que le nom du Seigneur soit béni.” Voyez-vous la grandeur d’âme de ce héros ? Il passe ses heures d’afflictions à méditer et à contempler la vérité, persuadé que la vie véritable, la vie bienheureuse repose sur l’espérance ; et que les jours de la terre ne sont en quelque sorte que le grain que l’on sème pour les jours de l’éternité. Ne l’oublions donc pas, sachez que ces biens qui nous sont réservés et promis sont de beaucoup préférables aux biens de ce monde. Autant l’épi l’emporte sur la semence qui l’a fait naître, autant la vie de la terre diffère de celle du ciel. Le grain, voilà notre existence terrestre ; l’épi avec sa beauté et son éclat, voilà la demeure éternelle. “Car il faut que ce corps corruptible soit revêtu de l’incorruptibilité, que ce corps mortel soit revêtu de l’immortalité. ”





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Dernière mise à jour : 28/04/2009