Texte grec :
[15] Οὐκ ἀποροῦμεν καὶ πρὸς τοῦτο θεοπρεποῦς
ἀποκρίσεως. ζητεῖς τὴν αἰτίαν τοῦ γενέσθαι θεὸν ἐν
ἀνθρώποις; ἐὰν ἀφέλῃς τοῦ βίου τὰς θεόθεν γινομένας
εὐεργεσίας, ἐκ ποίων ἐπιγνώσῃ τὸ θεῖον οὐκ ἂν εἰπεῖν
ἔχοις. ἀφ´ ὧν γὰρ εὖ πάσχομεν, ἀπὸ τούτων τὸν εὐεργέτην ἐπιγινώσκομεν· πρὸς γὰρ τὰ γινόμενα βλέποντες,
διὰ τούτων τὴν τοῦ ἐνεργοῦντος ἀναλογιζόμεθα φύσιν. εἰ
οὖν ἴδιον γνώρισμα τῆς θείας φύσεως ἡ φιλανθρωπία, ἔχεις
ὃν ἐπεζήτησας λόγον, ἔχεις τὴν αἰτίαν τῆς ἐν ἀνθρώποις
τοῦ θεοῦ παρουσίας. ἐδεῖτο γὰρ τοῦ ἰατρεύοντος ἡ φύσις
ἡμῶν ἀσθενήσασα, ἐδεῖτο τοῦ ἀνορθοῦντος ὁ ἐν τῷ πτώματι ἄνθρωπος, ἐδεῖτο τοῦ ζωοποιοῦντος ὁ ἀφαμαρτὼν τῆς
ζωῆς, ἐδεῖτο τοῦ πρὸς τὸ ἀγαθὸν ἐπανάγοντος ὁ ἀπορρυεὶς
τῆς τοῦ ἀγαθοῦ μετουσίας, ἔχρῃζε τῆς τοῦ φωτὸς παρουσίας ὁ καθειργμένος τῷ σκότῳ, ἐπεζήτει τὸν λυτρωτὴν ὁ
αἰχμάλωτος, τὸν συναγωνιστὴν ὁ δεσμώτης, τὸν ἐλευθερωτὴν ὁ τῷ ζυγῷ τῆς δουλείας κατεχόμενος. ἆρα μικρὰ
ταῦτα καὶ ἀνάξια τὸν θεὸν δυσωπῆσαι πρὸς ἐπίσκεψιν
τῆς ἀνθρωπίνης φύσεως καταβῆναι, οὕτως ἐλεεινῶς καὶ
ἀθλίως τῆς ἀνθρωπότητος διακειμένης; ἀλλ´ ἐξῆν, φησί,
καὶ εὐεργετηθῆναι τὸν ἄνθρωπον καὶ ἐν ἀπαθείᾳ τὸν θεὸν
διαμεῖναι. ὁ γὰρ τῷ βουλήματι τὸ πᾶν συστησάμενος καὶ
τὸ μὴ ὂν ὑποστήσας ἐν μόνῃ τῇ ὁρμῇ τοῦ θελήματος, τί
οὐχὶ καὶ τὸν ἄνθρωπον δι´ αὐθεντικῆς τινὸς καὶ θεικῆς
ἐξουσίας τῆς ἐναντίας δυνάμεως ἀποσπάσας πρὸς τὴν ἐξ
ἀρχῆς ἄγει κατάστασιν, εἰ τοῦτο φίλον αὐτῷ· ἀλλὰ μακρὰς
περιέρχεται περιόδους, σώματος ὑπερχόμενος φύσιν, καὶ
διὰ γεννήσεως παριὼν εἰς τὸν βίον, καὶ πᾶσαν ἀκολούθως
ἡλικίαν διεξιών, εἶτα θανάτου γευόμενος, καὶ οὕτως διὰ τῆς
τοῦ ἰδίου σώματος ἀναστάσεως τὸν σκόπον ἀνύων, ὡς οὐκ
ἐξὸν αὐτῷ μένοντι ἐπὶ τοῦ ὕψους τῆς θεικῆς δόξης, διὰ
προστάγματος σῶσαι τὸν ἄνθρωπον, τὰς δὲ τοιαύτας περιόδους χαίρειν ἐᾶσαι; οὐκοῦν ἀνάγκη καὶ ταῖς τοιαύταις
τῶν ἀντιθέσεων ἀντικαταστῆναι παρ´ ἡμῶν τὴν ἀλήθειαν,
ὡς ἂν διὰ μηδενὸς ἡ πίστις κωλύοιτο τῶν ἐξεταστικῶς
ζητούντων τοῦ μυστηρίου τὸν λόγον. πρῶτον μὲν οὖν,
ὅπερ καὶ ἐν τοῖς φθάσασιν ἤδη μετρίως ἐξήτασται, τί τῇ
ἀρετῇ κατὰ τὸ ἐναντίον ἀντικαθέστηκεν, ἐπισκεψώμεθα.
ὡς φωτὶ σκότος καὶ θάνατος τῇ ζωῇ, οὕτω τῇ ἀρετῇ ἡ
κακία δῆλον ὅτι, καὶ οὐδὲν παρὰ ταύτην ἕτερον. καθάπερ
γὰρ πολλῶν ὄντων τῶν ἐν τῇ κτίσει θεωρουμένων οὐδὲν
ἄλλο πρὸς τὸ φῶς ἢ τὴν ζωὴν τὴν ἀντιδιαίρεσιν ἔχει, οὐ
λίθος, οὐ ξύλον, οὐχ ὕδωρ, οὐκ ἄνθρωπος, οὐκ ἄλλο τι τῶν
ὄντων οὐδέν, πλὴν ἰδίως τὰ κατὰ τὸ ἐναντίον νοούμενα, οἷον
σκότος καὶ θάνατος· οὕτω καὶ ἐπὶ τῆς ἀρετῆς οὐκ ἄν τις
κτίσιν τινὰ κατὰ τὸ ἐναντίον αὐτῇ νοεῖσθαι λέγοι, πλὴν τὸ
κατὰ κακίαν νόημα. οὐκοῦν εἰ μὲν ἐν κακίᾳ γεγενῆσθαι
τὸ θεῖον ὁ ἡμέτερος ἐπρέσβευε λόγος, καιρὸν εἶχεν ὁ ἀντιλέγων κατατρέχειν ἡμῶν τῆς πίστεως, ὡς ἀνάρμοστά τε
καὶ ἀπεμφαίνοντα περὶ τῆς θείας φύσεως δογματιζόντων·
οὐ γὰρ δὴ θεμιτὸν ἦν αὐτοσοφίαν καὶ ἀγαθότητα καὶ
ἀφθαρσίαν, καὶ εἴ τι ὑψηλόν ἐστι νόημά τε καὶ ὄνομα, πρὸς
τὸ ἐναντίον μεταπεπτωκέναι λέγειν. εἰ οὖν θεὸς μὲν
ἡ ἀληθὴς ἀρετή, φύσις δέ τις οὐκ ἀντιδιαιρεῖται τῇ ἀρετῇ,
ἀλλὰ κακία, θεὸς δὲ οὐκ ἐν κακίᾳ, ἀλλ´ ἐν ἀνθρώπου
γίνεται φύσει, μόνον δὲ ἀπρεπὲς καὶ αἰσχρὸν τὸ κατὰ
κακίαν πάθος, ἐν ᾧ οὔτε γέγονεν θεός, οὔτε γενέσθαι φύσιν
ἔχει, τί ἐπαισχύνονται τῇ ὁμολογίᾳ τοῦ θεὸν ἀνθρωπίνης
ἅψασθαι φύσεως, οὐδεμιᾶς ἐναντιότητος ὡς πρὸς τὸν τῆς
ἀρετῆς λόγον ἐν τῇ κατασκευῇ τοῦ ἀνθρώπου θεωρουμένης;
οὔτε γὰρ τὸ λογικόν, οὔτε τὸ διανοητικόν, οὔτε τὸ ἐπιστήμης
δεκτικόν, οὔτε ἄλλο τι τοιοῦτον, ὃ τῆς ἀνθρωπίνης ἴδιον
οὐσίας ἐστί, τῷ λόγῳ τῆς ἀρετῆς ἠναντίωται.
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Traduction française :
[15] XV. Nous ne sommes pas en peine de trouver à cette objection encore une réponse en rapport avec la majesté divine. (2) Vous cherchez la raison pour laquelle
Dieu a pris naissance dans l'humanité ? Si vous retranchez de la vie les
bienfaits qui viennent de Dieu, vous ne pourrez dire à quels caractères vous
reconnaissez le divin. Car ce sont les bienfaits que nous recevons qui nous font
connaître le bienfaiteur; en considérant ce qui arrive, nous conjecturons par
analogie la nature du bienfaiteur. Si donc l'amour de l'humanité est une
propriété de la nature divine, vous tenez la raison que vous demandiez, vous
tenez la cause de la présence de Dieu dans l'humanité.
(3) Il fallait en effet le médecin à notre nature tombée dans la maladie, il
fallait le restaurateur à l'homme déchu, il fallait l'auteur de la vie à celui
qui avait perdu la vie, il fallait celui qui ramène au bien à celui qui s'était
détaché de la participation au bien ; l'homme enfermé dans les ténèbres
demandait la présence de la lumière, le captif cherchait le rédempteur, le
prisonnier, le défenseur, l'esclave retenu sous le joug de la servitude, le
libérateur. Etaient-ce là des raisons sans importance, qui ne méritaient pas de
blesser la vue de Dieu, et de le faire descendre, pour la visiter, vers la
nature humaine, placée dans une situation si pitoyable et malheureuse ?
(4) Mais Dieu pouvait, dit-on, faire du bien à l'homme tout en restant exempt de
faiblesse. Celui qui a organisé l'univers par un acte de sa volonté, et qui a
donné l'existence au néant par la seule impulsion de son désir, que n'a-t-il
aussi détaché l'homme de la puissance ennemie, pour le ramener à sa condition
première, s'il lui plaisait de le faire ? Au contraire, il prend des chemins
détournés et longs, il revêt la nature corporelle, il entre dans la vie par la
voie de la naissance, et parcourt successivement toutes les étapes de la vie,
après quoi il fait l'expérience de la mort, et il atteint ainsi son but, par la
résurrection de son propre corps, comme s'il ne lui était pas possible, en
restant dans les hauteurs de la gloire divine, de sauver l'homme par décret, et
de mépriser l'emploi de moyens aussi détournés. Il faut donc que nous
établissions encore la vérité en face des objections de ce genre, pour que rien
ne puisse entraver la foi de ceux qui recherchent avec un soin attentif
l'explication rationnelle du mystère;
(5) Examinons donc, en premier lieu, ce qui s'oppose exactement à la vertu :
question à laquelle nous avons déjà consacré plus haut un certain développement.
Comme l'obscurité s'oppose à la lumière, et la mort à la vie, le vice s'oppose
manifestement à la vertu, et le vice seulement. De la foule d'objets que l'on
considère daris la création, rien ne se distingue par un contraste absolu de la
lumière ou de la vie, rien : ni pierre, ni bois, ni eau, ni homme, absolument
rien de ce qui existe, en dehors des notions proprement opposées, comme
l'obscurité et la mort. Il en est de même pour la vertu ; on ne saurait dire que
rien dans la création soit conçu comme s'opposant à elle, si ce n'est la notion
du vice.
(6) Si notre enseignement prétendait que la divinité a pris naissance dans le
vice, notre adversaire aurait lieu d'attaquer notre foi, et de traiter de
disproportionnée et de discordante notre doctrine sur la nature divine ; car il
serait sacrilège de dire que la sagesse personnifiée, lu bonté,
l'incorruptibilité, toutes les notions et les appellations sublimes se sont
transformées au point d'aboutir à leurs contraires. (7) Si donc la véritable
vertu, c'est Dieu; si rien ne s'oppose par nature à la vertu en dehors du vice ;
si Dieu prend naissance, non pas dans le vice, mais dans la nature humaine, et
s'il n'y a d'indigne de Dieu et d'avilissant que l'infirmité attachée au mal, —
étant donné que Dieu n'y est pas né, et ne pouvait y naître en vertu de sa
nature, pourquoi rougit-on de convenir que Dieu est entré en contact avec la
nature humaine, puisqu'on n'observe dans la condition de l'homme aucune
opposition avec la conception de la vertu? Ni la faculté de raisonner, en effet,
ni celle de comprendre, ni celle de connaître, ni aucune autre du même genre,
propre à l'être humain, ne se trouvent opposées à la conception de la vertu.
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