Texte grec :
[31] Ἀλλ´ οὐκ ἀποροῦσιν οὐδὲ πρὸς τὰ τοιαῦτα τῆς
ἐριστικῆς ἀντιλογίας. λέγουσι γὰρ δύνασθαι τὸν θεόν,
εἴπερ ἐβούλετο, καὶ τοὺς ἀντιτύπως ἔχοντας ἀναγκαστικῶς
ἐφελκύσασθαι πρὸς τὴν παραδοχὴν τοῦ κηρύγματος. ποῦ
τοίνυν ἐν τούτοις τὸ αὐτεξούσιον; ποῦ δὲ ἡ ἀρετή; ποῦ
δὲ τῶν κατορθούντων ὁ ἔπαινος; μόνων γὰρ τῶν ἀψύχων
ἢ τῶν ἀλόγων ἐστὶ τῷ ἀλλοτρίῳ βουλήματι πρὸς τὸ
δοκοῦν περιάγεσθαι. ἡ δὲ λογική τε καὶ νοερὰ φύσις,
ἐὰν τὸ κατ´ ἐξουσίαν ἀπόθηται, καὶ τὴν χάριν τοῦ νοεροῦ
συναπώλεσεν. εἰς τί γὰρ χρήσεται τῇ διανοίᾳ, τῆς τοῦ
προαιρεῖσθαί τι τῶν κατὰ γνώμην ἐξουσίας ἐφ´ ἑτέρῳ
κειμένης; εἰ δὲ ἄπρακτος ἡ προαίρεσις μείνειεν, ἠφάνισται
κατ´ ἀνάγκην ἡ ἀρετή, τῇ ἀκινησίᾳ τῆς προαιρέσεως
ἐμπεδηθεῖσα· ἀρετῆς δὲ μὴ οὔσης, ὁ βίος ἠτίμωται, ἀφῄρηται
τῶν κατορθούντων ὁ ἔπαινος, ἀκίνδυνος ἡ ἁμαρτία, ἄκριτος
ἡ κατὰ τὸν βίον διαφορά. τίς γὰρ ἂν ἔτι κατὰ τὸ εὔλογον
ἢ διαβάλλοι τὸν ἀκόλαστον ἢ ἐπαινοίη τὸν σώφρονα;
ταύτης κατὰ τὸ πρόχειρον οὔσης ἑκάστῳ τῆς ἀποκρίσεως,
τὸ μηδὲν ἐφ´ ἡμῖν τῶν κατὰ γνώμην εἶναι, δυναστείᾳ δὲ
κρείττονι τὰς ἀνθρωπίνας προαιρέσεις πρὸς τὸ τῷ κρατοῦντι δοκοῦν περιάγεσθαι. οὐκοῦν οὐ τῆς ἀγαθότητος
τοῦ θεοῦ τὸ ἔγκλημα, τὸ μὴ πᾶσιν ἐγγενέσθαι τὴν πίστιν,
ἀλλὰ τῆς διαθέσεως τῶν δεχομένων τὸ κήρυγμα.
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Traduction française :
[31] XXXI. Mais même devant des raisons de ce genre, les adversaires ne restent
pas à court de répliques et de chicanes. Dieu pouvait s'il le voulait, disent-ils,
amener de force les récalcitrants eux-mêmes à accepter la bonne nouvelle. Où
serait donc ici le libre arbitre? Où serait la vertu et la gloire d'une conduite
droite ? C'est seulement aux êtres inanimés et privés de raison qu'il appartient
de se laisser mener au gré d'une volonté étrangère. La nature raisonnable et
pensante, au contraire, si elle met de côté la liberté, perd du même coup le
privilège de la pensée. Quel usage fera-t-elle en effet de la raison, si le
pouvoir de choisir à son gré dépend d'un autre?
(2) Or si la volonté reste inactive, la vertu disparaît forcément, entravée par
l'inertie de la volonté ; et sans vertu, la vie aussitôt perd son prix, l'éloge
dû à la bonne conduite se trouve supprimé, le péché se commet sans péril, il
devient impossible d'établir une différence entre les manières de vivre. Qui
pourrait encore raisonnablement accuser l'homme déréglé, ou louer l'homme
vertueux? Cette réponse vient d'elle-même à la bouche de tout le monde: Il ne
dépend point de nous d'avoir une volonté ; c'est une puissance supérieure qui
conduit les volontés humaines à se ranger à la décision du maître. Si la foi n'a
pas pris naissance dans toutes les âmes, la faute n'en est donc pas à la bonté
divine, mais à la disposition de ceux qui recevaient la prédication.
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