Texte grec :
[64] LXIV. <1> Πρὸς ταῦτα, τί φήσουσιν ἡμῖν οἱ τὸν τῦφον ἐγκαλοῦντες
ἐκείνῳ καὶ τὴν ὀφρύν, οἱ πικροὶ τῶν τηλικούτων κριταί, καὶ τῷ κανόνι τοὺς
οὐ κανόνας προσάγοντες; Ἔστι λεπροὺς μὲν ἀσπάζεσθαι καὶ μέχρι τούτου
συνταπεινοῦσθαι, τῶν δὲ ὑγιαινόντων κατοφρυᾶσθαι; Καὶ τήκειν μὲν τὰς
σάρκας δι' ἐγκρατείας, τὴν ψυχὴν δὲ οἰδαίνειν κενῷ φρυάγματι; <2> Καὶ τοῦ
μὲν Φαρισαίου καταγινώσκειν καὶ διηγεῖσθαι τὴν ἐξ ὄγκου ταπείνωσιν, καὶ
Χριστὸν εἰδέναι μέχρι δούλου μορφῆς κατελθόντα καὶ τελώναις
συνέσθοντα καὶ νίπτοντα τοὺς πόδας τῶν μαθητῶν καὶ σταυρὸν οὐκ
ἀπαξιοῦντα, ἵνα προσηλώσῃ τὴν ἐμὴν ἁμαρτίαν, –καίτοι τί τούτου
παραδοξότερον, Θεὸν σταυρούμενον βλέπειν, καὶ τοῦ τον μετὰ λῃστῶν,
καὶ ὑπὸ τῶν παριόντων γελώμενον, τὸν ἀνάλωτον καὶ τοῦ παθεῖν
ὑψηλότερον· –αὐτὸν δὲ ὑπερνεφεῖν καὶ μηδὲν γινώσκειν ὁμότιμον, ὃ δοκεῖ
τοῖς ἐκείνῳ βασκαίνουσιν; <3> Ἀλλ' οἶμαι τὸ τοῦ ἤθους εὐσταθὲς καὶ
βεβηκὸς καὶ ἀπεξεσμένον τῦφον ὠνόμασαν. Οἱ δ' αὐτοί μοι δοκοῦσι
ῥᾳδίως ἂν καὶ τὸν ἀνδρεῖον καλέσαι θρασὺν καὶ δειλὸν τὸν
περιεσκεμμένον καὶ τὸν σώφρονα μισάνθρωπον καὶ τὸν δίκαιον
ἀκοινώνητον. Καὶ γὰρ οὐ φαύλως τοῦτό τινες πεφιλοσοφήκασιν, ὅτι
παραπεπήγασι ταῖς ἀρεταῖς αἱ
κακίαι, καί εἰσί πως ἀγχίθυροι· καὶ ῥᾷστον ἄλλο τι ὄντα ἕτερον νομισθῆναι
τοῖς μὴ τὰ τοιαῦτα πεπαιδευμένοις.
<4> Τίς γὰρ ἐκείνου μᾶλλον ἢ ἀρετὴν ἐτίμησεν, ἢ κακίαν ἐκόλασεν, ἢ
χρηστὸς ὤφθη τοῖς κατορθοῦσιν, ἢ τοῖς ἁμαρτάνουσιν ἐμβριθής· οὗ καὶ τὸ
μειδίαμα πολλάκις ἔπαινος ἦν, καὶ τὸ σιωπᾶν ἐπιτίμησις, οἰκείῳ συνειδότι
τὸ κακὸν βασανίζουσα; Εἰ δὲ μὴ στωμύλος τις ἦν, μηδὲ γελοιαστὴς καὶ
ἀγοραῖος, μηδὲ τοῖς πολλοῖς ἀρέσκων, ἐκ τοῦ πᾶσι πάντα γίνεσθαι καὶ
χαρίζεσθαι, τί τοῦτο; <5> Οὐκ ἐπαινετέος μᾶλλον ἢ μεμπτέος τοῖς γε νοῦν
ἔχουσιν; Εἰ μὴ καὶ τὸν λέοντα αἰτιῷτό τις ὅτι μὴ πιθήκειον βλέπει, ἀλλὰ
βλοσυρὸν καὶ βασιλικόν, οὗ καὶ τὰ σκιρτήματα γενναῖα καὶ μετὰ θαύματος
ἀγαπώμενα· καὶ τοὺς ἐπὶ τῆς σκηνῆς θαυμάζοι, ὡς ἡδεῖς τε καὶ
φιλανθρώπους, ὅτι τοῖς δήμοις χαρίζονται καὶ κινοῦσι γέλωτα τοῖς ἐπὶ
κόρρης ῥαπίσμασι καὶ ψοφήμασι. <6> Καίτοι κἂν εἰ τοῦτο ζητοίημεν, τίς μὲν
οὕτως ἡδὺς ἐν ταῖς συνουσίαις, ὅσα ἐμὲ γινώσκειν τὸν μάλιστα ἐκείνου
πεπειραμένον; Τίς διηγήσασθαι χαριέστερος; Τίς μὲν σκῶψαι παιδευτικῶς,
τίς δὲ καθάψασθαι ἁπαλῶς; Καὶ μήτε τὴν ἐπιτίμησιν θράσος ποιῆσαι μήτε
τὴν ἄνεσιν ἔκλυσιν, ἀλλ' ἀμφοτέρων τὴν ἀμετρίαν φυγεῖν, ἀμφοτέροις σὺν
λόγῳ καὶ καιρῷ χρώμενον, κατὰ τοὺς Σολομῶντος νόμους, παντὶ πράγματι
καιρὸν διατάξαντος.
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Traduction française :
[64] LXIV. <1> A cela, que vont nous dire ceux qui le taxent d'orgueil et
d'arrogance, ces âpres censeurs de telles actions, qui mettent en regard
du modèle des gens qui ne sont pas des modèles? Est-il possible
d'embrasser des lépreux, de porter jusque-là l'humilité, et de traiter avec
dédain ceux qui ont de la santé ? d'épuiser sa chair par l'austérité, et de
livrer son âme à l'enflure d'un vain orgueil? <2> de condamner le Pharisien
et de rappeler l'humiliation que lui attire sa suffisance, de savoir que le
Christ s'est abaissé jusqu'à une forme d'esclave (Philip., II, 7), qu'il a
mangé avec des publicains, qu'il lavait les pieds de ses disciples et qu'il
ne reculait pas devant une croix pour y clouer mon péché (et qu'y a-t-il en
vérité de plus extraordinaire que cela? contempler un Dieu crucifié, et
encore dans la compagnie de larrons, moqué des passants, lui,
inaccessible et au-dessus de la souffrance) ; et quant à soi, de s'élever
au-dessus des nuages, sans vouloir rien reconnaître d'égal, ainsi que le
croient les détracteurs de Basile? <3> Mais c'est, je pense, ce qu'il y avait
dans son caractère d'équilibre, de fermeté, d'intégrité qu'on appelle de
l'arrogance. Et ces mêmes hommes, je soupçonne qu'ils qualifieraient
sans peine aussi le courage de témérité, la circonspection de timidité, la
réserve de misanthropie et la justice d'insociabilité ; car on n'a pas
eu tort de faire cette sage remarque, que c'est près des vertus que les
vices ont leurs racines et qu'ils ont des portes en quelque sorte voisines ;
il est très facile quand on est une chose, d'être pris pour ce qu'elle n'est
pas, par des gens non au courant de ces matières.
<4> Quel homme en effet a plus que lui honoré la vertu, châtié le vice,
témoigné de la bonté à ceux qui marchent droit ou de la sévérité à ceux
qui dévient, lui de qui un sourire, c'était souvent un éloge, et le silence un
blâme, pierre de touche du mal pour la conscience intime. Si ce n'était
pas un babillard, un rieur et un habitué de l'agora, un homme qui cherche
à se faire agréer de la foule, en se faisant par complaisance tout à tous,
qu'est-ce à dire ? <5> Ne mérite-t-il pas plus d'éloge que de blâme, aux
yeux du moins des gens sensés? à moins qu'on ne fasse aussi au lion un
grief de n'avoir pas un air de singe, mais un air terrible et royal, lui dont
les bonds même ont une noblesse qu'on admire et qu'on aime ; à moins
qu'on n'admire les histrions et qu'on ne leur trouve de l'agrément et de
l'humanité, parce qu'ils plaisent au peuple et qu'ils excitent le rire par des
coups sur la joue et par des cris. <6> Cependant, même si nous faisions
une enquête sur ce point, qui fut aussi charmant dans les réunions, dans
la mesure où je puis le connaître, moi qui l'ai tout particulièrement
pratiqué ? Qui eut meilleure grâce à conter ? à badiner avec sagesse, et
aussi à reprendre avec délicatesse ? Il ne tournait ni la censure en
violence ni l'indulgence en faiblesse, mais de part et d'autre il évitait
l'excès, usant de l'un et de l'autre avec justesse et à propos, suivant les
préceptes de Salomon quia toute chose a marqué son temps
(Eccl., III, i suiv.).
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