Texte grec :
[20] XX. <1> Οὕτω δὴ τὰ πρὸς ἀλλήλους ἔχοντες, καὶ τοιαύτας
ὑποστήσαντες εὐτειχεῖ θαλάμῳ χρυσέας κίονας, ὅ φησι Πίνδαρος, οὕτως
ᾔειμεν εἰς τὸ πρόσω, Θεῷ καὶ πόθῳ συνεργοῖς χρώμενοι. Ὤ! πῶς
ἀδακρυτὶ τὴν τούτων ἐνέγκω μνήμην! Ἶσαι μὲν ἐλπίδες ἦγον ἡμᾶς
πράγματος ἐπιφθονωτάτου, τῶν λόγων· φθόνος δὲ ἀπῆν, ζῆλος δὲ
ἐσπουδάζετο. <2> Ἀγὼν δὲ ἀμφοτέροις, οὐχ ὅστις αὐτὸς τὸ πρωτεῖον ἔχοι,
ἀλλ' ὅπως τῷ ἑτέρῳ τούτου παραχωρήσειεν· τὸ γὰρ ἀλλήλων εὐδόκιμον
ἴδιον ἐποιούμεθα. Μία μὲν ἀμφοτέροις ἐδόκει ψυχὴ δύο σώματα φέρουσα·
καὶ εἰ τό, πάντα ἐν πᾶσι κεῖσθαι, μὴ πειστέον τοῖς λέγουσιν, ἀλλ' ἡμῖν γε
πειστέον, ὡς ἐν ἀλλήλοις καὶ παρ' ἀλλήλοις ἐκείμεθα. <3> Ἓν δ' ἀμφοτέροις
ἔργον ἡ ἀρετή, καὶ τὸ ζῆν πρὸς τὰς μελλούσας ἐλπίδας, πρὶν ἐνθένδε
ἀπελθεῖν ἐνθένδε μεθισταμένοις· πρὸς ὃ βλέποντες, καὶ βίον καὶ πρᾶξιν
ἅπασαν ἀπηυθύνομεν, παρά τε τῆς ἐντολῆς οὕτως ἀγόμενοι καὶ ἀλλήλοις
τὴν ἀρετὴν παραθήγοντες καί, εἰ μὴ μέγα ἐμοὶ τοῦτο εἰπεῖν, κανόνες ὄντες
ἀλλήλοις καὶ στάθμαι, οἷς τὸ εὐθὲς καὶ μὴ διακρίνεται. <4> Ἑταίρων τε γὰρ
ὡμιλοῦ μεν, οὐ τοῖς ἀσελγεστάτοις ἀλλὰ τοῖς σωφρονεστάτοις, οὐδὲ τοῖς
μαχιμωτάτοις ἀλλὰ τοῖς εἰρηνικωτάτοις καὶ οἷς συνεῖναι λυσιτελέστατον·
εἰδότες, ὅτι κακίας ῥᾷον μεταλαβεῖν ἢ ἀρετῆς μεταδοῦναι, ἐπεὶ καὶ νόσου
μετασχεῖν μᾶλλον ἢ ὑγίειαν χαρίσασθαι. Μαθημάτων δὲ οὐ τοῖς ἡδίστοις
πλέον ἢ τοῖς καλλίστοις ἐχαίρομεν· ἐπειδὴ κἀντεῦθέν ἐστιν ἢ πρὸς ἀρετὴν
τυποῦσθαι τοὺς νέους ἢ πρὸς κακίαν.
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Traduction française :
[20] XX. <1> C'est dans ces dispositions mutuelles, c'est avec de telles
« colonnes d'or comme soutiens d'une chambre aux bons murs », comme
dit Pindare, que nous allions de l'avant, avec Dieu et l'amour pour
auxiliaires. Hélas ! comment ne pas pleurer en évoquant ces souvenirs !
D'égales espérances nous guidaient, celles d'une chose fort en butte à
l'envie, la science; mais l'envie était absente, c'est l'émulation qui était
notre but. <2> II y avait lutte entre les deux, non pas à qui aurait seul le
premier rang, mais par quel moyen il le céderait à l'autre : car chacun de
nous faisait sienne la gloire de l'autre. On eût dit chez l'un et chez l'autre
une seule âme pour porter deux corps. Et s'il ne faut pas croire ceux qui
disent que tout est dans tout, nous du moins, il faut nous croire quand
nous disons que nous étions l'un dans l'autre et l'un près de l'autre. <3>
Nous n'avions tous deux qu'une affaire, la vertu, vivre en vue des
espérances futures, et avant de partir d'ici être détachés d'ici. Les yeux
fixés sur le but, nous dirigions notre vie et notre conduite tout entière, en
nous laissant ainsi conduire par la loi, en nous stimulant mutuellement à la
vertu, et si ce n'est pas trop pour moi de le dire, étant l'un pour l'autre une
règle et une balance pour distinguer le bien du mal. <4> Parmi nos
compagnons, nous fréquentions non les plus libertins, mais les plus
chastes, ni les plus querelleurs, mais les plus pacifiques et ceux dont le
commerce était le plus utile ; sachant qu'il est plus facile de contracter le
vice que de communiquer la vertu, puisqu'il est plus facile de gagner une
maladie que de donner la santé. Quant aux études, ce ne sont pas tant
les plus agréables que les meilleures où nous trouvions plaisir, puisque il
peut de là aussi résulter pour la jeunesse l'impression de la vertu ou du
vice.
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