Texte grec :
[1] I. <1> Ἔμελλεν ἄρα πολλὰς ἡμῖν ὑποθέσεις τῶν λόγων ἀεὶ προθεὶς ὁ
μέγας Βασίλειος, καὶ γὰρ ἐφιλοτιμεῖτο τοῖς ἐμοῖς λόγοις ὡς οὔπω τοῖς
ἑαυτοῦ τῶν πάντων οὐδείς, ἑαυτὸν νῦν ἡμῖν προθήσειν, ὑπόθεσιν ἀγώνων
μεγίστην τοῖς περὶ λόγους ἐσπουδακόσιν. <2> Οἶμαι γάρ, εἴ τις τῆς ἐν λόγοις
δυνάμεως πεῖραν ποιούμενος, ἔπειτα πρὸς μέτρον κρῖναι ταύτην θελήσειε,
μίαν ἐκ πασῶν ὑπόθεσιν προστησά μενος, καθάπερ οἱ ζωγράφοι τοὺς
ἀρχετύπους πίνακας, ταύτην ἂν ὑφελὼν μόνην, ὡς λόγου κρείττονα, τῶν
ἄλλων ἑλέσθαι τὴν πρώτην· <3> τοσοῦτον ἔργον ἡ τοῦ ἀνδρὸς εὐφημία, μὴ
ὅτι γε ἡμῖν τοῖς πάλαι πᾶν τὸ φιλότιμον καταλύσασιν, ἀλλὰ καὶ οἷς βίος
ἐστὶν ὁ λόγος, ἓν τοῦτο ἐσπου δακόσι καὶ μόνον, ταῖς τοιαύταις
ἐνευδοκιμεῖν ὑποθέσεσιν! Ἔχω μὲν οὕτω περὶ τούτων καί, ὡς ἐμαυτὸν
πείθω, λίαν ὀρθῶς. <4> Οὐκ οἶδα δὲ εἰς ὅ τι ἂν ἄλλο χρησαίμην τοῖς λόγοις
μὴ νῦν χρησάμενος. ἢ ὅ τί ποτ' ἂν μᾶλλον ἢ ἐμαυτῷ χαρισαίμην ἢ τοῖς
ἀρετῆς ἐπαινέταις ἢ τοῖς λόγοις αὐτοῖς, ἢ τὸν ἄνδρα τοῦτον θαυμάσας.
Ἐμοί τε γὰρ ἔσται τοῦτο χρέος ἱκανῶς ἀφωσιωμένον· χρέος δέ, εἴπερ ἄλλο
τι, τοῖς ἀγαθοῖς τά τε ἄλλα καὶ περὶ τὸν λόγον, ὁ λόγος. <5> Ἐκείνοις θ' ἅμα
μὲν ἡδονὴ ἂν γένοιτο, καὶ ἅμα παράκλησις εἰς ἀρετήν, ὁ λόγος. Ὧν γὰρ
τοὺς ἐπαίνους, οἶδα τούτων σαφῶς καὶ τὰς ἐπιδόσεις· ἐπ' οὐδενὸς οὖν τῶν
ἁπάντων, οὐκ ἔστιν ἐφ' ὅτῳ οὐχὶ τῶν ἁπάντων. Τοῖς τε λόγοις αὐτοῖς
ἀμφοτέρωθεν ἂν ἔχοι τὸ πρᾶγμα καλῶς· εἰ μὲν ἐγγὺς ἔλθοιεν τῆς ἀξίας, τὴν
ἑαυτῶν ἐπιδεδειγμένοις δύναμιν· εἰ δὲ πλεῖστον ἀπολειφθεῖεν, ὃ πᾶσα
παθεῖν ἀνάγκη τοῖς ἐκεῖνον ἐγκωμιάζουσιν, ἔργῳ δεδηλωκόσι τὴν ἧτταν,
καὶ τὸ κρείττω ἢ κατὰ λόγου δύναμιν εἶναι τὸν εὐφημούμενον.
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Traduction française :
[1] I. <1> Il devait donc, après nous avoir toujours proposé tant de sujets à
traiter, le grand Basile, car il était fier de mes discours plus qu'aucun
orateur ne le fut jamais des siens, s'offrir aujourd'hui en personne à
nous, comme une très grande matière à exercice pour ceux qui
s'adonnent aux discours. <2> Car j'estime que, si un orateur jaloux
d'essayer son talent désirait l'apprécier à sa mesure en se proposant un
sujet entre mille, comme font les peintres pour les tableaux qui servent de
modèles, il écarterait seulement celui-ci, le trouvant au-dessus de
l'éloquence, et choisirait dans les autres le premier ; <3> tant c'est un travail
que l'éloge de cet homme, je ne dis pas pour nous qui sommes depuis
longtemps dégagé de toute prétention, mais encore pour ceux-là dont
l'éloquence est la vie, et qui n'ont qu'un seul et unique souci, celui de se
distinguer dans ce genre de sujets ! C'est mon opinion sur ce point, et je
crois qu'elle est parfaitement fondée. <4> D'un autre côté, je me demande
pourquoi autre objet je pourrais faire appel à l'éloquence, si je n'en usais
aujourd'hui, et par quel moyen je pourrais être plus agréable à moi-même,
aux panégyristes de la vertu, et aux lettres elles-mêmes, qu'en
admirant cet homme. Car pour moi ce sera un moyen convenable
d'acquitter une dette : si un tribut est dû à ceux qui, entre autres mérites,
ont eu celui de la parole, c'est la parole. <5> Ceux-là pourront trouver tout
ensemble un plaisir et un encouragement à la vertu dans ce discours ; car
je sais que faire l'éloge d'une chose, c'est en accroître évidemment la
portée. Et pour les lettres mêmes, dans l'un et l'autre cas, la
chose pourra aller bien : si elles approchent du mérite, elles auront
manifesté leur puissance ; si elles demeurent beaucoup au-dessous, ce
qui est inévitable dans l'éloge de celui-là, elles auront montré par le fait
leur insuffisance, et que celui qui est loué est supérieur à la force de
l'éloquence.
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