Texte grec :
[17] XVII. <1> Τοῦτο ἡμῖν τῆς φιλίας προοίμιον· ἐντεῦθεν ὁ τῆς συναφείας
σπινθήρ· οὕτως ἐπ' ἀλλήλοις ἐτρώθημεν. Ἔπειτα συνηνέχθη τι καὶ
τοιοῦτον· οὐδὲ γὰρ τοῦτο παραλιπεῖν ἄξιον.
<2> Οὐχ ἁπλοῦν γένος εὑρίσκω τοὺς Ἀρμενίους, ἀλλὰ καὶ λίαν
κρυπτόν τι καὶ ὕφαλον. Τότε τοίνυν τῶν ἐκ πλείονος αὐτῷ συνήθων καὶ
φίλων τινές, ἔτ' ἐκ τοῦ πατρὸς καὶ τῆς ἄνωθεν ἑταιρίας, καὶ γὰρ ἐκείνης τῆς
διατριβῆς ὄντες ἐτύγχανον, προσιόντες αὐτῷ μετὰ φιλικοῦ πλάσματος,
φθόνος δὲ ἦν, οὐκ εὔνοια τὸ προσάγον, ἐπηρώτων τε αὐτὸν φιλονείκως
μᾶλλον ἢ λογικῶς, καὶ ὑποκλίνειν ἑαυτοῖς ἐπειρῶντο διὰ τῆς πρώτης
ἐπιχειρήσεως, τήν τε ἄνωθεν τοῦ ἀνδρὸς εὐφυΐαν εἰδότες καὶ τὴν τότε
τιμὴν οὐ φέροντες· δεινὸν γὰρ εἶναι, εἰ προειληφότες τοὺς τρίβωνας καὶ
λαρυγγίζειν προμελετήσαντες μὴ πλέον ἔχοιεν τοῦ ξένου τε καὶ νεήλυδος.
<3> Ἐγὼ δὲ ὁ φιλαθήναιος καὶ μάταιος, οὐ γὰρ ᾐσθόμην τοῦ φθόνου,
πιστεύων τῷ πλάσματι, ἤδη κλινομένων αὐτῶν καὶ τὰ νῶτα
μεταβαλλόντων, καὶ γὰρ ἐζηλοτύπουν τὸ τῶν Ἀθηνῶν κλέος ἐν ἐκείνοις
καταλυθῆναι καὶ τάχιστα περιφρονηθῆναι, ὑπήρειδόν τε τοὺς νεανίας
ἐπανάγων τὸν λόγον· καὶ τὴν παρ' ἐμαυτοῦ ῥοπὴν χαριζόμενος, δύναται δὲ
καὶ ἡ μικρὰ προσθήκη τὸ πᾶν ἐν τοιούτοις, ἴσας ὑσμίνῃ τὰς κεφαλάς, τὸ
τοῦ λόγου, κατέστησα. <4> Ὡς δὲ τὸ τῆς διαλέξεως ἔγνων ἀπόρρητον, οὐδὲ
καθεκτὸν ἔτι τύγχανον, ἀλλὰ σαφῶς ἤδη παραγυμνούμενον, ἐξαίφνης
μεταβαλών, πρύμναντε ἐκρουσάμην ἐκείνῳ θέμενος καὶ ἑτεραλκέα τὴν
νίκην ἐποίησα. <5> Ὁ δὲ ἥσθη τε αὐτίκα τῷ γενομένῳ· καὶ γὰρ ἦν ἀγχίνους,
εἰ καί τις ἄλλος· καὶ προθυμίας πλησθείς, ἵνα παίων συλλογισμοῖς, οὐ πρὶν
ἀνῆκεν ἢ τελέως τρέψασθαι καὶ τὸ κράτος καθαρῶς ἀναδήσασθαι. Οὗτος
δεύτερος ἡμῖν τῆς φιλίας οὐκ ἔτι σπινθήρ, ἀλλ' ἤδη πυρσὸς ἀνάπτεται
περιφανὴς καὶ ἀέριος.
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Traduction française :
[17] XVII. <1> Voilà le début de notre amitié; c'est de là que jaillit l'étincelle
de notre union ; c'est ainsi que nous fûmes blessés l'un par l'autre. Dans
la suite, il se présenta une circonstance analogue ; elle mérite aussi de ne
pas être passée sous silence.
<2> Je trouve que les Arméniens sont une race qui manque de
franchise, et qui est pleine de dissimulation et de perfidie. A ce moment
donc quelques-uns, ses familiers et ses amis depuis longtemps, cela
datait de son père et d'une vieille camaraderie car ils appartenaient à
cette école, l'abordant avec les apparences de l'amitié, mais en se
laissant guider par l'envie, non par la bienveillance, lui posèrent des
questions où la jalousie avait plus de part que la raison, et tâchèrent de le
mettre sous leur dépendance par cette première tentative ; car le talent de
Basile, déjà ancien, leur était connu, et l'honneur qu'on lui faisait à ce
moment leur était insupportable. Il était dur de s'être les premiers revêtus
du manteau et rompus aux exercices du gosier, et de n'avoir pas
l'avantage sur lui, un étranger et un nouveau-venu. <3> Et moi, le
philathénien, le vain ne soupçonnant point l'envie et me fiant aux
apparences , au moment où je les vis fléchir et tourner le dos, je me
sentis piqué de voir la gloire d'Athènes détruite en leur personne et du
même coup enveloppée dans le mépris, je vins au secours de ces jeunes
gens et je rétablis la discussion ; je leur apportai gracieusement le poids
de mon autorité et, comme le moindre appoint est tout-puissant dans des
conjonctures semblables, je rétablis, comme dit le proverbe, l'égalité des
fronts dans la bataille. <4> Mais quand le côté secret de la discussion me
fut connu, et qu'impossible à garder désormais il finit par se montrer à nu,
immédiatement je virai, tournai la poupe et me décidant pour lui je mis la
victoire de l'autre côté. <5> Lui se sentit sur le champ heureux de l'incident,
car il était d'esprit prompt s'il en fut. Et plein d'ardeur, pour achever de lui
appliquer les vers d'Homère, il poussa vivement de sa parole ces fiers
personnages, les frappa à coups d'arguments, et ne se donna point de
relâche avant de les avoir mis en pleine déroute et de s'être nettement
attaché la victoire. Ce fut le second degré de notre amitié, non plus une
étincelle, mais désormais une flamme qui brûle éclatante et aérienne.
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