Texte grec :
[7,9,1] IX. (1)<389> Ἔτι βουλόμενον αὐτὸν παρακαλεῖν πάντες ὑπετέμνοντο καὶ πρὸς
τὴν πρᾶξιν ἠπείγοντο ἀνεπισχέτου τινὸς ὁρμῆς πεπληρωμένοι, καὶ δαιμονῶντες
ἀπῄεσαν ἄλλος πρὸ ἄλλου φθάσαι γλιχόμενος καὶ ταύτην ἐπίδειξιν εἶναι τῆς
ἀνδρείας καὶ τῆς εὐβουλίας νομίζοντες, τὸ μή τις ἐν ὑστάτοις γενόμενος
ὀφθῆναι· τοσοῦτος αὐτοῖς γυναικῶν καὶ παιδίων καὶ τῆς αὑτῶν σφαγῆς ἔρως
ἐνέπεσεν. <390> Καὶ μὴν οὐδ' ὅπερ ἄν τις ᾠήθη τῇ πράξει προσιόντες
ἠμβλύνθησαν, ἀλλ' ἀτενῆ τὴν γνώμην διεφύλαξαν οἵαν ἔσχον τῶν λόγων
ἀκροώμενοι, τοῦ μὲν οἰκείου καὶ φιλοστόργου πάθους ἅπασι παραμένοντος, τοῦ
λογισμοῦ δὲ ὡς τὰ κράτιστα βεβουλευκότος τοῖς φιλτάτοις ἐπικρατοῦντος.
<391> Ὁμοῦ γὰρ ἠσπάζοντο γυναῖκας περιπτυσσόμενοι καὶ τέκνα
προσηγκαλίζοντο τοῖς ὑστάτοις φιλήμασιν ἐμφυόμενοι καὶ δακρύοντες, <392>
Ὁμοῦ δὲ καθάπερ ἀλλοτρίαις χερσὶν ὑπουργούμενοι συνετέλουν τὸ βούλευμα,
τὴν ἐπίνοιαν ὧν πείσονται κακῶν ὑπὸ τοῖς πολεμίοις γενόμενοι παραμύθιον
τῆς ἐν τῷ κτείνειν ἀνάγκης ἔχοντες. <393> Καὶ πέρας οὐδεὶς τηλικούτου
τολμήματος ἥττων εὑρέθη, πάντες δὲ διὰ τῶν οἰκειοτάτων διεξῆλθον, ἄθλιοι
τῆς ἀνάγκης, οἷς αὐτοχειρὶ γυναῖκας τὰς αὑτῶν καὶ τέκνα κτεῖναι κακῶν
ἔδοξεν εἶναι τὸ κουφότατον. <394> Οὔτε δὴ τοίνυν τὴν ἐπὶ τοῖς πεπραγμένοις
ὀδύνην ἔτι φέροντες καὶ τοὺς ἀνῃρημένους νομίζοντες ἀδικεῖν εἰ καὶ βραχὺν
αὐτοῖς ἔτι χρόνον ἐπιζήσουσι, ταχὺ μὲν τὴν κτῆσιν ἅπασαν εἰς ταὐτὸ
σωρεύσαντες πῦρ εἰς αὐτὴν ἐνέβαλον, <395> κλήρῳ δ' ἐξ αὑτῶν ἑλόμενοι δέκα
τοὺς ἁπάντων σφαγεῖς ἐσομένους, καὶ γυναικί τις αὑτὸν καὶ παισὶ κειμένοις
παραστρώσας καὶ τὰς χεῖρας περιβαλών, παρεῖχον ἑτοίμους τὰς σφαγὰς τοῖς
τὴν δύστηνον ὑπουργίαν ἐκτελοῦσιν. <396> Οἱ δ' ἀτρέπτως πάντας φονεύσαντες
τὸν αὐτὸν ἐπ' ἀλλήλοις τοῦ κλήρου νόμον ὥρισαν, ἵν' ὁ λαχὼν τοὺς ἐννέα
κτείνας ἑαυτὸν ἐπὶ πᾶσιν ἀνέλῃ· πάντες οὕτως αὑτοῖς ἐθάρρουν μήτ' εἰς τὸ
δρᾶν μήτ' εἰς τὸ παθεῖν ἄλλος ἄλλου διαφέρειν. <397> Καὶ τέλος οἱ μὲν τὰς
σφαγὰς ὑπέθεσαν, ὁ δ' εἷς καὶ τελευταῖος τὸ πλῆθος τῶν κειμένων
περιαθρήσας, μή πού τις ἔτ' ἐν πολλῷ φόνῳ τῆς αὐτοῦ λείπεται χειρὸς
δεόμενος, ὡς ἔγνω πάντας ἀνῃρημένους, πῦρ μὲν πολὺ τοῖς βασιλείοις
ἐνίησιν, ἀθρόᾳ δὲ τῇ χειρὶ δι' αὑτοῦ πᾶν ἐλάσας τὸ ξίφος πλησίον τῶν
οἰκείων κατέπεσε. <398> Καὶ οἱ μὲν ἐτεθνήκεσαν ὑπειληφότες οὐδὲν ἔχον
ψυχὴν ὑποχείριον ἐξ αὑτῶν Ῥωμαίοις καταλιπεῖν, <399> Ἔλαθεν δὲ γυνὴ
πρεσβῦτις καὶ συγγενὴς ἑτέρα τις Ἐλεαζάρου, φρονήσει καὶ παιδείᾳ πλεῖστον
γυναικῶν διαφέρουσα, καὶ πέντε παιδία τοῖς ὑπονόμοις, οἳ ποτὸν ἦγον ὕδωρ
διὰ γῆς, ἐγκατακρυβῆναι τῶν ἄλλων πρὸς τῇ σφαγῇ τὰς διανοίας ἐχόντων,
<400> οἳ τὸν ἀριθμὸν ἦσαν ἑξήκοντα πρὸς τοῖς ἐνακοσίοις γυναικῶν ἅμα καὶ
παίδων αὐτοῖς συναριθμουμένων. <401> Καὶ τὸ πάθος ἐπράχθη πεντεκαιδεκάτῃ
Ξανθικοῦ μηνός.
(2)<402> Οἱ δὲ Ῥωμαῖοι μάχην ἔτι προσδοκῶντες, ὑπὸ τὴν ἕω διασκευασάμενοι
καὶ τὰς ἀπὸ τῶν χωμάτων ἐφόδους ταῖς ἐπιβάθραις γεφυρώσαντες προσβολὴν
ἐποιοῦντο. <403> Βλέποντες δ' οὐδένα τῶν πολεμίων, ἀλλὰ δεινὴν πανταχόθεν
ἐρημίαν καὶ πῦρ ἔνδον καὶ σιωπήν, ἀπόρως εἶχον τὸ γεγονὸς συμβαλεῖν, καὶ
τέλος ὡς εἰς ἄφεσιν βολῆς ἠλάλαξαν, εἴ τινα τῶν ἔνδον προκαλέσαιντο. <404>
Τῆς δὲ βοῆς αἴσθησις γίνεται τοῖς γυναίοις, κἀκ τῶν ὑπονόμων ἀναδῦσαι τὸ
πραχθὲν ὡς εἶχε πρὸς τοὺς Ῥωμαίους ἐμήνυον, πάντα τῆς ἑτέρας ὡς ἐλέχθη τε
καὶ τίνα τρόπον ἐπράχθη σαφῶς ἐκδιηγουμένης. <405> Οὐ μὴν ῥᾳδίως αὐτῇ
προσεῖχον τῷ μεγέθει τοῦ τολμήματος ἀπιστοῦντες, ἐπεχείρουν τε τὸ πῦρ
σβεννύναι καὶ ταχέως ὁδὸν δι' αὐτοῦ τεμόντες τῶν βασιλείων ἐντὸς ἐγένοντο.
<406> Καὶ τῷ πλήθει τῶν πεφονευμένων ἐπιτυχόντες οὐχ ὡς ἐπὶ πολεμίοις
ἥσθησαν, τὴν δὲ γενναιότητα τοῦ βουλεύματος καὶ τὴν ἐν τοσούτοις ἄτρεπτον
ἐπὶ τῶν ἔργων ἐθαύμασαν τοῦ θανάτου καταφρόνησιν.
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Traduction française :
[7,9,1] CHAPITRE IX.
1. <389> Il voulait continuer ses exhortations quand tous l'interrompirent
et, pleins d'une irrésistible ardeur, s'empressèrent pour accomplir l'acte
qu'il leur conseillait. Agités comme d'un transport divin, ils
s'éloignaient, impatients de se devancer les uns les autres, jugeant que
c'était une preuve éclatante de courage et de sagesse de ne pas se laisser
voir parmi les derniers. Tant était fort l'amour de leurs femmes, de leurs
enfants et de leur propre mort qui les inspirait ! Quand ils arrivèrent à
l'acte suprême, ils n'eurent pas, comme on l'eût cru, de défaillances ;
ils gardèrent leur résolution aussi fermement tendue qu'à l'instant où ils
entendirent le discours d'Éléazar ; chez tous subsistaient des sentiments
émus et affectueux, mais la raison l'emportait, parce qu'elle leur
paraissait avoir pris le parti le plus sage pour les êtres qui leur
étaient les plus chers. Ensemble, ils embrassèrent, étreignirent leurs
femmes, serrèrent dans leurs bras leurs enfants, s'attachant avec des
larmes à ces derniers baisers ; ensemble, comme si des bras étrangers les
eussent assistés dans cette œuvre, ils exécutèrent leurs résolution, et la
pensée des maux que ces malheureux devaient souffrir, s'ils tombaient aux
mains des ennemis, était pour les meurtriers, dans cette nécessité de
donner la mort, une consolation. Enfin, nul ne se trouva inférieur à un si
grand dessein; tous percèrent les êtres les plus chéris. Malheureuses
victimes du sort, pour qui le meurtre de leurs femmes et de leurs enfants,
exécuté de leur main, paraissait le plus léger de leurs maux !
Aussi, ne pouvant plus supporter l'angoisse dont ces actes une fois
accomplis les accablait, et croyant que ce serait faire injure aux
victimes de leur survivre même un court instant ils entassèrent
promptement au même endroit tous leurs biens et y mirent le feu ; puis ils
tirèrent au sort dix d'entre eux pour être les meurtriers de tous ; chacun
s'étendit auprès de sa femme et de ses enfants qui gisaient à terre, les
entourant de ses bras, et tous offrirent leur gorge toute prête à ceux qui
accomplissaient ce sinistre office. Quand ceux-ci eurent tué sans
faiblesse tous les autres, ils s'appliquèrent les uns aux autres la même
loi du sort : l'un d'eux, ainsi désigné, devait tuer ses neuf compagnons
et se tuer lui-même après tous ; de cette manière, ils étaient assurés
qu'il y aurait égalité pour tous dans la façon de porter le coup et de le
recevoir. Enfin, les neuf Juifs souffrirent la mort et le dernier
survivant, après avoir contemplé autour de lui la multitude des cadavres
étendus, craignant qu'au milieu de ce vaste carnage il ne restât quelqu'un
pour réclamer le secours de sa main et ayant reconnu que tous avaient
péri, mit le feu au palais, s'enfonça d'un bras vigoureux son épée tout
entière dans le corps, et tomba près de ceux de sa famille. Ils étaient
morts dans la pensée de n'avoir laissé aucun être vivant au pouvoir des Romains ;
cependant une vieille femme et une parente d'Éléazar,
remarquable entre toutes par son intelligence et son savoir, avaient
échappé aux regards et s'étaient cachées avec cinq enfants dans les
souterrains qui, à travers le sol, apportaient l'eau à la ville, pendant
que les autres habitants étaient absorbés par le massacre.
Le nombre des morts s'élevait à neuf cent-soixante, en comptant les femmes
et les enfants. Ce désastre arriva le 15 du mois de Xanthicos.
2. <402> Cependant les Romains, qui s'attendaient encore à combattre,
équipés dès l'aurore, rejoignirent par des ponts volants les terrassements
aux abords de la place et commencèrent l'assaut. Comme ils n'apercevaient
aucun ennemi et voyaient de toutes parts une affreuse solitude, et à
l'intérieur, dans un profond silence, l'incendie, ils se demandaient avec
inquiétude ce qui s'était passé. Enfin, quand ils furent arrivés à portée
de trait, ils poussèrent de grands cris pour attirer quelqu'un des
défenseurs. Les pauvres femmes entendirent cette clameur ; elles sortirent
des souterrains et racontèrent aux Romains ce qui était arrivé ; l'une
d'elles rapporta exactement le discours d'Éléazar et les circonstances de
la tuerie.
Les Romains ne crurent pas d'abord à ce récit, car la grandeur d'un pareil
acte les laissait incrédules ; ils entreprirent d'éteindre le feu et
bientôt, se frayant une route dans l'incendie, ils arrivèrent à
l'intérieur du palais. Alors, voyant cette multitude de cadavres, ils ne
se réjouirent pas comme en présence d'ennemis morts, mais admirèrent la
noblesse de cette résolution et ce mépris de la vie, attesté par tant
d'hommes qui avaient agi avec constance jusqu'au bout.
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