Texte grec :
[15,7,1] VII.
(1)<202> Τότε μέντοι γενόμενος ἐν τῇ βασιλείᾳ τεταραγμένην αὐτῷ τὴν οἰκίαν
καταλαμβάνει καὶ χαλεπῶς ἐχούσας τήν τε γυναῖκα Μαριάμμην καὶ τὴν μητέρα
τὴν ἐκείνης Ἀλεξάνδραν. <203> Οἰηθεῖσαι γάρ, ὅπερ ἦν ὕποπτον, οὐκ εἰς
ἀσφάλειαν τῶν σωμάτων εἰς ἐκεῖνο κατατεθῆναι τὸ χωρίον, ἀλλ' ὡς φρουρᾷ
μηθενὸς μήτε τῶν ἄλλων μήθ' αὑτῶν ἐξουσίαν ἔχοιεν, χαλεπῶς ἔφερον. <204> ἥ
τε Μαριάμμη τὸν μὲν ἔρωτα τοῦ βασιλέως ὑπόκρισιν ἄλλως καὶ πρὸς τὸ
συμφέρον αὐτῷ γινομένην ἀπάτην ὑπελάμβανεν, ἤχθετο δὲ τῷ μηδ' εἰ πάσχοι τι
δεινὸν ἐκεῖνος ἐλπίδα τοῦ βιώσεσθαι δι' αὐτὸν ἐσχηκέναι καὶ τὰς Ἰωσήπῳ
δοθείσας ἐντολὰς ἀνεμνημόνευεν, ὥστ' ἤδη διὰ θεραπείας εἶχεν τοὺς φρουροὺς
καὶ μᾶλλον τὸν Σόαιμον, ἐν ἐκείνῳ τὸ πᾶν ἐπισταμένη. <205> Σόαιμος δὲ κατὰ
μὲν τὰς ἀρχὰς πιστὸς ἦν οὐδὲν ὧν Ἡρώδης ἐνετέταλτο παριείς, λόγοις δὲ καὶ
δωρεαῖς λιπαρέστερον τῶν γυναικῶν ἐκθεραπευουσῶν αὐτὸν ἡττᾶτο κατὰ μικρὸν
ἤδη καὶ τέλος ἐξεῖπεν ἁπάσας τὰς ἐντολὰς τοῦ βασιλέως, μάλιστα μὲν οὐδ'
ἐλπίσας αὐτὸν ἐπὶ τῆς αὐτῆς ὑποστρέψειν ἐξουσίας· <206> ἐν ᾧ καὶ μᾶλλον
ἐκφυγὼν τὸν ἀπ' αὐτοῦ κίνδυνον οὐ μικρὰ χαριεῖσθαι ταῖς γυναιξὶν
ὑπελάμβανεν, αἷς ἦν εἰκὸς οὐκ ἀποτεύξεσθαι τοῦ περιόντος ἀξιώματος, ἀλλὰ
καὶ πλέον εἰς τὴν ἀμοιβὴν ἕξειν εἰ βασιλευούσας ἢ τοῦ βασιλεύοντος ἀγχοῦ
γενησομένας. <207> Ἐπήλπιζε δ' αὐτὸν οὐχ ἧττον, εἰ καὶ πάντα κατὰ νοῦν
πράξας ὑποστρέψειεν Ἡρώδης, μηδὲν ὅτι τῇ γυναικὶ δυνήσεσθαι βουλομένῃ γε
ἀντειπεῖν· ἠπίστατο γὰρ τὸν πρὸς τὴν Μαριάμμην ἔρωτα μείζονα λόγου τῷ
βασιλεῖ. <208> Ταῦτα προσεκλύσαντα τὰς ἐντολὰς ἐξαγγεῖλαι Μαριάμμη χαλεπῶς
ἤκουσεν, εἰ μηδὲν πέρας αὐτῇ τῶν ἐξ Ἡρώδου κινδύνων ἔσται, χαλεπῶς δὲ
διέκειτο, μηδενὸς μὲν τυχεῖν αὐτὸν τῶν ἴσων εὐχομένη, δυσύποιστον δ' εἰ
τύχοι τὸν μετ' αὐτοῦ βίον κρίνουσα. Καὶ τοῦτο διέδειξεν ἐν ὑστέρῳ μηδὲν
ἐπικρυψαμένη τοῦ κατ' αὐτὴν πάθους.
(2)<209> Ὁ μὲν γὰρ ἐπὶ μεγάλοις οἷς παρ' ἐλπίδας εὐτυχήκει καταπεπλευκὼς
πρώτῃ μέν, ὡς εἰκός, τῇ γυναικὶ περὶ τούτων εὐηγγελίζετο, μόνην δὲ ἐκ
πάντων διὰ τὸν ἔρωτα καὶ τὴν οὖσαν αὐτῷ συνήθειαν προτιμῶν ἠσπάζετο. <210>
Τῇ δ' οὔτε τὰς εὐημερίας διηγουμένου χαίρειν μᾶλλον ἢ χαλεπῶς φέρειν
συνέβαινεν οὔτ' ἐπικρύπτεσθαι τὸ πάθος δυνατὸν ἦν. Ἀλλ' ὑπ' ἀδοξίας καὶ
τῆς περιούσης εὐγενείας πρὸς μὲν τοὺς ἀσπασμοὺς ἀνέστενεν, τοῖς δὲ
διηγήμασιν ἄχθεσθαι μᾶλλον ἢ συγχαίρειν ἐνέφαινεν, ὡς οὐχ ὕποπτα μόνον
ἀλλὰ καὶ καταφανῆ γινόμενα τὸν Ἡρώδην ἐπιταράττειν. <211> ἠδημόνει μὲν γὰρ
ὁρῶν τὸ παράλογον τῆς γυναικὸς εἰς αὐτὸν μῖσος οὐκ ἀποκεκρυμμένον, ἤχθετο
δὲ τῷ πράγματι καὶ τὸν ἔρωτα φέρειν ἀδυνατῶν ταῖς τε ὀργαῖς καὶ ταῖς
διαλλαγαῖς οὐκ ἐνέμενεν, ἀεὶ δὲ ἀπὸ θατέρου μεταβαίνων εἰς θάτερον ἐφ'
ἑκατέρῳ πολλὴν εἶχεν ἀπορίαν. <212> Οὕτως οὖν ἐν μέσῳ τοῦ στυγεῖν καὶ
στέργειν ἀποληφθεὶς καὶ πολλάκις ἕτοιμος ὢν ἀμύνασθαι τῆς ὑπερηφανίας
αὐτὴν διὰ τὸ προκατειλῆφθαι τὴν ψυχὴν ἀσθενέστερος εἰς τὸ μεταστήσασθαι
τὴν ἄνθρωπον ἐγίνετο. Τὸ δὲ σύμπαν ἡδέως ἂν ἐκείνην κολάσας ἐδεδοίκει, μὴ
λάθοι μείζονα παρ' αὐτοῦ τὴν τιμωρίαν ἀποθανούσης εἰσπραττόμενος.
(3)<213> Συνιδοῦσαι δ' οὕτως αὐτὸν ἔχοντα πρὸς τὴν Μαριάμμην ἥ τε ἀδελφὴ
καὶ ἡ μήτηρ κάλλιστον ᾠήθησαν τὸν καιρὸν τοῦ πρὸς ἐκείνην μίσους εἰληφέναι
καὶ διελάλουν οὐ μικρῶς παροξύνουσαι τὸν Ἡρώδην διαβολαῖς μῖσος ὁμοῦ καὶ
ζηλοτυπίαν ἐμποιεῖν δυνησομέναις. <214> Ὁ δ' οὔτε τῶν τοιούτων ἀηδῶς
ἤκουσεν λόγων οὔτε δρᾶν τι κατὰ τῆς γυναικὸς ὡς πεπιστευκὼς ἀπεθάρρει,
χεῖρον μέντοι πρὸς αὐτὴν εἶχεν ἀεὶ καὶ τὸ πάθος ἀντεξεκαίετο, τῆς μὲν οὐκ
ἀποκρυπτομένης τὴν διάθεσιν, τοῦ δὲ τὸν ἔρωτα πρὸς ὀργὴν ἀεὶ
μεταλαμβάνοντος. <215> Κἂν εὐθὺς ἐπράχθη τι τῶν ἀνηκέστων· νῦν δὲ Καίσαρος
ἀγγελθέντος κρατεῖν τῷ πολέμῳ καὶ τεθνηκότων Ἀντωνίου καὶ Κλεοπάτρας ἔχειν
Αἴγυπτον, ἐπειγόμενος εἰς τὸ Καίσαρι ἀπαντᾶν κατέλιπεν ὡς εἶχεν τὰ περὶ
τὴν οἰκίαν. <216> Ἐξιόντι δὲ Μαριάμμη παραστησομένη τὸν Σόαιμον πολλήν τε
χάριν τῆς ἐπιμελείας ὡμολόγει καὶ μεριδαρχίαν αὐτῷ παρὰ τοῦ βασιλέως
ᾐτήσατο. <217> Κἀκεῖνος μὲν τυγχάνει τῆς τιμῆς. Ἡρώδης δὲ γενόμενος ἐν
Αἰγύπτῳ Καίσαρί τε μετὰ πλείονος παρρησίας εἰς λόγους ἦλθεν ὡς ἤδη φίλος
καὶ μεγίστων ἠξιώθη· τῶν τε γὰρ Κλεοπάτραν δορυφορούντων Γαλατῶν
τετρακοσίοις αὐτὸν ἐδωρήσατο καὶ τὴν χώραν ἀπέδωκεν αὐτῷ πάλιν, ἣν δι'
ἐκείνης ἀφῃρέθη. Προσέθηκεν δὲ καὶ τῇ βασιλείᾳ Γάδαρα καὶ Ἵππον καὶ
Σαμάρειαν ἔτι δὲ τῆς παραλίου Γάζαν καὶ Ἀνθηδόνα καὶ Ἰόπην καὶ Στράτωνος
πύργον.
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Traduction française :
[15,7,1] VII.
<202> 1. A son retour dans son royaume, il trouva sa maison toute troublée
et sa femme Mariamme et sa belle-mère Alexandra fort mécontentes. <203>
Persuadées, comme il y avait lieu de le soupçonner, qu'on les avait
enfermées à Masada, non pour assurer leur sécurité personnelle, mais afin
que, soumises à une étroite surveillance, elles ne pussent avoir la
disposition de rien, même de ce qui leur appartenait, elles en étaient
vivement irritées. <204> Mariamme se persuadait, d'ailleurs, que l'amour
du roi était une feinte et une duperie où il ne cherchait que son propre
intérêt ; elle s'indignait à la pensée que, s'il arrivait malheur à
Hérode, elle n'aurait plus, grâce à lui, aucun espoir de conserver la vie
; elle se rappelait les instructions données à Joseph et ne négligeait
aucune attention pour gagner ses gardiens, surtout Soaimos, dont elle
savait que tout dépendait. <205> Soaimos au commencement resta fidèle et
se conforma à tous les ordres donnés par Hérode ; puis les deux femmes,
par leurs discours et leurs présents, l'ayant patiemment circonvenu, il se
laissa gagner peu à peu et finit par leur révéler toutes les instructions
du roi, dans la persuasion où il était que celui-ci ne reviendrait pas
avec la même puissance. <206> Il pensait que, agissant ainsi, tout en
échappant au danger du côté d'Hérode, il s'assurerait les bonnes grâces
des deux femmes, qui bien probablement ne perdraient pas leur rang, mais
gagneraient encore au change soit qu'elles régnassent elles-mêmes, soit
qu'elles fussent très proches du roi. <207> Il ne se flattait pas moins,
au cas où même Hérode reviendrait toutes choses réglées à sa guise, que le
roi ne pourrait rien refuser à sa femme, dont il le savait follement
épris. <208> Tels étaient les motifs qui le poussèrent à révéler les
ordres reçus. Mariamme les apprit avec amertume, se demandant si jamais
elle verrait le terme des dangers qu'elle avait à redouter de la part
d'Hérode ; et elle se trouvait outrée envers lui, faisant des voeux pour
que le roi échouât complètement dans sa mission, car elle jugeait que,
s'il réussissait, la vie avec lui serait intolérable. Elle le montra,
d'ailleurs, clairement dans la suite, et ne cacha rien de ses sentiments.
<209> 2. Hérode, aussitôt débarqué, au retour de ce voyage dont le succès
avait dépassé toutes ses espérances, annonça à sa femme la première, comme
de juste, la nouvelle de cet heureux résultat et courut embrasser celle
qui passait pour lui avant tous en raison de son amour et de leur
intimité. <210> Mais Mariamme, en l'écoutant raconter ses succès,
éprouvait moins de joie que de mécontentement, et ne put dissimuler ses
impressions. Enflée de sa dignité, de l'orgueil persistant de sa haute
naissance, elle répondait par des soupirs aux embrassements d'Hérode et
faisait à ses récits mine plus chagrine que joyeuse. Ces sentiments, non
plus soupçonnés, mais ouvertement manifestés, troublèrent Hérode. <211> Il
s'inquiéta de voir l'inexplicable aversion, nullement dissimulée, de sa
femme à son égard ; il s'en indignait, et, impuissant à maîtriser son
amour, il ne pouvait rester longtemps irrité ou réconcilié passant
constamment d'un extrême à l'autre, il était, dans les deux cas, en proie
à la plus grande perplexité. <212> Ainsi flottant entre la haine et
l'amour, plusieurs fois sur le point de punir Mariamme de son dédain,
l'empire qu'elle avait pris sur son âme ne lui laissait pas la force de se
séparer de cette femme. Finalement, malgré la satisfaction qu'il aurait eu
à se venger, il y renonça dans la crainte, s'il la faisait mourir, que le
châtiment ne fût, sans qu'il le voulût, plus dur pour lui-même que pour elle.
<213> 3. Quand elles le virent dans ces dispositions à l'égard de
Mariamme, sa soeur et sa mère trouvèrent l'occasion excellente pour donner
libre cours à leur haine contre celle-ci ; dans leurs entretiens, elles
excitèrent Hérode par de graves accusations, propres à allumer chez lui
l'aversion et la jalousie. <214> Il écoutait volontiers ces propos, sans
trouver le courage d'agir contre sa femme comme s'il y ajoutait foi ;
cependant ses dispositions à l'égard de Mariamme devinrent toujours plus
mauvaises et la discorde s'enflammait entre eux, Mariamme ne cachant
nullement ses sentiments, et lui-même sentant chaque jour son amour se
changer en colère. <215> Et certainement il se serait laissé aller à
quelque acte irréparable, mais à ce moment, comme on annonçait que César
était vainqueur et que la mort d'Antoine et de Cléopâtre le rendait maître
de l'Égypte, Hérode, pressé de se porter à sa rencontre, laissa en
l'état ses affaires domestiques. <216> Comme il partait, Mariamme lui
amena Soaimos, déclara qu'elle lui devait une vive reconnaissance pour ses
soins et demanda pour lui au roi une place de préfet ; Soaimos obtint ce
poste. <217> Cependant Hérode, arrivé en Égypte, eut avec César des
entrevues pleines de cordialité, comme un ami déjà ancien, et fut comblé
d'honneurs. César lui fit don de quatre cents Gaulois, choisis parmi les
gardes du corps de Cléopâtre, et lui rendit le territoire que cette reine
lui avait fait enlever ; il ajouta encore à son royaume Gadara, Hippos,
Samarie, et, sur le littoral, Gaza, Anthédon, Jopé et la Tour de Straton.
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