[5,10] Chap. X.
(1)<338> Ἑβραῖοι δὲ τῶν πραγμάτων αὐτοῖς ὑπενεχθέντων πάλιν πόλεμον ἐκφέρουσι
Παλαιστίνοις διὰ τοιαύτην αἰτίαν: Ἠλὶ τῷ ἀρχιερεῖ δύο παῖδες ἦσαν Ὁφνίης τε καὶ
Φινεέσης. <339> οὗτοι καὶ πρὸς ἀνθρώπους ὑβρισταὶ γενόμενοι καὶ πρὸς τὸ θεῖον
ἀσεβεῖς οὐδενὸς ἀπείχοντο παρανομήματος, καὶ τὰ μὲν ἐφέροντο τῶν γερῶν κατὰ
τιμήν, ἃ δ' ἐλάμβανον αὐτοῖς ἁρπαγῆς τρόπῳ, γυναῖκάς τε τὰς ἐπὶ θρησκείᾳ
παραγινομένας ὕβριζον φθοραῖς ταῖς μὲν βίαν προσφέροντες τὰς δὲ δώροις
ὑπαγόμενοι: τυραννίδος δ' οὐθὲν ἀπέλειπεν ὁ βίος αὐτῶν. <340> ὅ τε οὖν πατὴρ
αὐτὸς ἐπὶ τούτοις χαλεπῶς εἶχεν ὅσον οὐδέπω προσδοκῶν ἥξειν ἐκ θεοῦ τιμωρίαν
αὐτοῖς ἐπὶ τοῖς πραττομένοις, τό τε πλῆθος ἐδυσφόρει, κἀπειδὴ φράζει τὴν
ἐσομένην συμφορὰν ὁ θεὸς τοῖς παισὶν αὐτοῦ τῷ τε Ἠλὶ καὶ Σαμουήλῳ τῷ προφήτῃ
παιδὶ τότε ὄντι, τότε φανερὸν ἐπὶ τοῖς υἱοῖς πένθος ἦγε.
(2)<341> Βούλομαι δὲ τὰ περὶ τοῦ προφήτου πρότερον διεξελθὼν ἔπειθ' οὕτως τὰ
περὶ τοὺς Ἠλὶ παῖδας εἰπεῖν καὶ τὴν δυστυχίαν τὴν τῷ παντὶ λαῷ Ἑβραίων
γενομένην. <342> Ἀλκάνης Λευίτης ἀνὴρ τῶν ἐν μέσῳ πολιτῶν τῆς Ἐφράμου κληρουχίας
Ῥαμαθὰν πόλιν κατοικῶν ἐγάμει δύο γυναῖκας Ἄνναν τε καὶ Φενάνναν. ἐκ δὴ ταύτης
καὶ παῖδες αὐτῷ γίνονται, τὴν δ' ἑτέραν ἄτεκνον οὖσαν ἀγαπῶν διετέλει. <343>
ἀφικομένου δὲ μετὰ τῶν γυναικῶν τοῦ Ἀλκάνου εἰς Σιλὼ πόλιν θῦσαι, ἐνταῦθα γὰρ ἡ
σκηνὴ τοῦ θεοῦ ἐπεπήγει καθὼς προειρήκαμεν, καὶ πάλιν κατὰ τὴν εὐωχίαν νέμοντος
μοίρας κρεῶν ταῖς τε γυναιξὶ καὶ τοῖς τέκνοις, ἡ Ἄννα θεασαμένη τοὺς τῆς ἑτέρας
παῖδας τῇ μητρὶ περικαθημένους, εἰς δάκρυά τε προύπεσε καὶ τῆς ἀπαιδίας αὑτὴν
ὠλοφύρετο καὶ τῆς μονώσεως. <344> καὶ τῆς τἀνδρὸς παραμυθίας τῇ λύπῃ κρατήσασα
εἰς τὴν σκηνὴν ᾤχετο τὸν θεὸν ἱκετεύουσα δοῦναι γονὴν αὐτῇ καὶ ποιῆσαι μητέρα,
ἐπαγγελλομένη τὸ πρῶτον αὐτῇ γενησόμενον καθιερώσειν ἐπὶ διακονίᾳ τοῦ θεοῦ
δίαιταν οὐχ ὁμοίαν τοῖς ἰδιώταις ποιησόμενον. <345> διατριβούσης δ' ἐπὶ ταῖς
εὐχαῖς πολὺν χρόνον Ἠλὶς ὁ ἀρχιερεύς, ἐκαθέζετο γὰρ πρὸ τῆς σκηνῆς, ὡς
παροινοῦσαν ἐκέλευεν ἀπιέναι. τῆς δὲ πιεῖν ὕδωρ φαμένης, λυπουμένης δ' ἐπὶ
παίδων ἀπορίᾳ τὸν θεὸν ἱκετεύειν, θαρσεῖν παρεκελεύετο παρέξειν αὐτῇ παῖδας τὸν
θεὸν καταγγέλλων.
(3)<346> Παραγενομένη δ' εὔελπις πρὸς τὸν ἄνδρα τροφὴν χαίρουσα προσηνέγκατο,
καὶ ἀναστρεψάντων εἰς τὴν πατρίδα κύειν ἤρξατο καὶ γίνεται παιδίον αὐτοῖς, ὃν
Σαμουῆλον προσαγορεύουσι: θεαίτητον ἄν τις εἴποι. παρῆσαν οὖν ὑπὲρ τῆς τοῦ
παιδὸς θύσοντες γενέσεως δεκάτας τ' ἔφερον. <347> ἀναμνησθεῖσα δ' ἡ γυνὴ τῆς
εὐχῆς τῆς ἐπὶ τῷ παιδὶ γεγενημένης παρεδίδου τῷ Ἠλὶ ἀνατιθεῖσα τῷ θεῷ προφήτην
γενησόμενον: κόμη τε οὖν αὐτῷ ἀνεῖτο καὶ ποτὸν ἦν ὕδωρ. καὶ Σαμουῆλος μὲν ἐν τῷ
ἱερῷ διῆγε τρεφόμενος, Ἀλκάνῃ δ' ἐκ τῆς Ἄννας υἱεῖς τε γίνονται καὶ τρεῖς
θυγατέρες.
(4)<348> Σαμουῆλος δὲ πεπληρωκὼς ἔτος ἤδη δωδέκατον προεφήτευε. καί ποτε
κοιμώμενον ὀνομαστὶ ἐκάλεσεν ὁ θεός: ὁ δὲ νομίσας ὑπὸ τοῦ ἀρχιερέως πεφωνῆσθαι
παραγίνεται πρὸς αὐτόν. οὐ φαμένου δὲ καλέσαι τοῦ ἀρχιερέως ὁ θεὸς εἰς τρὶς
τοῦτο ποιεῖ. <349> καὶ Ἠλὶς διαυγασθείς φησι πρὸς αὐτόν, “ἀλλ' ἐγὼ <μὲν>,
Σαμουῆλε, σιγὴν ὡς καὶ τὸ πρὶν ἦγον, θεὸς δ' ἐστὶν ὁ καλῶν, σήμαινέ τε πρὸς
αὐτόν, ὅτι παρατυγχάνω.” καὶ τοῦ θεοῦ φθεγξαμένου πάλιν ἀκούσας ἠξίου λαλεῖν ἐπὶ
τοῖς χρωμένοις: οὐ γὰρ ὑστερήσειν αὐτὸν ἐφ' οἷς ἂν θελήσῃ διακονίας. <350> καὶ ὁ
θεός “ἐπεί, φησί, παρατυγχάνεις, μάνθανε συμφορὰν Ἰσραηλίταις ἐσομένην λόγου
μείζονα καὶ πίστεως τοῖς παρατυγχάνουσι, καὶ τοὺς Ἠλὶ δὲ παῖδας ἡμέρᾳ μιᾷ
τεθνηξομένους καὶ τὴν ἱερωσύνην μετελευσομένην εἰς τὴν Ἐλεαζάρου οἰκίαν: Ἠλὶς
γὰρ τῆς ἐμῆς θεραπείας μᾶλλον τοὺς υἱοὺς καὶ παρὰ <351> τὸ συμφέρον αὐτοῖς
ἠγάπησε.” ταῦτα βιασάμενος ὅρκοις εἰπεῖν αὐτῷ τὸν προφήτην Ἠλίς, οὐ γὰρ ἐβούλετο
λυπεῖν αὐτὸν λέγων, ἔτι μᾶλλον βεβαιοτέραν εἶχε τὴν προσδοκίαν τῆς τῶν τέκνων
ἀπωλείας. Σαμουήλου δὲ ηὔξετο ἐπὶ πλέον ἡ δόξα πάντων ὧν προεφήτευσεν ἀληθινῶν
βλεπομένων.
| [5,10] Chapitre X.
1. Les Hébreux, dont les affaires avaient décliné, portent de nouveau la guerre chez les Philistins par la raison que voici. Éli, le grand-prêtre, avait deux fils, Ophnis et Phinéès(ès). Ceux-ci, violents envers les hommes et impies envers la divinité, ne reculaient devant aucune injustice. Ils prenaient une partie des offrandes à titre d'honoraires, les autres, ils s'en emparaient comme des voleurs ; les femmes qui venaient pour le culte divin, ils les déshonoraient, en violant les unes, en séduisant les autres par des présents ; bref, leurs procédés ne différaient en rien de la tyrannie. Aussi leur père s’en montrait-il très affecté et il n'était pas loin de s'attendre à voir fondre sur eux le châtiment de Dieu à cause de leur conduite ; le peuple aussi en était fort en peine. Et lorsque Dieu dit à Éli et à Samuél(os) le prophète, qui était encore enfant, le sort qui était réservé à ses fils, alors Éli porta ouvertement le deuil de ses enfants.
2. Mais je veux d'abord rapporter en détail l'histoire du prophète, et ensuite seulement dire ce qui advint aux fils d'Éli et le désastre qui accabla tout le peuple des Hébreux. Alcanès, un Lévite de la classe moyenne, de la tribu d'Ephraïm, qui habitait dans la ville d'Armatha, avait deux femmes, Anna et Phénanna. De cette dernière, il eut des enfants ; quant à l'autre, encore qu'elle fût stérile, il ne cessa pas de l'aimer. Comme Alcanès était venu avec ses femmes dans la ville de Silo pour y sacrifier – car c'était là que se dressait le tabernacle de Dieu, comme nous l'avons dit précédemment -, et que pendant le festin il avait distribué successivement les parts des viandes à ses femmes et ses enfants, Anna, apercevant les enfants de l'autre femme assis autour de leur mère, fondit en larmes et se lamentait de sa stérilité et de son isolement. Son chagrin étant plus fort que les consolations de son mari, elle alla dans le tabernacle, supplia Dieu de lui donner une progéniture et de la rendre mère, promettant que son premier-né serait consacré au service de Dieu et n'aurait pas le même genre de vie que le commun. Comme elle restait longtemps en prière, Éli, le grand-prêtre, qui était assis à l'entrée du tabernacle, la prenant pour une femme ivre, lui commanda de se retirer. Celle-ci ayant répondu qu'elle n'avait bu que de l'eau, mais que, dans son chagrin d'être stérile, elle suppliait Dieu, il l'exhorta à prendre courage, lui annonçant que Dieu lui accorderait des enfants.
3. Revenue avec ce doux espoir auprès de son mari, dans sa joie, elle prit de la nourriture et, quand ils furent de retour dans leur ville, elle se sentit enceinte. Et il leur naît un fils qu'ils appellent Samuel, ce qu’on pourrait rendre par demandé à Dieu (Théétète). Ils revinrent alors offrir un sacrifice à l'occasion de la naissance de ce fils, et apportèrent aussi leurs dîmes. Et la femme, se souvenant du vœu qu'elle avait formé au sujet de l'enfant, le remit à Éli, pour le consacrer à Dieu afin qu'il devînt un prophète. Aussi laissa-t-on croître sa chevelure librement et il eut pour boisson de l'eau. Samuel vécut ainsi et fût élevé dans le sanctuaire, mais Alcanès eut encore d'Anna d'autres fils et trois filles.
4. Dès que Samuel eut douze ans accomplis, il commença à prophétiser. Et une nuit qu'il dormait, Dieu l'appela par son nom. Lui, croyant que c'était le grand-prêtre qui avait parlé, alla le trouver. Comme le grand-prêtre niait l'avoir appelé, Dieu recommença à trois reprises. Et Éli réveillé, lui dit : « En vérité, Samuel, moi, je me suis tu comme tout à l'heure, c'est Dieu qui l'appelle. Eh bien dis-lui : Je suis là ». Et Dieu ayant parlé encore une fois, Samuel, qui l'entendit, le pria de lui révéler ses oracles ; car il ne manquerait pas de le servir, quoi qu'il désirât. Dieu alors : « Puisque, dit-il, tu es là, apprends qu'un malheur va fondre sur les Israélites qui dépassera tout ce qu'on peut dire ou croire, que les fils d'Éli périront le même jour et que le pontificat passera dans la maison d'Eléazar, parce qu'à mon culte Éli a préféré ses fils, et les a chéris au détriment même de leurs intérêts ». Éli ayant contraint le prophète par serments de lui révéler tout - ce dernier ne voulant pas l'affliger en lui en parlant -, il s'attendit avec plus de certitude que jamais à la perte de ses fils. Quant à Samuel, sa renommée ne fit que s'accroître, parce qu'on voyait que toutes ses prophéties étaient véridiques.
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