[2,2]
(1)<7> Ἰακώβῳ δὲ συνέβη παρελθεῖν εἰς εὐδαιμονίας μέγεθος, οἷον οὐκ ἄλλῳ τινὶ
ῥᾳδίως: πλούτῳ τε γὰρ ὑπερέβαλλε τοὺς ἐπιχωρίους καὶ παίδων ἀρεταῖς ζηλωτὸς καὶ
περίβλεπτος ἦν: οὐδενὸς γὰρ ὅλως ὑστέρουν, ἀλλὰ καὶ πρὸς ἔργα χειρῶν καὶ πόνων
ὑπομονὴν ἦσαν εὔψυχοι καὶ δεινοὶ συνιέναι. <8> τοσαύτην δ' ἄρα τὸ θεῖον αὐτοῦ
πρόνοιαν ἔσχε καὶ τῆς εὐδαιμονίας ἐπιμέλειαν, ὡς κἀκ τῶν λυπηρῶν αὐτῷ δοξάντων
τὴν ὑπερβολὴν τῶν ἀγαθῶν παρασχεῖν καὶ ποιῆσαι τῆς ἀπ' Αἰγύπτου τῶν ἡμετέρων
προγόνων ἀναχωρήσεως αἴτιον αὐτόν τε καὶ τοὺς ἐξ αὐτοῦ γεγονότας ὑπὸ τοιαύτης
αἰτίας:
<9> Ἰώσηπον ἐκ Ῥαχήλας πεπαιδοποιημένος Ἰάκωβος διά τε τὴν τοῦ σώματος εὐγένειαν
καὶ διὰ ψυχῆς ἀρετήν, φρονήσει γὰρ διέφερε, τῶν ἄλλων πλέον υἱῶν ἠγάπα. <10>
τούτῳ παρὰ τῶν ἀδελφῶν ἥ τε τοῦ πατρὸς στοργὴ φθόνον ἐκίνησε καὶ μῖσος ἥ τε ἐκ
τῶν ὀνειράτων, ἃ θεασάμενος τῷ τε πατρὶ καὶ τούτοις ἐμήνυσεν, εὐδαιμονία
καταγγελλομένη, ζηλοτυπούντων ἄρα τῶν ἀνθρώπων καὶ τὰς τῶν οἰκειοτάτων
εὐπραγίας. αἱ δὲ ὄψεις, ἃς κατὰ τοὺς ὕπνους εἶδεν Ἰώσηπος, τοιαίδε ἦσαν.
(2)<11> Ἐκπεμφθεὶς μετὰ τῶν ἀδελφῶν παρὰ τοῦ πατρὸς ἐπὶ συλλογῇ τῶν καρπῶν
θέρους ἀκμάζοντος ὁρᾷ πολὺ τῶν κατὰ συνήθειαν ἐπιφοιτώντων κατὰ τοὺς ὕπνους
ὀνειράτων διαφέρουσαν ὄψιν, ἣν περιεγερθεὶς τοῖς ἀδελφοῖς ὡς κρινοῦσιν αὐτῷ τὸ
σημαινόμενον ἐξέθετο, λέγων ἰδεῖν ἐπὶ τῆς παρελθούσης νυκτὸς τὸ μὲν αὐτοῦ δράγμα
τῶν πυρῶν ἠρεμεῖν ἐφ' οὗ κατέθηκε τόπου, τὰ δὲ ἐκείνων προστρέχοντα προσκυνεῖν
αὐτὸ καθάπερ οἱ δοῦλοι τοὺς δεσπότας. <12> οἱ δὲ συνέντες ἰσχὺν αὐτῷ καὶ μέγεθος
πραγμάτων τὴν ὄψιν προλέγουσαν καὶ κατ' αὐτῶν τὴν ἐξουσίαν ἐσομένην τῷ μὲν
Ἰωσήπῳ τούτων οὐδὲν ὡς οὐ γνώριμον αὐτοῖς τὸ ὄναρ ὂν διεσάφησαν, ἀρὰς δ'
ἐποιήσαντο μηδὲν εἰς τέλος αὐτῷ παρελθεῖν ὧν ὑπενόουν καὶ πρὸς αὐτὸν ἔτι μᾶλλον
ἀπεχθῶς ἔχοντες διετέλουν.
(3)<13> Τῷ δὲ παρ' αὐτῶν φθόνῳ προσφιλονικῆσαν τὸ θεῖον δευτέραν ὄψιν ἐπιπέμπει
τῷ Ἰωσήπῳ πολὺ τῆς προτέρας θαυμασιωτέραν. τὸν ἥλιον γὰρ ἔδοξε τὴν σελήνην
παραλαβόντα καὶ τοὺς λοιποὺς ἀστέρας ἐπὶ τὴν γῆν κατελθεῖν καὶ προσκυνεῖν αὐτόν.
<14> ταύτην τὴν ὄψιν τῷ πατρὶ μηδὲν παρὰ τῶν ἀδελφῶν κακόηθες ὑφορώμενος καὶ
τούτων παρατυγχανόντων διεσάφησε, τί καὶ βούλεται σημαίνειν φράσαι παρακαλῶν.
<15> ὁ δὲ ἡσθεὶς τῷ ὀνείρατι, τὴν γὰρ πρόρρησιν αὐτοῦ τῇ διανοίᾳ συλλαβὼν καὶ
μετὰ σοφίας οὐκ ἀσκόπως εἰκάσας ἔχαιρεν ἐπὶ μεγάλοις τοῖς σημαινομένοις, ἃ
εὐδαιμονίαν τῷ παιδὶ κατήγγελλε καὶ καιρὸν ἥξειν θεοῦ δόντος, καθ' ὃν αὐτὸν ὑπό
τε τῶν γονέων καὶ τῶν ἀδελφῶν ἔσεσθαι τίμιον καὶ προσκυνήσεως ἄξιον, <16> τὴν
μὲν σελήνην καὶ τὸν ἥλιον μητρὶ καὶ πατρί, τῆς μὲν αὐξούσης ἅπαντα καὶ τρεφούσης
τοῦ δ' ἐκτυποῦντος καὶ τὴν ἄλλην ἰσχὺν ἐντιθέντος εἰκάζων, τοὺς δ' ἀστέρας τοῖς
ἀδελφοῖς: καὶ γὰρ τούτους ἕνδεκα εἶναι καθάπερ καὶ τοὺς ἀστέρας ἀπό τε ἡλίου καὶ
σελήνης τὴν ἰσχὺν λαμβάνοντας.
(4)<17> Καὶ ὁ μὲν Ἰάκωβος τοιαύτην οὐκ ἀσυνέτως ἐποιήσατο τῆς ὄψεως τὴν κρίσιν,
τοὺς δ' ἀδελφοὺς τοῦ Ἰωσήπου σφόδρα ἐλύπησε τὰ προειρημένα καὶ διετέθησαν ὡς ἐπ'
ἀλλοτρίῳ τινὶ μέλλοντι τὰ σημαινόμενα διὰ τῶν ὀνειράτων ἀγαθὰ ἕξειν, ἀλλ' οὐκ
ἀδελφῷ καὶ ὧν συναπολαύσειν αὐτῷ εἰκὸς ἦν κοινωνοὺς ὡς τῆς γενέσεως οὕτως καὶ
τῆς εὐδαιμονίας ἐσομένους: <18> ἀνελεῖν τε ὡρμήκεσαν τὸ μειράκιον, καὶ ταύτην
κυρώσαντες τὴν βουλήν, ἐπεὶ τὰ τῆς συγκομιδῆς αὐτοῖς πέρας εἶχεν, ἐπὶ Σικίμων
τραπέντες, χώρα δ' ἐστὶν αὕτη βόσκειν ἀγαθὴ θρέμματα καὶ νομὰς ἐκφέρειν, αὐτόθι
τῶν ποιμνίων ἐπεμελοῦντο μὴ προδηλώσαντες τῷ πατρὶ τὴν ἐκεῖσε ἄφιξιν. <19> ὁ δὲ
ὑπὸ τῆς ἀγνοίας καὶ τοῦ μηδὲ ἀπὸ τῶν ποιμνίων πρὸς αὐτὸν ἀφικέσθαι τινὰ τὸν περὶ
τῶν παίδων αὐτῷ τἀληθὲς σημαίνειν δυνάμενον, σκυθρωπότερον τὴν περὶ αὐτῶν
διάνοιαν λαμβάνων καὶ περιδεὴς ὢν πέμπει τὸν Ἰώσηπον εἰς τὰ ποίμνια μαθησόμενον
τὰ περὶ τῶν ἀδελφῶν καὶ τί πράττοιεν σημανοῦντα.
| [2,2] Chapitre II.
1. <7> Jacob parvint à un degré de prospérité qui a difficilement été atteint par un autre : en richesse, il dépassait les habitants du pays; les vertus de ses enfants le faisaient considérer avec envie : point de qualité qui leur faisait défaut ; pour le travail des mains et la résistance aux fatigues, ils montraient beaucoup de courage et une vive intelligence. <8> La divinité prenait un tel soin de lui et veillait si bien à sa prospérité que même les événements qui lui semblaient déplorables devinrent une source d'immenses bienfaits et qu'elle prépara pour nos ancêtres la sortie d'Égypte par le moyen de Jacob et de ses descendants, voici de quelle façon.
<9> Joseph, que Jacob avait eu de Rachel, était celui de tous ses enfants qu'il chérissait le plus, tant pour sa beauté physique que pour les qualités de son âme, car il avait une sagesse exceptionnelle.<10> Il s'attira la jalousie et la haine de ses frères par cette affection que son père lui vouait, ainsi que par des songes qui lui promettaient la fortune et qu'il allait raconter à son père ainsi qu'à eux : car les hommes sont jaloux des prospérités même de leurs plus proches parents. Or, voici ce que Joseph vit en songe.
2. <11> Envoyé avec ses frères par son père pour faire la moisson au plus fort de l'été, il eut une vision très différente des songes qui nous visitent d'ordinaire pendant le sommeil ; réveillé, il la raconte à ses frères pour qu'ils lui en montrent la signification. Il avait vu, disait-il, la nuit passée, sa gerbe de froment immobile à l'endroit où il l'avait posée, tandis que les leurs accouraient se prosterner devant la sienne, comme des esclaves devant leurs maîtres. <12> Ceux-ci comprirent que la vision lui présageait la puissance, une grande fortune, et la suprématie sur eux-mêmes, mais ils n'en firent rien savoir à Joseph, comme si le songe leur était inintelligible. Ils formèrent des vœux pour que rien ne se réalisât de ce qu'ils auguraient, et leurs sentiments d'aversion pour lui ne firent que s'aggraver encore.
3. <13> Renchérissant sur leur jalousie, la divinité envoya à Joseph une seconde vision bien plus merveilleuse que la précédente : il crut voir le soleil, accompagné de la lune et des autres astres, descendre sur la terre et se prosterner devant lui. <14> Cette vision, il la révéla à son père en présence de ses frères, sans soupçonner aucune méchanceté de leur part, et lui demanda de lui expliquer ce qu'elle voulait dire. <15> Jacob se réjouit de ce songe ; il réfléchit aux prédictions qu'il enfermait, dans sa sagesse en devina heureusement le sens, prit plaisir aux grandes choses qu'il annonçait, à savoir la prospérité de son fils et la venue d'un temps voulu par Dieu où il deviendrait digne des hommages et de la vénération de ses parents et de ses frères ; <16> la lune et le soleil, c'étaient sa mère et son père, celle-là faisant tout croître et se développer, celui-ci donnant aux objets leur forme et leur imprimant toutes les autres énergies ; les autres astres désignaient ses frères : ils étaient, en effet, au nombre de onze comme les astres, empruntant, comme eux, leur force au soleil et à la lune.
4. <17> Jacob avait montré beaucoup de sagacité dans l'interprétation de cette vision ; quant aux frères de Joseph, ces prédictions les chagrinèrent fort ; à leurs sentiments, on eût dit que c'était un étranger qui allait profiter des bienfaits annoncés par les songes et non pas un frère ; c'étaient cependant des biens dont il était naturel qu'ils partageassent la jouissance, puisqu'ils allaient être unis à la fois par les liens de la naissance et de la prospérité. <18> Ils méditent de faire périr le jeune homme' et, ayant arrêté ce projet, comme les travaux de la récolte étaient terminés, ils se dirigent vers Sikima (Sichem), pays excellent pour ses pâturages et pour l'élève du bétail ; là, ils s'occupèrent de leurs troupeaux sans aviser leur père de leur venue dans ce pays. <19> Celui-ci, dans son incertitude, comme personne ne venait des pâturages qui pût lui donner des nouvelles certaines de ses fils, faisait à leur égard les plus inquiétantes conjectures, et, plein d'anxiété, il envoie Joseph vers les troupeaux pour s'informer au sujet de ses frères et lui rapporter ce qu'ils faisaient.
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