[1,20]
(1)<325> Ἰακώβῳ δὲ εἰς τὴν Χαναναίαν προϊόντι φαντάσματα συνετύγχανεν ἀγαθὰς
ἐλπίδας ὑπαγορεύοντα περὶ τῶν ἐς ὕστερον: καὶ τὸν μὲν τόπον ἐκεῖνον προσαγορεύει
θεοῦ στρατόπεδον, βουλόμενος δὲ εἰδέναι, τί ὁ ἀδελφὸς αὐτοῦ φρονεῖ, τοὺς
γνωσομένους ἕκαστα μετὰ ἀκριβείας προύπεμψε δεδιὼς αὐτὸν διὰ τὴν προτέραν
ὑποψίαν. <326> ἐνετέλλετο δὲ τοῖς πεμπομένοις λέγειν πρὸς τὸν Ἡσαῦν, ὅτι νομίσας
Ἰάκωβος ἄδικον συνδιαιτᾶσθαι αὐτοῦ τῇ ὀργῇ τῆς χώρας ἑκὼν ὑπεξέλθοι, καὶ νῦν τὸν
χρόνον ἱκανὸν ἡγούμενος εἶναι διαλλάκτην ἐπανήκοι γυναῖκάς τε καὶ παῖδας
ἐπαγόμενος μετὰ τοῦ πορισθέντος βίου, μετὰ τῶν τιμιωτάτων ἑαυτὸν ἐκείνῳ
παραδιδούς, ὅτι κρίνοι μέγιστον ἀγαθὸν τὸ τῷ ἀδελφῷ συμμεταλαμβάνειν τῶν ὑπὸ τοῦ
θεοῦ δεδομένων. <327> καὶ οἱ μὲν ταῦτα ἐδήλουν, Ἡσαῦς δὲ περιχαρὴς γίνεται καὶ
τῷ ἀδελφῷ ὑπήντα σὺν ὁπλίταις τετρακοσίοις. καὶ Ἰάκωβος πυνθανόμενος ἥκειν αὐτὸν
ὑπαντησόμενον μετὰ τοσούτων ἦν περίφοβος, τῷ μέντοι θεῷ τὴν ἐλπίδα τῆς σωτηρίας
ἐπέτρεπε καὶ πρόνοιαν εἶχεν ἐκ τῶν παρόντων, ὅπως αὐτὸς ἀπαθὴς σώζοι τοὺς σὺν
αὑτῷ κρατήσας τῶν ἐχθρῶν εἰ θέλοιεν ἀδικεῖν. <328> νείμας οὖν τοὺς σὺν αὑτῷ τοὺς
μὲν προύπεμπε, τοὺς δὲ λειπομένους ἆσσον ἐκέλευσεν ἀκολουθεῖν, ὅπως εἰ βιασθεῖεν
οἱ προπεμφθέντες ἐπιθεμένου τοῦ ἀδελφοῦ, καταφυγὴν ἔχοιεν τοὺς ἑπομένους. <329>
καὶ τοῦτον διατάξας τοὺς σὺν αὑτῷ τὸν τρόπον πέμπει τινὰς δῶρα κομίζοντας
τἀδελφῷ: ὑποζύγια δὲ ἦν τὰ πεμπόμενα καὶ πλῆθος τετραπόδων ποικίλων, ἃ δὴ τίμια
τοῖς ληψομένοις ἔμελλεν ἔσεσθαι παρὰ τὸ σπανίζειν αὐτῶν. <330> ἦσαν δὲ οἱ
πεμφθέντες ἐκ διαλειμμάτων, ἵνα συνεχέστερον ἐντυγχάνοντες πολλοὶ δοκῶσιν:
ἀνήσειν γὰρ ὑπὸ τῶν δωρεῶν τῆς ὀργῆς, εἰ διαμένοι τεθυμωμένος: ἔτι μέντοι καὶ
λόγοις χρηστοῖς ὁμιλεῖν πρὸς αὐτὸν εἴρητο τοῖς πεμπομένοις.
(2)<331> Ταῦτα συνθεὶς διὰ πάσης τῆς ἡμέρας νυκτὸς ἐπιγενομένης ἐκίνει τοὺς σὺν
αὑτῷ: καὶ χειμάρρουν τινὰ Ἰάβακχον λεγόμενον διαβεβηκότων Ἰάκωβος ὑπολελειμμένος
φαντάσματι συντυχὼν διεπάλαιεν ἐκείνου προκατάρχοντος τῆς μάχης ἐκράτει τε τοῦ
φαντάσματος, <332> ὃ δὴ καὶ φωνῇ χρῆται καὶ λόγοις πρὸς αὐτὸν χαίρειν τε τοῖς
γεγενημένοις παραινοῦν καὶ μὴ μικρὸν κρατεῖν ὑπολαμβάνειν, ἀλλὰ θεῖον ἄγγελον
νενικηκέναι καὶ σημεῖον ἡγεῖσθαι τοῦτο μεγάλων ἀγαθῶν ἐσομένων καὶ τοῦ μηδέποτε
τὸ γένος ἐκλείψειν αὐτοῦ, μηδὲ ὑπέρτερον ἀνθρώπων τινὰ τῆς ἰσχύος ἔσεσθαι τῆς
ἐκείνου. <333> ἐκέλευσέ τε καλεῖν αὐτὸν Ἰσραῆλον, σημαίνει δὲ τοῦτο κατὰ τὴν
Ἑβραίων γλῶτταν τὸν ἀντιστάτην ἀγγέλῳ θεοῦ. ταῦτα μέντοι προύλεγεν Ἰακώβου
δεηθέντος: αἰσθόμενος γὰρ ἄγγελον εἶναι θεοῦ, τίνα μοῖραν ἕξει σημαίνειν
παρεκάλει. καὶ τὸ μὲν φάντασμα ταῦτ' εἰπὸν ἀφανὲς γίνεται. <334> ἡσθεὶς δὲ
τούτοις Ἰάκωβος Φανουῆλον ὀνομάζει τὸν τόπον, ὃ σημαίνει θεοῦ πρόσωπον. καὶ
γενομένου διὰ τὴν μάχην ἀλγήματος αὐτῷ περὶ τὸ νεῦρον τὸ πλατὺ αὐτός τε ἀπέχεται
τῆς τούτου βρώσεως καὶ δι' ἐκεῖνον οὐδὲ ἡμῖν ἐστιν ἐδώδιμον.
(3)<335> Πλησίον δ' ἤδη τὸν ἀδελφὸν πυνθανόμενος κελεύει προϊέναι τῶν γυναικῶν
ἑκατέραν κατ' αὐτὴν μετὰ τῶν θεραπαινίδων, ἵνα πόρρωθεν ἀφορῷεν τὰ ἔργα τῶν
ἀνδρῶν μαχομένων, εἰ τοῦτο θελήσειεν Ἡσαῦς, προσεκύνει δ' αὐτὸς τὸν ἀδελφὸν
ἐγγὺς αὐτῷ γενόμενον οὐδὲν περὶ αὐτοῦ δόλιον φρονοῦντα. <336> καὶ ὁ Ἡσαῦς
ἀσπασάμενος αὐτὸν ἀνήρετο τῶν παίδων τὸν ὄχλον καὶ τὰς γυναῖκας, ἠξίου τε τότε
μαθὼν περὶ αὐτῶν τὸ πᾶν καὶ αὐτὸς συμβαδίζειν αὐτοῖς πρὸς τὸν πατέρα, Ἰακώβου δὲ
προφασιζομένου τὸν κόπον τῶν ὑποζυγίων ὑπεχώρησεν εἰς Σάειραν: ἐνταῦθα γὰρ
ἐποιεῖτο τὴν δίαιταν προσαγορεύσας τὸ χωρίον ἀπὸ τῆς αὑτοῦ τριχώσεως <δασεῖαν>.
| [1,20] Chapitre XX.
1. <325> Jacob, en poursuivant sa route vers la Chananée, eût des visions qui lui firent concevoir d'heureuses espérances pour l'avenir ; l'endroit où elles lui apparurent, il l'appela Camp de Dieu. Voulant connaître les sentiments de son frère à son égard, il envoya des gens en avant s'assurer de tout avec exactitude ; car il le craignait encore, à cause des soupçons d'autrefois. Il chargea ses messagers de dire à Esaü que Jacob avait quitté volontairement son pays, parce qu'il lui semblait inadmissible de vivre avec lui tant qu'il était en colère ; mais qu'à présent, estimant que le temps passé suffisait à les réconcilier, il revenait avec ses femmes et ses enfants et toutes les ressources qu'il s'était procurées et se remettait à lui avec ce qu'il avait de plus précieux, n'estimant aucun bien plus désirable que de jouir avec son frère des richesses que Dieu lui avait données. Les messagers rapportèrent ces paroles ; Esaü s'en réjouit vivement et vient à la rencontre de son frère avec quatre cents hommes armés. Jacob, apprenant qu'il arrive au-devant de lui avec une si grande troupe, est très effrayé, mais il met en Dieu son espoir de salut et prend les mesures que comporte la situation, afin de ne pas être atteint, de sauver les siens et de triompher de ses ennemis, s'ils voulaient lui nuire. Il divise donc son monde, envoie les uns en avant et recommande au restant de les suivre de près, afin que, si l'avant-garde était assaillie par une subite agression de son frère, elle trouve un refuge parmi ceux qui suivent. Ayant rangé de la sorte les siens, il envoie quelques-uns apporter des présents à son frère : cet envoi consistait en bêtes de somme et en une quantité de quadrupèdes d'espèces diverses qui seraient très estimés de ceux qui les recevraient à cause de leur rareté. Les messagers marchaient espacés afin de paraître plus nombreux en arrivant les uns après les autres. A la vue des présents on espérait qu'Esaü laisserait s'apaiser sa colère, s'il était encore irrité ; d'ailleurs, Jacob recommanda encore aux messagers de l'aborder d'un ton affable.
2. <331> Ces dispositions prises durant toute la journée, il met, la nuit venue, sa troupe en marche et quand ils eurent passé un torrent nommé Jabacchos, Jacob, demeure seul, rencontre un fantôme qui commence à combattre avec lui, et il en triomphe ; ce fantôme prend alors la parole et lui conseille de se réjouir de ce qui lui est advenu et de se persuader que ce n'est pas d'un médiocre adversaire qu'il a triomphé ; il a vaincu un ange divin et doit voir là un présage de grands biens à venir, l'assurance que sa race ne s'éteindra jamais et qu'aucun homme ne le surpassera en force. Il l'invita à prendre le nom d'Israël(os) ; ce mot signifie, en hébreu, celui qui résiste à l’envoyé de Dieu; voilà ce qu'il révéla sur la demande de Jacob ; par celui-ci, ayant deviné que c'était un envoyé divin, lui avait demandé de lui dire ce que la destinée lui réservait. L'apparition, après avoir ainsi parlé, s'évanouit ; Jacob, tout heureux, nomme l'endroit Phanouël(os), c'est-à-dire la face de Dieu.Et comme, dans le combat, il avait été blessé près du nerf large, il s'abstint lui-même de manger ce nerf, et à cause de lui il ne nous est pas permis non plus de le manger.
3. <335> Apprenant que son frère approchait, il ordonne à ses femmes de s'avancer, chacune à part, avec leurs servantes, afin qu'elles vissent de loin les mouvements des combattants, si Esaü voulait en arriver là; lui-même salue en se prosternant son frère, qui arrive près de lui sans songer du tout à mal. Esaü, l'ayant embrassé, le questionne sur cette foule d'enfants et sur ces femmes et, une fois au courant de tout ce qui les concerne, il voulait les conduire lui-même chez leur mère ; mais Jacob alléguant la fatigue des bêtes de somme, Esaü se retira à Saira ; c'est là qu'il passait sa vie, ayant nommé ce pays d’après son épaisse chevelure.
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