Texte grec :
[13,7] ζʹ.
ΟΤΙ ΜΗ ΔΕΙ ΑΜΥΝΕΣΘΑΙ ΤΟΥΣ ΑΔΙΚΕΙΝ ΗΜΑΣ
ΠΡΟΑΙΡΟΥΜΕΝΟΥΣ· ΑΠΟ ΤΟΥ ΑΥΤΟΥ.
« Οὐδενὶ τρόπῳ φαμὲν ἑκόντας ἀδικητέον εἶναι, ἢ τινὶ μὲν ἀδικητέον
τρόπῳ, τινὶ δὲ οὔ; ἢ οὐδαμῶς τό γε ἀδικεῖν οὔτε καλὸν οὔτε ἀγαθόν, ὡς
πολλάκις ἡμῖν καὶ ἐν τῷ ἔμπροσθεν χρόνῳ ὡμολογήθη; ὅπερ καὶ ἄρτι
ἐλέγετο. Ἢ πᾶσαι ἡμῖν ἐκεῖναι αἱ πρόσθεν ὁμολογίαι ἐν ταῖσδε ταῖς ὀλίγαις
ἡμέραις ἐκκεχυμέναι εἰσί, καὶ πάλαι, ὦ Κρίτων, ἄρα τηλικοίδε γέροντες
ἄνδρες πρὸς ἀλλήλους σπουδῇ διαλεγόμενοι ἐλάθομεν ἡμᾶς αὐτοὺς
παίδων οὐδὲν διαφέροντες; ἢ παντὸς μᾶλλον οὕτως ἔχει ὥσπερ τότε
ἐλέγετο ἡμῖν, εἴτε φασὶν οἱ πολλοὶ εἴτε μὴ καὶ εἴτε δεῖ ἡμᾶς ἔτι τῶνδε
χαλεπώτερα πάσχειν εἴτε καὶ πραότερα, ὅμως τό γε ἀδικεῖν τῷ ἀδικοῦντι
καὶ κακὸν καὶ αἰσχρὸν τυγχάνει ὂν παντὶ τρόπῳ; φαμὲν ἢ οὔ;
« Φαμέν.
« Οὐδαμῶς ἄρα δεῖ ἀδικεῖν.
« Οὐ δῆτα.
« Οὐδὲ ἀδικούμενον ἄρα ἀνταδικεῖν, ὡς οἱ πολλοὶ οἴονται, ἐπειδή γε
οὐδαμῶς δεῖ ἀδικεῖν;
« Οὐ φαίνεται.
« Τί δὲ δή; κακουργεῖν δεῖ, ὦ Κρίτων, ἢ οὔ;
« Οὐ δεῖ δήπου, ὦ Σώκρατες.
« Τί δέ; ἀντικακουργεῖν κακῶς πάσχοντα, ὡς οἱ πολλοί φασι, δίκαιον,
ἢ οὐ δίκαιον;
« Οὐδαμῶς.
« Τὸ γάρ που κακὸν ποιεῖν ἀνθρώπους τοῦ ἀδικεῖν οὐδὲν διαφέρει.
« Καλῶς λέγεις.
« Οὔτε ἄρα ἀνταδικεῖν δεῖ οὔτε κακῶς ποιεῖν οὐδένα ἀνθρώπων, οὐδ´
ἂν ὁτιοῦν πάσχῃ τις ὑπ´ αὐτῶν. Ἀλλ´ ὅρα, ὦ Κρίτων, ταῦτα καθομολογῶν
ὅπως μὴ παρὰ δόξαν ὁμολογῇς. Οἶδα γὰρ ὅτι ὀλίγοις τισὶ ταῦτα καὶ δοκεῖ
καὶ δόξει. Οἷς οὖν οὕτω δέδοκται καὶ οἷς μή, τούτοις οὐκ ἔστι κοινὴ βουλή,
ἀλλ´ ἀνάγκη τούτους ἀλλήλων καταφρονεῖν, ὁρῶντας τὰ ἀλλήλων
βουλεύματα. Σκόπει δὴ οὖν καὶ σὺ εὖ μάλα, πότερον κοινωνεῖς καὶ
συνδοκεῖ σοι καὶ ἀρχώμεθα ἐντεῦθεν βουλευόμενοι, ὡς οὐδέποτε ὀρθῶς
ἔχοντος οὔτε τοῦ ἀδικεῖν οὔτε τοῦ ἀνταδικεῖν οὔτε τοῦ κακῶς πάσχοντα
ἀμύνεσθαι ἀντιδρῶντα κακῶς· ἢ ἀφίστασαι καὶ οὐ κοινωνεῖς τῆς ἀρχῆς;
ἐμοὶ μὲν γὰρ καὶ πάλαι οὕτω καὶ νῦν ἔτι δοκεῖ. Καὶ σοὶ δὲ εἴ πη ἄλλῃ
δέδοκται, λέγε καὶ δίδασκε· εἰ δ´ ἐμμένεις τοῖς πρόσθεν, τὸ μετὰ τοῦτο
ἄκουε.
Ἀλλ´ ἐμμένω τε καὶ συνδοκεῖ μοι· ἀλλὰ λέγε.
« Λέγω δὴ αὖ τὸ μετὰ τοῦτο, μᾶλλον δ´ ἐρωτῶ, πότερον ἃ ἄν τις
ὁμολογήσῃ τῳ δίκαια ὄντα ποιητέον, ἢ ἐξαπατητέον;
« Ποιητέον.»
« Τούτοις παράθες τὸ
« μηδενὶ κακὸν ἀντὶ κακοῦ ἀποδιδόντες »
καὶ τὸ
« Εὐλογεῖτε τοὺς καταρωμένους ὑμᾶς· προσεύχεσθε ὑπὲρ τῶν
ἐπηρεαζόντων καὶ διωκόντων ὑμᾶς, ἵνα γένησθε υἱοὶ τοῦ πατρὸς ὑμῶν τοῦ
ἐν τοῖς οὐρανοῖς, ὅστις τὸν ἥλιον αὐτοῦ ἀνατέλλει ἐπὶ πονηροὺς καὶ
ἀγαθοὺς καὶ βρέχει ἐπὶ δικαίους καὶ ἀδίκους »
καὶ ἔτι τὸ
« Λοιδορούμενοι εὐλογοῦμεν, διωκόμενοι ἀνεχόμεθα, δυσφημούμενοι
παρακαλοῦμεν,»
ἐν τοῖς παρ´ ἡμῖν ἱεροῖς φερόμενα γράμμασι. Καὶ ὁ προφήτης δὲ παρ´
Ἑβραίοις φησίν·
« Εἰ ἀνταπέδωκα τοῖς ἀνταποδιδοῦσί μοι κακά·»
καὶ πάλιν·
« Μετὰ τῶν μισούντων τὴν εἰρήνην ἤμην εἰρηνικός.»
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Traduction française :
[13,7] CHAPITRE VII.
QU'ON NE DOIT PAS ATTAQUER CEUX QUI SE PRÉPARENT A
DES ACTES INJUSTES ENVERS NOUS (Tiré du même).
« Dirons-nous qu'on ne doit commettre volontairement, aucune
injustice, de quelque manière que ce soit; ou bien, qu'il est des manières
permises d'en commettre et des manières qui ne le sont pas; autrement,
qu'il n'est jamais honnête, ni bien, d'en commettre, comme cela a déjà été
souvent convenu, précédemment, entre nous, et récemment encore, dans
ce que je viens de dire; ou enfin, tous ces aveux antérieurs sont-ils mis en
doute depuis ce petit nombre de jours ? Se pourrait-il que, vieux comme
nous le sommes, nous ayons laissé, à notre insu, nos entretiens les plus
sérieux dégénérer en enfantillages; ou au contraire, ce que nous avons
déclaré dans nos discours sera-t-il vrai, en dépit de tout ; soit que la
masse des hommes l'approuve, soit qu'elle le blâme? et quelles que
puissent en être les conséquences, ou plus douloureuses, ou plus
douces, dirons-nous toujours, qu'il est coupable et houleux de faire injure
à ceux qui sont injustes, de quelque manière que ce soit: ou soutiendrons-
nous le contraire ?
« Nous le dirons.
« On ne doit donc jamais faire d'injustice?
« On ne le doit pas.
« Cependant, puisqu'on ne doit jamais être injuste, on ne doit pas
non plus, comme le peuple le pense, se venger de l'injustice reçue par
une injustice rendue.
« Il ne me le paraît pas.
« Mais quoi, Criton, doit-on faire du mal ou non?
« On ne le doit pas, ô Socrate.
« Cependant, répondre à un mauvais procédé par à un mauvais
procédé, suivant le sentiment du vulgaire, est-il juste ou injuste?
« Cela ne peut être, absolument.
« En effet, faire du mal aux hommes n'est autre chose que
commettre une action injuste ?
« Vous parlez très bien : on conséquence, il n'est permis, ni de rendre
injustice pour injustice, ni de faire du mal à qui que ce soit, quelque mal
qu'on en ait reçu précédemment. Voyez cependant, ô Criton, combien, en
professant cette doctrine, vous vous déclarez en opposition avec l'opinion
commune? Je crois bien que votre sentiment est partagé, et ne pourra
l'être, que par un petit nombre de personnes; mais comme il n'y a point
d'unanimité de sentiment entre nous et les personnes qui pensent le
contraire, il en résulte nécessairement, qu'on doit se mépriser
réciproquement, en voyant les déterminations différentes qu'on doit
prendre dans l'un non dans l'autre cas. Examinez-vous donc et rendez-vous bien compte si vous partagez mes sentiments, et si ce que je vais
vous dire vous semblera aussi fondé qu'à moi. Je commence par ce que
nous venons de décider, qu'il n'est légitime, ni de commettre d'injustice le
premier, ni d'en commettre en retour de celles qu'on a endurées, ni de se
venger d'un mauvais traitement, en usant des moyens que l'on a de nuire.
Vous séparez-vous de moi dans les conséquences, ou renoncez-vous à
l'unanimité sur le principe ? Quant à moi, ce que j'ai pensé autrefois je le
pense encore : parlez donc et apprenez-moi si votre manière de juger a
été modifiée en quelque point. Si vous persévérez dans ce que vous
m'avez concédé d'abord, écoutez ce qui va s'en suivre.
« J'y persévère, et tout ce dont nous sommes convenus me semble
toujours vrai : parlez.
« Je dis donc, en poursuivant, ou plutôt je vous demande si les
choses, une fois reconnues justes par vous, envers quelqu'un, doivent
être fuites, ou si vous pouvez les frauder.
« Il faut les faire.»
Comparez à ces paroles celles-ci :
« Ne rendez à personne le mal pour le mal (St Paul aux Ro. 12, 17) »
Puis:
« Bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous
cherchent querelle et vous poursuivent, afin de devenir les fils de votre
père qui est aux cieux, et qui fait lever son soleil sur les méchants et sur
les bons, qui répand la pluie sur les justes et les injustes (Mathieu, 5, 44, 45). »
« Puis encore :
« Bénissons lorsqu'on nous invective, supportons lorsqu'on nous
poursuit, exhortons lorsqu'on nous calomnie (1er aux Corint. 4, 22) ; qui
sont contenues dans nos livres sacrés. »
Et le prophète des Hébreux dit :
« Si j'ai rendu le mal à ceux qui m'en ont fait, et encore, j'étais
pacifique avec les ennemis de la paix (Ps. 119. 9)».
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