[13,15] ιεʹ.
ΟΤΙ ΜΗ ΚΑΘΟΛΟΥ Ο ΠΛΑΤΩΝ ΟΡΘΩΣ ΤΟΝ ΠΕΡΙ ΤΩΝ ΝΟΗΤΩΝ
ΟΥΣΙΩΝ ΕΦΩΔΕΥΣΕ ΛΟΓΟΝ.
Ἑβραῖοι τὴν μέσην τῶν λογικῶν φύσιν γενητήν, ἀλλ´ οὐκ ἀγένητον
εἶναί φασι. Ταύτην δὲ εἰς νοερὰς οὐσίας διαιροῦντες τῷ λόγῳ πνεύματα καὶ
δυνάμεις καὶ θεοῦ λειτουργοὺς ἀγγέλους τε καὶ ἀρχαγγέλους
ἐπονομάζουσιν· ἐκ δὲ τῆς τούτων ἀποπτώσεως καὶ παρατροπῆς τὸ
δαιμόνων γένος καὶ πᾶν τὸ τῆς ἐναντίας καὶ μοχθηρᾶς ἐνεργείας εἶδος
εἰσάγουσι. Διόπερ οὐδὲ θεοὺς ἐπιτρέπουσιν ἡγεῖσθαι τοὺς μὴ τὸ καλὸν καὶ
ἀγαθὸν ἀχώριστον τῆς φύσεως ἐπαγομένους, ἀλλὰ καὶ τὸ εἶναι οὐ παρ´
ἑαυτῶν, παρὰ δὲ τοῦ πάντων αἰτίου ἐπενηνεγμένους τό τε εὖ εἶναι καὶ τὴν
ἀρετὴν αὐτό τε τὸ ἀθάνατον οὔτε τῷ ἐπὶ πάντων θεῷ ὁμοίως οὔτε τῷ δι´
οὗ τὰ πάντα συνέστη ἐπιφερομένους. Ὁ δέ γε Πλάτων ἀσωμάτους μὲν καὶ
νοητὰς οὐσίας τὰς λογικὰς φύσεις ὁμοίως Ἑβραίοις ὑφίστησι, διαπίπτει δὲ
τῆς ἀκολουθίας, πρῶτον μὲν ἀγενήτους εἶναι φάσκων αὐτάς, ὥσπερ καὶ
πᾶσαν ψυχήν, ἔπειτα ἐξ ἀπορροίας τῆς τοῦ πρώτου αἰτίου συστῆναι
λέγων. Οὐδὲ γὰρ ἐκ τοῦ μὴ ὄντος αὐτὰς γεγονέναι διδόναι βούλεται. Διὸ
καὶ πλειόνων θεῶν ὑποτίθεται εἶναι γένος, ἀπορροίας τινὰς καὶ προβολὰς
τοῦ πρώτου καὶ τοῦ δευτέρου αἰτίου τῷ λόγῳ ὑφιστάμενος, εἶναί τε ἀγαθὰς
τὴν φύσιν οὐδαμῶς τε οἵας τε τῆς οἰκείας ἐκστῆναι ἀρετῆς, ἔνθεν αὐτοὺς
καὶ θεοὺς εἶναι δοξάζει. Τούτων δὲ ἕτερον εἶναι τὸ δαιμόνων φῦλον ἡγεῖται,
φαυλότητος ὂν καὶ μοχθηρίας καὶ τῆς ἐπὶ τὸ χεῖρον τροπῆς δεκτικόν· ὧν
τοὺς μὲν ἀγαθούς, τοὺς δὲ φαύλους εἶναί τε καὶ ὀνομάζεσθαι.
Ταῦτα δὲ παρὰ τὰ Ἑβραίοις δοκοῦντα τοῦτον ὑποθέμενος τὸν
τρόπον, οὐκ ἀποδίδωσιν ὁπόθεν ὑποστῆναι φάναι εἰκὸς τοὺς δαίμονας.
Ἐκ μὲν γὰρ τῆς τῶν σωμάτων ὕλης οὐδεὶς ἂν νοῦν ἔχων εἴποι· ἄλογος γὰρ
αὕτη· λογικὰ δ´ οὐκ ἄν ποτε ἐξ ἀλόγου τεχθείη, λογικοὶ δὲ οἱ δαίμονες. Εἰ
δ´ ἐκ τῆς τῶν κρειττόνων ἀπορροίας οὗτοι, καὶ πῶς οὐ θεοὶ καὶ αὐτοὶ τοῖς
γεγεννηκόσιν ἐξ ἴσου; πῶς δ´ ἀγαθῆς οὔσης πηγῆς οὐχ ὅμοια καὶ τὰ παρ´
αὐτῆς; κακίας δ´ ἐν τοῖς δευτέροις ἡ βλάστη πόθεν ἐξέφυ τῆς ῥίζης ἄνωθεν
ἐξ ἀγαθῶν καὶ δι´ ἀγαθῶν ἰούσης; πῶς δ´ ἂν γένοιτο πικρὸν ἀπὸ τοῦ
γλυκέος; εἰ δὲ δὴ σκότους παντὸς καὶ πικρίας πάσης χαλεπώτερον τὸ τῶν
μοχθηρῶν δαιμόνων γένος, πῶς ἐξ ἀπορροίας λέγοιτ´ ἂν τῆς τῶν
κρειττόνων φύσεως; εἰ δὲ ἐκ τῆσδε ἦν, οὐδ´ ἂν ἐτράπη τῆς οἰκείας λήξεως·
εἰ δ´ ἠλλοίωται, οὐδ´ ἦν τὴν ἀρχὴν ἀπαθὴς τὴν φύσιν· εἰ δ´ οὐ τοιάδε ἦν,
καὶ πῶς θεοὶ εἶεν, εἰ δὴ φαύλης οἷοί τε εἰσὶ μετέχειν μοίρας; ἀλλ´ εἰ μήτε τῆς
τῶν κρειττόνων ἀπορροίας μηδ´ αὖ τῆς τῶν σωμάτων ὕλης εἶεν, ὥρα ἢ
ἀγενήτους λέγειν καὶ πρὸς τῇ ἀγενήτῳ ὕλῃ τῶν σωμάτων τρίτον στῖφος
λογικῶν ἀγενήτων ἀντιπαρατάττειν τῷ θεῷ οὐκέτι τε τὸν θεὸν πάντων εἶναι
ποιητὴν καὶ δημιουργὸν τῶν ὅλων ἀποδιδόναι, ἢ τοῦθ´ ὁμολογοῦντας καὶ
τὰ μὴ ὄντα ποιεῖν αὐτὸν τοῖς Ἑβραίων συμφώνως ὁμολογεῖν λόγοις. Τίνα
δὲ οἵδε περὶ τῶνδε ἐκδιδάσκουσι; τὴν μέσην τῶν λογικῶν φύσιν οὔτ´ ἐκ τῆς
τῶν σωμάτων ὕλης οὔτ´ ἐξ ἀπορροίας τῆς ἀγενήτου καὶ ἀεὶ κατὰ τὰ αὐτὰ
καὶ ὡσαύτως ἐχούσης οὐσίας ὑποστῆναί φασι, μὴ οὖσαν δὲ πρότερον
δυνάμει δραστηρίῳ τοῦ πάντων αἰτίου γεγονέναι· ταύτη τε μὴ θεοὺς εἶναι
μηδὲ κυρίως τῆσδε τῆς προσηγορίας ἠξιῶσθαι, ὅτι μηδὲ τὴν φύσιν ἰσοῦται
τῷ πεποιηκότι μηδ´ ἀχώριστον ὁμοίως τῷ θεῷ τὸ ἀγαθὸν ἐφέλκεται τό τε
τῷ καλῷ ἐναντίον ἔστιν ὅτε καὶ δέξοιτ´ ἂν ὀλιγωρίᾳ τῆς περὶ τὸ κρεῖττον
σχολῆς, ἣν αὐτὸς ἕκαστος αὑτῷ κατείργασται, τῆς οἰκείας ὁρμῆς τε καὶ
γνώμης πεφυκὼς κύριος.
Ταῦτα καὶ περὶ τῶνδε. Μετίωμεν δὲ καὶ ἐφ´ ἕτερον.
| [13,15] CHAPITRE XV.
QUE PLATON N'A PAS TOUJOURS SUIVI LA DROITE LIGNE SUR
LA QUESTION DES SUBSTANCES INTELLECTUELLES, COMME
L'ONT FAIT LES HÉBREUX.
Les Hébreux ont avancé que la nature intermédiaire des êtres doués
de raison, avait eu un principe d'existence, et n'était pas éternelle :
divisant par le langage les substances intellectuelles qui composent cette
classe, ils les ont nommées esprits, puissances, ministres de Dieu, anges
et archanges. C'est de leur chute et de leur perversion qu'ils font sortir la
race des démons, et toute l'espèce malfaisante, dont l'activité s'exerce
contre nous et pour nous nuire. Voilà la raison pour laquelle ils
condamnent la croyance qui en fait des Dieux ; c'est parce que le bien
n'est pas inhérent à leur nature; parce qu'ils ne tirent pas leur existence
d'eux-mêmes, mais de la cause première et universelle de toute
existence; enfin parce qu'ils ne comportent pas en eux et avec eux, les
idées de bien-être, de vertu, d'immortalité; n'étant en rien les égaux du
Dieu universel, ni de celui par qui toutes choses ont été créées et établies.
Platon, d'accord avec les Hébreux, a bien admis des substances
incorporelles et intellectuelles qui sont des natures raisonnables ; mais il
pèche dans les conséquences; d'abord, en soutenant qu'elles n'ont pas
commencé d'être, comme toute âme; ensuite, en disant qu'elles se sont
formées des émanations de la première cause; car il ne veut pas
reconnaître qu'elles soient sorties du néant pour venir à l'existence. C'est
en ce sens, qu'il suppose une race nombreuse de Dieux, qu'il nous donne
dans son langage, comme des émanations ou des émissions de la
première et de la seconde cause, et auxquelles il attribue la bonté
essentielle; car il n'est jamais possible, dans son opinion, que ces êtres
renoncent à la vertu qui est innée en eux ; ce qui lui fait concevoir
l'opinion qu'ils sont des Dieux. Il y a, pense-t-il une troupe de démons
étrangers à ceux-ci, qui est susceptible de bassesse et de perversité, et
capable de faire tourner les choses du mieux au pire ; d'où il conclut qu'on
doit dénommer les uns, bons génies, les autres, mauvais génies.
Après avoir supposé ces principes d'une manière qui s'éloigne de
l'opinion des Hébreux, il ne dit pas l'élément sur lequel repose l'existence
probable de ces démons. Car, aux yeux de tout homme de sens, ce ne
saurait être la matière d'où les corps sont tirés : cette matière n'est
nullement capable de raisonner; or des êtres raisonnables ne sauraient
être formés d'un principe irraisonnable ; et les démons raisonnent. S'il les
donne pour des émanations de substances meilleures on lui demandera
comment, de cette source pure et excellente, des êtres dissemblables
auraient pu sortir; et d'où aurait germé dans leur sein la malice, qu'il
admet dans la seconde classe de démons; lorsque la racine qui les
produit n'a rien que de bon ? Comment l'amer pourrait-il naître du doux,
puisqu'il est certain que la troupe des mauvais démons est cent fois plus
pernicieuse que toutes les ténèbres et toute l'amertume qui est au
monde? Comment soutenir qu'ils sont le produit d'écoulement de la
substance des êtres les plus excellents; puisque, s'il en était ainsi, rien
n'aurait pu les priver des attributs de ces mêmes êtres ; et s'ils ont pu en
différer, c'est qu'ils n'étaient pas, dans le principe, d'une nature
impassible? S'ils n'étaient pas d'une telle nature, comment seraient-ils
devenus Dieux, ayant la possibilité de contracter les imperfections qui
règnent dans une classe vicieuse par nature? Mais s'ils ne sont, ni une
émanation de la nature des êtres par excellence, ni tirés de la matière des
corps; il faudra reconnaître ou qu'ils étaient éternels, et concevoir, auprès
de la matière éternelle des corps, un troisième ordre d'essences
raisonnables et éternelles qu'on opposerait à Dieu (Dieu alors ne serait
plus le créateur, ni l'ordonnateur de tout ce qui est); ou bien, on sera
contraint d'avouer que Dieu les a créés du néant, d'après la doctrine
contenue dans les livres des Hébreux. Quels sont les enseignements que
ceux-ci nous donnent à cet égard ? Ils disent que la nature intermédiaire
des êtres raisonnables n'est formée ni de la matière des corps, ni des
émanations de la nature incréée, laquelle a pour condition d'être
l'éternelle et l'immuable, tant de substance, que de manière d'être : cette
seconde classe, n'ayant point eu d'existence antérieure, elle n'a pu la
devoir qu'à la puissance créatrice, la cause universelle. Dès lors, ils ne
sont pas Dieux : ce titre ne saurait proprement leur être décerné, parce
qu'ils n'égalent point en essence celui qui les a créés, et par conséquent
le bon et le beau n'est pas chez eux, comme dans la divinité, une qualité
inhérente à leur être. Ils peuvent quelquefois lui être opposés, ce qui
arrive par la négligence qu'ils apportent à se maintenir dans le bien que
chacun d'eux peut accomplir, étant maîtres de la suite à donner aux élans
de leur âme, et aux méditations de leur intelligence.
En voilà assez sur cette question, passons à une autre.
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