[13,9] θʹ.
ΟΠΟΙΟΣ ΠΟΤ´ ΕΣΤΑΙ ΤΗΝ ΔΙΑΘΕΣΙΝ Ο ΔΙΑ ΘΑΝΑΤΟΥ ΦΟΒΟΝ
ΕΞΟΜΝΥΜΕΝΟΣ ΤΗΝ ΟΙΚΕΙΑΝ ΠΡΟΘΕΣΙΝ.
« Ὅστις γὰρ νόμων διαφθορεύς ἐστι, σφόδρα που δόξειεν ἂν νέων τε
καὶ ἀνοήτων ἀνθρώπων διαφθορεὺς εἶναι. πότερον οὖν φεύξῃ τάς τε
εὐνομουμένας πόλεις καὶ τῶν ἀνδρῶν τοὺς κοσμιωτάτους; καὶ τοῦτο
ποιοῦντι ἆρα ἄξιόν σοι ζῆν ἔσται; ἢ πλησιάσεις τούτοις καὶ ἀναισχυντήσεις
διαλεγόμενος τίνας λόγους, ὦ Σώκρατες; ἢ οὕσπερ ἐνθάδε, ὡς ἡ ἀρετὴ καὶ
δικαιοσύνη πλείστου ἄξιον τοῖς ἀνθρώποις καὶ τὰ νόμιμα καὶ οἱ νόμοι; καὶ
οὐκ οἴει ἄσχημον φανεῖσθαι τὸ τοῦ Σωκράτους πρᾶγμα; οἴεσθαί γε χρή.
ἀλλ´ ἐκ μὲν τούτων τῶν τόπων ἀπαρεῖς, ἥξεις δὲ εἰς Θετταλίαν παρὰ τοὺς
ξένους τοὺς Κρίτωνος· ἐκεῖ γὰρ δὴ πλείστη ἀταξία καὶ ἀκολασία, καὶ ἴσως
ἂν ἡδέως σου ἀκούοιεν ὡς γελοίως ἐκ τοῦ δεσμωτηρίου ἀπεδίδρασκες
σκευήν τέ τινα περιθέμενος ἢ διφθέραν λαβὼν ἢ ἄλλα, οἷα δὴ εἰώθασιν
ἐνσκευάζεσθαι οἱ ἀποδιδράσκοντες, καὶ τὸ σχῆμα τὸ σαυτοῦ μεταλλάξας.
ὅτι δὲ γέρων ἀνὴρ μικροῦ χρόνου τῷ βίῳ λοιποῦ ὄντος, ὡς τὸ εἰκός,
ἐτόλμησας οὕτω γλίσχρως ἐπιθυμεῖν ζῆν, νόμους τοὺς μεγίστους
παραβάς, οὐδείς σε ἐρεῖ ἴσως, ἂν μή τινα λυπήσῃς· εἰ δὲ μή, ἀκούσῃ, ὦ
Σώκρατες, πολλὰ καὶ ἀνάξια σαυτοῦ. ὑπερχόμενος δὴ βιώσῃ πάντας
ἀνθρώπους καὶ δουλεύων, τί ποιῶν ἢ εὐωχούμενος ἐν Θετταλίᾳ, ὥσπερ
ἐπὶ δεῖπνον ἀποδεδημηκὼς εἰς Θετταλίαν. λόγοι δὲ ἐκεῖνοι οἱ περὶ
δικαιοσύνης καὶ τῆς ἄλλης ἀρετῆς ποῦ ἡμῖν ἔσονται; ἀλλὰ δὴ τῶν παίδων
ἕνεκα βούλει ζῆν, ἵνα αὐτοὺς ἐκθρέψῃς καὶ παιδεύσῃς; τί δέ; εἰς Θετταλίαν
αὐτοὺς ἀγαγὼν θρέψεις τε καὶ παιδεύσεις, ξένους ποιήσας, ἵνα καὶ τοῦτο
ἀπολαύσωσιν; ἢ τοῦτο μὲν οὔ, αὐτοῦ δὲ τρεφόμενοι σοῦ ζῶντος βέλτιον
θρέψονται καὶ παιδεύσονται, μὴ συνόντος σοῦ αὐτοῖς; οἱ γὰρ ἐπιτήδειοι οἱ
σοὶ ἐπιμελήσονται αὐτῶν. πότερον δὲ ἐὰν εἰς Θετταλίαν ἀποδημήσῃς,
ἐπιμελήσονται· ἐὰν δὲ εἰς Ἅιδου ἀποδημήσῃς, οὐχὶ ἐπιμελήσονται, εἴπερ γέ
τι ὄφελος αὐτῶν ἐστι τῶν σοι φασκόντων ἐπιτηδείων εἶναι; οἴεσθαί γε χρή.
ἀλλ´, ὦ Σώκρατες, πειθόμενος ἡμῖν τοῖς σοῖς τροφεῦσι μήτε παῖδας περὶ
πλείονος ποιοῦ μήτε τὸ ζῆν μήτε ἄλλο μηδὲν πρὸ τοῦ δικαίου, ἵνα εἰς Ἅιδου
ἐλθὼν ἔχῃς ταῦτα πάντα ἀπολογήσασθαι τοῖς ἐκεῖ ἄρχουσιν· οὔτε γὰρ
ἐνθάδε σοι φαίνεται ταῦτα πράττοντι ἄμεινον εἶναι οὐδὲ δικαιότερον οὐδὲ
ὁσιώτερον οὐδὲ ἄλλῳ τῶν σῶν οὐδενί, οὔτε ἐκεῖ ἀφικομένῳ ἄμεινον ἔσται.
ἀλλὰ νῦν μὲν ἠδικημένος ἄπει, ἐὰν ἀπίῃς, οὐχ ὑφ´ ἡμῶν τῶν νόμων, ἀλλ´
ὑπ´ ἀνθρώπων· ἐὰν δὲ ἐξέλθῃς οὕτως αἰσχρῶς ἀνταδικήσας τε καὶ
ἀντικακουργήσας, τὰς σαυτοῦ ὁμολογίας τε καὶ συνθήκας τὰς πρὸς ἡμᾶς
παραβὰς καὶ κακὰ ἐργασάμενος τούτους οὓς ἥκιστα ἔδει, σαυτόν τε καὶ
τοὺς φίλους καὶ πατρίδα καὶ ἡμᾶς, ἡμεῖς τέ σοι χαλεπανοῦμεν ζῶντι καὶ ἐκεῖ
οἱ ἡμέτεροι ἀδελφοί, οἱ ἐν Ἅιδου νόμοι, οὐκ εὐμενῶς σε ὑποδέξονται,
εἰδότες ὅτι καὶ ἡμᾶς ἐπεχείρησας ἀπολέσαι τὸ σὸν μέρος. »
| [13,9] CHAPITRE IX.
DANS QUELLE DISPOSITION D'ESPRIT DOIT ÊTRE L'HOMME
QUI, PAR LA CRAINTE DE LA MORT, DEVIENT PARJURE A SA
PREMIÈRE RÉSOLUTION (Criton, p. 374).
« Le transgresseur des lois sera bientôt considéré comme corrupteur
de la jeunesse et des hommes d'une intelligence bornée. Sont-ce les
villes régies par de bonnes lois que tu chercheras à éviter, aussi bien que
la société des hommes les plus civilisés? Mais, en agissant de la sorte,
croiras-tu mériter encore de vivre ? Au lieu de cela t'en rapprocheras-tu ?
Mais tu n'oserais leur répéter les mêmes discours que tu tiens ici, chaque
jour, en disant que la vertu, la justice, la légalité et les lois sont ce qu'il y a
de plus estimable dans l'humanité. Et tu pourrais penser que cette
conduite, dans Socrate, ne paraîtra pas infâme! Non, tu dois la croire telle.
Cependant, voyons: tu t'échappes de ces lieux : tu iras en Thessalie,
auprès des hôtes de Criton. Mais tu ne trouveras là qu'une excessive
licence et la plus grande immoralité. Peut-être prendrait-on plaisir à
apprendre ta fuite divertissante de la prison, le travestissement dans
lequel tu t'étais dissimulé, soit une peau de bête ou ni ce que les
échappés de prison ont coutume de revêtir pour se métamorphoser; et
c'est dans l'âge avancé, lorsque tu n'as plus, suivant les probabilités, que
peu de temps à vivre, que tu oses, par un désir mesquin de prolonger ton
existence, transgresser les lois les plus sacrées! N'y aurait-il personne qui
en fit la remarque? Je le veux bien, si tu n'as offensé personne, ô Socrate;
mais s'il en est autrement, il n'est pas d'indignité qu'on ne dise de toi. Pour
vivre, tu devras complaire à tous les hommes et t'en faire l'esclave.
Qu'iras-tu faire en Thessalie, sinon de te livrer aux excès de table, en
sorte que tu n'auras été dans ce pays que comme un joyeux convive. Tes
entretiens, sur la justice et sur les autres vertus, que vont-ils devenir?
Mais c'est pour tes enfants que tu veux vivre encore, afin de leur donner
de l'éducation et de la science. C'est pour cela que tu les mènes en
Thessalie, tu les élèveras, les instruiras, pour n'être que des étrangers,
sans patrie; car voilà l'héritage que tu leur laisseras. Dis-je, ou non, la
vérité? Élevés par toi aussi longtemps que tu vivras, ils seront instruits et
dirigés au mieux. Mais, lorsque tu leur manqueras, quels seront ceux de
tes parents qui continueront à en prendre soin? Si tu t'exiles en Thessalie,
iront-ils leur rendre ces devoirs? Si tu descends parmi les morts pourront-ils s'exempter de le faire? On doit croire que non, s'il y a quelque
sentiment de devoir dans ceux qui se disent tes parents. Toutefois, ô
Socrate, montre-nous la soumission que tu dois à tes nourrices, et ne
mets au-dessus de la justice, ni tes enfants, ni ta vie, afin qu'en
descendant dans les enfers, tu puisses te justifier de toutes les
accusations qui te sont faites ici, devant les magistrats qui y commandent
: car la démarche qu'on te propose ne saurait être ici la meilleure, ni la
plus juste, ni à tes yeux, ni à ceux d'aucun de ceux qui te la conseillent.
Elle ne saurait l'être, non plus, dans le lieu où tu vas. Si tu quittes
maintenant cette terre, et que ce soit par l'effet d'une injuste
condamnation, subis ce sort sans en accuser les lois, mais bien les
hommes. Si tu devais en sortir aussi honteusement qu'on t'y engage,
opposant une injustice à une injustice, une mauvaise action à une
mauvaise action, violant les promesses que tu nous as faites et les
engagements que tu as contractés, offensant ceux qui le méritent le
moins, toi-même, tes amis, ta patrie et nous, sache bien que notre
irritation te poursuivra pendant la vie, et que nos sœurs là-bas, les lois
des enfers, ne t'accueilleront pas avec bienveillance, en apprenant que tu
auras mis tout en œuvre, autant que tu le pouvais, pour nous anéantir.»
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