[11,4] ΠΕΡΙ ΤΩΝ ΠΑΡ´ ΕΒΡΑΙΟΙΣ ΗΘΙΚΩΝ ΔΟΓΜΑΤΩΝ.
Τὰ μὲν οὖν ἠθικὰ πρώτιστα πάντων φιλοτίμως ἐσπουδασμένα παρ´ αὐτοῖς ἔργοις
πολὺ πρότερον τῶν λόγων μάθοις ἂν τὰ κατὰ τοὺς ἄνδρας διασκοπούμενος, ἐπεὶ
καὶ τέλος ἀγαθῶν τοῦ τε μακαρίως ζῆν ὕστατον ὅρον τὴν εὐσέβειαν τήν τε διὰ
τῆς τῶν ἠθῶν κατορθώσεως πρὸς τὸν θεὸν φιλίαν ἡγήσαντό τε καὶ μετεδίωξαν,
ἀλλ´ οὐ σωμάτων ἡδονὴν κατ´ Ἐπίκουρον οὐδ´ αὖ τὴν τριγένειαν τῶν ἀγαθῶν
κατ´ Ἀριστοτέλην, τὰ περὶ σῶμα καὶ τὰ ἐκτὸς ἐν ἴσῳ τοῖς τῆς ψυχῆς ἀγαθοῖς
ἐκτετιμηκότα, οὐ μὴν οὐδὲ τὴν ἐσχάτην ἄγνοιάν τε καὶ ἀμαθίαν, ἣν ὀνόματι
σεμνοτέρῳ τινὲς ἐποχὴν ἀνειρήκασιν, ἀλλ´ οὐδ´ αὖ τῆς ψυχῆς τὴν ἀρετήν·
πόση γὰρ ἐν ἀνθρώποις αὕτη καὶ τί καθ´ ἑαυτὴν ἄνευ θεοῦ πρὸς τὸν ἄλυπον
συντείνοι ἂν βίον; Δι´ ὃν τὰ πάντα τῆς εἰς τὸν θεὸν ἐλπίδος, πείσματος
ὥσπερ ἀρραγοῦς, ἐξάψαντες, τὸν θεοφιλῆ μόνον ἀπέφηναν εἶναι μακάριον· ὅτι
δὴ ὁ πάντων ἀγαθῶν ταμίας θεός, ζωῆς ὢν πάροχος καὶ αὐτῆς ἀρετῆς πηγὴ τῶν
τε περὶ σῶμα καὶ τῶν ἐκτὸς ἁπάντων χορηγὸς ὑπάρχων, μόνος ἂν εἴη πρὸς τὸν
μακάριον βίον τῷ τὴν πρὸς αὐτὸν φιλίαν διὰ τῆς παναληθοῦς εὐσεβείας
στειλαμένῳ αὐτάρκης. Ἔνθεν ὁ πάνσοφος Μωσῆς πρῶτος ἁπάντων ἀνθρώπων γραφῇ
παραδοὺς τὸν τῶν πρὸ αὐτοῦ θεοφιλῶν Ἑβραίων βίον, τὸν πολιτικὸν ὁμοῦ καὶ
πρακτικὸν δι´ ὑφηγήσεως ἱστορικῆς ὑποτέθειται τρόπον. Ἧς ἀρχόμενος ἀπὸ τῶν
καθόλου τὴν διδασκαλίαν ἐποιήσατο, θεὸν τῶν ὅλων αἴτιον ὑποστησάμενος
κοσμογονίαν τε καὶ ἀνθρωπογονίαν ὑπογράψας. Εἶθ´ οὕτως ἀπὸ τῶν καθόλου ἐπὶ
τὰ κατὰ μέρος προελθὼντῷ λόγῳ καὶ διὰ τῆς τῶν παλαιῶν ἀνδρῶν μνήμης εἰς
τὸν τῆς ἐκείνων ἀρετῆς τε καὶ θεοσεβείας ζῆλον τοὺς φοιτητὰς παρορμήσας,
οὐ μὴν ἀλλὰ καὶ αὐτὸς αὐθέντης νόμων εὐσεβῶν τῶν πρὸς αὐτοῦ τεθέντων
ἀποφανθείς, κατὰ πάντα δῆλος ἂν εἴη τοῦ φιλοθέου τρόπου διὰ τῆς τῶν ἠθῶν
ἐπιμελείας πρόνοιαν πεποιημένος, ὥσπερ οὖν καὶ τοῦτο προλαβὼν ὁ λόγος ἐν
τοῖς πρόσθεν φανερὸν κατεστήσατο. Μακρὸν δ´ ἂν εἴη καὶ τοὺς ἑξῆς μετὰ
Μωσέα προφήτας τούς τε τούτων προτρεπτικοὺς μὲν ἀρετῆς, ἀποτρεπτικοὺς δὲ
κακίας ἁπάσης λόγους ἐν τῷδε καταβάλλεσθαι. Τί δ´ εἴ σοι τοῦ σοφωτάτου
Σολομῶνος τὰς ἠθικὰς παραφέροιμι διδασκαλίας, αἷς καὶ οἰκείων λόγων
ἀνέθηκε σύγγραμμα, Παροιμίας ἐπονομάσας, ἐπιτόμους γνώμας ἀποφθέγμασιν
ἐοικυίας ὑποθέσει περιλαβὼν μιᾷ; Καὶ τὸν μὲν ἠθικὸν τρόπον ταύτη πη παῖδες
Ἑβραίων ἐκ παλαιῶν πρὶν ἢ καὶ τὰ πρῶτα στοιχεῖα μαθεῖν Ἕλληνας, αὐτοί τε
ἐπαιδεύοντο καὶ τοῖς προσιοῦσι τῆς αὐτῆς ἀφθόνως ἐκοινώνουν παιδείας.
| [11,4] CHAPITRE IV.
DES DOGMES MORAUX CHEZ LES HÉBREUX.
Si vous considérez attentivement la manière de se conduire de ces hommes,
vous y découvrirez plutôt par leurs œuvres que par leurs discours, avec
quels soins ils se livraient, avant tout, à la pratique de la morale.
Comme la fin de tout ce qui est bien, et comme le dernier terme de la vie
heureuse consiste dans la piété et dans l'amour de Dieu, qui s'acquiert
par la correction des mœurs ; pénétrés d'un vif sentiment d'admiration
pour cet état, ils en poursuivirent la possession à tout prix, et non pas
celle de la volupté corporelle à la suite d'Epicure. Ils n'admirent pas
non plus, avec Aristote, la triple classification des biens, qui met sur
le même rang les biens du corps avec ceux extérieurs et ceux de l'âme :
ils ne donnaient pas dans cet excès d'ignorance et d'ineptie, que certains
philosophes (les académiciens), ont cru anoblir, en lui donnant le nom
d' g-Epocheh, le doute, l'arrêt. Ils n'ont pas compris non plus cette vertu (des
Stoïciens), qui tire son principe de notre âme. Quelle vertu peut exister
dans l'humanité, et que peut-elle en soi, séparée de Dieu, pour exempter
notre vie de toute souffrance? Faisant donc tout dépendre de l'espérance
en Dieu à laquelle ils rattachaient leur existence, comme à un câble que
rien ne peut rompre, ils proclamaient qu'il n'y avait de vraiment heureux
que celui qui est aimé de Dieu (ou qui aime Dieu) g-theophilehs. En effet, Dieu
étant le dispensateur de tous les biens, l'arbitre de notre vie, la source
de toute vertu, Dieu pourvoyant à tous nos besoins, tant pour le dehors
que pour notre corps, doit suffire seul au bonheur, pendant sa vie, de
celui qui a composé tout son être, d'après la piété la plus sincère, pour
gagner son amour. C'est dans cette pensée que Moïse, sage par excellence,
le premier de tous les écrivains, nous ayant transmis la relation de la
manière dont vivaient avant lui les Hébreux, chéris de Dieu, nous a
développé, dans sa narration historique, leur existence politique et
pratique ; mais il a eu soin de commencer son récit par l'exposition de
l'origine de l'univers, en nous montrant Dieu comme la cause unique de
tout ce qui existe. Puis décrivant la cosmogonie et l'anthropogonie, après
quoi, descendant du général au particulier, à l'aide des souvenirs des
anciens patriarches, il a fait naître dans ses auditeurs le zèle pour
imiter leur vertu et leur piété : il a fait plus, étant devenu lui-même
législateur suprême, toutes ses lois ne respirent que la piété ; il y
montre partout son caractère religieux, apportant la prévoyance la plus
soutenue à tout ce qui tend à la correction des mœurs. C’est ce que déjà
nous avons fait connaître dans le livre qui a précédé. Il serait trop long
de passer ici en revue tous les prophètes venus après Moïse, pour faire
juger de leurs efforts, afin de porter les hommes à la vertu, et pour les
éloigner du vice. Que serait-ce, si je rapportais tous les enseignements
moraux du plus sage des rois, de Salomon, qui leur a donné des titres
particuliers, nommant g-Paroimiai, un recueil de sentences abrégées, par
forme d'apophtegmes, roulant sur un même sujet? Il est, en conséquence,
prouvé que les enfants des Hébreux ont cultivé la morale de toute
ancienneté ; bien avant que les Grecs apprissent les premiers éléments du
langage : ils se sont formés dans cette science, et l’ont communiquée
libéralement à tous ceux qui se sont mis en rapport avec eux.
|