[8,13] ιγʹ. ΦΙΛΩΝΟΣ ΠΕΡΙ ΘΕΟΥ ΚΑΙ ΠΕΡΙ ΤΟΥ ΓΕΝΗΤΟΝ ΕΙΝΑΙ ΤΟΝ
ΚΟΣΜΟΝ.
« Τινὲς γὰρ τὸν κόσμον μᾶλλον ἢ τὸν κοσμοποιὸν θαυμάσαντες τὸν
μὲν ἀγένητόν τε καὶ ἀΐδιον ἀπεφήναντο, τοῦ θεοῦ πολλὴν ἀπραξίαν
ἀνάγνως καταψευσάμενοι, δέον ἔμπαλιν τούτου τὰς δυνάμεις ὡς ποιητοῦ
καὶ πατρὸς καταπλαγῆναι, τὸν δὲ μὴ πλέον ἀποσεμνῦναι τοῦ μετρίου.
Μωσῆς δὲ καὶ φιλοσοφίας ἐπ´ αὐτὴν φθάσας ἀκρότητα καὶ χρησμοῖς τὰ
πολλὰ καὶ συνεκτικώτατα τῶν τῆς φύσεως ἀναδιδαχθεὶς ἔγνω διότι
ἀναγκαιότατόν ἐστιν ἐν τοῖς οὖσι τὸ μὲν εἶναι δραστήριον 〈αἴτιον, τὸ δὲ
παθητόν· καὶ ὅτι τὸ μὲν δραστήριον〉 ὁ τῶν ὅλων νοῦς ἐστιν εἰλικρινέστατος
καὶ ἀκραιφνέστατος, κρείττων ἢ ἐπιστήμη καὶ κρείττων ἢ αὐτὸ τὸ ἀγαθὸν
καὶ αὐτὸ τὸ καλόν· τὸ δὲ παθητικὸν ἄψυχον καὶ ἀκίνητον ἐξ αὑτοῦ, κινηθὲν
δὲ καὶ σχηματισθὲν καὶ ψυχωθὲν ὑπὸ τοῦ νοῦ μετέβαλεν εἰς τὸ τελειότατον
ἔργον τόνδε τὸν κόσμον· ὃν οἱ φάσκοντες ὡς ἔστιν ἀγένητος, λελήθασι τὸ
ὠφελιμώτατον καὶ ἀναγκαιότατον τῶν εἰς εὐσέβειαν ὑποτεμνόμενοι, τὴν
πρόνοιαν. Τοῦ μὲν γὰρ γεγονότος ἐπιμελεῖσθαι τὸν πατέρα καὶ ποιητὴν
αἱρεῖ λόγος. Καὶ γὰρ πατὴρ ἐκγόνων καὶ δημιουργὸς τῶν δημιουργηθέντων
στοχάζεται τῆς διαμονῆς, καὶ ὅσα μὲν ἐπιζήμια, μηχανῇ πάσῃ διωθεῖται,
ὅσα δὲ ὠφέλιμα καὶ λυσιτελῆ, πάντα τρόπον ἐκπορίζειν ἐπιποθεῖ· πρὸς δὲ
τὸ μὴ γεγονὸς οἰκείωσις οὐδεμία τῷ μὴ πεποιηκότι. Περιμάχητον δὲ δόγμα
καὶ ἀνωφελὲς ἀναρχίαν ὡς ἐν πόλει κατασκευάζειν τῷδε τῷ κόσμῳ τὸν
ἔφορον ἢ βραβευτὴν ἢ δικαστὴν οὐκ ἔχοντι, ὑφ´ οὗ πάντ´ οἰκονομεῖσθαι
καὶ πρυτανεύεσθαι θέμις.
Ἀλλ´ ὅ γε μέγας Μωσῆς ἀλλοτριώτατον τοῦ ὁρατοῦ νομίσας εἶναι τὸ
ἀγένητον (πᾶν γὰρ τὸ αἰσθητὸν ἐν γενέσει καὶ μεταβολαῖς οὐδέ ποτε κατὰ
ταὐτὰ ὄν), τῷ μὲν ἀοράτῳ καὶ νοητῷ προσένειμεν ὡς ἀδελφὸν καὶ συγγενῆ
ἀϊδιότητα, τῷ δ´ αἰσθητῷ οἰκεῖον ὄνομα ἐπεφήμισεν.
Ἐπεὶ οὖν ὁρατός τε καὶ αἰσθητὸς ὅδε ὁ κόσμος, ἀναγκαίως ἂν εἴη καὶ
γενητός, ὅθεν οὐκ ἀπὸ σκοποῦ καὶ τὴν γένεσιν ἀνέγραψεν αὐτοῦ, μάλα
σεμνῶς θεολογήσας. »
Ταῦτα μὲν οὖν περὶ τοῦ γενητὸν εἶναι τὸν κόσμον. Ὁ δ´ αὐτὸς ἀνὴρ
καὶ περὶ τοῦ προνοίᾳ διοικεῖσθαι τὸ πᾶν ἐν τῷ Περὶ προνοίας νεανικώτατα
διέξεισι, τὰς τῶν ἀθέων ἀντιθέσεις προτάξας καὶ πρὸς αὐτὰς ἑξῆς
ἀποκρινάμενος. Καὶ τούτων δέ, εἰ καὶ μακρότερα δόξειεν, ἀλλ´ ὡς ἀναγκαῖα
τὰ πλεῖστα συντεμὼν ἐκθήσομαι. Κατασκευάζει δὲ τὸν λόγον τοῦτον τὸν
τρόπον·
| [8,13] CHAPITRE XIII : DE PHILON SUR DIEU ET SUR CE QUE L'UNIVERS A DÛ ÊTRE CREE.
«Quelques philosophes admirant plus l'univers que le créateur, ont
proclamé que le monde n'avait pas eu de création et qu'il était éternel,
mettant faussement en avant l'inertie absolue dont ils ont indignement
gratifié la divinité, lorsqu'au contraire, étonnés de ses attributs comme
créateur et comme père, ils n'auraient dû mettre aucune mesure à
l'expression de leur vénération pour lui. Moïse les ayant devancés dans la
sublimité de sa philosophie, instruit d'ailleurs des secrets les plus cachés
de la nature par les révélations divines, a compris qu'il était de toute
nécessité qu'il y eût dans les choses un agent (c'est-à-dire une
intelligence plus pure et plus sublime que tout le reste) plus savant que la
science, meilleur que le bien lui-même, plus beau que la beauté, puis
patient, inanimé et immobile par sa nature, un, qui n'est mu, transformé,
animé que par l'intelligence, qui l'a changé au point de produire le plus
magnifique de tous les Ouvrages, qui est l'univers. Ceux qui disent
que le monde n'a pas été engendré, en retranchant la Providence, ont
perdu de vue que rien n'est plus utile ni plus nécessaire pour la piété. Car
la réflexion prouve qu'un père en même tempe créateur, prend soin de la
créature. Comme père, il suppute tout ce qui peut assurer la durée de
ceux à qui il a donné le jour : comme artisan suprême, il veille à ses
ouvrages, il écarte d'eux tout ce qui y porterait préjudice ; il désire donc y
faire affluer de toute manière ce qui peut contribuer à leur avantage et à
leur salut. Au lieu qu'il n'y a nulle intimité entre ce que n'a pas été
engendré et celui qui n'en est pas le créateur. Dogme désolant et funeste
qui tend à établir l'anarchie dans l'univers comme dans une cité, de
n'avoir plus ni magistrat, ni régulateur, ni juge, pour qu'elle soit maintenue
dans l'ordre et dans la dépendance.
« Le grand Moïse ayant jugé qu'il y a opposition complète entre les
choses visibles et celles qui existeraient sans principe et d'elles-mêmes
(car tout ce qui est sensible, étant compris entre la naissance et la
dissolution, ne saurait pas être toujours égal à soi-même) : le grand
Moïse, dis-je, a attribué à l'invisible et intellectuel, l'éternité, comme étant
d'origine fraternelle, et au sensible il lui a consacré le nom qui le
caractérise, g-genesis, genèse ou génération.
« Or, puisque ce monde est visible et sensible, il a nécessairement
eu un principe d'existence ; ce n'est donc pas sans motif; mais par l'effet
d'une théologie éminemment vénérable qu'il a intitulé ce livre g-genesis,
c'est-à-dire génération. »
Bornons à ceci la preuve que le monde a été créé. Le même
écrivain, dans son traité sur la Providence, fait ressortir, de raisonnements
d'une haute portée, la démonstration que tout est administré par elle : il
place en première ligne les objections des athées, et fait suivre les
réponses. Dans la crainte qu'ils ne paraissent trop étendus, je me
contenterai de rapporter ce qu'ils ont de plus substantiel et de plus saillant
en retranchant à plus grande partie. Voici comment il dispose son argumentation :
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