[3,15] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΙΕ'.
Ὅτι καὶ τὰς τῶν φιλοσόφων θεωρίας βεβαιοῦσι διὰ τῶν χρησμῶν ἐναντίως τοῖς
περὶ αὐτῶν μύθοις ἀλληγοροῦντες
Ποιητῶν μὲν οὖν, ὥς φασι, μύθους περὶ θεῶν πλαττομένων, φιλοσόφων δὲ
φυσιολογούντων χρῆν δήπου εἰκότως τῶν μὲν καταφρονεῖν, τοὺς δὲ θαυμάζειν
ὡς φιλοσόφους καὶ μᾶλλον τῶν ποιητικῶν λήρων τὰς τῶν κρειττόνων ἐκδέχεσθαι
πιθανολογίας. θεῶν δ´ αὖ πάλιν καὶ φιλοσόφων εἰς ἅμιλλαν κατιόντων καὶ τῶν
μὲν ἐν χρησμοῖς τὰ καθ´ ἑαυτούς, ὡς ἂν μᾶλλον εἰδότων, ἀκριβῶς
διδασκόντων, τῶν δὲ εἰς ἀσυμφώνους καὶ ἀναποδείκτους εὑρησιλογίας τὰς περὶ
ὧν μὴ ἴσασιν ὑπονοίας περιτρεπόντων, τίσιν αἱρεῖ λόγος πείθεσθαι; ἢ τοῦτο
οὐδ´ ἐρωτᾶν ἄξιον; εἰ δὴ οὖν ἀληθεύουσιν οἱ θεοὶ κυροῦντες τὰς περὶ ἑαυτῶν
ἀνθρωποπαθείας, ψευδεῖς ἂν εἶεν οἱ ἀθετοῦντες αὐτάς· εἰ δὲ τῶν φιλοσόφων
ἀληθεῖς αἱ φυσιολογίαι, ψευδεῖς γένοιντ´ ἂν αἱ τῶν θεῶν μαρτυρίαι. ἀλλὰ
καὶ αὐτός, εἴποι τις ἄν, ὁ Ἀπόλλων ἔφη που ἐν χρησμοῖς ἐρωτηθεὶς περὶ
ἑαυτοῦ ὅστις εἴη·
« Ἥλιος, Ὧρος, Ὄσιρις, ἄναξ Διὸς υἱὸς Ἀπόλλων,
ὡρῶν καὶ καιρῶν ταμίης ἀνέμων τε καὶ ὄμβρων,
ἠοῦς καὶ νυκτὸς πολυάστερος ἡνία νωμῶν,
ζαφλεγέων ἄστρων βασιλεὺς ἡδ´ ἀθάνατον πῦρ. »
οὐκοῦν οἱ αὐτοὶ καὶ τοῖς τῶν ποιητῶν μύθοις καὶ ταῖς τῶν φιλοσόφων
ὑπονοίαις συμφέρονται, μαχομένοις συνιστάμενοι.
εἰ γὰρ μητέρας ἐπιγράφονται θνητὰς καὶ πατρίδας τὰς ἐπὶ γῆς ὁμολογοῦσιν,
πῶς ἂν εἶεν οἵους φυσιολογοῦσιν; ἔστω γὰρ ὁ Ἀπόλλων ἥλιος — πάλιν γὰρ ἄνω
καὶ κάτω εἰς τὰ αὐτὰ περιτρέχων αὐτοῖς ἁλώσεται ὁ λόγος — πῶς οὖν ἡ Δῆλος,
ἡ κατὰ θάλατταν εἰσέτι νῦν προφαινομένη νῆσος, γένοιτ´ ἂν τοῦ ἡλίου πατρὶς
καὶ μήτηρ ἡ Λητώ; ταυτὶ γὰρ ἀρτίως ἐκύρουν ὡς ἀληθῆ γε ὄντα οἱ αὐτοῦ
χρησμοί. πῶς δὲ καὶ τοῦ Ἀσκληπιοῦ θνητοῦ ἀνδρὸς τὴν φύσιν γένοιτ´ ἂν ὁ
ἥλιος πατήρ, ἐκ θνητῆς αὐτὸν γυναικὸς πεποιημένος; ἀλλὰ παρείσθω ταῦτα.
| [3,15] CHAPITRE XV
Que d'un autre côté les dieux eux-mêmes accréditent les interprétations
des philosophes et détruisent les fables par les allégories qu'ils y opposent.
Les paroles que nous venons de rapporter au chapitre précédent ne sont
point des fictions inventées par les poètes, mais des sentences sorties de
la bouche même des dieux. Chez les poètes, dit-on, on ne rencontre que des
fables absurdes attribuées aux dieux : dans les philosophes, au contraire,
c'est un système d'interprétations rationnelles fondées sur la nature même
des choses. D'après cela, ce qu'il y aurait donc, à faire pour un homme,
ce serait de fouler aux pieds ces fictions, fruits de l'imagination des
poètes, et de s'en tenir aux savantes explications des philosophes. Mais
voilà que les dieux eux-mêmes déclarent la guerre aux philosophes. Or,
lorsque d'un côté les dieux dans leurs oracles révèlent leur propre nature
(et ils doivent la connaître), et que d'un autre côté nous voyons les
philosophes mettre en avant des suppositions qu'ils ne comprennent pas,
puis étayer sur ces suppositions des systèmes incohérents et sans
fondement, à laquelle de ces deux autorités la raison nous commande-t-elle
de donner notre assentiment, ou plutôt est-ce une chose à demander?
Maintenant s'il faut chercher la vérité dans les oracles où les dieux
s'attribuent à eux-mêmes les conditions de la nature humaine, tout
enseignement contraire est une doctrine mensongère. Si au contraire la
vérité se trouve dans les explications des philosophes, ce sont les
sentences des dieux qui sont convaincues de fausseté. Mais, direz-vous,
Apollon, consulté lui-même sur sa propre nature, répondit dans un de ses
oracles :
« Je suis le soleil, Horus, Osiris, Roi, Bacchus, Apollon, le distributeur
des heures et du temps, des vents et de la pluie, le conducteur du char de
l'Aurore et de la Nuit semée d'étoiles, le roi des astres lumineux, un feu
immortel. »
Cela prouve qu'ils favorisent à la fois les fables des poètes et les
suppositions des philosophes, souscrivant ainsi à deux opinions qui se
détruisent l'une l'autre.
En effet, s'ils se donnent pour enfants de femmes mortelles, s'ils
assignent sur la terre le lieu de leur naissance, comment peuvent-ils être
ce que la philosophie nous les représente? Par exemple, qu'Apollon soit le
soleil (car de quelque côté qu'ils se jettent, leurs raisonnements
aboutissent toujours au même terme), comment concevoir que Délos, petite
île que nous voyons encore aujourd'hui s'élever du milieu des flots,
puisse être la patrie du soleil, et Latone sa mère? Et c'est cependant ce
qu'atteste l'oracle que nous avons cité plus haut. Comment ce même soleil
peut-il être le père d'Esculape, homme mortel, qu'il aurait engendré d'une
femme mortelle? Mais c'est assez d'absurdités.
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