Texte grec :
[50] δὲ σαρκῶν πολιᾶν
51 καταδρύμματα χειρῶν. τί γάρ; ἃ φθιμένους παῖδας
52 ἐμοὺς οὔτε δόμοις
53 προθέμαν οὔτε τάφων χώματα γαίας ἐσορῶ.
54 ἔτεκες καὶ σύ ποτ´, ὦ πότνια, κοῦρον φίλα ποιησαμένα
56 λέκτρα πόσει σῶι· μετά νυν
58 δὸς ἐμοὶ σᾶς διανοίας, μετάδος δ´, ὅσσον ἐπαλγῶ
59 μελέα ´γὼ φθιμένων οὓς ἔτεκον·
60 παράπεισον δὲ σόν, ὤ, λίσσομαι, ἐλθεῖν τέκνον Ἰσμηνὸν
61 ἐμάν τ´ ἐς χέρα θεῖναι νεκύων
62 θαλερῶν σώματ´ ἀλαίνοντ´ ἄταφα.
63 ὁσίως οὔχ, ὑπ´ ἀνάγκας δὲ προπίπτουσα προσαιτοῦς´
64 ἔμολον δεξιπύρους θεῶν θυμέλας·
65 ἔχομεν δ´ ἔνδικα, καὶ σοί τι πάρεστι σθένος ὥστ´ εὐτεκνίαι
66 δυστυχίαν τὰν παρ´ ἐμοὶ
68 καθελεῖν· οἰκτρὰ δὲ πάσχους´ ἱκετεύω σὸν ἐμοὶ παῖδα
69 ταλαίναι ´ν χερὶ θεῖναι νέκυν, ἀμφιβαλεῖν
70 λυγρὰ μέλη παιδὸς ἐμοῦ.
71 ἀγὼν ὅδ´ ἄλλος ἔρχεται γόων γόοις
72 διάδοχος, ἀχοῦσι προσπόλων χέρες.
73 ἴτ´ ὦ ξυνωιδοὶ κακοῖς,
74 ἴτ´ ὦ ξυναλγηδόνες,
75 χορὸν τὸν Ἅιδας σέβει·
76 διὰ παρῆιδος ὄνυχι λευκᾶς
77 αἱματοῦτε χρῶτα φόνιον· ἒ ἔ.
78 τὰ γὰρ φθιτῶν τοῖς ὁρῶσι κόσμος.
79 ἄπληστος ἅδε μ´ ἐξάγει χάρις γόων
80 πολύπονος, ὡς ἐξ ἁλιβλήτου πέτρας
81 ὑγρὰ ῥέουσα σταγὼν
82 ἄπαυστος αἰεὶ γόων.
83 τὸ γὰρ θανόντων τέκνων
84 ἐπίπονόν τι κατὰ γυναῖκας
85 ἐς γόους πάθος πέφυκεν· ἒ ἔ.
86 θανοῦσα τῶνδ´ ἀλγέων λαθοίμαν.
87 (ΘΗΣΕΥΣ)
87 τίνων γόους ἤκουσα καὶ στέρνων κτύπον
88 νεκρῶν τε θρήνους, τῶνδ´ ἀνακτόρων ἄπο
89 ἠχοῦς ἰούσης; ὡς φόβος μ´ ἀναπτεροῖ
90 μή μοί τι μήτηρ, ἣν μεταστείχω ποδὶ
91 χρονίαν ἀποῦσαν ἐκ δόμων, ἔχηι νέον.
92 ἔα·
92 τί χρῆμα; καινὰς ἐσβολὰς ὁρῶ λόγων·
93 μητέρα γεραιὰν βωμίαν ἐφημένην
94 ξένας θ´ ὁμοῦ γυναῖκας οὐχ ἕνα ῥυθμὸν
95 κακῶν ἐχούσας· ἔκ τε γὰρ γερασμίων
96 ὄσσων ἐλαύνους´ οἰκτρὸν ἐς γαῖαν δάκρυ,
97 κουραί τε καὶ πεπλώματ´ οὐ θεωρικά.
98 τί ταῦτα, μῆτερ; σὸν τὸ μηνύειν ἐμοί,
99 ἡμῶν δ´ ἀκούειν· προσδοκῶ τι γὰρ νέον.
|
|
Traduction française :
[50] les traces sanglantes de mes ongles, et ma tête dépouillée de ses cheveux blancs. Car que pourrais-je faire, moi qui n'ai point recueilli dans ma maison vos tristes dépouilles, et qui ne vois pas s'élever sur la terre le monument destiné à recevoir vos cendres?
Toi aussi tu es mère, reine auguste; un fils a rendu ta couche chère à ton époux : prends part à mon infortune, ressens les maux que j'éprouve en voyant périr ceux que j'ai mis au monde ; engage ton fils, que j'implore, à venir sur les bords de l'Ismène et à remettre entre mes mains les corps de mes enfants privés de sépulture.
Dans un appareil peu séant, mais contrainte par la nécessité, je suis venue tomber à tes pieds, et faire entendre mes prières devant les autels où fume l'encens des sacrifices. Mais ma cause est juste, et tu as dans ton glorieux fils les moyens de réparer nos malheurs. Dans mon état digne de pitié, je te supplie de remettre mon fils entre mes mains : qu'il me soit permis de presser ses tristes restes dans mes bras.
Voici d'autres cris douloureux qui succèdent à nos cris douloureux ; les sacrificateurs frappent leur poitrine à coups redoublés. O vous qui partagez ma douleur, vous dont les chants s'unissent à mes souffrances, formons un chœur funèbre pour rendre hommage au dieu des enfers. Déchirez votre visage, faites ruisseler le sang de vos joues; tels sont les honneurs que les vivants doivent aux morts.
Le plaisir insatiable et douloureux que je trouve à gémir fait couler mes larmes sans relâche, comme la source intarissable qui tombe d'un rocher escarpé. Il y a dans le cœur des mères un désespoir sans égal pour la mort de leurs enfants. Ah! puissé-je trouver dans la mort l'oubli de ces .souffrances !
87 THÉSÉE.
Quels cris ai-je entendus? d'où vient que ce temple retentit de coups redoublés et de lamentations funèbres? J'accours vers ma mère; sa longue absence du palais m'inquiète : lui serait-il arrivé quelque malheur? Mais que vois-je? voici quelque chose de nouveau : ma mère assise au foyer de l'autel; des femmes étrangères l'entourent : plus d'un signe annonce leur désolation ; de leurs yeux coulent des torrents de larmes ; leurs chevelures rasées, et leurs vêtements de deuil, sont peu assortis à la pompe d'un sacrifice. Qu'y a-t-il donc, ma mère? c'est à toi de m'instruire, et c'est à moi de t'écouter : je m'attends à quelque chose de nouveau.
|
|