[100] (ΑΙΘΡΑ) ὦ παῖ, γυναῖκες αἵδε μητέρες τέκνων
101 τῶν κατθανόντων ἀμφὶ Καδμείας πύλας
102 ἑπτὰ στρατηγῶν· ἱκεσίοις δὲ σὺν κλάδοις
103 φρουροῦσί μ´, ὡς δέδορκας, ἐν κύκλωι, τέκνον.
104 (ΘΗΣΕΥΣ) τίς δ´ ὁ στενάζων οἰκτρὸν ἐν πύλαις ὅδε;
105 (ΑΙΘΡΑ) Ἄδραστος, ὡς λέγουσιν, Ἀργείων ἄναξ.
106 (ΘΗΣΕΥΣ) οἱ δ´ ἀμφὶ τόνδε παῖδες; ἦ τούτων τέκνα;
107 (ΑΙΘΡΑ) οὔκ, ἀλλὰ νεκρῶν τῶν ὀλωλότων κόροι.
108 (ΘΗΣΕΥΣ) τί γὰρ πρὸς ἡμᾶς ἦλθον ἱκεσίαι χερί;
109 (ΑΙΘΡΑ) οἶδ´· ἀλλὰ τῶνδε μῦθος οὑντεῦθεν, τέκνον.
110 (ΘΗΣΕΥΣ) σὲ τὸν κατήρη χλανιδίοις ἀνιστορῶ.
111 λέγ´ ἐκκαλύψας κρᾶτα καὶ πάρες γόον·
112 πέρας γὰρ οὐδὲν μὴ διὰ γλώσσης ἰόν.
113 (ΑΔΡΑΣΤΟΣ)
113 ὦ καλλίνικε γῆς Ἀθηναίων ἄναξ,
114 Θησεῦ, σὸς ἱκέτης καὶ πόλεως ἥκω σέθεν.
115 (ΘΗΣΕΥΣ) τί χρῆμα θηρῶν καὶ τίνος χρείαν ἔχων;
116 (ΑΔΡΑΣΤΟΣ) οἶσθ´ ἣν στρατείαν ἐστράτευς´ ὀλεθρίαν;
117 (ΘΗΣΕΥΣ) οὐ γάρ τι σιγῆι διεπέρασας Ἑλλάδα.
118 (ΑΔΡΑΣΤΟΣ) ἐνταῦθ´ ἀπώλες´ ἄνδρας Ἀργείων ἄκρους.
119 (ΘΗΣΕΥΣ) τοιαῦθ´ ὁ τλήμων πόλεμος ἐξεργάζεται.
120 (ΑΔΡΑΣΤΟΣ) τούτους θανόντας ἦλθον ἐξαιτῶν πόλιν.
121 (ΘΗΣΕΥΣ) κήρυξιν Ἑρμοῦ πίσυνος, ὡς θάψηις νεκρούς;
122 (ΑΔΡΑΣΤΟΣ) κἄπειτά γ´ οἱ κτανόντες οὐκ ἐῶσί με.
123 (ΘΗΣΕΥΣ) τί γὰρ λέγουσιν, ὅσια χρήιζοντος σέθεν;
124 (ΑΔΡΑΣΤΟΣ) τί δ´; εὐτυχοῦντες οὐκ ἐπίστανται φέρειν.
125 (ΘΗΣΕΥΣ) ξύμβουλον οὖν μ´ ἐπῆλθες; ἢ τίνος χάριν;
126 (ΑΔΡΑΣΤΟΣ) κομίσαι σε, Θησεῦ, παῖδας Ἀργείων θέλων.
127 (ΘΗΣΕΥΣ) τὸ δ´ Ἄργος ἡμῖν ποῦ ´στιν; ἢ κόμποι μάτην;
128 (ΑΔΡΑΣΤΟΣ) σφαλέντες οἰχόμεσθα· πρὸς σὲ δ´ ἥκομεν.
129 (ΘΗΣΕΥΣ) ἰδίαι δοκῆσάν σοι τόδ´ ἢ πάσηι πόλει;
130 (ΑΔΡΑΣΤΟΣ) πάντες ς´ ἱκνοῦνται Δαναΐδαι θάψαι νεκρούς.
131 (ΘΗΣΕΥΣ) ἐκ τοῦ δ´ ἐλαύνεις ἑπτὰ πρὸς Θήβας λόχους;
132 (ΑΔΡΑΣΤΟΣ) δισσοῖσι γαμβροῖς τήνδε πορσύνων χάριν.
133 (ΘΗΣΕΥΣ) τῶι δ´ ἐξέδωκας παῖδας Ἀργείων σέθεν;
134 (ΑΔΡΑΣΤΟΣ) οὐκ ἐγγενῆ συνῆψα κηδείαν δόμοις.
135 (ΘΗΣΕΥΣ) ἀλλὰ ξένοις ἔδωκας Ἀργείας κόρας;
136 (ΑΔΡΑΣΤΟΣ) Τυδεῖ γε Πολυνείκει τε τῶι Θηβαιγενεῖ.
137 (ΘΗΣΕΥΣ) τίν´ εἰς ἔρωτα τῆσδε κηδείας μολών;
138 (ΑΔΡΑΣΤΟΣ) Φοίβου μ´ ὑπῆλθε δυστόπαστ´ αἰνίγματα.
139 (ΘΗΣΕΥΣ) τί δ´ εἶπ´ Ἀπόλλων παρθένοις κραίνων γάμον;
140 (ΑΔΡΑΣΤΟΣ) κάπρωι με δοῦναι καὶ λέοντι παῖδ´ ἐμώ.
141 (ΘΗΣΕΥΣ) σὺ δ´ ἐξελίσσεις πῶς θεοῦ θεσπίσματα;
142 (ΑΔΡΑΣΤΟΣ) ἐλθόντε φυγάδε νυκτὸς εἰς ἐμὰς πύλας
143 (ΘΗΣΕΥΣ) τίς καὶ τίς; εἰπέ· δύο γὰρ ἐξαυδᾶις ἅμα.
144 (ΑΔΡΑΣΤΟΣ) Τυδεὺς μάχην συνῆψε Πολυνείκης θ´ ἅμα.
145 (ΘΗΣΕΥΣ) ἦ τοῖσδ´ ἔδωκας θηρσὶν ὣς κόρας σέθεν;
146 (ΑΔΡΑΣΤΟΣ) μάχην γε δισσοῖν κνωδάλοιν ἀπεικάσας.
147 (ΘΗΣΕΥΣ) ἦλθον δὲ δὴ πῶς πατρίδος ἐκλιπόνθ´ ὅρους;
148 (ΑΔΡΑΣΤΟΣ) Τυδεὺς μὲν αἷμα συγγενὲς φεύγων χθονός.
149 (ΘΗΣΕΥΣ) ὁ δ´ Οἰδίπου παῖς τίνι τρόπωι Θήβας λιπών;
| [100] ÉTHRA.
Mon fils, ces femmes sont les mères des sept chefs qui sont morts devant les portes de Thèbes : tu vois comme elles m'entourent de rameaux suppliants.
THÉSÉE.
Et quel est celui-ci, qui pousse des gémissements si lamentables à la porte du temple?
ÉTHRA.
C'est Adraste, chef des Argiens.
THÉSÉE.
Ces enfants qui l'environnent sont-ils les siens?
ÉTHRA.
Non ; ce sont les fils de ceux qui sont morts.
THÉSÉE.
Que viennent-ils nous demander avec leurs mains suppliantes?
ÉTHRA.
Je le sais, mon fils ; mais c'est à eux de t'instruire.
THÉSÉE.
Parle donc, toi qui t'enveloppes dans ton manteau ; c'est à toi que je m'adresse : découvre ta tête, et suspends tes gémissements; car tu n'avances à rien, si ta bouche ne s'explique.
113 ADRASTE.
Glorieux roi des Athéniens, Thésée, je viens en suppliant vers toi et vers la ville que tu gouvernes.
THÉSÉE.
Que demandes-tu? quel secours t'est nécessaire?
ADRASTE.
Tu sais quelle expédition désastreuse j'ai entreprise.
THÉSÉE.
Ce n'est pas sans quelque bruit que tu as pu traverser la Grèce.
ADRASTE.
J'y ai perdu la fleur des guerriers d'Argos.
THÉSÉE.
Tels sont les coups de la guerre cruelle.
ADRASTE.
Je suis allé redemander leurs corps à Thèbes.
THÉSÉE.
As-tu envoyé des hérauts sous la protection de Mercure, pour obtenir la permission de les ensevelir?
ADRASTE.
Leurs meurtriers me refusent cette consolation.
THÉSÉE.
Qu'ont-ils répondu à ta juste demande?
ADRASTE.
Quoi? ils ne savent pas supporter leur heureuse fortune.
THÉSÉE.
Viens-tu demander mes conseils? ou quel motif t'amène?
ADRASTE.
Je désire, Thésée, que tu fasses rendre aux Argiens les corps de leurs fils.
THÉSÉE.
Qu'est devenue la puissance d'Argos? c'est donc à tort qu'elle se glorifiait ?
ADRASTE.
Vaine erreur! nous sommes perdus : en toi est notre recours.
THÉSÉE.
Cette résolution appartient-elle à toi seul, ou à la ville entière?
ADRASTE.
Tous les enfants de Danaüs te supplient d'ensevelir leurs morts.
THÉSÉE.
Quel motif te porta à conduire contre Thèbes sept cohortes armées?
ADRASTE.
C'était un service que je rendais à mes deux gendres.
THÉSÉE.
Auquel des habitants d'Argos avais-tu donné tes filles en mariage?
ADRASTE.
Ce n'est pas dans ma patrie que j'ai choisi mes alliances.
THÉSÉE.
Ce fut donc à des étrangers que tu donnas les filles d'Argos?
ADRASTE.
A Tydée et à Polynice le Thébain.
THÉSÉE.
Quel motif te fit préférer cette alliance?
ADRASTE.
Les obscurs oracles de Phébus m'y engagèrent.
THÉSÉE.
Que dit donc Apollon, pour décider l'hymen de tes filles?
ADRASTE.
Il m'ordonnait de donner mes filles à un sanglier et à un lion.
THÉSÉE.
Et comment interprétas-tu les paroles du dieu ?
ADRASTE.
Tous deux vinrent de nuit, en fugitifs, à la porte de mon palais.
THÉSÉE.
De qui parles-tu ? car tu en as nommé deux.
ADRASTE.
Tydée et Polynice ; ils engagèrent un combat entre eux.
THÉSÉE.
Et tu leur donnas tes filles, comme aux bêtes sauvages que désignait le dieu ?
ADRASTE.
Leur combat les assimilait à mes yeux à deux bêtes farouches.
THÉSÉE.
Quel motif leur avait fait quitter leur patrie ?
ADRASTE.
Tydée s'exilait de sa patrie, à cause du meurtre d'un frère.
THÉSÉE.
Et le fils d'OEdipe, pour quelle raison était-il sorti de Thèbes?
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