HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Euripide, Iphigenie à Aulis

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Texte grec :

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[350] ὡς δ´ ἐς Αὖλιν ἦλθες αὖθις χὠ Πανελλήνων στρατός,
351 οὐδὲν ἦσθ´, ἀλλ´ ἐξεπλήσσου τῆι τύχηι τῆι τῶν θεῶν,
352 οὐρίας πομπῆς σπανίζων· Δαναΐδαι δ´ ἀφιέναι
353 ναῦς διήγγελλον, μάτην δὲ μὴ πονεῖν ἐν Αὐλίδι.
354 ὡς δ´ ἄνολβον εἶχες ὄμμα σύγχυσίν τ´, εἰ μὴ νεῶν
355 χιλίων ἄρχων τὸ Πριάμου πεδίον ἐμπλήσεις δορός.
356 κἀμὲ παρεκάλεις· Τί δράσω; τίνα δὲ πόρον εὕρω πόθεν;
357 ὥστε μὴ στερέντα ς´ ἀρχῆς ἀπολέσαι καλὸν κλέος.
358 κἆιτ´, ἐπεὶ Κάλχας ἐν ἱεροῖς εἶπε σὴν θῦσαι κόρην
359 Ἀρτέμιδι, καὶ πλοῦν ἔσεσθαι Δαναΐδαις, ἡσθεὶς φρένας
360 ἄσμενος θύσειν ὑπέστης παῖδα· καὶ πέμπεις ἑκών,
361 οὐ βίαι - μὴ τοῦτο λέξηις - σῆι δάμαρτι παῖδα σὴν
362 δεῦρ´ ἀποστέλλειν, Ἀχιλλεῖ πρόφασιν ὡς γαμουμένην.
363 κἆιθ´ ὑποστρέψας λέληψαι μεταβαλὼν ἄλλας γραφάς,
364 ὡς φονεὺς οὐκέτι θυγατρὸς σῆς ἔσηι; μάλιστά γε.
365 οὗτος αὑτός ἐστιν αἰθὴρ ὃς τάδ´ ἤκουσεν σέθεν.
366 μυρίοι δέ τοι πεπόνθας´ αὐτό· πρὸς τὰ πράγματα
367 ἐκπονοῦς´ ἔχοντες, εἶτα δ´ ἐξεχώρησαν κακῶς,
368 τὰ μὲν ὑπὸ γνώμης πολιτῶν ἀσυνέτου, τὰ δ´ ἐνδίκως
369 ἀδύνατοι γεγῶτες αὐτοὶ διαφυλάξασθαι πόλιν.
370 Ἑλλάδος μάλιστ´ ἔγωγε τῆς ταλαιπώρου στένω,
371 ἥ, θέλουσα δρᾶν τι κεδνόν, βαρβάρους τοὺς οὐδένας
372 καταγελῶντας ἐξανήσει διὰ σὲ καὶ τὴν σὴν κόρην.
373 μηδέν´ ἀνδρείας ἕκατι προστάτην θείμην χθονὸς
374 μηδ´ ὅπλων ἄρχοντα· νοῦν χρὴ τὸν στρατηλάτην ἔχειν
375 πόλεος· ὡς ἀρκῶν ἀνὴρ πᾶς, ξύνεσιν ἢν ἔχων
375 τύχηι.
376 (ΧΟΡΟΣ) δεινὸν κασιγνήτοισι γίγνεσθαι ψόγους
377 μάχας θ´, ὅταν ποτ´ ἐμπέσωσιν εἰς ἔριν.
378 (ΑΓΑΜΕΜΝΩΝ) βούλομαί ς´ εἰπεῖν κακῶς αὖ βραχέα, μὴ λίαν ἄνω
379 βλέφαρα πρὸς τἀναιδὲς ἀγαγών, ἀλλὰ σωφρονεστέρως,
380 ὡς ἀδελφὸν ὄντ´· ἀνὴρ γὰρ χρηστὸς αἰδεῖσθαι φιλεῖ.
381 εἰπέ μοι, τί δεινὰ φυσᾶις αἱματηρὸν ὄμμ´ ἔχων;
382 τίς ἀδικεῖ σε; τοῦ κέχρησαι; χρηστὰ λέκτρ´ ἐρᾶις λαβεῖν;
383 οὐκ ἔχοιμ´ ἄν σοι παρασχεῖν· ὧν γὰρ ἐκτήσω, κακῶς
384 ἦρχες. εἶτ´ ἐγὼ δίκην δῶ σῶν κακῶν, ὁ μὴ σφαλείς;
385 οὐ δάκνει σε τὸ φιλότιμον τοὐμόν, ἀλλ´ ἐν ἀγκάλαις
386 εὐπρεπῆ γυναῖκα χρήιζεις, τὸ λελογισμένον παρεὶς
387 καὶ τὸ καλόν, ἔχειν. πονηροῦ φωτὸς ἡδοναὶ κακαί.
388 εἰ δ´ ἐγώ, γνοὺς πρόσθεν οὐκ εὖ, μετεθέμην εὐβουλίαν,
389 μαίνομαι; σὺ μᾶλλον, ὅστις ἀπολέσας κακὸν λέχος
390 ἀναλαβεῖν θέλεις, θεοῦ σοι τὴν τύχην διδόντος εὖ.
391 ὤμοσαν τὸν Τυνδάρειον ὅρκον οἱ κακόφρονες
392 φιλόγαμοι μνηστῆρες - ἡ δέ γ´ ἐλπίς, οἶμαι μέν, θεός,
393 κἀξέπραξεν αὐτὸ μᾶλλον ἢ σὺ καὶ τὸ σὸν σθένος -
394 οὓς λαβὼν στράτευ´· ἕτοιμοι δ´ εἰσὶ μωρίαι φρενῶν.
394a οὐ γὰρ ἀσύνετον τὸ θεῖον, ἀλλ´ ἔχει συνιέναι
395 τοὺς κακῶς παγέντας ὅρκους καὶ κατηναγκασμένους.
396 τἀμὰ δ´ οὐκ ἀποκτενῶ ´γὼ τέκνα· κοὐ τὸ σὸν μὲν εὖ
397 παρὰ δίκην ἔσται κακίστης εὔνιδος τιμωρίαι,
398 ἐμὲ δὲ συντήξουσι νύκτες ἡμέραι τε δακρύοις,
399 ἄνομα δρῶντα κοὐ δίκαια παῖδας οὓς ἐγεινάμην.

Traduction française :

[350] Plus tard, tu arrives à Aulis : mais l'armée alliée est réduite
à l'impuissance, et les dieux abattent ton orgueil, en nous
refusant la brise qui doit enfler nos voiles. Les Grecs demandaient
le renvoi de la flotte : ils étaient las de se consumer
vainement à Aulis. Comme tu avais l'air malheureux! quelle
confusion sur ton visage, à la pensée que tu ne commanderais
plus à mille vaisseaux pour couvrir de nos armes la
plaine de Priam! Et tu m'appelais à ton aide : « Que faire?
me disais-tu. Comment sortir de cette impasse? Allons-nous
donc perdre le commandement et nos brillantes espérances
de gloire?» C'est alors que Calchas, devant l'autel, annonce
que tu dois immoler ta fille à Artémis, et qu'à cette condition
la mer sera ouverte aux Grecs : tu t'en réjouis, tu es heureux
de promettre ce sacrifice, et, de ton plein gré, — ne va pas
dire qu'on t'y a forcé, — tu envoies à ta femme l'ordre de faire
venir ici ton enfant, sous prétexte de la donner en mariage à
Achille. Et puis, tu changes d'avis ; et l'on te surprend à écrire
une autre lettre, où tu déclares que tu ne seras pas le meurtrier
de ta fille. Mais ce ciel est le même qui a entendu ta
promesse. C'est ce qui arrive à la plupart des hommes, lorsqu'ils
sont au pouvoir : ils s'épuisent en efforts volontaires
pour le conquérir, et bientôt ils tombent misérablement, soit
par la sottise du peuple, soit par leur impuissance réelle à
défendre la cité ! Quant à moi, c'est la Grèce surtout dont je
plains le malheureux sort. Elle voulait tenter quelque glorieuse
entreprise : et ces méprisables Barbares, elle les laissera
impunis, pour devenir l'objet de leur risée, à cause de
toi et de ta fille! Jamais je ne confierais à un homme, parce
qu'il est riche, le gouvernement d'un pays ni le commandement
d'une armée. C'est du bon sens qu'il faut au chef d'un
État. Tout homme suffit à cette tâche, s'il est intelligent.
LE CHOEUR. Terribles sont les querelles et les luttes entre
frères, quand la discorde les divise.
AGAMEMNON. Je veux t'accuser à mon tour, mais, comme il
convient, brièvement, sans lever sur toi un impudent regard,
sans dépasser la mesure, puisque tu es mon frère : un honnête
homme est habitué à respecter les convenances. Dis-moi,
pourquoi cette violente colère? pourquoi ce regard
sanglant? Qui t'a offensé? que te faut-il? une chaste épouse,
sans doute? Il n'est pas en mon pouvoir de te la donner :
que n'as-tu mieux gouverné celle que tu avais? Et je porterais
la peine de tes fautes, moi qui n'ai rien à me reprocher?
C'est peut-être mon ambition qui te blesse? N'est-ce
pas plutôt que tu brûles de tenir dans tes bras une femme
charmante, au mépris de la raison et de l'honneur? Le goût
de ces honteuses voluptés est d'un homme méprisable. Est-ce
donc moi qui suis fou, parce que je suis revenu sur une
funeste résolution, pour prendre un meilleur parti? ou bien
toi, qui as perdu une femme perverse, et qui veux la reprendre,
quand le ciel t'a rendu un tel service? Les prétendants,
pour obtenir cette femme, ont eu l'imprudence de
jurer tout ce que voulait Tyndare. Mais l'espérance est une
déesse, ce me semble; et c'est elle qui les a décidés à prêter
ce serment, plutôt que toi et ta puissance. Eh bien ! emmène-les,
fais campagne avec eux : ils y sont prêts, tant est
grande leur folie. Mais les dieux ne sont pas aveugles :
ils savent reconnaître les serments forcés, qui n'engagent
pas la conscience. Non, je ne tuerai pas mes enfants : et il
ne sera pas dit que tu verras, toi, tes voeux comblés, contre
toute justice, par le châtiment d'une indigne épouse; tandis
que moi, nuit et jour, je me consumerais dans les larmes,
pour avoir violé les lois divines et humaines envers mon
propre sang.





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Dernière mise à jour : 29/11/2006