HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

EURIPIDE, Ion (tragédie complète)



Texte grec :

[600] γέλωτ´ ἐν αὐτοῖς μωρίαν τε λήψομαι
601 οὐχ συχάζων ἐν πόλει ψόγου πλέαι.
602 τῶν δ´ αὖ λογίων τε χρωμένων τε τῆι πόλει
603 ἐς ἀξίωμα βὰς πλέον φρουρήσομαι
604 ψήφοισιν. οὕτω γὰρ τάδ´, ὦ πάτερ, φιλεῖ·
605 οἳ τὰς πόλεις ἔχουσι κἀξιώματα
606 τοῖς ἀνθαμίλλοις εἰσὶ πολεμιώτατοι.
607 ἐλθὼν δ´ ἐς οἶκον ἀλλότριον ἔπηλυς ὢν
608 γυναῖκά θ´ ὡς ἄτεκνον, ἣ κοινουμένη
609 τῆς συμφορᾶς σοι πρόσθεν ἀπολαχοῦσα νῦν
610 αὐτὴ καθ´ αὑτὴν τὴν τύχην οἴσει πικρῶς,
611 πῶς οὐχ ὑπ´ αὐτῆς εἰκότως μισήσομαι,
612 ὅταν παραστῶ σοὶ μὲν ἐγγύθεν ποδός,
613 δ´ οὖς´ ἄτεκνος τὰ σὰ φίλ´ εἰσορᾶι πικρῶς,
614 κἆιτ´ ἢ προδοὺς σύ μ´ ἐς δάμαρτα σὴν βλέπηις
615 ἢ τἀμὰ τιμῶν δῶμα συγχέας ἔχηις;
616 ὅσας σφαγὰς δὴ φαρμάκων τε θανασίμων
617 γυναῖκες ηὗρον ἀνδράσιν διαφθοράς.
618 ἄλλως τε τὴν σὴν ἄλοχον οἰκτίρω, πάτερ,
619 ἄπαιδα γηράσκουσαν· οὐ γὰρ ἀξία
620 πατέρων ἀπ´ ἐσθλῶν οὖς´ ἀπαιδίαι νοσεῖν.
621 τυραννίδος δὲ τῆς μάτην αἰνουμένης
622 τὸ μὲν πρόσωπον δύ, τἀν δόμοισι δὲ
623 λυπηρά· τίς γὰρ μακάριος, τίς εὐτυχής,
624 ὅστις δεδοικὼς καὶ περιβλέπων βίαν
625 αἰῶνα τείνει; δημότης ἂν εὐτυχὴς
626 ζῆν ἂν θέλοιμι μᾶλλον ἢ τύραννος ὤν,
627 ὧι τοὺς πονηροὺς δονὴ φίλους ἔχειν,
628 ἐσθλοὺς δὲ μισεῖ κατθανεῖν φοβούμενος.
629 εἴποις ἂν ὡς ὁ χρυσὸς ἐκνικᾶι τάδε,
630 πλουτεῖν τε τερπνόν· οὐ φιλῶ ψόγους κλύειν
631 ἐν χερσὶ σώιζων ὄλβον οὐδ´ ἔχειν πόνους·
632 εἴη γ´ ἐμοὶ μὲν μέτρια μὴ λυπουμένωι.
633 ἃ δ´ ἐνθάδ´ εἶχον ἀγάθ´ ἄκουσόν μου, πάτερ·
634 τὴν φιλτάτην μὲν πρῶτον ἀνθρώποις σχολὴν
635 ὄχλον τε μέτριον, οὐδέ μ´ ἐξέπληξ´ ὁδοῦ
636 πονηρὸς οὐδείς· κεῖνο δ´ οὐκ ἀνασχετόν,
637 εἴκειν ὁδοῦ χαλῶντα τοῖς κακίοσιν.
638 θεῶν δ´ ἐν εὐχαῖς ἢ λόγοισιν ἦ βροτῶν
639 ὑπηρετῶν χαίρουσιν οὐ γοωμένοις.
640 καὶ τοὺς μὲν ἐξέπεμπον, οἱ δ´ ἧκον ξένοι,
641 ὥσθ´ δὺς αἰεὶ καινὸς ἐν καινοῖσιν ἦ.
642 ὃ δ´ εὐκτὸν ἀνθρώποισι, κἂν ἄκουσιν ἦι,
643 δίκαιον εἶναί μ´ ὁ νόμος φύσις θ´ ἅμα
644 παρεῖχε τῶι θεῶι. ταῦτα συννοούμενος
645 κρείσσω νομίζω τἀνθάδ´ ἢ τἀκεῖ, πάτερ.
646 ἔα δέ μ´ αὐτοῦ ζῆν· ἴση γὰρ χάρις
647 μεγάλοισι χαίρειν σμικρά θ´ δέως ἔχειν.
648 (ΧΟΡΟΣ) καλῶς ἔλεξας, εἴπερ οὓς ἐγὼ φιλῶ
649 ἐν τοῖσι σοῖσιν εὐτυχήσουσιν φίλοις.

Traduction française :

[600] riront de moi et me traiteront d'insensé de ne pas rester tranquille dans une cité pleine de calomnies. Si je veux prétendre aux honneurs, les orateurs, ceux qui gouvernent l'État me prendront pour but de leurs attaques. Voilà en effet ce qui se passe d'ordinaire ; ceux qui se mêlent des affaires et qui possèdent les charges publiques sont des ennemis implacables pour leurs rivaux. 607 Enfin si je viens, étranger dans une maison étrangère, près d'une femme privée d'enfants, qui, après avoir partagé ta peine, se voyant déçue dans son espoir, sentira cruellement l'amertume de son malheur, comment ne lui serais-je pas odieux lorsqu'elle me trouvera à tes pieds, et que, sans enfants elle-même, elle verra avec un amer regret ton fils chéri ? Et alors, ou tu m'abandonneras pour plaire à ton épouse, ou, si tu as des égards pour moi, tu jetteras le trouble dans ta maison. Que de meurtres, que d'empoisonnements les femmes n'ont-elles pas préparés contre leurs maris ! D'ailleurs, mon père, je ne pourrais sans pitié voir ton épouse vieillir privée d'enfants. Issue d'un sang illustre, elle ne mérite pas un pareil abandon. En vain tu me vantes les charmes de la royauté ; le dehors en peut plaire, mais au fond du palais on trouve la tristesse. Et comment vivre heureux au sein de la défiance et dans de perpétuelles alarmes ? J'aime mieux vivre au sein d'un bonheur obscur, que d'être roi pour m'entourer d'amis méprisables et pour haïr les gens de bien dans la crainte de mourir. Mais, diras-tu, l'or triomphe de ces ennuis ; il est doux de vivre dans l'opulence. Non, je ne puis me résigner aux malédictions ni conserver ma fortune au prix des soucis rongeurs. Je préfère une vie médiocre et exempte de peines. Et vois, mon père, quels sont les biens dont je jouis ici : d'abord le loisir, si cher à tous les hommes, et peu d'embarras ; nul méchant ne vient me troubler. Je n'ai point ce déboire intolérable de céder le pas à des êtres pervers. En adressant des prières aux dieux, ou en m'entretenant avec les mortels, je sers les heureux et non ceux qui gémissent. Quand les uns se retirent, d'autres étrangers les remplacent ; la nouveauté me rend toujours agréable à des hôtes nouveaux ; et ce qui doit faire l'objet des vœux de tous les mortels, la loi, d'accord avec la nature, me conserve juste en présence du dieu. En faisant cette comparaison, ma destinée en ces lieux me paraît préférable à celle que tu m'offres à Athènes. Permets-moi, mon père, de vivre pour moi-même : le bonheur est égal, soit qu'on le trouve dans une haute fortune ou dans une humble condition. LE CHOEUR. 648 J'approuve tes généreux sentiments, si toutefois ils s'accordent avec le bonheur de ceux que j'aime.





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Dernière mise à jour : 8/10/2009