Texte grec :
[1250] (ΚΡΕΟΥΣΑ) πρόσπολοι, διωκόμεσθα θανασίμους ἐπὶ σφαγάς,
1251 Πυθίαι ψήφωι κρατηθεῖς´, ἔκδοτος δὲ γίγνομαι.
1252 (ΧΟΡΟΣ) ἴσμεν, ὦ τάλαινα, τὰς σὰς συμφοράς, ἵν´ εἶ τύχης.
1253 (ΚΡΕΟΥΣΑ) ποῖ φύγω δῆτ´; ἐκ γὰρ οἴκων προύλαβον μόλις πόδα
1254 μὴ θανεῖν, κλοπῆι δ´ ἀφῖγμαι διαφυγοῦσα πολεμίους.
1255 (ΧΟΡΟΣ) ποῖ δ´ ἂν ἄλλος´ ἢ ´πὶ βωμόν; (ΚΡΕΟΥΣΑ) καὶ τί μοι πλέον
1255 τόδε;
1256 (ΧΟΡΟΣ) ἱκέτιν οὐ θέμις φονεύειν. (ΚΡΕΟΥΣΑ) τῶι νόμωι δέ γ´ ὄλλυμαι.
1257 (ΧΟΡΟΣ) χειρία γ´ ἁλοῦσα. (ΚΡΕΟΥΣΑ) καὶ μὴν οἵδ´ ἀγωνισταὶ πικροὶ
1258 δεῦρ´ ἐπείγονται ξιφήρεις. (ΧΟΡΟΣ) ἵζε νυν πυρᾶς ἔπι.
1259 κἂν θάνηις γὰρ ἐνθάδ´ οὖσα, τοῖς ἀποκτείνασί σε
1260 προστρόπαιον αἷμα θήσεις· οἰστέον δὲ τὴν τύχην.
1261 (ΙΩΝ) ὦ ταυρόμορφον ὄμμα Κηφισοῦ πατρός,
1262 οἵαν ἔχιδναν τήνδ´ ἔφυσας ἢ πυρὸς
1263 δράκοντ´ ἀναβλέποντα φοινίαν φλόγα,
1264 ἧι τόλμα πᾶς´ ἔνεστιν οὐδ´ ἥσσων ἔφυ
1265 Γοργοῦς σταλαγμῶν, οἷς ἔμελλέ με κτανεῖν.
1266 λάζυσθ´, ἵν´ αὐτῆς τοὺς ἀκηράτους πλόκους
1267 κόμης καταξήνωσι Παρνασοῦ πλάκες,
1268 ὅθεν πετραῖον ἅλμα δισκηθήσεται.
1269 ἐσθλοῦ δ´ ἔκυρσα δαίμονος, πρὶν ἐς πόλιν
1270 μολεῖν Ἀθηνῶν χὐπὸ μητρυιὰν πεσεῖν.
1271 ἐν συμμάχοις γὰρ ἀνεμετρησάμην φρένας
1272 τὰς σάς, ὅσον μοι πῆμα δυσμενής τ´ ἔφυς·
1273 ἔσω γὰρ ἄν με περιβαλοῦσα δωμάτων
1274 ἄρδην ἂν ἐξέπεμψας εἰς Ἅιδου δόμους.
1275 {ἀλλ´ οὔτε βωμὸς οὔτ´ Ἀπόλλωνος δόμος
1276 σώσει ς´· ὁ δ´ οἶκτος ὁ σὸς ἐμοὶ κρείσσων πάρα
1277 καὶ μητρὶ τἠμῆι· καὶ γὰρ εἰ τὸ σῶμά μοι
1278 ἄπεστιν αὐτῆς, τοὔνομ´ οὐκ ἄπεστί πω.}
1279 ἴδεσθε τὴν πανοῦργον, ἐκ τέχνης τέχνην
1280 οἵαν ἔπλεξε· βωμὸν ἔπτημεν θεοῦ
1281 ὡς οὐ δίκην δώσουσα τῶν εἰργασμένων.
1282 (ΚΡΕΟΥΣΑ) ἀπεννέπω σε μὴ κατακτείνειν ἐμὲ
1283 ὑπέρ τ´ ἐμαυτῆς τοῦ θεοῦ θ´ ἵν´ ἕσταμεν.
1284 (ΙΩΝ) τί δ´ ἐστὶ Φοίβωι σοί τε κοινὸν ἐν μέσωι;
1285 (ΚΡΕΟΥΣΑ) ἱερὸν τὸ σῶμα τῶι θεῶι δίδωμ´ ἔχειν.
1286 (ΙΩΝ) κἄπειτ´ ἔκαινες φαρμάκοις τὸν τοῦ θεοῦ;
1287 (ΚΡΕΟΥΣΑ) ἀλλ´ οὐκέτ´ ἦσθα Λοξίου, πατρὸς δὲ σοῦ.
1288 (ΙΩΝ) ἀλλ´ ἐγενόμεσθα, πατρὸς δ´ οὐσίαν λέγω.
1289 (ΚΡΕΟΥΣΑ) οὐκοῦν τότ´ ἦσθα· νῦν δ´ ἐγώ, σὺ δ´ οὐκέτι.
1290 (ΙΩΝ) οὐκ εὐσεβεῖς γε· τἀμὰ δ´ εὐσεβῆ τότ´ ἦν.
1291 (ΚΡΕΟΥΣΑ) ἔκτεινά ς´ ὄντα πολέμιον δόμοις ἐμοῖς.
1292 (ΙΩΝ) οὔτοι σὺν ὅπλοις ἦλθον ἐς τὴν σὴν χθόνα.
1293 (ΚΡΕΟΥΣΑ) μάλιστα· κἀπίμπρης γ´ Ἐρεχθέως δόμους.
1294 (ΙΩΝ) ποίοισι πανοῖς ἢ πυρὸς ποίαι φλογί;
1295 (ΚΡΕΟΥΣΑ) ἔμελλες οἰκεῖν τἄμ´, ἐμοῦ βίαι λαβών.
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Traduction française :
[1250] CRÉUSE.
Fidèles esclaves, on me cherche pour me livrer à là mort, l'arrêt des citoyens m'a condamnée, le supplice m'attend.
LE CHOEUR.
Infortunée, nous savons tes malheurs, nous savons quelle est ta détresse.
CRÉUSE.
Où fuir ? A grand'peine je me. suis enfuie de la maison, pour éviter la mort : je suis arrivée furtivement jusqu'ici, en échappant à mes ennemis.
LE CHOEUR.
Quel asile plus sûr que cet autel ?
CRÉUSE.
Que me servira ce refuge ?
LE CHOEUR.
Les suppliants sont toujours sacrés.
CRÉUSE.
Mais la loi m'a condamnée.
LE CHOEUR.
Oui, si tu étais entre leurs mains.
CRÉUSE.
Voici les cruels exécuteurs de la sentence, qui s'avancent l'épée nue.
LE CHOEUR.
Mets-toi à l'abri de cet autel : s'ils osent te frapper dans cet asile, ton sang criera vengeance contre les meurtriers ; mais il faut supporter les coups du sort.
ION.
1261 Ô Céphise à la tète de taureau, quelle vipère as-tu engendrée ? quel serpent dont les yeux lancent une flamme homicide? monstre capable de tous les attentats, non moins funeste que le sang de la Gorgone préparé pour ma mort! Qu'on la saisisse, que les longues tresses de sa chevelure demeurent attachées aux rochers du Parnasse, d'où son corps doit être précipité. Je rends grâces à la fortune qui m'a dérobé à ses fureurs, avant mon arrivée à Athènes, sous le joug d'une marâtre. Si au milieu de mes amis j'ai éprouvé les effets de ta haine et de ta fureur, une fois entré dans ta maison, tu m'aurais bientôt précipité au séjour de Pluton. Mais ni cet autel, ni le temple d'Apollon, ne sauveront tes jours. Ces lamentations que tu fais entendre me conviennent bien mieux à moi-même ainsi qu'à ma mère; car bien que je sois privé de sa vue, je puis toujours invoquer son nom. Voyez sa scélératesse et par quel tissu d'artifices elle avait ourdi sa trame ; elle n'a pas respecté l'autel du dieu, elle espérait échapper au châtiment de ses crimes.
CRÉUSE.
Je te défends d'attenter à mes jours, en mon propre nom, et en celui du dieu dont j'embrasse l'autel.
ION.
Qu'y a-t-il de commun entre Apollon et toi ?
CRÉUSE.
Je mets ma personne sous la consécration de ce dieu.
ION.
Et pourtant tu as voulu tuer celui qui appartenait à ce dieu.
CRÉUSE.
Tu n'appartenais plus à Apollon, tu n'appartenais qu'à ton père.
ION.
J'étais bien fils d'Apollon, par la tendresse paternelle qu'il m'a témoignée.
CRÉUSE.
Tu l'étais alors ; aujourd'hui c'est moi qu'il protège, et non plus toi.
ION.
1290 Tu es impie; moi, au contraire, j'étais pieux.
CRÉUSE.
J'ai frappé en toi l'ennemi de ma maison.
ION.
Ai-je pris les armes contre ton pays ?
CRÉUSE.
Oui, tu as porté la flamme dans le palais d'Érechthée.
ION.
Où est cette flamme? où sont ces torches incendiaires?
CRÉUSE.
Tu voulais habiter le palais de mes pères et t'en emparer malgré moi.
ION.
Un père me donnait les États qu'il a conquis.
CRÉUSE.
Quel droit les enfants d'Éole ont-ils sur la ville de Pallas ?
ION.
C'est par ses armes, et non par des paroles, qu'il l'a délivrée.
CRÉUSE.
Pour avoir secouru l'État, il n'en est pas le maître.
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