Texte grec :
[150] δίναις ἐν νοτίαις ἅλμας.
Ἢ πόσιν, τὸν Ἐρεχθειδᾶν
ἀρχαγόν, τὸν εὐπατρίδαν,
ποιμαίνει τις ἐν οἴκοις κρυπτὰ
κοίτα λεχέων σῶν;
(155) Ἢ ναυβάτας τις ἔπλευσεν
Κρήτας ἔξορμος ἀνὴρ
λιμένα τὸν εὐξεινότατον ναύταις
φήμαν πέμπων βασιλείᾳ,
λύπᾳ δ' ὑπὲρ παθέων
(160) εὐναία δέδεται ψυχά;
Φιλεῖ δὲ τᾷ δυστρόπῳ γυναικῶν
ἁρμονίᾳ κακὰ δύστανος ἀμηχανία συνοικεῖν
ὠδίνων τε καὶ ἀφροσύνας.
(165) Δι' ἐμᾶς ᾖξέν ποτε νηδύος ἅδ'
αὔρα· τὰν δ' εὔλοχον οὐρανίαν
τόξων μεδέουσαν ἀύτευν
Ἄρτεμιν, καί μοι πολυζήλωτος αἰεὶ
σὺν θεοῖσι φοιτᾷ.
(170) Ἀλλ' ἥδε τροφὸς γεραιὰ πρὸ θυρῶν
τήνδε κομίζουσ' ἔξω μελάθρων.
Στυγνὸν δ' ὀφρύων νέφος αὐξάνεται.
Τί ποτ' ἔστι μαθεῖν ἔραται ψυχή,
τί δεδήληται
(175) δέμας ἀλλόχροον βασιλείας.
(Τροφός)
(176) Ὦ κακὰ θνητῶν στυγεραί τε νόσοι.
Τί σ' ἐγὼ δράσω; Τί δὲ μὴ δράσω;
Τόδε σοι φέγγος, λαμπρὸς ὅδ' αἰθήρ,
ἔξω δὲ δόμων ἤδη νοσερᾶς
(180) δέμνια κοίτης.
Δεῦρο γὰρ ἐλθεῖν πᾶν ἔπος ἦν σοι,
τάχα δ' ἐς θαλάμους σπεύσεις τὸ πάλιν.
Ταχὺ γὰρ σφάλλῃ κοὐδενὶ χαίρεις,
οὐδέ σ' ἀρέσκει τὸ παρόν, τὸ δ' ἀπὸν
(185) φίλτερον ἡγῇ.
Κρεῖσσον δὲ νοσεῖν ἢ θεραπεύειν·
τὸ μέν ἐστιν ἁπλοῦν, τῷ δὲ συνάπτει
λύπη τε φρενῶν χερσίν τε πόνος.
Πᾶς δ' ὀδυνηρὸς βίος ἀνθρώπων
(190) κοὐκ ἔστι πόνων ἀνάπαυσις.
Ἀλλ' ὅ τι τοῦ ζῆν φίλτερον ἄλλο
σκότος ἀμπίσχων κρύπτει νεφέλαις.
Δυσέρωτες δὴ φαινόμεθ' ὄντες
τοῦδ' ὅ τι τοῦτο στίλβει κατὰ γῆν
(195) δι' ἀπειροσύνην ἄλλου βιότου
κοὐκ ἀπόδειξιν τῶν ὑπὸ γαίας,
μύθοις δ' ἄλλως φερόμεσθα.
(Φαίδρα)
(198) Αἴρετέ μου δέμας, ὀρθοῦτε κάρα·
λέλυμαι μελέων σύνδεσμα φίλων.
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Traduction française :
[150] car elle parcourt les terres et les mers; rien n'échappe à son empire.
Peut-être une rivale a séduit ton époux, le noble chef des enfants
d'Érechthée, qui abandonne ta couche pour une union clandestine; ou bien
quelque nautonier, arrivant de la Crète, a abordé dans ce port
hospitalier, apportant des nouvelles à la reine ; et l'affliction qu'elles
lui ont causée la retient enchaînée dans son lit.
Le caractère capricieux des femmes est d'ordinaire le jouet d'une humeur
chagrine, dans les douleurs de l'enfantement ou dans les désirs
impudiques. J'ai senti moi-même autrefois ces vapeurs courir dans mes
entrailles, et j'invoquais alors la déesse qui préside aux enfantements,
Diane, qui lance les flèches rapides : elle fut toujours pour moi
vénérable entre toutes les divinités.
Voici la vieille nourrice de Phèdre qui porte sa maîtresse devant les
portes du palais : un sombre nuage obscurcit son front. Mon cœur est
impatient d'en apprendre la cause, et de savoir quelle blessure a flétri
la beauté de la reine.
(LA NOURRICE)
(176) O souffrances des mortels ! cruelles maladies ! (A Phèdre.) Que
dois-je faire ou ne pas faire pour toi? Voici cette lumière brillante,
voici ce grand air que tu demandais : ta couche de douleur est maintenant
hors du palais, puisque venir en ces lieux était ton vœu continuel. Mais
bientôt tu auras hâte de retourner dans ton appartement, car tu changes
sans cesse, et rien ne peut te réjouir. Ce que tu as te déplaît, et ce que
tu n'as pas te paraît préférable. La maladie vaut mieux que l'art de
guérir : la première est une chose toute simple, mais l'autre réunit
l'inquiétude de l'esprit et la fatigue des mains. Toute la vie des hommes
est remplie de douleurs ; il n'est point de relâche à leurs souffrances.
Mais s'il est un autre bien plus précieux que la vie, un obscur nuage le
couvre et le dérobe à nos regards. Nous nous montrons éperdument épris de
cette lumière qui brille sur la terre, par inexpérience d'une autre vie et
par ignorance de ce qui se passe aux enfers, et nous nous laissons abuser
par de vaines fables.
(PHÈDRE)
(198) Soulevez mon corps, redressez ma tête languissante. Chères amies,
mes membres affaiblis sont prêts à se dissoudre. Esclaves fidèles,
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