HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

EURIPIDE, Hippolyte (tragédie complète)

τέτρωρον



Texte grec :

[1400] (Ἄρτεμις)
Κύπρις γὰρ ἡ πανοῦργος ὧδ' ἐμήσατο.
(Ἱππόλυτος)
Ὤμοι, φρονῶ δὴ δαίμον' ἥ μ' ἀπώλεσεν.
(Ἄρτεμις)
Τιμῆς ἐμέμφθη, σωφρονοῦντι δ' ἤχθετο.
(Ἱππόλυτος)
Τρεῖς ὄντας ἡμᾶς ὤλεσ', ᾔσθημαι, μία.
(Ἄρτεμις)
Πατέρα γε καὶ σὲ καὶ τρίτην ξυνάορον.
(Ἱππόλυτος)
(1405) ᾬμωξα τοίνυν καὶ πατρὸς δυσπραξίας.
(Ἄρτεμις)
Ἐξηπατήθη δαίμονος βουλεύμασιν.
(Ἱππόλυτος)
Ὦ δυστάλας σὺ τῆσδε συμφορᾶς, πάτερ.
(Θησεύς)
Ὄλωλα, τέκνον, οὐδέ μοι χάρις βίου.
(Ἱππόλυτος)
Στένω σὲ μᾶλλον ἢ 'μὲ τῆς ἁμαρτίας.
(Θησεύς)
(1410) Εἰ γὰρ γενοίμην, τέκνον, ἀντὶ σοῦ νεκρός.
(Ἱππόλυτος)
Ὦ δῶρα πατρὸς σοῦ Ποσειδῶνος πικρά.
(Θησεύς)
Ὦς μήποτ' ἐλθεῖν ὤφελ' ἐς τοὐμὸν στόμα.
(Ἱππόλυτος)
Τί δ'; Ἔκτανές τἄν μ', ὡς τότ' ἦσθ' ὠργισμένος.
(Θησεύς)
Δόξης γὰρ ἦμεν πρὸς θεῶν ἐσφαλμένοι.
(Ἱππόλυτος)
Φεῦ·
(1415) εἴθ' ἦν ἀραῖον δαίμοσιν βροτῶν γένος.
(Ἄρτεμις)
(1416) Ἔασον·
οὐ γὰρ οὐδὲ γῆς ὑπὸ ζόφον
θεᾶς ἄτιμοι Κύπριδος ἐκ προθυμίας
ὀργαὶ κατασκήψουσιν ἐς τὸ σὸν δέμας,
σῆς εὐσεβείας κἀγαθῆς φρενὸς χάριν·
(1420) ἐγὼ γὰρ αὐτῆς ἄλλον ἐξ ἐμῆς χερὸς
ὃς ἂν μάλιστα φίλτατος κυρῇ βροτῶν
τόξοις ἀφύκτοις τοῖσδε τιμωρήσομαι.
Σοὶ δ', ὦ ταλαίπωρ', ἀντὶ τῶνδε τῶν κακῶν
τιμὰς μεγίστας ἐν πόλει Τροζηνίᾳ
(1425) δώσω·
κόραι γὰρ ἄζυγες γάμων πάρος
κόμας κεροῦνταί σοι, δι' αἰῶνος μακροῦ
πένθη μέγιστα δακρύων καρπουμένῳ.
Ἀεὶ δὲ μουσοποιὸς ἐς σὲ παρθένων
ἔσται μέριμνα, κοὐκ ἀνώνυμος πεσὼν
(1430) ἔρως ὁ (Φαίδρα) ς ἐς σὲ σιγηθήσεται.
Σὺ δ', ὦ γεραιοῦ τέκνον Αἰγέως, λαβὲ
σὸν παῖδ' ἐν ἀγκάλαισι καὶ προσέλκυσαι·
ἄκων γὰρ ὤλεσάς νιν, ἀνθρώποισι δὲ
θεῶν διδόντων εἰκὸς ἐξαμαρτάνειν.
(1435) Καὶ σοὶ παραινῶ πατέρα μὴ στυγεῖν σέθεν,
Ἱππόλυτ'·
ἔχει γὰρ μοῖραν ᾗ διεφθάρης.
Καὶ χαῖρ'·
ἐμοὶ γὰρ οὐ θέμις φθιτοὺς ὁρᾶν
οὐδ' ὄμμα χραίνειν θανασίμοισιν ἐκπνοαῖς·
ὁρῶ δέ σ' ἤδη τοῦδε πλησίον κακοῦ.
(Ἱππόλυτος)
(1440) Χαίρουσα καὶ σὺ στεῖχε, παρθέν' ὀλβία·
μακρὰν δὲ λείπεις ῥᾳδίως ὁμιλίαν.
Λύω δὲ νεῖκος πατρὶ χρῃζούσης σέθεν·
καὶ γὰρ πάροιθε σοῖς ἐπειθόμην λόγοις.
Αἰαῖ, κατ' ὄσσων κιγχάνει μ' ἤδη σκότος·
(1445) Λαβοῦ, πάτερ, μου καὶ κατόρθωσον δέμας.
(Θησεύς)
Οἴμοι, τέκνον, τί δρᾷς με τὸν δυσδαίμονα;
(Ἱππόλυτος)
Ὄλωλα καὶ δὴ νερτέρων ὁρῶ πύλας.
(Θησεύς)
Ἦ τὴν ἐμὴν ἄναγνον ἐκλιπὼν χέρα;
(Ἱππόλυτος)
Οὐ δῆτ', ἐπεί σε τοῦδ' ἐλευθερῶ φόνου.
(Θησεύς)

Traduction française :

[1400] (DIANE) La perfide Vénus a ourdi cette trame. (HIPPOLYTE) Hélas! je reconnais la divinité qui m'a perdu. DIANE Tes dédains l'ont blessée, et ta sagesse l'indignait. (HIPPOLYTE) Nous sommes trois, je le comprends, qu'elle a perdus à elle seule. (DIANE) Toi, ton père, et son épouse. (HIPPOLYTE) J'ai donc à pleurer aussi sur le malheur d'un père? (DIANE) J'ai été trompé par les artifices d'une déesse. (HIPPOLYTE) Que cette catastrophe te rend malheureux, ô mon père! (THÉSÉE) Je suis perdu, mon fils : la vie n'a plus de charme pour moi. (HIPPOLYTE) Je gémis sur toi et sur ton erreur, bien plus que sur moi-même. (THÉSÉE) Que ne puis-je mourir au lieu de toi, mon fils ! (HIPPOLYTE) Ô dons amers de ton père Neptune ! (THÉSÉE) Ah ! jamais ma bouche n'aurait dû les demander. (HIPPOLYTE) Mais quoi! tu m'aurais donné la mort, tant tu étais alors irrité. (THÉSÉE) C'est que les dieux avaient égaré mon jugement. (HIPPOLYTE) Hélas! pourquoi la race des mortels ne peut-elle aussi maudire les dieux ? (DIANE) (1416) Arrête, Hippolyte; ce ne sera pas impunément que le ressentiment de Vénus t'aura pris pour victime, en récompense de ta piété et de tes vertus : cette main saura punir un autre mortel qu'elle chérit entre tous, en le perçant de mes traits inévitables. Pour toi, infortuné, en dédommagement de tes souffrances, je te ferai rendre les plus grands honneurs dans la ville de Trézène. Les jeunes filles, avant d'avoir subi le joug de l'hymen, couperont leur chevelure en ton honneur, et te paieront, pendant une longue suite de siècles, un tribut de deuil et de larmes. Toujours les poétiques regrets des jeunes vierges garderont ta mémoire, et jamais l'amour de Phèdre pour toi ne tombera dans le silence et dans l'oubli. Et toi, fils du vieil Égée, prends ton fils dans tes bras, et presse-le sur ton sein; car c'est sans le vouloir que tu l'as perdu. Il est naturel aux hommes de s'égarer, quand les dieux les y poussent. Je t'exhorte, Hippolyte, à ne point haïr ton père, car tu as une destinée qui te fait périr. Adieu ; il ne m'est pas permis de voir les morts, ou de souiller mes regards par les derniers soupirs d'un mourant; et déjà je te vois approcher du moment fatal. (HIPPOLYTE) (1440) Toi aussi reçois mes adieux, vierge bienheureuse ; puisses-tu quitter sans peine notre longue intimité ! Je me réconcilie avec mon père, puisque tu le désires ; car jusqu'ici j'ai toujours obéi à tes ordres. Mais, hélas! les ténèbres s'étendent sur mes yeux ; reçois-moi dans tes bras, mon père, et soutiens mon corps brisé. (THÉSÉE) Ah! mon fils ! que fais-tu de ton malheureux père ? (HIPPOLYTE) Je me meurs, et déjà je vois les portes des enfers. (THÉSÉE) Me laisseras-tu l'âme souillée? (HIPPOLYTE) Non ; je t'absous de ce meurtre.





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Dernière mise à jour : 31/01/2008